AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 460 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
🎶J'ai fouillé comme un salaud
dans son sac
J'ai mis un sacré boxon
J'ai tout chamboulé dans ton
bric-à-brac.
C'est pas des plus élégants
Ça ressemble à un mauvais plan
Une arnaque
Je voulais connaître tes secrets
Au risque de me manger
Quelques claques... 🎶
Dans ton sac- Renaud-1991

Confusions
Ne pas confondre le sac à main, avec le SAC , repaire d'homme de mains.
Ne pas confondre Renaud avec le juge François Renaud
Investigations
30/06/1971 Braquage Hôtel des postes Strasbourg c'est par là que ça a commencé
Corruption, le SAC arrose et le parti se sucre.
Financement du parti politique UDR avec notre Argent Public
Interpellation
03/07/1975 le SAC incriminé, juge Renaud, par le Gang des Lyonnais le fait assassiner...

En fouillant ton sac,on trouve des tic-tac, des Stimorol
En France on a des idées mais toujours pas de pétrole

1977 Reconstitution Adaptation Patrick Dewaere devient Juge Fayard
Film d'Yves Boisset, dénonciation SAC, censure, version trop Hard

Octobre 1979 l'affaire Boulin tombe dans un Lac
L'étang d'Hollande, du temps de Chirac
Se termine en eau de boudin, la main dans le SAC
Contre enquête 2007 lividités cadavériques
'' Un homme à abattre'' Benoît Collombat, combat pour le véridique (édition Fayard !!! Coïncidence !)
Le SAC et Les dessous des partis pathétiques

Juillet 1981,la goutte qui renversera le SAC, goutte au goût de vitriol
Mic-mac, badaboum, patraque, un coup de matraque
Massié, retourne sa veste, chef de section SAC, femme et enfant.... Tuerie d'Auriol......
1982....dissolution.... le SAC vidangé vît DANGER !!
C'est pas moi qui ai tué....
Le SAC crie lese... MAJESTÉ

Faire le sac des dames c'est moche
Mettre à SAC, coup de pelle, manche de pioche
Rien de plus fastoche...
'' Il y a deux Histoires: L Histoire officielle, menteuse, qu'on enseigne, puis L Histoire secrète où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse'' H. de Balzac

Le SAC "écume de la démocratie", le côté obscur de l' histoire de France
"l'intendance suivra", le gaullisme.... Je suis ton pair....
Le SAC à germé dans le climat de violence 'légitime de la Résistance. Pour certains de ses membres il a ensuite pu être perçu comme un moyen de prolonger cette "Fraternité d' Armes" avant de complètement dériver...
La fondation Charles de Gaulle occupe les anciens bureaux du siège du SAC.... (son président est d'ailleurs l'ancien trésorier du SAC !!! Coïncidence !!!?)
Le SAC, écume de la démocratie !
2018 affaire Benalla
Toujours des vagues
Ou peut être le RESSAC
Le doute SAC cent tue
Mais je ne voulais pas me mettre le SAC à dos
Simplement remercier encore et encore Étienne Davodeau.
















Commenter  J’apprécie          713
Sac de noeuds (et de têtes de noeuds), sac à patates (fric), sac à puces (fripouilles/truands), main dans le sac (flag), mise à sac (tuerie d'Auriol), sac poubelle (ordures puantes)...

De Gaulle, Giscard, Chirac et leurs petits 'descendants' (Sark*) : tous à mettre dans le même sac/SAC ?
Difficile à estimer, tant les ramifications de cette organisation étaient complexes et ses activités variées. Du collage d'affiche au meurtre commandité, via des intimidations musclées et des braquages destinés à financer la campagne d'un certain parti politique.

Reprenons : Wikipedia définit sobrement le SAC (Service d'Action Civique) comme « une association au service du général De Gaulle puis de ses successeurs gaullistes, souvent qualifiée de police parallèle ».
Ou de milice, n'ayons pas peur des mots.
Créée en 1960, elle a été officiellement dissoute par Mitterrand en 1981 - ou renommée ?

