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Citations sur Mes jeunes années (13)

Un tiers des sapeurs et des canonniers avaient étaient atteints, et presque tous les mulets étaient morts ou ruisselaient de sang. Le visage hagard des officiers survivants apportait une dernière touche à cette sinistre scène matinale. Mais tout était fini maintenant. Nous entreprîmes donc d'abattre les mulets blessés et de prendre notre petit-déjeuner.
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Je me découvris, sur bien des points, des opinions différentes de celles de l'un comme de l'autre parti, et j'étais assez naïf pour m'imaginer que je n'avais qu'à penser ce qui me semblait juste et l'exprimer sans crainte. Je croyais que loyauté à cet égard l'emportait sur toute autre forme de loyauté. Je ne croyais pas à l'importance de la discipline et de l'unité de parti, et les sacrifices d'opinion que l'on est en droit de faire pour leur cause.
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Bien sûr, ce que j'appelle mathématiques n'est que ce que les examinateurs du Civil Service exigeaient de vous pour passer un examen très sommaire. Je présume que pour ceux qui possèdent ce don particulier, qui ont la bosse des mathématiques, les eaux dans lesquelles je nageais ne doivent paraître qu'une mare aux canards comparée à l'océan Atlantique. Néanmoins, lorsque j'y plongeai, je ne tardai pas à perdre pied. Quand je songe à ces mois de soucis, leurs traits les plus marquants émergent des abîmes de ma mémoire.
J'avais naturellement progressé bien au-delà des fractions vulgaires et du système décimal. Nous étions parvenus dans un monde d'Alice au Pays des Merveilles, aux portes duquel se dressait l'Equation du Second Degré. Celle-ci, avec une étrange grimace, montrait le chemin de la Théorie des Indices, laquelle à son tour livrait l'intrus à toutes les rigueurs du Théorème des Binômes.
Plus loin, de sombres réduits éclairés par des feux sombres et sulfureux étaient censés abrier un dragon appelé Calcul Différentiel. Mais ce monstre était au-delà des limites établies par les examinateurs du Civil Service, qui fixaient les étapes de ce rude voyage du pèlerin.
Nous nous détournions donc, non pas certes vers les contreforts des Montagnes Délectables, mais vers un bizarre corridor orné d'anagrammes et d'acrostiches appelés Sinus, Cosinus et Tangentes. Ces signes étaient, paraît-il, très importants, surtout quand ils se multipliaient entre eux ou par eux-mêmes ! Ils avaient également ce mérite : on pouvait apprendre par coeur nombre de leurs évolutions.
Lors de mon troisième et dernier examen, il y avait une question concernant ces cosinus et ces tangentes, avec accompagnement de racines carrées, et qui dut avoir une influence décisive sur tout le reste de mon existence. C'était un problème. Mais, par bonheur, j'avais vu son affreux visage seulement quelques jours auparavent, et je le reconnus aussitôt.
Jamais depuis lors je n'ai rencontré une de ces créatures. Une fois ce troisième examen passé avec succès, elles disparurent comme les fantasmagories qui vous hantent dans la fièvre. On m'affirme qu'elles rendent de grands services en architecture, en astromnomie et dans d'autres domaines. Il et très important de bâtir des ponts et des canaux et de calculer toutes les tensions que peut supporter la matière, très important aussi de compter toutes les étoiles et même les univers et de mesurer à quelle distance ils se trouvent de nous, il est très important de prédire les éclipses, l'arrivée des comètes et autres évènements de cet ordre. Je suis ravi qu'il existe un certain nombre de gens qui naissent avec le don et le goût de ces sortes de choses ; comme les grands joueurs d'échecs qui jouent les yeux bandés seize parties à la fois et ne tardent pas à mourir d'épilepsie. C'est tant mieux pour eux ! J'espère que les mathématiciens sont récompensés comme il se doit. Je promets en tout cas de ne jamais leur faire concurrence ni de leur retirer le pain de la bouche.
Il me sembla un jour que j'avais une vision totale des mathématiques : une profondeur après l'autre se révélait à mes yeux, les abîmes s'ouvraient devant moi. Je les voyais, comme on pourrait voir le passage de Vénus, ou même le défilé du lord-maire, une quantité passant à travers l'infini et changeant de signe, du plus au moins. Je comprenais exactement comment cela se passait et pourquoi la tergiversation était inévitable : et comment une opération entraînait toutes les autres.
