Citations sur Le temps des miracles (72)
Le désespoir, ce parasite-là (…) est plus malin et plus dangereux que l'Arménien qui a cogné Sergueï. Il est invisible et il se faufile partout. Si tu ne fais rien, il te grignote l'âme jusqu'à l'os. Je m'inquiète : comment savoir si on a attrapé un désespoir, puisqu'on ne peut même pas le voir ?
À cette époque, mes compagnons de jeux se nomment Emil, Baksa, Rebeka, Tamsin et Faïna. Ils sont maigres et pouilleux, souples comme des anguilles. Certains parlent le russe comme moi, d'autres non, mais depuis quand les enfants ont-ils besoin des mots pour se comprendre ?
Allons, dors, petit miracle. Demain la vie sera meilleure.
Quand tu as mal aux pieds, tu peux imaginer que ce sont les pieds de quelqu'un d'autre, évidemment. Mais, quand tu as trop de chagrin, impossible de croire que ce n'est pas ton coeur qui étouffe là, dans ta poitrine.
Il faut bien inventer des histoires pour que la vie soit supportable, pas vrai ?
Avant de partir, les jumelles posent un baiser sur ma joue. Mon cœur d'embrase plus vite que de la paille sèche. Mais, dès qu'elles ont franchi le seuil, le feu s'éteint, et une sensation de vide me creuse le ventre. L'amour est une sorte de maladie qui vous donne chaud et froid ; la pure vérité, c'est que je ne suis pas sûr d'y survivre.
[...] d'après Gloria : le désespoir. Ce parasite-là, dit-elle, est plus malin et plus dangereux que l'Arménien qui a cogné Sergueï. Il est invisible et il se faufile partout. Si tu ne fais rien, il te grignote l'âme jusqu'à l'os.
Chacun de nous cohabite avec ses fantômes, je le sais, et il ne faut pas trop les déranger, sous peine de réveiller les chagrins qui nous labourent la poitrine. Mieux vaut se contenter du présent tel qu'il est.
Je lui demande si c'est permis d'être heureux par temps de guerre.
Elle me regarde avec gravité et essuie ses joues crasseuses avant de répondre :
- Être heureux est recommandé par tous les temps, Monsieur Blaise !
Elle sait qu'il ne faut pas briser mes rêves, sinon, je vais encore perdre un morceau de mon cœur, et à force il n'en restera que des miettes.