Le déménagement est synonyme pour Skye d'un nouveau départ, une chance de recommencer à zéro, loin des préjugés et des erreurs de son passé.
Sa petite soeur, Deirdre, voit en revanche ce nouvel endroit comme un nouveau terrain de jeux à découvrir, à conquérir. Comme toujours, elle tente d'entraîner sa soeur, "La Reine d'Epée", dans ses aventures.
Tandis que Skye se fait de nouveaux amis, Deirdre passe de plus en plus de temps seule dans la forêt, rentrant de plus en plus tard... Jusqu'au jour où elle ne rentre pas.
Les recherches s'organisent, et au fur et à mesure que les jours passent, le mystère s'épaissit. Où est Deirdre, est-elle en vie ? A-t-elle fugué, a-t-elle été enlevée ? La Forêt ne regorge-t-elle pas de monstres ?
Mais la question véritable se révèle être : Jusqu'où Skye est-elle prête à aller pour la sauver ?
Le début de roman alterne des chapitres entre passé et présent. Ces allers retours permettent au lecteur de comprendre la complexité de la relation entre les deux soeurs, et son évolution.
Passé le premier tiers, le fantastique prend une part prépondérante dans l'intrigue. le lecteur sombre, avec la protagoniste Skye, dans l'horreur, le roman offrant avalanches de moments glaçants. S'installe un jeu morbide, mêlant les os et les branches, les injonctions et les menaces. Les dialogues dans la forêt avec les monstres sont particulièrement terrifiants. le procédé de manipulation visant à forcer Skye à trahir ses amis, à détruire leur amitié en révélant ses pires actes, est quant à lui, vicieux.
La lecture devient addictive, les pages s'enchaînent vite.
La question s'impose : jusqu'où Skye ira-t-elle pour essayer de sauver sa soeur, quel sacrifice ou quel crime la Reine d'Epée est-elle prête à réaliser ?
Skye marchande avec les monstres. Elle accepte de créer un monstre, pour que ce dernier lui serve de guide, et atteindre le château, dans lequel elle espère trouver sa soeur.
Mais tout a un prix. Les monstres exigent le sang de Bill, le père de William l'envahisseur.
Le jeu macabre prend une tournure d'autant plus sournoise lorsque Skye convainc les monstres de lui offrir des cadavres d'animaux afin qu'elle les dépose au pied de la maison de William. Son but ? Lui faire peur pour le convaincre d'obéir aux monstres. Blesser son père et offrir son sang.
Le grand final arrive lorsque Skye et William se trouvent à la rivière. Tout a un prix, y compris le passage menant au château.
Skye devine ce qui est attendu d'elle. Reproduire ce qu'elle a fait au harceleur de sa soeur dans leur ancien établissement. Ce crime qui hante sa conscience, elle qui a failli noyer un autre, qui a créé chez lui de graves traumatismes.
La Reine d'Epée, dont la couronne est faite d'acier, n'a peur de rien, et relève tous les défis pour protéger sa soeur. C'est ce message qui nous est réaffirmé alors qu'elle ligote William à un tronc d'arbre, et l'abandonne à la merci des monstres.
En toile de fond, le roman aborde plusieurs thèmes intéressants :
- les discriminations, dont Deirdre est victime,
- la notion de pouvoir, "tout homme qui a du pouvoir, est porté à en abuser", et c'est bien là le pire secret de Skye : en revêtant son costume de Reine d'Epée, elle a trouvé un certain plaisir dans sa position dominante, dans les coups et le sang.
- la notion de "monstres". Certes les êtres de la forêt, faits d'os, de branches et de sang, sont les monstres. Mais au cours du récit, Skye se remet elle-même en question, n'est elle pas elle aussi un monstre ?
Les dernières pages révèlent que nulle autre que Deirdre tirait les fils dans l'ombre. Elle a créé les monstres, elle les contrôle, elle jouait à un jeu, voulant attirer sa soeur et l'obliger à jouer avec elle. Skye pensait devoir sauver sa soeur des monstres, mais sa soeur donnait vie et voix aux monstres. le vrai monstre est finalement dévoilé.
J'ai trouvé la fin un peu rapide. Si le dénouement est cohérent avec l'intrigue et le ton horrifique (rôle de Deirdre) , les derniers paragraphes m'ont presque (paradoxalement) déçus. Après une telle montée en puissance de sournoiserie, la fin semble naïve ou trop simple. le cauchemar prend fin : les dernières lignes indiquent que Skye est libérée des présences de la forêt, et qu'elle se dirige vers le chemin sinueux de la rédemption.
