Un monument à la gloire de la langue française actuelle, celle des blogs, des journaux sportifs prompts à la métaphore, de la politique, du cinéma (Ahhhh... Audiard !), des médias.
Car notre langue évolue et pas seulement en adoptant des anglicismes, comme voudraient nous le faire croire certains grincheux dotés d'une "gueule à coincer des roues de corbillard" (p.177) : "avoir un air maussade, renfrogné, sinistre".
Vous n'arrêterez pas, si vous ouvrez ce livre, de sauter d'une entrée à l'autre, les yeux embrumés de larmes, le corps secoué de spasmes d'un incoercible rire. Un vrai bonheur plein d'images étonnantes, hardies, parfois salaces, toujours désopilantes. Et à côté, le sérieux imperturbable de la définition et des références littéraires dégotées par ces très distingués linguistes. Un nouveau "Gaffiot" en somme, mais sans les gravures....
Quelques "perles" : prendre quelqu'un pour un jambon, avoir à vendre un cercueil à deux places (où on se remémore ce qu'est un oxymore), chercher le poil dans l'oeuf, mouiller la compresse à quelqu'un = être excessivement affable envers quelqu'un, s'endormir en petite cuillère, mettre une disquette = raconter des bobards, lapin de six semaines = niais, nigaud, manque de mâturité...chanter en lavabo = chanter sur des paroles peu compréhensibles avec les intonations de l'anglais...par allusion aux borborygmes d'un lavabo qui se vide......j'en passe et de bien meilleures.
Bref, une leçon de grammaire à se rouler par terre...et qui montre avec quelle puissance notre langue française épouse son époque et fleurit de mille fleurs.
Commenter  J’apprécie         40
Figure (gueule ) de coin de rue , loc. nom.
Attesté en 1913 comme terme d'injure ( "Eh ! va donc ! figure de coin de rue , propre à rien , face moche , raclure de pelle à crottin , cresson de pissotière , feignasse , vieille tante , immense vache !" , A. Cravan , Oeuvres , 1987 , p.61)
Le policier a une figure de coin de rue , osseuse , en angles saillants , striée de couperose . ( R. Boutefeu , Journal du barbare , 1972 , p.96 )
Tombé du camion , loc.adj.
Pour signifier qu'une marchandise est d'origine douteuse , la plupart du temps volée . Parfois abrégé sous le signe TDC . A l'origine , la locution a pu désigner des colis non livrés parce qu'endommagés et faisant partie d'un marché parallèle . Cf. l'anglais "to buy something which has fallen off the back of a lorry".
-Tu as pu me trouver un ordinateur ?
-Oui , un Mac G4 portable ... Il est tombé du camion , mais , heureusement , il était bien calé , au chaud , dans sa boîte d'origine .
(D. Daeninckx , On achève bien les dis-jockeys , 2006 , p. 53 )
Frelon
Avoir /mettre des frelons dans la culotte , loc. verb.
"être sexuellement excité ; aiguiser l'appétit sexuel " . La première locution est peut-être une réminiscence de J. Steinbeck ( "Curley got yella-jackets in his drawers " . -ça le/la démange .
"J'vois ce que tu veux dire . Curley a , comme qui dirait , un nid de frelons dans ses culottes . Chaque fois qu'il y a un gars ici , elle s'amène . A ce qu'on dirait , elle n'peut pas s'éloigner des hommes" ( J. Steinbeck , Des Souris et des hommes , 1949 ) .
Persil
Avoir le persil qui dépasse du cabas, loc. verb. "avoir les poils du pubis qui dépassent du maillot, du slip, du string".
Métaphore ménagère, fondée sur l'argot persil "toison pubienne de la femme".
avoir du foin qui sort de la charette.
1. Dans un centre [d'épilation au laser ] j'ai payé ça 900 euros. Franchement ça change la vie... Plus de problème genre "ah non je peux pas aller à la piscine, j'ai le persil qui sort du cabas... !" (Message, 4 avril 2007, www.beaute-test.com/)
2. [...] le persil qui dépasse du cabas ça donne un air écolo sur la plage... (Message, 14 juin 2007, www.beaute-test.com/)