Il a ajouté qu'il fallait bien réfléchir. Que la vie, ça tenait à ces choix minuscules qui pouvaient tout changer. Qu'il ne fallait pas se laisser enfermer dans la colère, l'entêtement, le doute. Parce qu'on n'a qu'une vie, et qu'on est finalement seuls à l'écrire.
— [...] Ma psy m'a conseillé...
— Tu as une psy ?
— Comme tout le monde, non ?
— Euh... non. Moi, je n'ai pas de psy.
— Eh bien, tu devrais.
— Pourquoi, tu trouves que j'en ai besoin ?
— Comme tout le monde.
Elle commence à avoir l'habitude de ces retrouvailles familiales annuelles, et de leurs montagnes russes qui la font invariablement vaciller entre félicité extrême et désespoir insondable.
Il fait vraiment chaud. L'atmosphère est comme saturée par cet air de fin du monde qu'ont les milieux de journée en Provence, lorsque tout le monde fait la sieste et que tout se tait, sauf les cigales qui se dandinent ou le vent qui se plaint.
Il faut croire qu'on ne sait jamais vraiment ce qui se passe dans l'intimité des gens, même ceux qui nous sont les plus proches.
En repeignant la maison, elle espère remettre à jour sa vie, pour un nouveau départ, qui sait.
Rien ne change en fin de compte. On croit devenir adulte mais à part le corps et les soucis, on reste les mêmes qu'il y a trente ans.
Et puis, ne pas en parler, c’était aussi faire en sorte que ça n’existe pas.
Dans l'armoire à pharmacie, elle aperçut ces petits bidules qui ressemblaient à des suppositoires en coton munis d'un petit cordon, qu'elles avaient volés l'autre jour avec Mathilde, pour s'en faire des boucles d'oreilles. Elles s'étaient fait drôlement gronder. Violette sentait bien qu'il y avait quelque chose de pas net avec ces trucs. Personne ne voulait leur expliquer à quoi ça servait. Mathilde [la soeur aînée] prenait toujours des airs supérieurs quand Violette [la cadette] l'interrogeait, mais elle était certaine qu'elle n'en savait rien non plus. Sinon, elle n'aurait pas été aussi attentive quand Violette avait posé la question.
Elle entre dans la cabane que Lisa appelle la "pool house" - décidément, les bourgeois adorent donner des noms anglais à tout et n'importe quoi.