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4,1

sur 554 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chargé de rédiger le discours d'Alexandre Taillard de Worms à l'ONU, dans lequel la France doit s'opposer aux Américains dans l'entrée en guerre contre le Lousdem (Irak), Arthur Vlaminck réécrit de multiples fois son papier pour tenter de traduire la substantifique moelle des déclarations fracassantes de son chef.

Le personnage inspiré de Dominique de Villepin (alias Taillard de Worms) s'agite, déclame, s'énerve devant un entourage dubitatif (et souvent goguenard) mais aux ordres. Hyperactif, il discoure continûment, jusqu'en vacances au Club Méditerranée, n'écoute personne, pas même le prix Nobel de littérature qu'il a invitée à venir s'exprimer.

Un second opus où l'effet de surprise a disparu, mais aussi drôle et plus engagé que le premier dans la caricature (réaliste) d'un personnel ministériel très occupé, pas toujours à bon escient. Force est de constater que les coups de poignards dans le dos, les réunions aussi interminables que superflues, les voyages coûteux et inutiles et autres réjouissances superfétatoires font partie du quotidien de la diplomatie française.
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Il y a bien des façons de décrire la politique étrangère de la France et ceux qui la font. La bande dessinée n'est pas la plus frivole comme le démontre la magistrale réussite de ces « Chroniques diplomatiques ». Leur lecture divertissante en apprend autant sinon plus sur le Quai d'Orsay que certaines études austères consacrées à la politique étrangère de la France.

Forts du succès du premier tome publié début 2010 et bientôt porté à l'écran par Bertrand Tavernier, Abel Lanzac et Christophe Blain récidivent. On retrouve avec délectation l'hyperactif Alexandre Taillard de Worms, double à peine déguisé de Dominique de Villepin, et tous ses collaborateurs du ministère des affaires étrangères. Là où le premier tome multipliait les saynètes au risque de la dispersion, le deuxième a plus d'unité : il y est question de la guerre imminente avec le Lousdem (même si le mot est truculent pourquoi ne pas appeler un chat un chat et évoquer sans ambages l'Iraq ?) et des efforts déployés par la France pour l'éviter.

Comme dans le premier tome, l'action est racontée du point de vue de ces collaborateurs de cabinet qu'il est d'usage de caricaturer en technocrates prétentieux et serviles. Abel Lanzac (ce pseudonyme cache la « plume » de Villepin qui l'accompagna au Quai puis à Matignon avant de rejoindre le réseau culturel français à l'étranger) évite cet écueil. Il se donne le rôle du Candide en interprétant Arthur Vlaminck, un jeune normalien fraîchement recruté par le ministre pour rédiger ses discours et encore peu au fait des us et coutumes diplomatiques. A ses yeux, le Quai d'Orsay ressemble certes à une maison de fous : les diplomates travaillent comme des déments, s'écharpent sur des virgules et ont un ego surdimensionné. Mais leur intelligence aiguisée, leur dévouement total à leur ministre et à leur pays et leur professionnalisme pointu sont la meilleure réponse à la caricature facile d'une diplomatie Ferrero Rocher. A la différence de certains romans à clés où la fiction autorise l'auteur à quelques règlements de comptes, le regard porté par l'auteur sur les Vimont, Laboulaye, Farnaud ou Felix-Paganon est toujours empathique.

Christophe Blain réussit l'exploit de capter l'essence d'un Villepin pourtant physiquement peu ressemblant, héros paradoxal d'un album dont il est le centre mais dont il semble pourtant vouloir toujours s'échapper. Il court, il discourt, il éructe, il fulmine, il surgit, il s'en va … mais on ne s'est jamais ce qu'il ressent. On ne saisit de lui que ce qui en est montré. Les couvertures des deux tomes le présentent minuscule, dans un décor immense et écrasant. La leçon est la même que celle du film de Pierre Schoeller « L'exercice de l'Etat » : le pouvoir est solitaire.

Cette bande dessinée rend-elle Villepin plus sympathique ? Par bien des aspects, le personnage est insupportable. Les pages qui le décrivent au Club'Med pérorant sur la marche du monde devant un groupe de touristes, mi-hilares mi-fascinés sont parmi les plus drôles de l'album. Pourtant, à l'instar du Chichi des Guignols de l'Info, les défauts du personnage finissent par le rendre attachant. Sa fougue, son énergie, sa hauteur de vues ne peuvent laisser indifférents. « Quai d'Orsay » est à mille lieues de l'affaire Clearstream.