Benoît Collombat, journaliste d'investigation pour France Inter, et Etienne Davodeau, auteur de BD documentaires, ont patiemment mené l'enquête pour éclaircir quelques affaires liées au SAC. Ils ont rencontré de nombreux acteurs politiques et juridiques de l'époque, des proches du juge Renaud (assassiné en 1975), du ministre Robert Boulin ('suicidé' en 1979), de Jacques Massié (victime de la tuerie d'Auriol en 1981), et des témoins. L'investigation est fouillée, donc le résultat fourni, on peut s'y perdre un peu parfois, mais le résultat est passionnant, et évidemment édifiant.

On ne peut que se demander comment ça se passe aujourd'hui, si les politiciens ont moins de sang sur les mains (enfin pas eux directement, bien sûr, mais leurs 'petites mains' à gros bras), parce que l'argent leur serait fourni directement par des copains haut placés ?

Cette lecture donne envie de (re)voir 'Le juge Fayard', le film d'Yves Boisset (1977), directement inspiré de l'affaire Renaud, avec Patrick Dewaere et Philippe Léotard.
Commenter  J’apprécie          376
Avec Davodeau, on peut être sûr que ce qu'on va lire va être du costaud, de la qualité. En compagnie de Benoit Collombat, journaliste à France Inter et avec qui il cosigne le scénario de ce roman graphique, il enquête sur le SAC, "service d'action civique", en réalité une sorte de police interne fonctionnant comme une mafia au service tout d'abord de De Gaulle puis de ses successeurs.
Sur les traces du Sac, dans les années 70, des morts non élucidées de journalistes ou politiciens qui en savaient trop, des menaces, des braquages et de l'argent qui circule pour financer les différentes actions du SAC. C'est tout un sous-monde politique que je ne connaissais pas et que j'ai découvert en lisant ce roman graphique dense, dénonciateur et toujours un peu pédagogique.
Davodeau et Collombat rencontrent les témoins de ces années, ceux qui ont survécu aux menaces de mort comme ceux qui ont participé de près ou de loin aux actions du SAC. Je ne me sens pas légitime pour aborder l'aspect politique du roman et d'autres le feront bien mieux que moi. En revanche, je ne peux que saluer le scénario, l'organisation claire du roman sur un sujet ardu difficile ( et potentiellement dangereux) à aborder. On y découvre également à quel point la résistance et la Guerre d'Algérie, chacune à leur manière, ont façonné ces hommes qui se sont cotoyés dans les combats et aux portes de la mort et se retrouvent liés des années plus tard de l'un et l'autre côté du "bien" et du "mal", dans la lumière ou à l'ombre de la politique.
Commenter  J’apprécie          282
Dans ce roman graphique qui se lit comme un roman policier, le journaliste Benoît Collombat et le dessinateur Etienne Davodeau nous livrent une enquête passionnante sur le rôle du SAC dans les années les plus sombres de la Vème République.
Leur enquête se focalise en particulier sur 2 affaires emblématiques : l'assassinat du juge Renaud, et le faux suicide de Robert Boulin ; mais elle montre aussi en quoi le rôle occulte du SAC pouvait être pesant et menaçant pour ceux qui s'y opposaient et leurs familles, à travers les témoignages poignants de syndicalistes, de juges, de journalistes.
L'ouvrage est passionnant et remarquablement documenté, tout est finement observé, expliqué et analysé, et c'est tout un pan de l'histoire récente de la France qui s'éclaire sous la plume des deux auteurs.
Je n'ai qu'un mot à dire à l'issue de cette lecture très prenante et très intéressante : cet album est indispensable à lire pour ceux qui s'intéressent à l'histoire et à la politique !

