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4,2

sur 243 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Québec, dans les années 50... Au pensionnat du Bois Vert, Jonas compte, non sans une certaine impatience, le nombre de jours, d'heures, qu'il lui reste avant de pouvoir quitter définitivement les lieux. Impatient de laisser derrière lui le père Seguin et les soeurs, leurs préjugés coloniaux et racistes, ce numéro 5 qui le déshumanise, cette éducation punitive qui le force à abandonner ses racines et sa culture amérindienne. Heureusement, la forêt alentour, dense et profonde, lui sert de refuge et d'échappatoire. C'est ici, quelques heures par jour, qu'il aide Samson à couper du bois. C'est ici aussi qu'il se rappelle les jours heureux auprès de sa mère, avant que les autorités blanches ne l'enlèvent 6 ans plus tôt...

Nathalie Bernard s'inspire de la véritable histoire de ces pensionnats qui existèrent au Canada, du début du XIXème siècle jusqu'en 1996 (date de fermeture du dernier pensionnat autochtone), et qui accueillirent plus de 150000 enfants. Ces écoles, financées par le gouvernement fédéral et dirigées par des religieux, n'avaient qu'un seul but : leur faire délaisser leurs traditions, leurs pratiques culturelles et leurs langues. À partir de là, l'auteure, s'inspirant de témoignages, nous raconte l'histoire de Jonas, mais aussi celle de Gabriel, un Inuit. Arraché à sa mère malade, soumis aux mauvais traitements du père Seguin (tout comme ses camarades), le jeune Jonas, à tout juste 16 ans, s'est jusqu'ici plié aux rudes règles, hermétique à ce qui l'entourait. Jusqu'à ce qu'un événement tragique lui fasse réellement comprendre ce qui se passe. Découpé en deux parties bien distinctes, "Dedans" puis "Dehors", ce roman explore avec une grande justesse et beaucoup d'émotions, le sort réservé à ces enfants enfermés et maltraités. Un roman émouvant, bien rythmé et fort utile...
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De l'acculturation du 'sauvage', au nom de la prétendue supériorité de l'homme blanc chrétien.
« Je ne parlais pas algonquin mais français. Je n'étais plus un Indien, mais je n'étais pas encore un Blanc. Je n'étais plus Jonas, mais un 'numéro'. »

Le Département des Affaires Indiennes a encouragé les internats pour autochtones pendant près de deux siècles pour favoriser leur « assimilation » (1827-1996). Ces institutions étaient destinées à scolariser et évangéliser les enfants autochtones pour qu'ils s'intègrent mieux. Cette pratique a été décrite comme le fait de « tuer l'indien dans l'enfant ».

Ce récit en est une terrible illustration, à travers l'histoire commune de deux adolescents, l'un Indien, l'autre Inuit.
Jonas et Gabriel auront bientôt seize ans, et quitteront alors ce pensionnat du 'Bois Vert' où ils sont entrés de force à dix ans, enlevés à leur famille, à leur environnement.
Petits, faut pas craquer. ♪♫
Pas dans la dernière ligne droite...

Si la série Harry Potter a pu donner envie à des jeunes d'être scolarisés en internat, ce roman en présente une vision cauchemardesque, qui rappelle ce qu'ont pu subir (et subissent encore ?) des enfants pris en charge par des religieux (hommes ou femmes) : anonymisation (nom remplacé par un numéro), 'rééducation' linguistique et spirituelle, privations, brimades, sévices corporels, parfois sexuels.

Le sujet est aussi intéressant que révoltant, et le récit évidemment bouleversant. Je regrette que l'auteur donne autant de place à l'action et à l'aventure, au détriment des sentiments des protagonistes et de leurs échanges.