Plus de 110.000 exemplaires du tome I ont été vendus. On peut escompter un succès similaire pour le tome II, bien servi par une campagne de presse efficace et par un remarquable bouche-à-oreille. C'est une réussite inespérée pour une BD a priori réservée à un petit cercle d'insiders. Elle est révélatrice de l'intérêt que suscitent la diplomatie et sa fabrique dans un large public dès lors qu'elles lui sont expliquées avec intelligence et humour.
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Taillard de Worms dans son cabinet, seul face à une décadence de gratte-ciels, uniquement accompagné d'un livre qui repose, encore inachevé, sur son fauteuil de ministre. Voici, bien résumé sur la couverture du second volume des Chroniques diplomatiques, le credo du gouvernement infiltré par Lanzac et scénarisé par Christophe Blain : une soif de pouvoir démesurée, un monde tout aussi gigantesque et incompréhensible que cette ambition, une solitude fondamentale et un dernier raccord à la civilisation, représenté par le fil d'une culture aliénante.


Si le premier volume de Quai d'Orsay présentait le gouvernement d'une manière plus comique que sérieuse –cherchant avant tout à mettre en avant les discordances des comportements et des discours de chacun, sans qu'ils n'aient forcément une implication grave sur les choix politiques effectués-, ce second volume se veut beaucoup plus dense et engagé. Cette fois, le gouvernement est représenté en situation de crise : le Lousdem partage les Etats quant aux décisions qu'ils souhaitent prendre pour contenir les débordements pressentis du territoire. Alors que les Etats-Unis s'apprêtent à déclencher une guerre, la France cherche à s'opposer au siège de l'ONU. Il incombe à Arthur Vlaminck, le conseiller du ministre des Affaires étrangères en charge du langage, de préparer le discours qui servira de base d'argumentation au Ministre.



Si ce n'était la lourdeur du thème abordé dans ce second volume –propice à des considérations politiques cyniques et désabusées, ainsi qu'à un cosmopolitisme des gouvernements entrevus- on retrouverait dans ce second volume la même absurdité caractéristique du premier volume. Alors que la situation mondiale se joue, les préoccupations principales des ministres et de leurs conseillers tournent autour du langage. L'ordre des mots d'une phrase pourrait suffire à déclencher une guerre… et l'emploi du conditionnel, plus modéré dans son intentionnalité, pourrait au contraire apaiser une situation conflictuelle. Mais il faut aussi savoir sortir du lot : le discours n'est plus seulement pratique, il doit aussi s'accompagner d'une dimension esthétique qui, par la force des images convoquées, saura en imposer aux auditeurs. L'originalité et la créativité deviennent rapidement les caractéristiques les plus recherchées par Taillard de Worms. Est-ce par désir de prouver sa supériorité culturelle, ou ne s'agit-il que d'un subterfuge permettant de dissimuler l'absence de prise de position ferme du gouvernement quant à la crise du Lousdem ? Lorsque le Minotaure et Thésée filent la métaphore des discours internationaux, lorsque le Ministre forge de nouvelles expressions que lui seul comprend (« le taylorisme du terrorisme ») ou lorsque Démocrite constitue son livre de chevet, c'est toute la frivolité des préoccupations politiques qui se dévoile…