Commenter  J’apprécie          270
Cher pays de notre enfance....Une fois le livre refermé on est plutôt sous le choc et on mesure la terrible ironie du titre car la France des années de Gaulle Giscard ne fut pas forcément un si beau pays. Pas du tout même quand on mesure les atteintes à notre système démocratique par certains côtés.
le livre est le récit d'une enquête solide, très solide menée par un journaliste confirmé et c'est par ailleurs très bien dessiné. Je n'imaginais pas forcément qu'un livre graphique puisse être le support d'une enquête si riche.
On découvre donc ici bien des choses autour de la mort du juge Renaud, de celle de Robert Boulin...Le coeur du livre c'est le SAC, le service d'action civique mis au service du gaullisme puis du RPR...Le livre rend très bien le poids de la parole des témoins, il s'intéresse vraiment à eux et le but n'est pas le sensationnel à tout prix. C'est ce qui fait d'ailleurs la valeur du livre. Pasqua, Chirac, Foccart sont largement évoqués dans le livre et c'est bien loin d'être à leur honneur. Très belle couverture au passage.
On parle souvent de complotisme et on a bien raison de dénoncer cette tendance à avaler n'importe quelle théorie du complot si répandue dans notre société. Mais d'un autre côté il y a aussi de vrais complots et ce livre le démontre...
Un ouvrage passionnant d'une grande richesse et dont je rappelle que la puissance du contenu ne doit pas occulter les belles qualités graphiques.
Commenter  J’apprécie          253
Etienne Davodeau a une âme d'historien. A travers plusieurs de ses ouvrages, on sent une réelle volonté de comprendre, de relater et de transmettre.
Ici, accompagné de Benoît Collombat, il se plonge dans les méandres des "années de plomb" en revenant sur des histoires dramatiques qui ont profondément marqué la Ve République : l'assassinat du juge Renaud aka "le sheriff", le SAC, la tuerie d'Auriol, l'affaire Boulin ect.
Nos deux enquêteurs poussent les portes, rencontres les témoins directs de ces affaires (ceux qui sont toujours de ce monde) et reçoivent les confidences, parfois inédites de personnes qui ont été parfois menacées et contraintes à se taire pendant toutes ces années.
On peut dire que le constat est effrayant...toutes ces malversations, toutes ces machinations, tout ce sang sur, officieusement, les mains de l'état est littéralement glaçant.
Les auteurs ne manient pas la langue de bois, sont clairs (autant qu'on puisse l'être) et font un travail remarquable.
Bon, je dois tout de même avouer qu'en tant que Belge, certains partis/associations/personnages m'étaient de parfaits inconnus et leurs liens entre-eux sont parfois difficiles à démêler...mais pour ce qui est des affaires en elles-mêmes, la grande adepte de "faites entrer l'accusé" que je suis s'est délectée d'apprendre des faits et des pistes supplémentaires à ceux évoqués dans les émissions de Christophe Hondelatte.
Le dessin, caractéritique, de Davodeau est parfaitement adapté et est très agréable à regarder.
Commenter  J’apprécie          254
Un organisme qui ne se réunit jamais, qui ne fait rien et ne rencontre personne
-
Ce tome contient un récit complet, indépendant de tout autre. Sa première publication date de 2015. Cette bande dessinée est l'oeuvre d'Étienne Davodeau et Benoît Collombat pour le scénario, et de Davodeau pour le dessin. Il se termine avec une postface de Roberto Scarpinato, procureur général auprès du parquet de Palerme. Il comprend 216 pages de bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris.

