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EAN : 9782362791246
480 pages
Alma Editeur (28/08/2014)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Paris, automne 2011. Balthazar erre comme une âme en peine depuis l'internement forcé de son grand frère Stan. Les bords de Seine sentent la vase, les cuites à gogo n'y font rien. Tout l'ennuie, tout l’écœure dans cette ville rongée par la gale des temps. Sa rencontre improbable avec la pétillante Sarah et le retour du frère prodigue changeront radicalement la donne. Ensemble, ils réinventeront un monde à leur image le temps d'une fugue enchantée loin des trottoirs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai terminé ce livre depuis une dizaine de jours, et la difficulté pour moi est de ne pas me laisser envahir par ce qui m'a déplu dans ce roman, mais de retenir le positif.
Ce roman est très bien écrit, bien construit, c'est un vrai plaisir de se laisser entraîner par les mots, la musique des phrases. Ou comment travailler un texte sans que cela se ressente. J'ai aimé aussi ce narrateur compagnon et sa tendresse pour Balthazar. Pour ceux qui me connaissent, la première scène de Little Stan ne passe pas : tirer sur des pigeons parce que son frère est interné me fait tout de suite prendre mes distances avec le héros. Plus facile de passer sa violence sur ceux qui ne répliqueront pas que d'affronter la réalité.
Peut-être des lecteurs plus jeunes que moi se reconnaîtront-ils dans ce jeune homme (il a moins de trente ans) qui n'a pas construit sa vie. Pas de travail fixe, pas de logement, mais un attachement très fort au souvenir de son père, entre Paris et Province. La vision que le narrateur a de ces deux mondes est cruellement juste.
Je pense qu'il faut accepter, en lisant ce livre, de croire aux invraisemblances de l'intrigue (voir la partie rue de Rennes) et d'accepter que l'on ne saura pas tout, et surtout pas ce qui a conduit Stan à être interné (une bagarre qui a mal tourné) ou les circonstances de la mort de leur père. Je pense aussi que ce roman est essentiellement masculin. Là encore, des petites choses m'ont dérangée dans la vision de la femme. J'ai eu l'impression que la femme n'existe que par rapport à l'homme qui est son compagnon, et qu'elle doit avoir la souplesse nécessaire pour se mettre à son service – ainsi de la toute jeune compagne "femme en devenir", qui le suit et n'impose pas son point de vue. Aussi, les propos de la mère du héros tranche par sa véhémence et sa justesse, elle qui a eu tant de mal à faire accepter son nouvel amour à ses fils. Il s'agit bien d'amour, et non de peur de la solitude :
"- Non, Stan, bien sûr. Vous ne me demandez rien. Je vous ai torchés, je vous ai soignés, je vous ai mis à l'école. Maintenant, je peux crever, tout le monde s'en fout. le monde merveilleux des femmes de cinquante berges : lâchez la grappe à vos gosses, allez pleurer votre mari au cimetière, avec un peu de chance Dieu se rappellera de vous et…
– Ça va, arrête ton refrain. Tu l'as déjà chanté tout à l'heure.
– C'est le principe des refrains, mon fils. On a besoin de les répéter. Jusqu'à ce que par miracle ça rentre dans la tête des gens."
De même, ceux du professeur qui tente de secouer ses jeunes lycéens :
"mon travail n'est pas, mon travail n'est plus,de former des bons petits soldats, qui obéiront aux ordres. Mon travail, aujourd'hui, est de former des résistants. Des résistants qui un jour, peut-être, auront à prendre les armes. Et devront rappeler à ceux pour qui la lecture n'est rien, à qui l'histoire n'apprend rien, pour qui penser, même, n'est rien, qu'on ne naît pas homme mais qu'on le devient. Et ces gens-là, croyez-moi, vous en rencontrerez beaucoup et ils ne s'excuseront de rien. Et vous non plus, vous ne devrez pas vous excuser. Parce que s'excuser de savoir, jeunes gens, c'est s'excuser d'être un homme."
