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4,04

sur 648 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chine, 17ème siècle. Fin de la dynastie Ming.

Deux âmes se rencontrent et s'aiment, sont séparées par le destin mais se retrouvent trente ans plus tard.

Dao-sheng et Lan-Ying. Le violoniste devenu apprenti moine taoïste et guérisseur. La jeune fille , mariée malheureuse, maintenant solitaire et mélancolique.

Une histoire unique, où le corps exulte en ne se touchant pas, où seul le contact des mains sera félicité. Sourires et regards intenses. Instants d'éternité. Souffle partagé.

Au-delà d'un amour idéal, il y a aussi une quête de sérénité, de fusion avec le monde, d'ouverture au ciel et la terre. Des questions métaphysiques, un élargissement spirituel de l'âme.

On quitte ce livre apaisé, ébloui par cette passion secrète et tendre, les yeux emplis de visions douces, poétiques, celles du jardin délicat de Lan-ying, des vallées verdoyantes du fleuve, des mains qui s'effleurent en silence... Oui, apaisement et beauté coulent alors dans nos veines...
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Chine, fin de la dynastie Ming, XVIIe siècle.
Après plus de trente ans d'absence plus ou moins involontaires, Dao-Sheng quitte le monastère et décide de revenir dans le monde pour revoir et peut-être retrouver celle qui hante son coeur et ses pensées depuis tant d'années. Il s'installe en ville et bientôt ses dons de médecine et de divination le feront connaître de tous. La rencontre avec Lan-ying aura lieu, l'amour renaîtra mais bien des tourments tiendront éloignés les deux amants.
« Mon retour fut vers le sourire qui m'avait ébloui une fois pour toutes. C'est là que ma vie avait vraiment commencé, c'est là que ma vie devait s'achever. »

Voilà un joli roman d'amour, de passion même mais surtout de respect mutuel et de recherche d'identité et de partage d'âme, de spiritualité. Tout est dans le non-dit, tout est dans le jeu de regard, la caresse furtive d'une main. C'est d'une pureté incroyable et d'une grande poésie. L'amour courtois dans toute sa splendeur !
Pour nos deux amants, l'éternité n'est pas de trop, « soleil levant, soleil couchant, lune cachée, lune présente, nous ne nous oublierons pas un seul instant... »

En plus de cette magnifique histoire d'amour, François Cheng fait revivre cette Chine médiévale et ses us et coutumes. La narration suit le fil du temps, des saisons et des fêtes traditionnelles. C'est doux, lent, langoureux même. le lecteur est baigné dans une atmosphère presque irréelle.
Un roman envoûtant !
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Cette lecture est un peu liée à un concours de circonstances. Il y a longtemps que je voulais découvrir l'oeuvre de François Cheng et une amie m'a offert l'un de ses romans : L'éternité n'est pas de trop. Mais une fois tournée la dernière page, je me suis demandé si le genre romanesque était la meilleure porte d'entrée.
Bien sûr, je me suis immergée dans cette Chine des Ming, au XVIIe siècle : dépaysement assuré, voyage imaginaire haut en couleurs, bruits et odeurs grâce aux descriptions qui jalonnent le roman et qui ont parfois la grâce et la délicatesse des estampes chinoises ou bien donnent dans un foisonnement débridé lorsqu'il s'agit d'évoquer les scènes de fêtes ou celles qui se déroulent autour des temples, hauts lieux de la vie collective à cette époque.
J'ai évidemment suivi avec empathie les deux héros de cette histoire : Dao-Sheng, musicien puis devin et médecin, très fortement marqué par le taoïsme et qui est tombé éperdument amoureux de Lan-Ying, mariée à un membre de la famille Zhao. Cette passion va les mener à suivre un long chemin initiatique vers la forme d'amour la plus éthérée qui soit mais aussi la plus tragique.
Un remake de Roméo et Juliette, version chinoise ? A certains égards, oui. Mais dans ce roman, l'amour mystique qui lie nos deux héros ouvre parfois la porte à des monologues intérieurs -surtout chez Dao-Cheng- qui relèvent plus du discours philosophique que du dilemme né d'un amour impossible.
Il est vrai aussi que cette passion donne lieu à de merveilleux passages lyriques comme celui où l'auteur évoque le caractère ineffable du regard amoureux, point de convergence privilégié entre le corps et l'âme.
De très beaux passages aussi relatifs aux vertus de la médecine énergétique, surtout celui où grâce aux massages du corps et au souffle vital qu'il insuffle dans la bouche de la femme aimée, Dao-Sheng va réussir à la ramener sur le chemin de la vie. La phrase se fait ample, vibrante et peu importe que l'on croit ou non au Shen, le souffle à l'origine de toute vie, on est pris dans une scène dont l'enjeu nous dépasse et où l'on touche aux frontières de la Vie et de la Mort.
Mais j'ai trouvé parfois la prose de l'auteur moins inspirée et certaines descriptions très codifiées relèvent, pour moi en tout cas, d'un académisme qui n'est pas de mon goût. Même réserve pour la structure du roman très répétitive et uniquement fondée sur l'alternance des saisons et le passage des années. Et ce tempo très particulier qui marche fort bien au cinéma dans certains films asiatiques, a, pour mon goût personnel, moins bien fonctionné dans le récit.
Je ne vais pas rester sur cette impression un peu mitigée et vais me tourner vers ses essais et oeuvres poétiques pour parfaire mon jugement.
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François Cheng, dans ce roman l'Éternité n'est pas de trop, a tracé de sa plume et de son pinceau de calligraphe la fine fleur de sa pensée.