Un matin d'octobre 2013, un taxi dépose Étienne Davodeau et Benoît Collombat au 89 Montée de l'Observatoire. Ils évoquent l'assassinat du juge François Renaud à 2h42 du matin le 3 juillet 1975. Il était un magistrat qui dérangeait. Tenace, incorruptible, il n'avait pas froid aux yeux. En plus il était membre du syndicat de la magistrature, classé à gauche. Ancien résistant, passé par la justice coloniale, il n'éprouvait aucune fascination pour les voyous. Il leur faisait la guerre. Lyon, c'était un peu la capitale du crime. On l'appelait Chicago-sur-Rhône. Des affaires de prostitution, de corruption, éclaboussaient la ville. C'était aussi l'un des bastions du SAC, le Service d'Action Civique, même s'il n'avait que peu à voir avec le civisme. Officiellement, le SAC est une simple association créée en 1960 par des fidèles du général De Gaulle, comme Jacques Foccart, Alexandre Sanguinetti, ou Roger Frey, pour défendre sa pensée et son action. Deux ans plus tôt, en 1958, ces mêmes fidèles avaient soutenu l'arrivée au pouvoir du général dans des conditions proches d'un coup d'état. C'était l'opération Résurrection. Il s'agissait pour les gaullistes de contrer un autre coup d'état, mené au même moment par des militaires partisans de l'Algérie française. Et en 1961 à Alger, un putsch tente à nouveau de renverser le pouvoir. Dans le tumulte de la guerre d'Algérie, le rôle du SAC consiste donc à verrouiller le pouvoir gaulliste contre tout débordement potentiel.

Benoît continue d'expliquer à Étienne ce que faisant concrètement les militants du SAC, et comment cette association a perduré sous Pompidou, puis sous Giscard, tout en ayant soutenu Chirac entretemps. Finalement leur rendez-vous arrive : Robert Daranc, 80 ans, journaliste, ancien correspondant de RTL à Lyon. Ils vont boire un café. Il explique qu'il a bien connu le juge Renaud car il entretenait de bonnes relations avec lui. Ils lui demandent de parler du hold-up de l'Hôtel des Postes de Strasbourg, le 30 juin 1971. Cinq hommes parviennent à faire main basse sur onze millions de francs, soit 1,8 millions d'euros. Ils réussissent ainsi le casse du siècle qui restera le plus lucratif en France au vingtième siècle, et ils s'évanouissent dans la nature. L'ancien journaliste continue en indiquant que le chef du gang aux estafettes a fini par se retrouver face au juge Renaud. Ce dernier a confié au journaliste qu'il avait la certitude que l'argent du hold-up avait dû être rapatrié au profit d'un parti politique de l'époque, l'UDR, l'ancêtre du RPR et de l'UMP. Il supposait que les le gang des lyonnais passait à travers tous les barrages de police et de gendarmerie, en empruntant l'avion d'un des patrons du SAC de Lyon.

Le titre annonce clairement la nature de l'ouvrage : l'existence d'un activisme politique violent dans les années 1960-1970-1980. le lecteur comprend bien qu'il s'agit d'un ouvrage de type historique, et que par la force de choses, les auteurs vont relater de nombreux faits, des témoignages, des dates, des hypothèses ou des théories, c'est-à-dire une forme d'exposé auquel il est toujours délicat de donner une forme visuellement intéressante. Il se dit que l'auteur proprement dit doit être le journaliste et qu'il s'est associé à un bédéaste confirmé pour aboutir à quelque chose de digeste. Les auteurs ont choisi de se mettre en scène : le lecteur accompagne ainsi Benoît et Étienne dans leurs déplacements, et dans leurs rendez-vous. Dans la première séquence, il les voit discuter entre eux, Benoit relatant les faits de l'assassinat du juge à Étienne. Puis il voit Robert Daranc se présenter à eux, avec un échange de poignées de main, et ils s'attablent au bistro pour prendre un café. Au fur et à mesure qu'ils évoquent des faits, ceux-ci sont représentés dans les cases. C'est une forme assez basique de reconstitution historique, le lecteur absorbant effectivement beaucoup d'informations au cours de discussions et de témoignages. Les traits de contour sont un peu irréguliers, tout en étant précis. Les images rendent bien compte de la banalité du quotidien, des événements relatés, et la représentation des hommes politiques est très ressemblante, de Charles Pasqua à Nicolas Sarkozy.