C'était comme en politique. Mais cela se passait après un bon dîner, et je n'allai jamais plus loin !
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Mon stage à Sandhurst ne tarda pas à parvenir à son terme ... En décembre 1894, je rentrai chez moi pleinement qualifié pour recevoir un brevet d'officier de la reine. Contrairement à ce qui s'était passé durant mes années de collège, je m'étais fait un grand nombre d'amis, dont trois ou quatre vivent encore. Quant aux autres, ils ne sont plus. La guerre des Boers a fauché une grande proportion, non seulement de mes amis, mais de ma compagnie; et la Grande Guerre a tué presque tous les autres. Les quelques-uns qui ont survécu ont été blessés à la cuisse, à la poitrine ou au visage par les balles ennemies. Je les salue tous.
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J'avais tout juste dix-huit ans et j'étais en vacances ... On me donnait la chasse depuis vingt minutes et j'étais un peu hors d'haleine, lorsque je décidai de traverser le pont. Arrivé en son centre, je m'aperçus à ma consternation que mes poursuivants avaient divisé leurs forces. Il y en avait à chaque extrémité du pont: ma capture semblait certaine. Mais, dans une brusque intuition, il me vint une brillante idée. Le ravin qu'enjambait le pont était envahi de jeunes sapins. Leurs frèles sommets parvenaient au niveau du tablier. "Ne serait-ce pas possible, me demandai-je, de sauter sur l'un d'eux et de me laisser glisser le long du tronc, en brisant une branche après l'autre au fur et à mesure de ma descente, afin de freiner ma chute?" J'examinai la chose. Je calculai. Je méditai. Puis j'enjambai la balustrade. Mes jeunes poursuivants, abasourdis, attendaient chacun à une extrémité du pont. Plonger ou ne pas plonger, c'était là la question! En une seconde j'avais plongé, les bras tendus pour étreindre le faîte du sapin. Mon raisonnement était juste; mais le problème était mal posé. Il me fallut plus de trois jours avant de reprendre connaissance et plus de trois mois avant de pouvoir me traîner hors de mon lit.
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Rien n'évoque si puissamment le passé qu'une odeur. À défaut d'une odeur, ce qui stimule le mieux la mémoire, c'est un air de chanson. J'ai des airs dans la tête pour chaque guerre à laquelle j'ai participé, et même pour chaque phase critique ou passionnante de ma vie.
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Il nous faut apprendre notre leçon. Jamais, jamais, jamais on ne doit croire qu'une guerre sera simple et facile, ou que quiconque s'embarque dans cette étrange aventure peut mesurer à l'avance les vents et les tempêtes qu'il rencontrera sur son chemin. L'homme d'État qui cède à la fièvre de la guerre doit savoir qu'une fois le signal donné, il cesse d'être le maître de la politique à suivre pour devenir l'esclave d'événements imprévisibles et incontrôlables.
P. 301
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N'acceptez jamais qu'on vous réponde vous résignez jamais à l'échec. Ne vous laissez pas duper par le simple succès personnel ni par la soumission. Vous commettrez toutes sortes d'erreurs; mais, tant que vous serez généreux et sincères, déterminés aussi, vous ne pourrez faire de mal au monde ni même lui nuire gravement. Le monde a été créé pour être subjugué et conquis par la jeunesse. Il ne vit et ne survit qu'au prix de conquêtes successives.
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"Ici, on vous passait de la pommade à la truelle."
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Et je m'arrête ici pour dire aux parents, et particulièrement aux parents fortunés: "ne donnez pas d'argent à votre fils. Dans la mesure où vous pouvez vous le permettre, donnez-lui des chevaux." L'équitation n'a jamais causé la perte de personne - sauf quelques chutes mémorables. Une heure de la vie passée à cheval n'est jamais perdue. On a souvent vu des jeunes gens se ruiner pour avoir possédé des chevaux, ou pour avoir parié sur eux, mais jamais pour les avoir montés. A moins, bien sûr, qu'ils ne se rompent le cou, ce qui, quand cela se passe au galop, est une excellente façon de mourir.
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