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Valérie Briet (Autre)
EAN : 9782267004908
162 pages
Christian Bourgois Editeur (01/11/1987)
4.72/5   16 notes
Résumé :
C’est après la publication de La Rose de personne, Die Niemandsrose, en 1963, que Paul Celan écrit les poèmes du présent livre. En avril 1967, quelques mois avant la parution de Renverse du souffle, Atemwende, Celan écrit à son fils : « Tu sais, je pense, qu’un nouveau recueil de poèmes doit paraître en septembre aux Éditions Suhrkamp (mon nouvel éditeur à Francfort), c’est une date importante dans ma vie, car ce livre, à plusieurs égards, dont, avant tout, celui de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est par ce petit recueil que Paul Celan, qui est devenu aujourd’hui l’un des plus grands poètes du XXème siècle, se fait connaitre dans ses débuts. D'ailleurs, c'est dans ce recueil qu'on trouve le fameux poème "La fugue de la mort".

On se trouve face à une poésie d'une complexité et d'une originalité impressionnantes (au niveau de la langue et de l'expression des idées). Il s’agit d’une poétique de la mémoire, une anamnèse où Celan, accablé de ses souvenirs des camps de concentration, veut évoquer les disparus et les cendres et combattre l'oubli de ce qui doit être inoubliable.
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Au départ, le poète est né à Czernowitz, Paul Ancel (un Roumain de langue allemande, comme dit Wikipédia, un Juif). Je pense que le "lait noir", c'est le sang des Juifs victimes de la shoah par balles (la première partie, celle qui eut lieu près de là où Celan est né, en Ukraine) et des massacres en Roumanie : la balle de plomb qui touche toujours sa cible.
Essentiellement, c'est ce poème que je ne suis pas le seul à avoir retenu, qui évoque pour moi Celan.
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Premier recueil de Celan, pavot et mémoire explore les méandres de l'Histoire et de l'intime. le jeu entre l'oubli et la réminiscence provoque un espace-temps où passé et présent se télescopent et où le personnage lyrique tente de sauver l'amour et le monde à travers les mots et la poésie.
Les fantômes de la Shoah et de la deuxième guerre hantent l'âme du poète qui vit à travers les cendres des morts et des villes englouties mais qui sait trouver un chemin à travers les débris du monde ancien afin de continuer à vivre malgré l'horreur et la peur.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
CRISTAL
   
Ne cherche pas ta bouche à mes lèvres,
ni l'étranger au portail,
ni à l'oeil les larmes.
   
Sept nuits plus haut le rouge s'en va au rouge,
sept coeurs plus avant la main frappe au portail,
sept roses plus tard la source est en murmures.
   
-
   
JE SUIS SEUL, je dépose la fleur des cendres
au verre rempli de noir mûri. Bouche soeur,
tu dis un mot qui va encore sa vie aux fenêtres,
et ce que j'ai rêvé grimpe contre moi sans bruit.
   
Je porte le deuil de l'heure flétrie
et je garde de la résine pour un oiseau tardif :
il porte le flocon sur sa plume rouge vie ;
grain de glace au bec, il traverse l'été.
   

   
KRISTALL
   
Nicht an meinen Lippen suche deinen Mund,
nicht vorm Tor den Fremdling,
nicht im Aug die Träne.
   
Sieben Nächte höher wandert Rot zu Rot,
sieben Herzen tiefer pocht die Hand ans Tor,
sieben Rosen später rauscht der Brunnen.
   
-
   
ICH BIN ALLEIN, ich stell die Aschenblume
ins Glas voll reifer Schwärze. Schwestermund,
du sprichst ein Wort, das fortlebt vor den Fenstern,
und lautlos klettert, was ich träumt, an mir empor.
   
Ich steh im Flor der abgeblühten Stunde
und spar ein Harz für einen späten Vogel :
er trägt die Flocke Schnee auf lebensroter Feder ;
das Körnchen Eis im Schnabel, kommt er durch den Sommer.
   
   
CONTRE-JOUR / GEGENLICHT
Traduction de Valérie Briet | pp. 106-7 & 112-3
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Corona


traduction n° 1

L’automne mange sa feuille dans ma main :
                   nous sommes amis.
Des noix que nous cassons nous retirons
le temps et nous lui apprenons à marcher :
le temps s’en retourne aux coquilles.

Au miroir c’est dimanche,
en rêve c’est qu’on dort,
la bouche parle vrai.

Mon œil s’en va là-haut au ventre de ma bien
                                aimée :
nous nous regardons,
nous nous disons des choses sombres.
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme le vin dans les coquil-
                                lages,
comme la mer dans le rai sanglant de la lune.

Nous nous tenons là, étreints dans la croisée,
    ils nous regardent depuis la rue :
il est temps que l’on sache !

Il est temps que la pierre veuille fleurir,
qu’un cœur palpite pour l’inquiétude.
Il est temps qu’il soit temps.

Il est temps.


/Traduction Valérie Briet
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Tant d’étoiles

Tant d’étoiles
qu’on nous retarde. Quand
je t’ai regardé , quand ? - j’étais
dehors avec
les autres mondes.

O ces chemins, galactiques,
o cette heure qui nous
a emportés les nuits dans
le poids de nos noms. Ce
n’est pas, je le sais,
que nous vivions, qu’il n’y avait
qu’un souffle aveugle entre
là-bas et le non-là et parfois,
comiquement, un augmentait
vers les éteints, dans les ravins,
là où il s’enflammait,
il y avait le temps
où il montait et descendait
et poussait, ce qui
était, ce qui était ou ce qui allait être,

Je sais,
je sais, et tu sais que nous savions que
nous ne savions pas, que nous
étions là et que nous n’y étions pas,
et parfois, quand
il n’y avait que le néant entre nous,
nous nous retrouvions complètement.
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Fugue de mort


Extrait 1

Lait noir de l’aube nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons nous buvons
nous creusons une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle ses dogues
il siffle pour appeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il ordonne jouez et qu’on y danse


Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons nous buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons
une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
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Fugue de mort


Extrait 2

Il crie creusez la Terre plus profond vous les uns et vous les autres chantez et jouez
de son ceinturon il tire le fer il le brandit ses yeux sont bleus
plus profond les bêches dans la terre vous les uns et vous les autres jouez jouez pour
qu’on y danse


Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons nous buvons
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents


Il crie jouez doucement la mort la mort est un maître venu d’Allemagne
il crie assombrissez les accents de violons
alors vous montez en fumée dans les airs
alors vous avez une tombe au creux des nuages on n’y est pas couché à l’étroit
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Vidéo de Paul Celan
Chaque mois, un grand nom de la littérature contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'écrivain Stefan Hertmans est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Rencontre animée par Cécile Bidault, productrice chez France Culture
QUI EST STEFAN HERTMANS ? Stefan Hertmans, né à Gand en 1951, a publié plusieurs recueils de poésie, des essais et des romans. Son oeuvre poétique a été récompensée par le prix triennal de la Communauté flamande. Son roman Guerre et Térébenthine, traduit dans vingt-quatre langues, a été nommé pour le Man Booker International Prize. Il a publié tous ses romans aux éditions Gallimard, dont Une ascension en janvier 2022. Dans la collection « Arcades » paraît également en mai 2022 Poétique du silence, un volume regroupant quatre essais de Stefan Hertmans sur la modernité poétique dans ses rapports au langage et au mutisme, concentré de ses réflexions sur les oeuvres de Hölderlin, de Paul Celan et De W.G. Sebald notamment.
En savoir plus sur les masterclasses littéraires : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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