Junior m'avait davantage touchée que Jonas.
Cf. 'Le premier qui pleure a perdu', de Sherman Alexie.
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Ce roman jeunesse évoque le calvaire subit par de jeunes autochtones du Québec entre 1827 et 1996 ( !), considérés cependant comme des sauvages par la bonne société catholique. Il fallait tuer l'indien qui était en eux, pour ce faire, on les a envoyés dans des institutions tenues par des prêtres et des soeurs qui, à coup de privations, de coups et de prières, ont essayé de faire d'eux des êtres dociles…
Jonas, le personnage principal de ce roman, a presque 16 ans, d'ici deux mois, il pourra quitter le pensionnat dans lequel il végète depuis six ans. Cet endroit sinistre, perdu au milieu de nulle part, accueille des enfants autochtones de 5 à 16 ans à qui on interdit de se souvenir même de leurs racines et de leur culture. Ils ne sont plus que des numéros, Jonas est le numéro 5 et s'efforce tous les jours de passer inaperçus aux yeux de celui et celles qui dirigent l'institution. C'est surtout le redoutable père Séguin dit La Vipère qu'il tâche de ne pas contrarier car cet homme de « dieu » est un être cruel et pervers (dans tous les sens du terme). Mais un soir, Jonas se verra obligé d'agir et de s'opposer à La Vipère.
C'est un beau roman qui évoque, certes, des thèmes difficiles comme la maltraitance, la pédophilie. Mais il parle aussi d'identité, d'appartenance culturelle : dès que Jonas fuit le pensionnat, il retrouve l'indien qui était en lui et n'a jamais disparu. Ce qui lui permet de faire face aux dangers qui l'attendent dans la forêt où il a trouvé refuge. Un roman bien rythmé qui ne peut que plaire !
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Comme d'autres jeunes autochtones du Québec, Jonas a été arraché à sa famille alors qu'il était enfant, pour être envoyé dans un pensionnat. C'est ainsi que les colons tentaient d'imposer leur culture à ces « sauvages ». Il ne s'agissait pas seulement de leur apprendre la langue française mais aussi de leur inculquer la foi catholique. A la violence de la séparation pouvait s'ajouter celle de nombreux blancs qui considéraient les autochtones comme des êtres inférieurs.

Dans soixante jours, Jonas aura seize ans et pourra quitter le pensionnat. Pour survivre pendant les années ayant suivi son arrivée au pensionnat, Jonas a dû apprendre à ne pas manifester sa révolte, à courber l'échine, à se replier sur lui-même, à paraître insensibles aux injustices commises autour de lui contre les plus faibles.
Dans soixante jours, Jonas devrait à nouveau être libre.
N'est pas compter sans quelques imprévus ?

Ce récit d'aventures, même s'il est fictif, illustre bien la manière dont la colonisation du continent américain s'est effectuée. Les adolescents pourront aisément s'identifier aux personnages principaux, et être émus par leurs sorts. Comme les adultes, ils seront sensibilisés à ce volet de l'histoire du Québec.

En préambule l'auteure explique qu'au Québec, des pensionnats pour amérindiens ont existé de 1825 à 1996, et qu'il fallut attendre 2015 pour qu'un premier Ministre canadien ne présente au nom de l'Etat fédéral des excuses aux populations autochtones pour ce qu'elles avaient subi. Cette reconnaissance, aussi louable soit-elle, ne résout d'ailleurs pas les difficultés auxquelles sont confrontés leurs descendants, parmi lesquelles l'exploitation destructrice de leur milieu naturel…

Merci à Babelio (opération Masse Critique).
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Une histoire terrible qui nous plonge dans l'enfer des pensionnats autochtones québécois.

Jonas est enlevé à sa famille alors qu'il n'est qu'un enfant. Il est envoyé dans un pensionnat où le prêtre et les soeurs essaye de "tuer l'indien qui est en lui" et qu'il devienne comme eux. A 16 ans, Jonas retrouvera sa liberté. Il ne lui reste que deux mois a attendre et à faire illusion. Mais deux mois, ça peut être long et de nombreuuses choses peuvent arriver.

Un livre très prenant et révoltant. Un livre qui parle de chose qui ont trop longtemps été passé sous silence. Suivre Jonas dans sa quête et son combat pour la liberté et pour conserver son identité n'est pas facile. Un personnage fort et attachant.

Un livre qui se lit très bien et dont l'histoire est effroyable mais passionnante.
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Roman lu dans le cadre de la rencontre avec son auteur, Nathalie Bernard (mais annulée pour cause de confinement...).