Ceci étant, par cette fin, Skye malgré toutes les horreurs qu'elle a commises, se remet sur le droit chemin. Par ses remords, par sa culpabilité, elle se distingue de sa soeur et de ses créations. Certes, elle a commis des atrocités, mais sa conscience fait d'elle un simple être humain, fait de défauts. Ne dit-on pas que l'erreur est humaine ?
En conclusion, un page turner efficace, frissons garantis dans une ambiance fantastique immersive, où les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
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Bien... Je ne suis peut-être pas objective parce que ce bouquin a été lu en pleine période Halloweenesque et comme c'est ma période de l'année de loin ma préférée... Vous avez le pourquoi du comment :)
Une soeur qui disparaît, de la culpabilité de la part de l'aînée qui se lance à sa recherche... du déjà vu vous allez me dire ? Hé bien non !
Une soeur dérangée dont le monde est fait de monstres d'os et morceaux de bois et dont sa soeur aînée en est la Reine d'épée, je pense que je pose ici les bases pour un roman horrifique assez réussi.
L'intrigue est glauque, oppressante, étrange, elle n'est que noirceur et douleur, mais qu'est-ce qu'elle incroyablement bien écrite et décrite, oserais-je dire... Poétique ?
Vous voyez cette sensation quand vous arrivez à la dernière page du bouquin et que vous avez cette culpabilité d'avoir vraiment apprécié ce livre alors qu'il conte ce qu'il y a de plus noir en l'homme ?
Ce paradoxe qui fait que je réfléchis encore aujourd'hui à cette fin, ce paradoxe qui fait que cela restera un livre choc !
Pour les amateurs d'horreur, les autres s'abstenir (sauf si la Reine d'épée est dans les parages)... Bonne lecture :)
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Je ne sais absolument pas quoi dire de ce roman. J'ai bien aimé, et en même temps, pas tant que ça. J'ai trouvé ça assez fou, et en même temps plutôt plat. Les personnages sont intéressants et complexes mais je n'ai pas réussi à m'y attacher vraiment. L'histoire gagne en intensité au fil des pages mais plus j'avançais, moins je lui trouvais d'intérêt. L'intrigue est bien pensée, bien menée, mais elle n'a pas su me tenir vraiment en haleine. L'ambiance est bien posée, sombre et glauque mais je l'ai trouvée trop ténue.
Bref, je ne sais pas... je crois que ce roman n'était juste pas pour moi, ou que je ne l'ai pas lu au bon moment. 🤷♀️
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Dans ce roman finaliste du Bram Stoker Award 2019, Skye, 16 ans, s'éloigne de plus en plus de sa petite soeur Deirdre, qui refuse de lâcher le monde imaginaire qui a occupé durant de longues années leurs jeux d'enfant. 🧸
Depuis leur déménagement, elle compte bien prendre un nouveau départ et ne plus passer pour "Skye la tarée" auprès de ses nouveaux camarades de classe. Et pour ça, elle ne peut plus être "la reine d'Epée" 🦸♀️ qui défends Deirdre contre les envahisseurs de leur royaume magique et les collégiens qui se moquent d'elle. Cette dernière n'arrive toujours pas à s'intégrer et s'enferme progressivement dans son mutisme et ses jeux étranges et macabres, passant de plus en plus de temps dans la sombre forêt de leur jardin avec ses poupées faites d'os d'animaux et de bouts de bois.🕷
Un jour, la veille d'Halloween 🎃, Deirdre ne rentre pas à la maison. Des évènements de plus en plus étranges et inquiétants se produisent, et Skye se retrouve obligée de revenir dans le monde imaginaire créé par sa soeur. Seulement ce monde recèle désormais de noirceur et de dangers, et la reine d'Epée devra faire des choix douloureux si elle souhaite ramener Deidre…
Pour les amateurs d'horreur !
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Elle n’a pas toujours été ainsi. Pas avec moi. Elle était… elle pouvait être magique. Tu vois ? Elle pouvait presque te faire croire n’importe quoi parce qu’elle-même y croyait si fort.
J’ai fait tout mon possible pour enterrer cette partie de moi, pour oublier les racines qui s’enroulent dans le noir. Je ne veux pas les suivre. J’ai peur de découvrir à quel point elles s’enfoncent loin. Mais tout ce temps, elles étaient là, en dessous.