Construire, redonner de l'énergie, aller de l'avant tout en s'appuyant sur ce qu'on a vécu, tels sont les souhaits du narrateur pour Balthazar et Sarah. C'est tout le mal que je peux leur souhaiter.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Un roman remarquable :

- Remarquable de vérité d'abord. Les rues de Paris y sont décrites de façon cyniques mais tellement juste. le lecteur entre dans l'intimité d'une jeunesse diplômée et pourtant errante, de cercles familiaux déchirés. Bref tout ce qui forme la société d'aujourd'hui.

- Remarquable de sensibilité également. Balthazar, tout juste sorti d'une grande école de commerce (l'ESSEC), est toujours à la recherche de lui-même mais aussi à la recherche de son grand frère Stan. La première partie "Little Stan" brosse le portrait de Balt, de son ennui profond de Paris, de sa vie, qu'il tente d'oublier grâce à l'alcool. La deuxième partie rompt cet ennui grâce à une rencontre fortuite, celle d'une jeune lycéenne Sarah. Et enfin, la vie semble lui sourire. Dans la troisième partie, c'est un voyage initiatique dans un village des Pyrénées qui révèle un désir de retour à une vie saine, loin des odeurs âcres de Paris. L'auteur, grâce à une forme narrative intéressante, ne se contente pas de décrire les actes de son personnage Balthazar. Il l'épaule, et l'amitié entre l'être fictif et l'auteur est bien réelle.

- Remarquable de mystère enfin. L'important n'est pas de chercher à tout expliquer. La magie du roman opère tout simplement et l'intrigue n'est construite que pour mieux découvrir la destinée d'une jeunesse plongée dans le monde actuel.

Un roman idéal pour la génération "Balthazar", non seulement en rupture avec le schéma établi mais aussi avec "l'esprit du temps". Une génération qui ne cesse de réfléchir aux problématiques engendrées par la société, illustrant parfaitement les propos d'un des personnages de ce roman "L'esprit des temps, ou tu vis avec, ou tu creuses un trou et tu restes dedans".
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Les rues de Paris grises, humides, malodorantes défilent au petit matin brumeux d'une jeunesse perdue, noyée dans des expédiant qui ne soulagent même pas leur sinistres journées.
Sorti d'une grande école Balthazar erre comme un fantôme amputé de son frère Stan interné par leur mère et leur beau-père. Il est perdu, noyé dans les affres d'une vie qui lui échappe.
Il est aussi gris et malodorant que les rues qu'ils traversent à la recherche de ces moments partagés avec ce frère, seul être auquel il se sent rattaché.
Un objet lui tient à coeur : le livre de Paul Morand "New York" cadeau de Stan pour ses 26 ans.
Et soudain tout change : le squat chez un copain se termine, retour chez maman et relooking obligé en bon garçon de famille. Une remise en cause doit prendre forme.
Mais une séparation surgit à nouveau, ses proches ont continué à vivre et il n'accepte pas de les suivre en racontant un mensonge.
A nouveau le vide, à combler ...
Une belle rencontre avec la jeune Sarah qui le ramène à la vie et Stan qui s'enfuit de l'hôpital psychiatrique et ne donne aucune nouvelle....
Et soudain Stan réapparaît par un simple coup de fil.
Il est installé dans une grande maison envahie par une faune largement alcoolisée et droguée. Stan a mis sur pieds un trafic fructueux, mais lorsque Balthazar arrive avec Sarah cela lui donne envie de se mettre au vert dans les Pyrénées. La maison grand-paternel les attend.
Cela finit par une réunion familiale, mais pas seulement.
Certains jeunes ont du mal a trouvé leur place, la ville, la montagne tout leur est hostile.
Ce roman ne vous apportera pas la solution. le ton est juste, le style fluide et bien actuel.
Je viens de découvrit Pierre Chazal, et ce roman me donne envie de lire le précédent Marcus.
Cet auteur a visiblement un univers à lui.