La première affaire relatée est donc celle de l'assassinat du juge François Renaud (1923-1975), et de l'enquête, par le biais des connaissances du journaliste et de sept entretiens, avec un journaliste ancien correspondant de RTL à Lyon, l'ancienne greffière du juge Renaud, l'ancien patron du Service Régional de Police Judiciaire de l'époque, un magistrat du syndicat de la magistrature, la meilleure amie du juge rencontré lors de ses études à la faculté de droit, l'avocat lyonnais de la famille du juge, et le fils du juge. Chaque interlocuteur raconte ses souvenirs, ou d'autres éléments connexes. Par exemple, l'avocat évoque le tournage du film d'Yves Boisset le juge Fayard dit le Shériff (1977). Cette première affaire est relatée de la page 2 à la page 61. le lecteur se rend compte qu'il passe vite d'une lecture qui lui semble pesante du fait du volume d'informations à assimiler, à une lecture haletante, car il se produit un effet de révélations sur ce qui peut être qualifié de complot. Puis il arrive sur une page d'interlude dans laquelle les auteurs essayent de contacter Charles Pasqua pour un entretien : son secrétaire leur conseille de lui écrire un courriel.

À partir de la page 66, le thème change : il s'agit de se faire une idée de ce qu'était le Service d'Action Civil au cours de plusieurs entretiens. le dispositif narratif reste donc le même : Collombat et Davodeau se déplacent pour se rendre à chaque nouvel entretien, en voiture ou en train, et échangent, en route, quelques idées, quelques remarques, quelques informations. Puis vient le temps des questions posées avec au moins 50% des cases composées de têtes en train de parler. Se glissent quelques reconstitutions, et parfois une copie d'un document d'archive, ou des extraits de journaux. du point de vue BD, les têtes en train de parler, c'est assez pauvre et une forme de facilité dans une récit d'aventure. Pourtant le lecteur constate qu'il continue de dévorer les pages avec une grande avidité, et que sa lecture présente une fluidité et une intensité de haut niveau. Ce chapitre s'étend de la page 66 à la page 116, là encore avec son lot de révélations. Puis arrive une nouvelle page d'interlude pour décrocher, en vain, un entretien avec Charles Pasqua.

À partir de la page 122 jusqu'à la page 144, les coscénaristes s'entretiennent avec trois ouvriers à la retraite, ayant été délégués syndicaux, et évoquant la présence des syndicats patronaux dans les usines, et les interventions des membres du SAC pour empêcher de tracter, ou pour coller des affiches. de la page 149 à la page 207, les auteurs relatent les faits dans l'affaire de la mort de Robert Boulin (1920-1979), ministre du travail. Davodeau s'adresse au lecteur en toute transparence, pour indiquer qu'il s'agit pour partie d'un résumé de faits exposé dans Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin (2007) de Benoît Collombat, et pour partie de nouveaux témoignages. Enfin, l'ouvrage se termine avec l'information que Pasqua refuse l'entretien, et un épilogue de huit pages avec quelques dernières informations et dernières suppositions. le lecteur ne s'est même pas rendu compte de la pagination, de la mise en forme : il a tout dévoré avec cette sensation de naviguer au coeur d'un complot nauséabond. La postface du procureur général de Palerme vient appuyer les dires des auteurs sur le rôle du SAC.