Le texte est porté par une spiritualité humaine, compréhensible, vitale ou le corps et l'esprit témoignent de sentiments , que le lecteur peut partager.

On navigue loin d'une érudition philosophique, de concepts ésotériques, d'altérités tapageuses pour faire savant, c'est le langage des mains, le silence des coeurs, la sensualité des gestes simples, "nullement éclipsée par la magnificence des fleurs, elle irradie" p96 .
C'est un roman d'amour certes, tels Tristan et Iseult devenus chinois, mais le récit n'est pas mélo encore moins mièvre, mieux c'est un récit rugueux, âpre, où les corps puisent jusqu'à leurs dernières ressources leur ultime désir, se sentir aimé, désir d'éternité pour ces êtres aux coeurs giflés par la vie, désir de vie ; "Ce que les morts laissent aux vivants..; c'est certes un chagrin inconsolable, mais aussi un surcroît de devoir vivre, d'accomplir la part de vie dont les morts ont dû apparemment se séparer, mais qui reste intacte" .
la passion émerge page 41, Dao-sheng, médecin, ayant quitté les moines taoïstes, après une longue quête, est enfin appelé au chevet de Lan-ying qui se meurt, il attend depuis tant de jours, à rencontrer celle qui le hante et qu'il recherche avec désespoir.

Il ne verra pas Dame Ying, ce jour béni, il est juste autorisé à épuiser son pouls, à tenir sa main derrière un rideau, les amants s'inventent alors un langage plus fascinant que les mots, la calligraphie des mains, "Entre leurs deux mains aux doigts noués, le moindre frémissement, bruit de battements d'ailes; la moindre pression provoque une onde qui s'élargit de cercle en cercle.P70"

 
Cet amour va la sauver de la mort, ce jeu des doigts, où passent leurs frissons, soulage leurs coeurs, bascule Dame Ying dans l'amour, vers le monde des vivants.
Leur histoire va osciller entre la vie et la mort, "Non, la vie de Dame Ying ne peut pas s'arrêter là, s'écrit-elle. ; il faut qu'elle vive" p 205, implore la servante de Dame Ying.
"La mort entraîne la mort, mais la vie engendre la vie", p205 Cheng suggère alors avec humour "c'est la manière pour les vivants de remettre les morts dans la voie de la vie".

On se laisse emporter par cette passion, qui devient un amour impossible à vivre, un amour consommé charnellement par la puissance des mains, comme si cette guérison devenait un bonheur indicible et sublimé, une suprême éternité d'amour.
La poésie de François Cheng s'y exprime avec fougue et simplicité, une estampe faite de quelques sublimes pleins et de beaucoup de manques, le souffle et le vide.

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Un roman peut-il être un livre de sagesse ? Les à priori ne le suggèrent apparemment pas ou alors que très peu. Cela semble pourtant être le cas pour "L'éternité n'est pas de trop" de François Cheng.

Nous sommes dans la seconde moitié du XVIIème siècle soit peu de temps après la chute du dernier empereur de la dynastie Ming. Voici Dao sheng. Il a passé de nombreuses années dans un monastère taoïste dans lequel il a acquis l'art de guérir et celui de la divination. Esprit indépendant, il a refusé de prononcer ses voeux et a choisi de prendre la route. Il porte en lui un précieux secret : le souvenir de l'amour qu'il porta à une jeune femme nommée Lan-ying.
Après plusieurs jours de marche, Dao sheng arrive dans une petite ville, chef-lieu d'un district qu'il connaît. Il se présente au monastère de l'endroit pour y obtenir l'hospitalité et y offrir ses services de guérisseur. Un jour, se déplaçant dans les rues de la cité et passant devant le domaine de la famille Zhao, lignée de seigneurs locaux, son attention est étrangement retenue par une présence : à un groupe de nécessiteux rassemblés, une femme à l'allure délicate et raffinée, un peu vieillie, distribue à manger. Intrigué, Dao sheng scrute lentement les traits du visage. L'émotion le saisit tout à coup : Se peut-il que...? Il vient de reconnaître Lan-ying.

