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Critique de Stelphique


♟️Chronique♟️

« L'oppression, la violence, c'est toujours une question d'angle, pas vrai? »

Effectivement, il y aura toujours une histoire différente selon l'angle où l'on se place. La violence est partout, omniprésente, effective, mais les mots diffèrent selon qui l'exerce ou qui la subit. Dans ce groupe de jeunes, on fait face à la violence policière, à la violence du déterminisme, à la violence du racisme. Parce qu'ils avaient une soif d'idéal, une faim de liberté, ces jeunes militants se retrouvent à choisir une voie violente pour parer à leurs manques. le braquage finit mal, la réalité éclate le groupe. Entre ceux qui s'en sortent, et ceux qui plongent, nous, nous restons avec les deux nanas et leurs enfermements respectifs. Une derrière les barreaux. L'autre dans sa culpabilité. Mais l'une et l'autre ne pense qu'à leur histoire d'amour. Mais l'amour peut-il résister au temps, à l'éloignement, au doute? Marion Brunet nous raconte les armes de ces femmes dans la tourmente de leurs sentiments à fleur de peau…

« La souffrance réduit considérablement le monde. Autour de moi, tout s'étrécit, les murs se rapprochent, tout devient inconsistant, sans relief. »

A-t-on idée de ce qu'est vivre enfermée? A-t-on idée de la souffrance d'être sans l'autre? Axelle et Mano sont deux jeunes filles, qui se découvrent. L'attraction est palpable. Elles découvrent l'exaltation, le frisson, le désir. Tout cela emmêlé dans leurs luttes contre les dysfonctionnements de la classe moyenne, avec dans leurs quotidiens, les manifs, les squats, elles iront, corps et âme, engager tout leur être dans cet idéal auquel elles croient. Jusqu'à même partager un amour tendre et sensuel. Leurs séparations forcées, elles vont devoir gérer le manque, la violence, la résignation. Leur amour n'était-il qu'un leurre, ou bien une évidence? Pourquoi ne sont-elles pas côte à côte, dans cette épreuve? Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans ces pages, puisque nous avons le plaisir de suivre l'une et l'autre, dans leurs quotidiens. Axelle emploie le pronom « je », très intense, et nous livre l'intimité de l'univers carcéral tandis que Mano, est déterminée par un « elle » plus tendre, et enroule sur elle-même, des murs invisibles même au milieu des grands espaces. Toutes deux sont en souffrance. Une souffrance en miroir d'un enfermement volontaire ou involontaire, mais animé par un espoir commun de libération ou de retrouvailles…

« Elle garde encore la douceur-preuve que tout n'est pas détruit finalement. »

Et c'est ce que je garderais aussi. La douceur. Malgré l'intensité et la violence, c'est sur la douceur que je vais me concentrer pour finir cette chronique. Je voudrais faire un zoom particulier sur la douceur de la plume de Marion Brunet, dire combien elle est venue me cueillir au milieu de ces fracas. Axelle et Mano c'est toutes Nos armes qu'on abaisse pour laisser place à la douceur de leur amour si pur. Nous avions une jeunesse désemparée face à une actualité toujours plus brûlante et discriminante, mais au lieu de les laisser à la marge dans leurs cloaques, Marion Brunet braque de sa lumière si douce, les prémices des premiers amours, nous laissant croire encore à son pouvoir candide et réconfortant. Et puisqu'ils ne réussiront jamais à détruire la douceur, autant hissez haut dans les coeurs, Nos armes!
Lien : https://fairystelphique.word..
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