En reconsultant la première page, le lecteur revoit que Davodeau est mentionné comme scénariste. Après sa lecture, il comprend mieux cette qualification : pour que la lecture soit aussi fluide et facile, le bédéaste n'a pas fait que mettre en images un texte préétabli. Il a dû apporter son savoir-faire pour la construction de l'ouvrage. Plus que cela, il a accompagné le journaliste dans chaque entretien, pour s'imprégner de la personnalité de l'interlocuteur, mais aussi pour poser quelques questions. S'il a vécu ces années comme les auteurs (l'un né en 1965, l'autre en 1970), ou s'il découvre ces événements après coup, le lecteur plonge dans des révélations à l'attrait irrésistible : la sensation d'en savoir plus que les autres, d'être du côté des victimes, de s'indigner à juste titre et de dénoncer l'injustice. Par réaction primaire, il prend du recul, et se demande s'il doit gober tout ça, et quels sont les intérêts des auteurs. Il découvre la postface, d'un procureur général, et la citation de Milan Kundera par laquelle il conclut : La lutte contre le pouvoir et sa dégénérescence est aussi la lutte de la mémoire contre l'oubli. Ensuite, lorsqu'ils interviewent James Sarazin, journalise au Monde et à L'express, celui-ci explique que quand on écrit ce genre de bouquin (il parle du sien Dossier M... comme milieu, 1978) on ne cite pas les noms complets pour éviter d'être poursuivi en justice. Or, ici, les auteurs prennent bien soin de citer tous les noms, de montrer leurs interlocuteurs, de référencer les archives qu'ils ont consultées, de faire en sorte que tout ce qui est énoncé soit vérifiable. Il ne parle pas d'une organisation mystérieuse et inconnue, mais du SAC, une organisation qui a pignon sur rue, et ils établissent des liens de cause à effet qu'ils annoncent explicitement comme étant des faits ou comme étant des hypothèses. Ils font également oeuvre de mémoire car parmi les personnes qu'ils questionnent certains ont 80 ans ou plus, et il y a un nombre anormalement élevé de témoins qui sont déjà morts d'accident. le lecteur sceptique ou critique voit se dessiner les actions coup de poing d'une milice officieuse bien réelle et répondant à des intérêts moins opaques qu'il n'y paraît, symptomatique du fait que le pouvoir corrompt et que nombreux sont ceux qui souhaitent s'y maintenir, mais aussi y accéder.

Le titre de l'ouvrage promet un dossier brûlot sur les actes criminels commis par le pouvoir pendant la cinquième République. La lecture comble cet horizon d'attente, avec une densité d'information très élevée. Pourtant la lecture s'avère facile, addictive et propice à la prise de recul. Contrairement à ce qu'aurait pu craindre le lecteur, il ne s'agit pas d'un texte tout prêt confié à un dessinateur chargé de l'illustrer tant bien que mal dans l'obligation de caser des pavés de faits, de dates et d'individus. Il s'agit d'une enquête racontée avec verve et tension, avec rigueur et preuves à l'appui. Après avoir terminé, le lecteur se dit qu'il va passer à le choix du chômage (2021) du même journaliste avec Damien Cuvillier.
Commenter  J’apprécie          232
Le titre est un clin d'oeil ironique à une excellente chanson du groupe 'Carte de séjour'*. Ou plutôt à sa version originale, nettement moins punchy, interprétée par Charles Trénet.
De fait, cette France-là, malgré une sorte de « mythologie » populaire qui entoure certains de ses dirigeants (De Gaulle, puis Chirac), n'est pas si 'douce' que le dit la chanson, en tout cas pour ceux qui s'opposent alors au pouvoir en place… Dans ces années de guerre froide et de décolonisation, le pouvoir gaulliste s'est doté d'une police officieuse qui accomplit le sale travail ne pouvant être confié à des fonctionnaires (même si ceux-ci sont aussi mis à contribution en cas de bavures à cacher…).
Le Service d'Action Civique (SAC) fut d'abord un instrument de lutte contre le Front de Libération Nationale en Algérie, puis contre les excès de l'Organisation Armée Secrète, et servit le camp gaulliste en métropole contre ceux qui pouvaient être considéré - à tort ou à raison - comme des vecteurs de la propagande soviétique, notamment les syndicalistes trop engagés…

