+++ LES FEMMES DES ANNÉES 1920 : GLAMOUR, STYLE ET AVANT-GARDE +++
La fin de la Première Guerre mondiale a été le coup de départ d'une période fascinante, d'une période lors de laquelle la société s'est transformée comme jamais avant et à un rythme vertigineux. Jamais avant non plus, le rythme de vie n'a été si rapide, les rénovations si radicales et les sorties pour le plaisir si fréquentes . Ces années 1920, qu'en Anglais on a baptisés "the Roaring Twenties" et en Français "les Années Folles", ont été caractérisées par une remise en question considérable des soi-disantes valeurs traditionnelles. La part des femmes dans cette révolution des moeurs a été cruciale.
À partir de la vie et des données biographiques d'exactement 17 femmes qui ont marqué leur époque et qui ont été actives dans des domaines aussi variés que la littérature et l'art, la mode, le cinéma et la photographie, le cabaret et la danse, ainsi que le sport et les aventures, l'auteur nous offre des exemples concrets du rôle de la femme dans ce monde mouvant.
17, c'est à la fois beaucoup et pas beaucoup si l'on jette un coup d'oeil sur la très riche liste de Pecosa sur Babelio : "Femmes des Années Folles" qui vous propose 62 ouvrages.
Thomas Bleitner, né en 1966, a été enseignant et a contribué à organiser maintes manifestations culturelles, spécialement à Hambourg, où il a une librairie et vit avec son épouse et 2 fils. Il a écrit un autre ouvrage avec le titre ironique et marrant : Les Hambourgeoises, qui lisent, sont dangereuses". Pas traduit en Français.
Comme résumer des résumés, que sont en fait les portraits de Bleitner, n'offre strictement aucun intérêt, j'ai résolument opté pour des caractéristiques, événements et phrases qui j'espère plairont aux lectrices et lecteurs, en tenant compte du fait peu probable que cet ouvrage soit un jour traduit en Français.
Pour les jeunes filles libérées de ces années on avait inventé le mot "flapper" que le Larousse définie sagement par "jeune fille dans le vent" et la concurrence comme "jeune fille délurée". Un bel exemple de "flapper" a été sûrement la fille Ellin du milliardaire catholique Clarence Mackay. La belle demoiselle était tombée amoureuse du compositeur
Irving Berlin, d'origine russe et juive. Contre la volonté du père Clarence, les 2 se sont mariés en 1926. le fait qu'Ellin ait été déshéritée n'a apparemment pas entravé le bonheur du couple qui a vécu 62 ans ensemble jusqu'à la mort d'Ellin en 1988. Quant au grand compositeur des comédies musicales et auteur de l'hymne américain non-officiel "God Bless Amerca", il est mort un après, mais à l'âge de 101 ans.
Si Berlin était la métropole du monde, c'est cependant Paris qui attirait les artistes de la jeune génération par dizaines, tel un certain
Ernest Hemmingway. À ce point que l'entrepreneure avant-gardiste et géante de la mode, Coco Chanel (1883-1971), ait pu déclarer que les années 20 ont été les plus brillantes et originales que la Ville Lumière a jamais connues.
Au cours de la décennie suivante et l'avènement du fascisme et surtout du nazisme, les "Années Folles" ont dû apparaître comme un paradis perdu. Pour l'auteur américain,
Arthur Miller, ce sont les années 1930 qui ont présenté la facture de la décade précédente. Certaines des femmes libérées comme les danseuses célèbres, Lavinia Schulz et Anita Berber sont décédée avant la fin de la décade prodigieuse, respectivement en 1924 et 1928.
Selon l'auteur, toutes ces dames étaient entièrement d'accord avec la fameuse boutade de l'écrivain autrichien,
Robert Musil, qui a écrit en 1929 : "La femme est fatiguée d'être l'idéal de l'homme".
Dans la rubrique "littérature et art",
Thomas Bleitner met en évidence 4 grands noms :
Zelda Fitzgerald (1900-1945), qui était fière d'être une flapper, une "qualité" que son illustre mari,
Francis Scott Fitzgerald (1896-1940), auteur de "
Gatsby le magnifique" et "
Tendre est la nuit" n'appréciait cependant guère ;
Nancy Cunard (1896-1965) qui a exercé une colossale influence en littérature et que ses contemporains artistes ont surnommée "La Gioconda de notre époque" ;
Dorothy Parker (1893-1967), qui a laissé la phrase mémorable : "Nous n'avions peur de rien, étions tenaces et irréfléchies" et, dans un autre registre, l'inimitable et inoubliable artiste
Tamara de Lempicka (1898-1980) qui a noté quelque part : "Je mène une vie en marge de la société et leurs règles ne s'appliquent pas à un outsider".
Des chapitres qui valent absolument la peine d'être lus ont trait à des dames comme la grande couturière
Elsa Schiaparelli (1890-1973) et l'actrice américaine de cinéma,
Louise Brooks (1906-1985), une beauté au caractère bien trempé de qui
Charles Chaplin a été amoureux, à qui
Jean-Luc Godard a rendu hommage dans "Vivre sa vie" en 1962, et de qui l'écrivain
Roland Jaccard - qui l'a connu personnellement - a publié en 1997 une biographie "Portrait d'une anti star", 10 ans après que Cacharel lui avait consacré son parfum "loulou".
N'oubliez pas de lire le chapitre sur
Kiki de Montparnasse (1901-1953), qui, comme l'a remarqué
Ernest Hemmingway, était au centre à Montparnasse, comme la reine Victoria l'a été dans son empire.
C'est avec passion que j'ai lu l'hommage à la reine française du tennis,
Suzanne Lenglen (1899-1938), un phénomène que la leucémie nous a enlevé beaucoup trop tôt, ainsi que les pages dédiées aux pionnières de l'aviation, Amelia Earhart (1897-1937), disparue dans le Pacifique, également beaucoup trop tôt, et Clärenore Stinnes (1901-1990), qui voulait voir le monde entier de ses propres yeux.
Le mot de la fin, je l'ai réservé au sex-symbol du cinéma muet, Clara Bow (1905-1965), l'actrice d'entre autres le film "Fille de feu" de 1932, qui a déclaré peu avant de mourir d'un infarctus : "Aujourd'hui, les gens ont une meilleure santé, mais nous avons eu beaucoup plus de plaisir !" Et Clara savait de quoi elle parlait, puisque le grand studio hollywoodien Paramount l'avait renvoyée pour scandales multiples, lorsqu'elle n'avait que 25 ans. Une "superflapper" en somme !