« Ne laissons pas s'inscrire aux frontières de la France la devise qui orne l'entrée de l'Enfer de Dante : « Toi qui entres ici abandonne toute espérance. »
Elle est afghane. Elle vit seule avec ses quatre enfants dans une vieille caravane au milieu de la jungle. Prof à la fac de Kaboul, elle parle très bien anglais. Elle ne veut jamais rien demander. Ses voisins le savent. Quand il y a une distribution, ils lui rapportent toujours quelque chose à manger.
"S'il vous plaît, nous voulons juste aller en Angleterre." Mais l'Angleterre ne veut pas d'eux ! Bizarrement, l'Etat français est aujourd'hui à Calais le garde-chiourme de ce pays qui, rappelons-le, ne fait pas partie de l'espace Schengen et dont les zones de contrôle frontalier pour Eurotunnel sont situées en France.
« Sans les bénévoles, dont beaucoup sont calaisiens, le camp serait mortifère. C'est eux, seuls ou avec des associations, qui distribuent soins, nourriture, matériel de construction, vêtements... Mais aussi consolation et affection. Poignées de main et accolades, embrassades... Thé partagé dans les caravanes, sous les tentes, accroupis ou assis par terre. Vraie nuit passé dans un vrai lit sous un vrai toit. Douche chaude, lessive, repas en famille autour d'une table... des liens très forts se tissent. L'humanité existe encore, on l'a aussi rencontrée à Calais. »
Nous devons tous apprendre à vivre ensemble comme des frères. Sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots.
Elle partage une petite tente avec son jeune frère mais elle a peur d'en sortir. Son rêve immédiat c' est de prendre une douche, elle ne sait plus depuis combien de jours elle ne s'est pas lavée. Une bénévole va la conduire chez elle.
A toutes les femmes migrantes qui sourient pour ne pas pleurer
A leurs enfants, pour que le mot "demain" prenne enfin du sens.
« Certains parlent d'un « bidonville », d'autres d'un « camp », d'autres encore de « la lande », mais c'est bien d'une jungle qu'il s'agit. Un lieu de misère, de danger, d'abandon et de drames où survivent et s'entassent dans la promiscuité la plus totale plusieurs milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Un lieu de colère aussi. Celle d'un mouvement raciste local de plus en plus activiste. Celle des commerçants et des entreprises qui attribuent à la présence étrangère une baisse de leur chiffre d'affaires. Celle des bénévoles de la ville et des associations qui ne supportent plus de voir au milieu des ordures et des rats ceux auprès desquels ils s'engagent quotiediennement. Et enfin, la colère des migrants eux-mêmes qui, se retrouvent par une force armée à 30 km de l'Angleterre, cet eldorado fantasmé qui leur a donné le courage de tout endurer. »
Ce jeune Erythréen a vu son frère tomber du bateau dans la Méditerranée. Il se souvient de ses bras sortant de l'eau, puis disparaître. Il n'a rien pu faire.
L'humanité existe encore, on l'a aussi rencontrée à Calais.