Les plaintes classées sans suite, et les enquêtes entravées jalonnent cet ouvrage, démontrant une forte collusion entre les institutions étatiques et la milice, qui rassemble notamment des nostalgiques de l'Algérie française et de simples truands. En juillet 1975, le juge Renaud est assassiné par balle. Il enquêtait alors sur le hold-up de Strasbourg et soupçonnait un financement du parti gaulliste avec le butin de ce casse. En octobre 1979, Robert Boulin, alors Ministre du travail, est retrouvé mort. Tout montre qu'il a été enlevé, tabassé, assassiné, puis placé dans une position insolite dans un étang. Quelques semaines plus tôt, Robert Boulin avait été accusé de malversations (cela me rappelle un des aventures d'un certain Pierre Bérégovoy), contre lesquelles il entendait se défendre en révélant l'origine de ces accusations. Robert Boulin n'en eut pas le temps, puisque officiellement il se suicida dans quelques centimètres d'eau (ce qu'une autopsie inhabituellement bâclée ne permettra pas de démentir suffisamment rapidement). En juillet 1981, une famille est massacrée (l'enfant tué à coup de tisonnier), dans le cadre de dissensions internes au SAC. François Mitterrand, élu à la présidence depuis deux mois peut enfin dissoudre l'organisation.

Le propos est très instructif et particulièrement bien documenté. Bien qu'a priori peu intéressé par le sujet, j'ai beaucoup apprécié cet ouvrage. Encore assez jeune pour avoir traversé cette époque dans l'enfance, j'ai trouvé son propos très instructif. le graphisme agréable d'Etienne Davodeau, ici en noir et blanc, côtoie un texte dense et de qualité.

* ♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=ALpUX065ygY
Commenter  J’apprécie          190
La lecture de cette bande dessinée me laisse avec un goût amer, une envie de vomir. C'est à une véritable enquête que nous invite ici Benoît Collombat journaliste et Étienne Davodeau dessinateur, une plongée dans les tréfonds des années 1950 à 1980 et même au delà. Ils remuent, interrogent, enquêtent, rassemblent des témoignages, se livrent à un vrai travail d'investigation, terme un peu galvaudé de nos jours.
Il s'agit d'histoire récente, l'assassinat du juge Renaud à Lyon en 1975 et le "suicide" du ministre Robert Boulin en 1979. Deux hommes présentés comme intègres et qui auront eu à faire face à un système présent en plus haut lieu où derrière la stature officielle des hommes d'état se trame dans l'ombre tout un réseau chargé de s'occuper de la basse besogne.
On apprend énormément d'informations sur le climat politique, policier, juridique de la France de l'époque. Peu au fait des événements de cette période , j'ai appris avec effarement l'existence du SAC, la façon de financer les campagnes électorales, de contenir les syndicalistes...
Je suis sans doute un peu naïf mais j'espère que cela a tout de même évolué depuis. N'hésitez pas à lire cet ouvrage avec cette couverture qui en dit long et si vous voulez aller plus loin, Benoît Collombat a écrit un livre, "un homme à abattre" sur l'affaire Boulin.
Commenter  J’apprécie          164
Ils reviennent à nos mémoires ces souvenirs familiers...
Rien ne nous était étranger, ni les dates, ni les noms, ni les faits, mais comment peut-on si facilement oublier ? Années de plomb, de honte et de secrets... Merci aux auteurs de nous rafraîchir la mémoire au moment même où tant de consciences se flétrissent.
"Dans ces années-là, on tue un juge trop gênant. On braque des banques pour financer des campagnes électorales. On maquille en suicide l'assassinat d'un ministre. On crée de toutes pièces des milices patronales pour briser les grèves. On ne compte plus les exactions du Service d'Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, alors tout-puissant. Cette violence politique, tache persistante dans l'ADN de cette Ve République à bout de souffle, est aujourd'hui largement méconnue. "

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (876) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5261 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}