Sauvages est un livre à la fois sombre et lumineux qui m'accompagnera pendant longtemps. L'histoire reprend l'époque canadienne des terribles pensionnats dans lesquels les Blancs ont entrepris pendant des décennies de "tuer l'indien" en chaque enfant sauvage, arraché à sa famille dès le plus jeune âge. Ou comment l'être humain peut devenir un monstre... Une fois de plus, jamais à court d'idées sordides et abominables tout au long de l'histoire de l'Humanité, nous découvrons de quoi peuvent être capables des êtres humains envers d'autres êtres humains. Ce massacre de la culture amérindienne ne suffisant pas, on découvre que ces pensionnats ont aussi été des lieux livrés aux privations, aux punitions honteuses et même aux actes pédophiles... Vous l'aurez compris, Sauvages est un roman très sombre, terrifiant, qui nous coupe le souffle et nous donne envie de hurler face à tant d'injustice. La grande majorité du roman est bouleversante et difficile à lire, soyons clairs. Dès les premières pages on comprend l'horreur à laquelle vont devoir faire face ces pauvres enfants déracinés et arrachés à leur famille. Non seulement les indiens ont été parqués dans des réserves comme des animaux, mais en plus on leur a imposé de quitter leurs croyances, leur langue, leur culture. Une fâcheuse habitude internationale d'un Blanc se pensant tout puissant et seul légitime à profiter de la Terre. du Canada à la Polynésie en passant par l'Amérique du Sud ou l'Afrique, la zone géographique important peu pour assouvir cette hégémonie blanche.
Sauvages est un roman pour faire connaître la vérité. Et rendre l'horreur dicible. Pour ne pas oublier et pour se rappeler de ces crimes contre l'Humanité. Mais Sauvages n'est pas non plus un réquisitoire contre les Blancs. Nathalie Bernard, comme souvent dans ces romans, ne se place pas en moralisatrice ou en accusatrice. Elle ne juge pas non plus. le récit en lui-même suffit à faire partager la souffrance et l'injustice vécues par ces populations autochtones.
Dans Sauvages on suit d'abord l'effacement de Jonas. Un ado de seize ans qui va bientôt quitter le pensionnat pour retrouver la liberté (quelle liberté quand on a tenté d'effacer la nature d'une personne ?). Jonas a toujours été un bon pensionnaire. Très effacé, ne se mêlant jamais aux autres, il a même réussi à gagner la confiance de ses "tortionnaires". Il a pu tenir grâce à ses souvenirs d'enfance, grâce à une amoureuse qu'il espère encore retrouver malgré les années perdues. Mais un jour Jonas est touché et ému par une petite fille devenue la bouc émissaire du prêtre en chef. Lui qui ne se souciait jamais des autres ne va plus pouvoir se cacher et fuir la réalité. La deuxième partie du roman relate la fuite du pensionnat après un évènement bien involontaire.
Alors oui, le roman est très sombre, violent dans ce qu'il relate (notamment ces chasseurs répugnants qui sont devenus des animaux sauvages et idiots). Mais la deuxième partie du roman est plus lumineuse selon moi. Elle permet de retrouver l'Indien dans Jonas. Non le pensionnat n'a pas réussi sa mission malgré les nombreuses années écoulées. Jonas ne sera plus jamais le même, il a été détruit, mais l'Indien en lui est toujours vivant. Les dernières pages, au milieu de la Nature, sont époustouflantes et d'une vraie beauté. le style de Nathalie Bernard est toujours empli de simplicité et de force pour nous raconter une histoire ou pour décrire la relation entre les indiens et la Nature. Au final la colère nous dépasse. Restent l'émotion et l'envie de ne jamais oublier.
Un roman saisissant !
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De quoi ça parle ?
Jonas, alias numéro cinq est enfermé au pensionnant du Bois-vert au Canada, un de ces endroits sordides qui ont existé jusqu'en 1996. Leur mission : tuer l'indien dans l'enfant, supprimer toute trace de cette culture indienne qui déplaisait aux blancs. Mais Jonas n'a plus que quelques jours à tenir avant d'avoir 16 ans et de pouvoir retrouver sa liberté. A moins que les choses se précipitent jusque là.
★★★★☆

Et c'est bien ?
Le roman est divisé en deux parties. La première, intitulé Dedans évoque les derniers mois qu'il reste à Jonas à survivre au sein du pensionnat. Dans ce lieu, les prêtres et les soeurs qui gardent les enfants se croient tout permis: la violence et la souffrance sont omniprésents. Ce pensionnat tient plutôt lieu de prison pour ces indiens que la société rejette au coeur d'une forêt, bien décidés à leur anéantir toute culture indienne. Ces faits réels, historiques sont parfaitement restitués par Nathalie Bernard. Certains passages sont d'une extrême dureté, à nos retourner le coeur. Une bonne ambiance donc!
Cependant, je regrette les premiers chapitres: ils ne m'ont pas emportés. Peut-être parce que Jonas, enfant solitaire, essayait de survivre, éloigné des autres, et que le récit s'en ressentait. L'importance de ces souvenirs et de son attachement à la nature est très présent à ce moment là. Et j'ai regretté cette linéarité du récit, qui rend Jonas taciturne. En même temps, avec tout ce qu'il a vécu, ça se comprend. ( Dans la même veine, j'avais lu Celle qui venait des plaines, de Charlotte Bousquet, qui m'a transporté davantage)

