Le silence des maquis

Difficile à juger. le style est agréable, bien que le livre repose essentiellement sur des documents (fictifs) d'archives, des lettres et notes de synthèse.
L'histoire plutôt originale. le personnage cherchant à comprendre le passé de son grand oncle pendant la seconde guerre mondiale et qui, de recherche en recherche, se retrouve à faire sa généalogie.
Le livre s'intéresse à deux grandes périodes : la révocation de l'édit De Nantes et ses conséquences pour les protestants en France et la seconde guerre mondiale.
Voulant éviter les clichés et le manichéisme, le livre présente l'envers peu glorieux de certains résistants et maquis, et à l'inverse l'incorporation de français dans l'armée allemande, mais sans être nazi convaincu. (Pour ce qui est de la partie sur la résistance on retrouve la patte de Jean Marc Berliere et de ses livres liquider les traitres et ainsi finissent les salauds).
Mais à trop vouloir éviter ce manichéisme, on se retrouve par moment avec l'impression d'avoir des SS français comme des héros et combattants dignes et à l'inverse des maquisards (particulièrement communistes), uniquement opportunistes et plus intéressés par leur enrichissement personnel que par un esprit de résistance.

Malgré tout la lecture en reste agréable.

Polar généalogique ??
Deux recherches s'entremêlent : l'une sur des ancêtres du XVIIème, l'autre sur un grand oncle et son parcours durant la seconde guerre mondiale.
Ces deux recherches ne coïncident pas, ne s'épaulent pas l'une l'autre malgré un seul point commun.
La première d'entre elle nous amène au temps de l'édit de Fontainebleau et des dragonnades : recherche ordinaire d'ancêtres huguenots fuyant le royaume de Louis XIV vers les pays allemands.
La seconde est plus intéressante : la chercheuse découvre que son grand oncle s'était enrôlé dans l'armée nazie, avait intégré la division Charlemagne, participé à la guerre contre l'Armé Rouge en Poméranie jusqu'à Berlin.
Les deux auteurs justifient cette collaboration en arguant du fait que ce jeune soldat avait réussi à obtenir, en échange de son enrôlement, la libération de son père prisonnier de guerre, évitant aussi pour lui-même les tortures et la mort.
Dans cette recherche de la nuance et du rejet de tout jugement moral expéditif, les auteurs se retrouvent à justifier l'inacceptable ; car Georges, ce jeune collaborationniste, aurait très bien pu déserter après son enrôlement et réintégrer un autre maquis de résistants.
Quant à présenter un seul maquis dirigé par un escroc doublé d'un assassin (tous les maquisards n'étaient pas blancs, bien sûr, et loin de là !), on ne se pose plus de questions !...
L'écriture ne présente pas de recherche stylistique particulière car ce n'est pas le sujet ici : beaucoup de comptes-rendus, de rapports administratifs.
Le dénouement (à propos de Georges) est tout à fait arbitraire et ne correspond pas aux recherches généalogiques de la narratrice.
Un livre qui se veut équilibré, mais qui à l'heure des choix verse dans une idéologie douteuse.

Ce roman est présenté comme un « polar généalogique ». Voilà de quoi intriguer le lecteur, plus habitué peut-être au polar traditionnel, qu(il soit situé de nos jours ou à une époque passée, et dans ce cas, on le nomme parfois polar« historique ». La généalogie, c'est une activité, voire une passion, à laquelle s'adonne ceux qui ont envie de connaître et faire connaître leur famille, surtout si les origines de celle-ci refont loin dans le temps. On ne pense pas forcément au polar en se plongeant dans la généalogie ! Mais il se trouve que les Berlière, père et fille, ont eu la bonne idée de conjuguer les deux. le lecteur va donc être plongé à la fois dans l'histoire d'une famille et dans l'Histoire, remontant le temps jusqu'au 17è S..
Mais le récit commence en avril 1945, par la mort d'un officier allemand, dont le nom, Peter Bénézet, est quasi le même que celui du jeune homme qui a assisté à cette mort, Pierre Bénézet. Mystère.
Beaucoup plus tard, une jeune femme, Chloé, archiviste de son état, entreprend de de retracer l'histoire de sa famille, à partir de cet homme, Pierre Bébézet, qui est son grand oncle.
L'on va donc la suivre dans ses recherches, qui la conduiront un peu partout autour du monde. Elle découvrira le destin de ses ancêtres protestants, obligés de fuir leur pays à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes.La trame du récit est vraie, comme il est dit dans la « note au lecteur », même si les personnages, ce qu'ils vivent, etc, sont fictifs. Mais c'est fort bien fait, et l'on croit à cette histoire. On se prend au jeu, on apprend aussi comment se déroule une recherche, même si parfois cela a un petit côté didactique.
Voilà une lecture originale, que l'on peut recommander à tous ceux que les retours dans le passé et l'élucidation de faits anciens passionnent.

Ce livre est tout à fait intéressant à la fois par sa forme et pour le fond des sujets traités.
Nous avons deux histoires qui se croisent et finissent par se compléter : d'une part les persécutions contres les Huguenots au XVIIe siècle, la période du Désert et du Refuge ; d'autre part, la seconde guerre mondiale et l'Occupation. Chloé, jeune archiviste à Paris, rentre dans les Cévennes voir sa grand-mère. Et toute l'histoire familiale part de là.
Concernant la forme : la fiction se mêle à des extraits de "carnets" des notes de l'archiviste, des mémos, des synthèses. C'est vraiment original !
Au final, un livre plaisant, instructif et facile à lire et à comprendre.

Le silence des maquis (2021) est un roman de Justine et Jean-Marc Berlière. Cloé, jeune archiviste, enquête sur les zones d'ombres qui entourent la vie de son grand-oncle. Ses recherches la mèneront sur les pas de ses ancêtres protestants, des Cévennes à l'Allemagne et à l'Afrique du Sud. Une enquête historique et généalogique très intéressante.