Plus intense et plus dense que le premier volume, ce second tome des Chroniques Diplomatiques s'engage dans une incursion plus profonde au coeur d'un système que dominent surtout l'absurdité et l'affirmation personnelle. Les intérêts individuels et la situation mondiale s'entrecroisent et se combattent à armes égales. Lanzac et Blain nous dupent à leur tour : quelle est la part de fantasmes qui intervient dans ce « reportage » ? Sommes-nous également pris au piège des métaphores et de la fiction ? Peut-être un peu, oui, mais comme pour tout discours prononcé à l'assemblée de l'ONU, on se doute bien que la fiction se base sur un socle de réalité…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Dans ce type d'ouvrage, on craint toujours le tome 2 …. Mais ici le plaisir et l'intérêt sont renouvelés …
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Jeune diplômé, Arthur Vlaminck est appelé à travailler auprès du ministre des affaires étrangères français, Alexandre Taillard de Worms, caricature de Dominique de Villepin. Il est chargé de rédiger les discours du ministre, de définir les éléments de langage qui pourront faire mouche pour convaincre les politiques des autres pays ou faire les gorges-chaudes des journalistes. En effet, les Etats-Unis sont prêts à déclarer la guerre à un pays imaginaire, le Lousdem, derrière lequel, on devine l'Iraq. La France ne souhaitant pas le conflit, le ministre doit faire un discours à l'ONU qu'Arthur Vlaminck doit rédiger … Cela s'avère plus compliqué qu'il ne pensait : les différents conseillers qui gravitent autour du ministre ont des avis divergents, ordres et contre-ordres sont fréquents, difficile aussi de trouver l'inspiration en étant dérangé par les va et vient dans les bureaux du ministère… Il se voit contraint d'écrire la nuit, il n'a plus de vie privée… Si cette bande dessinée ressemble à une caricature de la vie des cabinets ministériels, il n'en reste pas moins que le fond de l'histoire repose sur des éléments de diplomatie réels.
Au fil de la lecture, j'ai retrouvé le film du même nom que la BD « Quai d'Orsay » de Tavernier, sorti en 2013 et dont les scénaristes associés n'étaient autres que les auteurs Blain et Lanzac. Peut-être que, le fait de connaître le film m'a aidé, à comprendre et suivre les méandres de la BD …
Cet ouvrage a obtenu un fauve d'Or au festival d'Angoulême en 2013. La conception est pourtant assez classique mais les moments où le ministre se lâche, hors cadre ou hors vignette, donnent du rythme, la couverture, mise en abîme très graphique du ministre face à un mur de buildings où l'on devine la diversité et l'immensité du monde, incite à entrer dans l'ouvrage.
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2/2. Arthur Vlaminck, conseiller du ministre des Affaires étrangères, en charge des langages, doit préparer les nouveaux discours du ministre. La crise du Lousdem est au coeur des préoccupations : les Américains menacent de déclencher une guerre à laquelle s'opposerait le gouvernement français. le ministre, Taillard de Worms, s'apprête à prendre la parole à ce sujet au siège de l'ONU. Ce second tome met en scène la préparation de ce discours de l'ONU contre l'intervention militaire au Lousdem, soupçonné de détenir des armes de destruction massive. Référence claire au discours de Dominique de Villepin à l'ONU le 14 février 2003.
L'album est ressenti comme un hommage à la diplomatie française. Il montre la diplomatie au travail, loin des clichés habituels : une administration en mouvement, des gens qui se réunissent à trois ou quatre heures du matin, dans de petits bureaux, pour tenter de gérer des crises à répétition, des équipes engagées dans une négociation complexe, des moments où il faut prendre des positions difficiles et les tenir.
J'avais vu et aimé l'adaptation cinéma de Bertrand Tavernier, avec Thierry Lhermitte, excellent dans le rôle du ministre. La BD m'a plu davantage encore.
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Le second tome conserve le même rythme effréné que le premier avec pour thématique le désengagement de la France vis à vis des belliqueux américains face au Lousdem (Irak). J'y aime les détails, comme les chaussures qui doivent briller à l'ONU, les coups bas pour ne pas parler vulgairement ainsi les journées de 25 heures. On distingue dans la cohorte de conseillers, les vieux loups aguerris, les diplomates cyniques et les jeunes espoirs. Blain et Lanzac décrivent avec brio ce ministère au bord de la crise de nerf.
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un petit ton en dessous du premier, mais que c'est bon quand même. J'aime Quai d'Orsay autant pour sa manière de nous faire pénétrer dans les coulisses de la diplomatie mondiale, qui en prend pour son grade, que pour sa description sans fard des petites mesquineries et grosses vacheries qui sont la règle au sein de la petite cours qui gravite autour de Taillard de Vorms.
La principale différence avec le premier tome, c'est que cette fois, les auteurs se rattachent de manière beaucoup plus franche à la réalité, en utilisant le fameux discours de l'ONU, qui reste le grand fait d'armes de Villepin. le livre devient plus 'sérieux'.
Je m'interroge aussi sur une scène à la fin, lorsque Arthur prend un verre avec l'écrivain et un une jeune fille qui remet ouvertement en doute la sincérité de la position française sur le dossier. Simple anecdote que les auteurs ont voulu retranscrire pour marquer le gouffre grandissant entre la tour d'ivoire de la diplomatie et la perception du public, ou pique féroce adressée à Lanzac pour apporter un éclairage différent sur cette position si noble de prime abord... Et je me trompe peut-être mais il me semble que c'est la seule scène sur les 2 tomes où la diplomatie est confrontée au 'monde réel', comme pour insister à quel point elle est parfois déconnectée.
Restent de francs éclats de rire, comme le concept du taylorisme du terrorisme (pas sûr d'avoir compris non plus :o))), le club Med ou le Chiffre :o)
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Moins sous l'effet de surprise du premier tome, nous retrouvons nos protagonistes en pleine crise diplomatique irakienne ... euh non Lousdemienne. On y retrouve bien la pression des États-Unis pour faire adopter à l'ONU une résolution pour une intervention au Lousdem contre les armes de destruction massive.
Toujours aussi drôle et intéressant.
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Deuxième lecture et toujours autant de plaisir.
Christophe Blain et Abel Lanzac ont trouvé l'alchimie parfaite. le dessin, qui à première vue ne me plaisait pas vraiment, est en fait extrêmement expressif et dynamique. le scénario donne à voir les coulisses d'un cabinet ministériel avec beaucoup d'humour et de second degré. La caricature est hilarante mais ne tombe dans le dénigrement.
Je n'ai pas encore vu le film, mais quelle que soit ses qualités, je conseille vraiment à tout le monde de se plonger dans ces deux albums.
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