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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une petite merveille ❤. Lisez ce chef d'oeuvre qui vous fera devenir africain de coeur. J'ai adoré l'écriture poétique, l'histoire, les surprises, la psychologie. Tout me parle et pourtant je suis aux antipodes de ce récit. L'auteur m'a embarqué et je n'ai plus lâché ce magnifique livre jusqu'à la fin.
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Une bien jolie pépite que voilà.
Je découvre ce livre grâce au "café-lecture" de mon village et j'en suis bien contente! Hemley Boum tisse ici un récit très poétique et très émouvant avec une finesse d'écriture incomparable.
Ce roman sait être très cruel et très violent également sans en faire trop afin de comprendre les enjeux du racisme, de la "colonisation", de l'abandon de soi et des autres. Comment faire pour construire ou reconstruire sa vie à des milliers de kilomètres de chez soi alors que le poids de notre histoire pèse sur nos épaules? Comment oublier les ravages de la colonisation, vendue au départ comme un progrès, qui va complètement anéantir les espoirs et les vies d'êtres humains jusqu'ici plutôt heureux mais qui vont finir par tout perdre?
Ce roman est vraiment poignant et parfaitement abouti. À découvrir sans hésiter!
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Un traumatisme intergénérationnel tissé de blessures liées à l'exil, et analysé à travers trois générations et deux personnages dont les destins se répondent en porte-à-faux. Ce roman réussit des prodiges narratifs, tout en donnant l'impression que tout cela est facile. L'autrice témoigne d'une grande tendresse pour des personnages qui ont pourtant de nombreuses aspérités, et qu'on finit par apprécier malgré leurs pas de côté, parce que grâce à elle on les comprend de l'intérieur, parfois mieux qu'eux-mêmes. La langue est belle et simple, souvent les deux en même temps.

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Il arrive qu'un livre comble toutes vos envies de lecture, « Le rêve du pêcheur « est de ceux-là.
A cinquante ans de distance , un grand-père et son petit-fils camerounais vont faire l'expérience d'un exil intérieur et d'un exil géographique.
Le texte explore avec beaucoup de finesse le mécanisme de la transmission, le vertige de la dépossession, le retour aux sources, illusion, désillusion.. 
Il y a Zack et Zacharias, deux Dorothée ; les histoires de familles sont faites de chagrin, d'amour, de pertes, de retours.
Le souffle romanesque est très fort et nous fait voyager entre les époques et les pays.
Un bien beau roman.
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Le cinquième roman de Hemley Boum est une magnifique fresque familiale camerounaise sur trois générations. Elle brosse des portraits nuancés d'hommes et de femmes, nous transportant tour à tour au Cameroun, à Campo et à Douala, et en France, à Paris.

Zacharias mène une vie paisible à Campo, un petit village de pêcheurs, zone frontalière située à l'extrême sud-est du Cameroun, face à l'Atlantique. avec son épouse bien-aimée Yalana et ses deux filles, Dorothée et Myriam. La famille connaît une vie simple, se contentant des produits de la terre et de la pêche. Ce quotidien tranquille est bouleversé par l'arrivée d'une compagnie forestière et la création d'une coopérative de pêcheurs, qui vont bouleverser l'économie locale et déstructurer la vie du village. Au début, le progrès semble être une bénédiction, offrant aux pêcheurs les moyens d'améliorer leur quotidien en leur permettant de s'endetter sur leur salaire, mais bientôt les chalutiers remplacent les petites embarcations des pêcheurs qui ne sont plus compétitifs. Ce métier ancestral ne leur permettra bientôt plus de rembourser les dettes accumulées ni de vivre décemment.

Parallèlement, nous suivons la vie de Dorothée, désormais mère d'un garçon auquel elle a donné le nom de son père. Tous deux vivent de façon précaire dans un quartier de Douala et s'aiment d'un amour inconditionnel. Enfin, le destin de Zachary, devenu Zack.

Zacharias va commettre un crime, un acte presque réflexe et non prémédité qui aura de graves répercussions. Son petit-fils, Zachary, répétera cette erreur de jugement. Hemley Boum met en scène ces deux hommes à la croisée des chemins, qui ont le choix de leurs actions, mais qui feront le mauvais choix. Elle construit son récit en mettant en miroir leurs histoires : chacun d'eux commet un délit qui change sa vie et celle de son entourage, et sera confronté à ses responsabilités personnelles.

