La gardienne de la forêt

Je ne sais quoi écrire, maintenant que j'ai fini ce livre, parce que j'ai apprécié, bien sûr, et en même temps, je me retrouve profondément mitigée. J'ai aimé, d'abord, le sujet abordé, qui est plus qu'important et c'est nécessaire de le mettre en lumière. L'histoire que j'ai lue pourrait être vraie, tellement chaque élément pourrait s'être passé dans notre réalité parce que oui, c'est juste, la forêt amazonienne brûle, agonise et les êtres qui la peuplent souffrent, se battent, et parfois (souvent) finissent par mourir avec les arbres. La vie est tuée. Par des bûcherons illégaux, oui. Mais aussi (et surtout) par et pour les riches qui veulent dominer le monde, dominer la nature, rien que pour assouvir leurs envies personnelles. Et ceux-là, ils s'en foutent de ce qui se passe dans la forêt, ça ne compte pas pour eux, alors ils détruisent tout. Heureusement il existe des personnes qui essayent de les arrêter, Diana en est une. Pour protéger sa maison, pour arrêter le massacre, elle veut devenir Gardienne. Et je l'ai trouvé courageuse. Parce que pas une seule fois, elle n'arrêtera de se battre, de hurler haut et fort ce qu'il se passe vraiment, ici, chez elle, au coeur de la forêt, au coeur du poumon de la Terre qui est en train d'asphyxier. Comme son frère, le guépard, Diana fait partie de la forêt, et je l'ai ressenti, ce lien fort qu'elle entretient avec elle, lorsqu'elle court, vite, à travers les arbres. J'ai trouvé ça beau. Touchant. Fort. Parce que ce lien, nous, qui vivons en ville, enfermés dans notre ère industrielle et technologique, nous l'avons perdu. Et c'est triste. C'est comme si nous avions oublié d'où nous venions. On ne se rend même plus compte de notre vitesse tellement notre société accélère toujours plus à chaque seconde. On ne se rend même plus compte que plus des trois-quarts d'entre nous ne s'arrêtent plus, juste pour quelques minutes, pour observer le ciel, et les oiseaux. Comme le grand-père de Diana lorsqu'il arrive en ville pour la première fois de sa vie, il m'arrive de ressentir un malaise, de devenir malade par rapport à ce que je vois.

J'ai aimé tous les discours, toutes les batailles, tout ce que ce livre raconte et veut nous faire entendre.

Mais voilà, il y a quelque chose qui me dérange, me laisse perplexe. C'est à l'image de ce qu'il se passe dans notre monde, alors je me dis que c'est peut-être fait exprès mais… tout tourne en rond. J'avais l'impression de relire les mêmes mots, les mêmes discours à chaque chapitre, sans qu'il ne se passe grand chose, sans apercevoir une véritable évolution. Ni dans l'histoire, ni au niveau des personnages. Et puis… j'ai parfois eu l'impression que les journalistes entourants Diana, ne la prenaient pas vraiment au sérieux, qu'il suffisait d'un appel pour qu'ils se désintéressent d'elle, et ça m'a dérangé parce je ne savais pas si c'était une critique de leur comportement ou si c'était juste quelque chose qui était censé être normal. Surtout que comme rien n'évolue vraiment, on finit par perdre espoir, et j'ai même commencé à ne plus de tout aimer Diana, sans que je ne sache trop pourquoi. Seulement ses discours étaient toujours les mêmes, elle ne réagissait pas quand les journalistes la traitaient « mal » (de mon point de vue) et son caractère est devenue complètement plat dans la seconde moitié du roman, alors…

Autre chose, petit élément, qui m'a déçu dans la seconde moitié : l'incendie de Notre-Dame de Paris. C'est un élément avec plein de potentiel qui aurait pu être tellement bien abordé, et comparé aux incendies dans les forêts, sauf qu'au final, et bah ce n'est qu'un prétexte pour situer l'histoire et qui ne sert à rien.

La fin, quant à elle, me laisse aussi un goût amer dans la bouche parce qu'elle est trop simple, trop rapide, et qu'elle me laisse perdue, ne sachant plus trop quoi faire de tout ça. Même si, finalement, je pense que c'est un roman à lire, pour comprendre ce qu'il se joue actuellement dans notre monde, et pour, peut-être, nous mêler nous aussi à cette lutte qui a besoin de nous.

On a l'habitude de retrouver l'autrice dans ces thématiques, elle est très attachée à la nature et la condition des peuples marginalisés.
J'ai passé un bon moment avec ce roman même si ce n'est pas son meilleur à mes yeux. La première partie est très bien menée et intéressante, on est plongé au coeur de la forêt amazonienne avec ses habitants et ses problématiques, comme elle sait si bien le faire. Mais la seconde partie est plus déroutante. En effet, Diana est envoyée comme porte-parole en France pour élever la voix et réveiller les consciences sur la situation désastreuse de son peuple. On y parle alors des médias, des informations et de l'actualité qui tue d'autres sujets alarmants. Cette seconde partie dénature quelque peu les messages transmis par l'autrice.

Ils ont tué mon arrière-grand-père, mon père et maintenant mon frère ! Ils veulent juste que nous disparaissions ! Ils veulent couper tous les arbres et recouvrir cette terre de routes, de vaches et de plantations de soja ! Bientôt, nous n'existerons plus !