Voilà tout le beau prétexte qu'a utilisé François Cheng pour imaginer et écrire "L'éternité n'est pas de trop", un roman qui fut, pour moi, une des plus belles lectures qui soient.
L'auteur magnifie l'amour dans une prose toute en retenue, une esthétique et une poétique qui m'ont séduit jusqu'aux dernières lignes du livre. Anciens amants, le passé de Dao sheng et de Lan-ying affleure le présent, suggère l'attente, le désir de l'autre sans jamais le révéler ou le remettre en cause dans l'absence de l'être aimé.

Juste un très très beau roman.
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L'histoire de Dao-Sheng, médecin guérisseur, se situe en Chine au XVIIe siècle. Après 30 ans, il se décide à partir à la recherche d'un amour absolu, celui qu'il a ressenti pour une jeune fille avec laquelle il n'a pourtant échangé qu'un regard.
C'est avec beaucoup de poésie et une grande finesse que l'auteur nous transporte dans cette époque de la fin de la dynastie Ming où règne une réelle dureté d'existence pour de nombreux Chinois.
On retrouve également au fil de cette lecture la spiritualité et la sagesse des Moines Taoïstes.
L'essence même du livre reste cependant l'amour et la pureté des sentiments.
J'ai beaucoup aimé ce livre et je remercie lecteur84 pour ses conseils.
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Quelle belle histoire d'amour !
François Cheng nous narre ici l'histoire d'amour contrarié de Dao-sheng et Lan-ying au XVIIème siècle en Chine. Ces deux êtres au coeur pur et simple, n'ayant que peu d'attentes, sont touchants. Ils pensent aux autres avant de penser à eux-mêmes, pas égoïstes pour un sou. Ils se contentent de peu et font le bien autour d'eux.
Nous en apprenons un peu sur l'époque de la fin des Ming, sur les moines taoïstes et sur la présence de certains étrangers venus pour des missions religieuses.
La narration est agréable et douce, et l'auteur a des réflexions très intéressantes, notamment sur la beauté. C'est un livre qui fait du bien, nous donnant l'impression d'être un peu hors du temps. Le récit est poétique et certains passages sont très beaux, notamment quand les amoureux osent se caresser la main.
C'est donc ici un bel hymne à l'amour. Nous y voyons qu'il faut faire preuve de patience, par ce que tout vient à point à qui sait attendre. Il faut aussi avoir des propos pondérés, et surtout ne pas trop parler.
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Dans ce roman, François Cheng place le désir au coeur de l'intrigue et montre à merveille la complexité du sentiment amoureux.

Le récit a pour cadre la Chine du XVIIème siècle, pétrie de codes et d'interdits moraux, et développe essentiellement, au travers de la relation entre Dao-sheng et Lan-ying, le thème de l'amour transcendé, magnifié par l'impossibilité d'être vécu au grand jour.

Cette union des âmes aimantes plutôt que des corps fait inévitablement songer à Tristan et Yseult, voire à Roméo et Juliette... Cette filiation confère à la relation un aspect indéniablement puissant, quasi tragique. D'autres amours sont cependant évoquées, comme en contrepoint, offrant des visions parfois plus terre-à-terre du désir et de la passion.

Un beau roman, au rythme lent, empreint d'une forme de sagesse typiquement asiatique, une oeuvre au confluent du charnel et du spirituel, voire du philosophique, comme souvent chez François Cheng.
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Très beau. Mais il est arrivé un moment où tout avait été dit. Aucun nouveau point de vue sur la profondeur que peuvent avoir certaines amours n 'a été donné, ce qui me porte à croire que ce roman aurait gagné à être plus court.
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Roman spirituel (taoïsme surtout, mais aussi bouddhisme et christianisme) autour d'un Amour qui traverse le temps au milieu des codes et interdits de la Chine du XVIIe, en fin de dynastie Ming. Il y a du "temps suspendu" - comme ce qu'on retrouve souvent dans les livres japonais (l'effet du taoïsme ?) - dans ce livre qui emmène ailleurs avec douceur sans pour autant édulcorer la vie difficile des femmes et des pauvres, et qui engage l'attention aux petites choses, petits gestes. Ce Dao-Sheng dont on suit le chemin est très attachant. François Cheng a écrit quelque chose du mystère de l'éternité.
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