L'un des thèmes explorés dans ce roman est celui de l'exil, à travers celui de Dorothée à Douala et celui de son fils Zack à Paris. « L'exil est un bannissement et une mutilation, il y a là quelque chose de profondément inhumain. Les terres lointaines ne tiennent pas leurs promesses. » Mais ce roman est très riche et aborde aussi les questions de la transmission, des différences entre la vie au village et à la ville, du racisme ordinaire, et dépeint les travers humains de manière très subtile.

L'écriture de Hemley Boum est belle et émouvante, et je suis tombée sous le charme de cette fresque familiale qui, comme un opéra, se termine en apothéose. Ligne après ligne, en véritable artiste, elle a construit un récit qui plonge le lecteur, sans le perdre, au coeur d'une histoire où de nombreux personnages aux noms similaires évoluent dans des temps et des lieux différents. Après avoir refermé ce livre à regret, je n'ai qu'une envie : mettre la main sur ses précédents romans !

Retrouvez ma critique complète de ce roman magistral sur mon blog
Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..
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Magnifique roman.
Zack, psychologue clinicien à Paris, a construit sa vie en laissant de côté son enfance et sa famille camerounaises. Les aléas de la vie l'obligent à s'y replonger.
En parallèle, on suit le destin de son grand-père, pêcheur traditionnel camerounais dont le destin sera bouleversé par la mondialisation de l'économie.
Un roman sublime.
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J'ai connu Hemley Boum, il y a des années à Lille lors d'un salon, elle publiait à La Cheminante. Je la retrouve avec plaisir avec ce livre qui me parle car l'appauvrissement des pêcheurs est le même et pour les mêmes raisons qu'au Sénégal que je connais mieux. Au début, on salue le progrès puis on déchante.
La pêche n'est plus artisanale qui se faisait en fonction des besoins: avec les gros bateaux et la congélation, il n'y a plus de limite.
Au niveau des personnages et de leur filiation, je me suis un peu perdue: il y a deux Dorothée et deux Zacharias?
J'ai aimé le livre comme j'aime la plupart de ceux qui parlent bien de l'Afrique.
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Au Cameroun, Zacharias est pêcheur comme son père et tous les hommes de sa famille. Dorothée sa fille, s'est perdue, elle s'est enfuie, elle est devenue alcoolique et se prostitue, son corps est sa seule monnaie d'échange pour survivre et élever son fils.

Hemley Boum nous raconte les destinées d'une famille camerounaise sur trois générations. Récit d'un déracinement, de la perte des cultures ancestrales, de la recherche de son identité sur fond de colonialisme et de racisme latent. Ce récit décrit la fragilité des hommes face à la force des femmes. D'une génération à l'autre, d'un continent à l'autre un roman d'amitié et d'amour. Lorsque le récit quitte les rives où le fleuve épouse l'océan, il perd de son intensité et de sa poésie. Heureusement Zack revient sur la terre de ses ancêtres pour un final éblouissant, où s'expriment Mbombo Yala, Mama Do' et Nelly, les voix de toutes ces femmes et de leur amour inconditionnel pour leurs enfants. Une fois de plus, je suis tombé sous le charme de la plume d'un auteur africain.


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Coup de coeur tant pour l'écriture et le style, que pour l'histoire sur l'exil joyeux.

Cinquième roman pour cette camerounaise habitant Paris et diplômée en anthropologie mais aussi en marketing. Même si son premier prix littéraire n'était que discret, il se pourrait bien qu'elle s'avance vers du plus lourd. Ce livre sera un tremplin, je n'en doute guère. La maturité de l'écriture et la maitrise du récit sont en place.

Les thèmes du livre sont essentiels dans une vie : la liberté, l'amour, l'émerveillement, l'identité, la perte, la transmission et finalement la vie.
Comme disait Musset « d'abord il y a la liberté, après l'amour, après la vie et en dernier la fortune.

