Pauvre Nisnoura!
Nous aurons entre les mains un conte de courage (mais aussi de liberté, on le devinera en filigrane).
Les contes fantastiques ne ménageront pas toujours les jeunes filles innocentes et trop gentilles pour qu'on les laisse tranquille.
Rappelez-vous, Blanche-Neige sera condamnée à fuir sa belle-mère dans le bois des nains, ligotée par un corsé ensorcelé puis empoisonnée d'un peigne (non, Blanche-Neige, les nains t'avaient prévenu de ne rien acheter en leur absence).
Cendrillon sera condamnée à céder sa chambre, à faire le ménage de la maison et à vivre à la cave et dans les cendres (encore une affaire de Belle-mère jalouse).
La seule fille de la fratrie du conte "des Cygnes sauvages" sera condamnée à conserver le silence, envers et contre toutes méchancetés à son encontre, afin de briser le
sortilège de sa Belle-mère (encore ?) qui transforma ses frères en animaux et qui lui vola son bébé dans son sommeil pour la soumettre.
Le personnage de Nisnoura sera de celles-là.
Mais l'auteur
Jean-François Chabas ne lui inventera aucune Belle-mère, juste une chevelure de "serpents".
Le monde du "Ponant" de Nisnoura n'existera pas.
C'est un monde imaginaire méditéerannéen.
Il était une fois, une pauvre petite qui profitait heureuse de son enfance en compagnie de sa famille, jusqu'à ce que des étranges évènements surviennent et la lui fasse mettre son monde à dos.
Nisnoura est-elle somnambule ou juste une menteuse ?
Mais personne ne la croira puisqu'il n'y aura pas d'autres explications apparentes.
Pauvre Nisnoura!
Condamnée à être seule malgré elle puisque le mauvais sort la juge impropre à se montrer gentille avec les autres.
Les vêtements brodés par sa maman seront retrouvés au petit matin déchiré dans la chambre de Nisnoura, son mobile d'enfants au dessus de son lit complètement détruit, de mauvais mots étaient peints dans la chambre de sa meilleure amie à leur réveil.
Quelqu'un ou quelque chose ne voulait pas qu'elle soit appréciée.
Nisnoura n'aura pas de belle-mère jalouse et sorcière.
Ce sont ses cheveux, vous dit-on.
La nature du criminel sera intéressante.
L'auteur jouera bel et bien sur le symbole du cheveu, couvert dans certains pays de notre réalité et proche de celui de Nisnoura, signe d'orgueil et de vanité.
Pour une raison à découvrir, ses cheveux seront agressifs, cruels et jaloux, punissant autour d'elle les signes de vanité.
Nous aurons inévitablement envie de savoir par quel maléfice des cheveux peuvent se doter de vie sans qu'on aperçoive de sorciers, d'ogresses ou de lutins en début d'aventures.
Les contes traditionnels nous les annonçaient toujours et nous les attendions, préparés, ces personnages sinistres, nous attendions de savoir à quoi ils ressemblaient et quels étaient leurs pouvoirs. Qu'allaient-ils donc faire à notre pauvre héroïne pour étaler l'ampleur de leur puissance devant notre lectorat captif ?
N'êtes-vous pas un peu orgueilleux, messieurs et mesdames les mauvais ?
Toujours, évidemment
L'auteur révélera tout et il ne dérogera pas à la tradition finalement.
Avec le conte fantastique de
Chabas, nous serons presque dans le premier récit frisson pour enfants.
Nous ignorerons ce qu'il se passe avant d'y être confronté avec la fugue de Nisnoura.
Voila donc ce qui lui cause tant de tracas.
Il nous restera à comprendre pourquoi, évidemment.
Dans les contes, les innocents sont souvent jalousés.
Par des cheveux ? Non, jamais. Longs, ils joueront leur rôle de séduction pour contribuer à la bonne image des princesses, convaincant les princes et les jeunes lecteurs de la grâce et de beauté de l'héroïne, notre regard se noyant parmi quelques cascades noir d'ébène, roux de braise ou blonds de blé.
A part, Raiponce, laquelle voudrait bien qu'on lui coupe les cheveux ?
Des cheveux hantés, jamais on n'a vu, jamais on n'aura vu ?
Le récit nous offrira le secret de Nisnoura pour reprendre confiance et s'opposer à ses cheveux tortionnaires.
Vous serez maitresses de vos cheveux, petits écouteurs d'histoires.
Rappelez-vous de quoi menace votre maman si vous cheveux refusent de se laisser peigner ?
Les mamans sont-elles un peu sorcières ?