Difficile de me débarrasser de cet univers glauque, mais réel, quoique romancé.
Vous souvenez-vous de
Charles Manson, qui avait ordonné d'entrer chez le réalisateur
Polanski à
Los Angeles et de massacrer toutes les personnes s'y trouvant ?
Polanski absent, c'est Sharon Tate, sa femme enceinte de 8 mois et ses amis qui ont été poignardés sauvagement par 1 homme et 3 femmes, le 9 août 1969.
Ce roman relate la venue, en juin 1969, d'une petite jeune fille de 14 ans, riche et mal-aimée, dans le ranch bouseux de « Russell » (Manson, donc), une communauté hippie où l'égo se fond dans l'amour collectif, où les enfants pleins de poux et de cicatrices purulentes sont interdits de marques d'affection personnelle, où les jeunes femmes s'avilissent sous les yeux de braise de leur chef bien-aimé.
Evie est seule, terriblement seule. Sa meilleure amie l'a délaissée, ses parents divorcés ont d'autres chats à fouetter, et les vacances commencent. Comment ne pas se sentir attirée irrésistiblement par trois filles libres et sauvages aperçues au parc et au centre commercial ? Elle les suivra donc et sera embarquée dans leur car revisité à la mode hippie pour découvrir avec effarement et joie profonde la vie au ranch. Elle n'est pas dupe, la petite Evie, mais elle adore ça !
La drogue, le sexe, la saleté, la promiscuité, la manipulation, l'amour envers Suzanne, tout ceci la détourne de la vie fade et bien-pensante de sa propre famille durant ces quelques semaines précédant le massacre.
Tout est expliqué, décortiqué, avec force détails. Et forcément, c'est très difficile de s'extirper de cette ambiance morbide et faussement ouverte à l'amour universel.
Emma Cline écrit avec jubilation, s'immisçant très facilement dans la psychologie d'une ado de 14 ans, son ennui, son désarroi, ses tentations, et l'horreur.