A l'extrême sud du Cameroun, nous allons suivre la vie d'une famille sur trois générations. le début du roman nous plonge dans la première génération. Elle est incarnée par Zacharias le pécheur qui est marié à Yalana. Ils ont deux filles, Dorothée - prénom de la mère de Zack et à laquelle il voue un amour immodéré - et Myriam. « En état de veille ou de sommeil, les siens l'habitaient ».
Ayant été orphelin de père à l'âge de cinq ans, et ensuite (dé)laissé par sa mère. Il sera élevé dans la famille d'un oncle et ne n'aura connu qu'une vie très simple voire affectivement rugueuse. La rudesse, il l'a donc bien connue et s'en contenterait.
Lorsque qu'une société forestière s'installe dans sa région, il va profiter de l'occasion pour essayer d'avoir une vie plus facile, donner une meilleure vie à ses trois femmes. "J'essayais de devenir quelqu'un d'autre, mais je ne savais pas qui, ni comment faire. »
Dès le début du livre on est plongé dans une luxurieuse nature entre torrents, cascades, mangrove, forêts, palétuviers, sable et Océan Atlantique.
Cette génération est celle qui m'a le plus touchée.

Puis l'autrice laisse tout cela en plan et nous embarque aux pieds des Champs Elysées. Nous nous retrouvons aux côtés de Zach, le petit-fils qui a voulu sentir ce qu'est une authentique liberté, celle où personne ne vous connait, où vous pouvez laisser couler vos émotions dans vos veines. Là encore on a un enfant qui adule sa mère, une mère qui était pourtant alcoolique et prostituée. Cette mère c'est Dorothée la fille du pêcheur. Elle n'a pas eu une vie facile après son immigration en ville mais cela n'empêche pas Zach / Zacharias de l'aimer par-dessus tout. Elle est son monde.

Les vies sont enchevêtrées par une formidable maîtrise de la construction. On vit avec eux des impressions ambivalentes ; à la fois celle de se sentir au bord d'un abime par la perte de l'ancrage mais aussi celle de l'émerveillement de la liberté.
J'ai trouvé une force dans chacun des personnages dépeints par Hemley Boum.
On éprouve leurs émotions un peu comme un effet miroir ; effet de l'autrice a certainement recherché. Malgré l'âpreté de leur quotidien, ils ont cette intime conviction que la liberté et l'amour sont au bout du tunnel. En perdront-ils leur ancrage ? Que transmettons-nous aux générations suivantes ? L'autrice y répondra à sa manière, et quelle belle manière !

Citations :
« J'avais appris à reconnaitre la vague de nausée, le tremblement intérieur qui annonçaient les assauts de ma mémoire, quelque chose en moi se recroquevillait d'avance. »
Concernant de Dorothée sa mère « Un jour, en rentrant de l'école, je l'aperçus marchant dans la rue. le contraste entre sa silhouette évanescente, l'indolence de son pas et la foule excitée me sauta aux yeux. Elle rentrait chez nous bien sûr, elle était sur le chemin de la maison, pourtant on aurait dit quelqu'un qui va à reculons vers nulle part. Je m'approchai et la hélai doucement :
Ma'a
Elle se t'orna vers moi, une lumière s'alluma dans son regard, une onde d'énergie. Par le miracle unique de ma présence, ma mère s'éveilla au temps, à l'espace, à l'instant. 
Rien en Dorothée n'était solide, pérenne. ..Elle marchait, parlait lentement, toujours un peu ailleurs. Elle veillait sur moi, elle m'aimait, je n'avais aucun doute là-dessus, mais je pris conscience qu'elle pouvait m'égarer moi aussi : je devais veiller à ce que cela ne se produise pas. »
« Le jour qui suivit le trajet de l'école avec un Achille inquisitorial, après la crise de larmes de Dorothée la veille au soir, je me convainquis que cela ne faisait rien si ma mère était tout ce que mon ami disait et que je ne comprenais pas bien. Puisqu'elle traversait la vie telle une ombre, je serais là pour rallumer la flamme en soufflant tant qu'il fallait sur les cendres. Cela ne faisait rien si elle avait perdu tous ceux qu'elle aimait, elle m'avait gardé moi, c'était tout ce qui comptait.»
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Une trés belle fresque romanesque nous est offerte par Hemley Boum.
Avec une écriture généreuse et gourmande , dynamique et percutante, les mots choisis par l'auteur nous entrainent au Cameroun et en France à travers une histoire de famille sur trois générations.
Elle dit beaucoup des deux pays: des lieux, des odeurs , de la gastronomie, des plantes, les conditions de vie, les cultures, l'immersion est essentielle et totale pour accompagner et comprendre la vie de ses personnages dont elle ne nous cache rien.
Elle dit les conséquences des bouleversements sociétaux sur la famille, les tragédies, les joies, le poids du passé, la difficulté de la reconstruction, de la résilience, du pardon.
Richesse du coeur et de l'écriture, une pépite qui ouvre l'esprit !
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