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Critique de iris29


J'avais beaucoup aimé le premier livre d' Estelle-Sarah Bulle, alors j'ai pris un billet "retour en Guadeloupe...". Et cette fois-ci , nous remontons le temps jusqu'en 1976.
C'est l'été où, pour la première fois , l'île a fait la une du JT de Roger Gicquel et pour cause, la Souffrière fait des siennes ( explosions, cendres..), tout porte à croire qu'il faut évacuer la population de Basse-Terre vers Grande-Terre, afin d'échapper à la colère du volcan. Les scientifiques se succédent ( Terzieff puis Claude Allégre) et ne sont pas d'accord, peut-être une légère concurrence, une légére condescendance du plus âgé vers le plus jeune ? Qu'importe, la décision a été prise au plus haut : il faut évacuer...
Nous ferons connaissance de quelques destins, quelques personnages dés le début du roman, de 1949 à 1976, nous verrons leurs routes converger, se croiser ou leurs points de chute être les mêmes, en ces jours extraordinairement volcaniques qu'ils prendront avec flegme et presque indifférence, après tout , ils en ont tellement plus bavé avant....
Que ce soit Eucate qui, jeune, a fui un patron blanc, qui se comporte comme si l'esclavage était encore en cours et qui désormais vit avec sa petite-fille en pleine forêt
Daniel qui est parti en métropole il y a dix-sept ans, et qui revient pour la première fois sur son île avec femme et enfants, chez son père pour un mois de vacances.
Estelle- Sarah Bulle se sert de cette histoire de volcan, qui"pét' bien qu'oui , pét' ben qu'non, pétera , pétera pas", comme d'un prétexte à raconter la "vraie" histoire, de cette île, celle des gens, des anonymes, de ceux qui, eux, ne font pas de bruit, souffrent en silence. Milles violences cachées, mises sous le tapis. Ses malaises : les viols qui n'en ont pas le nom..., les Békés, ses humiliations quotidiennes mais non conscientisées, le racisme, sa désinvolture face aux liens du sang, ses paternités ignorées , le tourisme de masse qui ne fait que commencer , mais aussi la générosité, les repas qui s'ouvrent à qui débarque chez vous, sa nourriture, la nature colorée qui explose, les cases minuscules qui s'aggrandissent à l'infini pour y faire entrer les gens qu'on aime, la vie dehors ...
Comme une sociologue , elle brosse des portraits plus vrais que nature, on sent qu'elle a dû en écouter des histoires, des confidences.
Ça a le goût de la vérité, beaucoup de dignité et de la couleur partout.
Avec ces romans, Estelle-Sarah Bulle en fait plus pour la Guadeloupe que tous les offices de tourisme réunis. Loin, très loin des hôtels de luxe, des formules "all inclusive" et tous ces pièges à touristes.
Authentique...
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