Là où le récit devient intéressant, et m'a raccroché au wagon, c'est lorsque tout s'accélère. Un événement va précipiter le départ de Jonas du pensionnant. Celui-ci va décider de s'enfuir, malgré les quelques jours qui lui restent à tenir. C'en est trop. La deuxième partie commence alors Dehors, et évoque la fuite de Jonas dans la forêt, à la merci de la nature et poursuivi par des chasseurs et leur chien. Une évasion haletante et effrénée où il devra faire face à tous les dangers.
C'est pas fini, car l'autrice évoque surtout dans ce livre, les conditions de vies et d'enfermement de ces enfants, arrachés à leur famille. C'est un beau livre bien documenté traitant d'un sujet peu évoqué car beaucoup ignore que ces pensionnats ont existé jusqu'en 1996. Ce qui est très récent. Pour cela, chapeau Nathalie Bernard.
Malgré une petite déception en début de lecture - peut-être avais-je trop d'attente - ce livre est formidable.
Lien : https://lelamaquilit.blogspo..
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Un très bon roman qui se passe au milieu de la forêt.
La nature est très austère , les personnages qui sont en charge des enfants aussi.
Pas beaucoup d'humanité dans cette histoire , j'ai même eu du mal à m'attacher à ces enfants qui pourtant le mérite.
Il est difficile de vivre , il faut s'accrocher.
La forêt vit malgré tout , va t elle réussir à sauver notre héros ?
Par moment , âme sensible s'abstenir.
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A nouveau, voici un roman ados qui m'apprend une page de l'histoire que je n'ai pas encore lue en littérature générale : ici, l'existence au Québec jusque dans les années 70 de pensionnats catholiques où étaient rééduqués, dressés, de jeunes Indiens à qui on interdisait de parler leur langue et qu'on maltraitait.
Jonas n'a plus que 2 mois à passer dans son pensionnat quand plusieurs événements -la mort d'une jeune fille, le viol sous ses yeux d'un ami par le prêtre, un meurtre- le poussent à fuir en compagnie de Gabriel, poursuivis par des chasseurs sans pitié et leurs chiens.
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Nathalie Bernard nous entraîne de nouveau au Québec. Nous sommes en pleine forêt , où des pensionnats autochtones sont installés. Dans ceux-ci, des milliers d'enfants ont été » enlevés » à leur famille, pour qu'ils oublient leurs racines, leur culture. Ils deviennent des numéros. Ils apprennent de force le français, et ne doivent surtout pas parler dans leur langue maternelle.
Ces enfants essaient de survivre dans le froid des hivers canadiens. Ils sont sous l'autorité de trois religieuses et d'un prêtre. Parmi ces enfants, il y a le numéro 5, alias Jonas, qui va bientôt avoir 16 ans.Nous allons suivre avec lui ses derniers jours dans ce lieu , avant » sa libération « . Il va apprendre à connaître numéro 42, alias Gabriel, qui jusqu'à maintenant il avait ignoré comme tous les autres. Se retrancher dans la solitude était sa façon de vivre ici, dans ces lieux effroyables.
Les enfants endurent de pires sévices. Jonas et Gabriel sortent et travaillent sous les ordres de Samson. Ils se retrouvent un peu chaque jour dans une semi-liberté. Mais le soir, ils retournent dans ce lieu immonde, où la peur règne.
Des événements inattendus vont contraindre ces deux enfants à fuir, à reprendre leur liberté. Une course effrénée contre les éléments humains se produit. J'ai été happée par l'histoire, cette course dans des milieux hostiles est sans limite. Jonas et Gabriel s'allient contre les hommes qui veulent les rattraper.
Le roman finit dans un souffle rédempteur qui apaise en même temps qu'il rend justice à ces enfants et adolescents qui ont enduré de telles souffrances.
Ces pensionnats ont duré jusqu'en 1990.

L'écriture de Nathalie Bernard est poétique. le suspense est parfois entrecoupé par les souvenirs de Jonas. Ceux-là se distinguent par une écriture différente, en italique, une ode à la liberté et à l'issue incertaine jusqu'aux dernières pages.
Lien : https://livresdunjourblog.wo..
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