Merci "masse critique Babelio" de m'avoir fait découvrir cet auteur.
Il faut souligner la merveilleuse couverture illustré par Baru, très attirante ainsi que le format du livre qui en fait un bel objet de bibliothèque.
Auteur à suivre...
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Malheureusement je ne l'ai jamais reçu suite à la masse critique... du coup impossible à chroniquer
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"-Je vais vous raconter quelque chose, à tous. Posez vos stylos. Vous savez peut-être ce qu'est le CAPES. (...)Et bien à l'examen du CAPES, cette année, on a accepté pour la première fois des candidats avec sept de moyenne dans leur spécialité. Des futurs enseignants avec sept de moyenne. Pourquoi, à votre avis? Monsieur Matignon?
-Parce que plus personne veut faire prof et qu'il y a pas assez de candidats.
-Parce que le Titanic a fait naufrage, jeunes gens. Tous les canots sont à la mer. Vous êtes, nous sommes les derniers sur le pont. A croire aux vertus de l'intelligence, de l'esprit critique, de l'humanisme, de l'humilité devant le savoir. Quoique vous en pensiez,mademoiselle Halper, mon travail n'est pas, mon travail n'est plus,de former des bons petits soldats, qui obéiront aux ordres. Mon travail, aujourd'hui, est de former des résistants. Des résistants qui un jour, peut-être, auront à prendre les armes. Et devront rappeler à ceux pour qui la lecture n'est rien, à qui l'histoire n'apprend rien, pour qui penser, même, n'est rien, qu'on ne naît pas homme mais qu'on le devient. Et ces gens-là, croyez-moi, vous en rencontrerez beaucoup et ils ne s'excuseront de rien. Et vous non plus, vous ne devrez pas vous excuser. Parce que s'excuser de savoir, jeunes gens, c'est s'excuser d'être un homme."
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Tandis que le ciel parisien s'offre à l'est un dégradé bleu lavande, croquant la nuit bout par bout de Créteil à Drancy, la grande trouée de l'île-de-France s'allonge à l'horizon, immense tapis déroulé aux pieds du Sacré-cœur. Ce roi bâtard prisonnier de sa colline, exhibé sur son trône à la vue du bas peuple, pourtant si fier, on y croirait, de toiser comme chaque matin à travers la brume automnale son armée de cinq millions d'âmes dormant d'un seul sommeil dans un bivouac de pierre et de zinc, prêtes à bondir au chant du réveil dans les couloirs du métro pour répondre au plus tôt le terrain abandonné la veille.
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Sous la lune ronde et pleine de la coupole étoilée, vous étiez comme deux comètes filantes venues survoler la Terre en rase-motte. Ultimes trouble-fêtes d'un monde idiot, ivre avant l'heure de sa propre bêtise, vous avez fait passer un dernier courant d'air sur la table des plaisirs perdus dont vous avez soufflé les bougies une à une.
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- On ne te demande rien, nous.
- Non, Stan, bien sûr. Vous ne me demandez rien. Je vous ai torchés, je vous ai soignés, je vous ai mis à l'école. Maintenant, je peux crever, tout le monde s'en fout. Le monde merveilleux des femmes de cinquante berges : lâchez la grappe à vos gosses, allez pleurer votre mari au cimetière, avec un peu de chance Dieu se rappellera de vous et...
- Ca va, arrête ton refrain. Tu l'as déjà chanté tout à l'heure.
- C'est le principe des refrains, mon fils. On a besoin de les répéter. Jusqu'à ce que par miracle ça rentre dans la tête des gens.
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Du blanc sur blanc façon crème chantilly, noyant les toits, bouchant les cheminées, avalant les oiseaux. Si Dieu, en ce jour, avait voulu repeindre le ciel, il aurait trouvé à son chevalet une toile plus vierge que nature. Douce et granuleuse à souhait, à peine salie par les gaz d'échappement, prête à toutes les prostitutions pour charmer le regard des hommes.
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