Lorsqu’on reste dans l’ombre, qu’on ne se montre jamais au grand jour, que personne ne peut jamais voir ce que l’on fait, c’est très facile de se croire supérieur. Très facile de se convaincre que l’on a raison. Tant qu’il n’y a personne pour te dire que tu te trompes …
« Harlem a ses secrets. Des secrets qu’il ne livrera pas sans se battre. Harlem n’est pas simplement un quartier, Eddie. C’est une idée. Voire une idéologie. Une force. Tu ne peux pas lui chercher des noises. Il rend œil pour œil.
Œil pour œil et le monde entier finira aveugle.
..quelquefois , refaire le monde avec des "si" est tout ce qui nous reste. (p.434)
Ils n'imaginaient même pas, même après avoir lu le roman, qu'il existait une classe noire fortunée qui vivait à l'ombre de Harlem, dans un monde parallèle au leur. C'était la période libérale de la politique américaine, et le Noir était vu par tous comme pauvre, opprimé, en grand besoin de sollicitude blanche. C'était une couturière qui refusait de s'asseoir à l’arrière de l'autobus. C'était un ouvrier agricole privé du droit de vote par un examen de lecture.
Leur apathie eut raison de la sienne et curieusement sa flamme se raviva. [...] Il réalisa que ses parents avaient vieilli. Il n'avaient plus l'énergie d'agir. Il fallait que quelqu'un poursuive les recherches pour retrouver Junie et ce ne pouvait être que lui. Wesley Senior et Marie faisaient leur deuil, convaincus, en dépit de leurs paroles optimistes, que leur fille était morte. Eddie se dit qu'il se rangerait à cet avis le jour où on lui montrerait sa tombe.
"Que ce soit en politique, dans le journalisme ou n'importe quoi, je n'aime pas la manière dont collecte des renseignements en vue de compromettre son adversaire. Je me plaisais à croire que la politique était une occupation pour grandes personnes. Je n'en suis plus si sûr. (..) Nous sommes en train de transformer les électeurs en cynique. Toute cette fange va finir par sonner le glas de la démocratie" (pge 704 Ed Pocket)
"La perspective américaine supposait la volonté de se positionner à l'avant-garde du monde tout en maintenant le statut quo; la quête d'un progrès technologique qui n'entraînerait pas le moindre changement de société; la domination du monde sans en subir les conséquences. Si l'Amérique ne parvenait pas à modifier sa vision des choses, poursuivait-il, la nation finirait dans une impasse morale" (pge 436 Ed Pocket)
Le sujet était pourtant splendide : harlem des annnees 60, hoover, nixon. L intrigue au début énergique et intéressante. Mais très vite on est noyé non pas dans les faits mais sous les multiples hypothèses et conjectures et de multiples personnages. On est balade pendant 600 pages avec des lapins qui sortent du chapeau à tous les chapitres. Beaucoup de redites et de déductions à la pseudo Columbo ( surprenant pour un juriste) . Je me suis forcé été et chaise longue obligent en espèrant une fin digne de ce nom ... mais elle est minimaliste et fait flop. Ce roman est Une déception. Il reste une belle balade dans l époque : mais vraiment trop longue .
"La différence entre patience et hésitation :
la patience est une vertu car celui qui est patient a l'avenir devant lui, tandis que celui qui hésite n'a aucun avenir, puisqu'il est tourné vers le passé." (pge 701 Ed Pocket)