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Critique de michfred


Connaître le nom de l'assassin supprimerait tout effroi à la lecture de son crime, dit-on. C'est donc peu recommandé quand on écrit un roman noir.

Claire Berest‚ elle‚ annonce la couleur.

Un uxoricide aura lieu. Etienne‚ mari et tatillon professionnel - il est correcteur de manuscrits‚ poussant le perfectionnisme jusqu'à réécrire les livres qu'on lui fait corriger- frappé de synesthésie, - il voit les mots en couleur - ‚ exaspérant et un peu pathétique‚ va se muer‚ en quelques centaines de pages, en assassin- et, sauvagement, occire son épouse.

Pas de surprise, donc pas de peur?
Au contraire.

Sujet peu original, j'en conviens - comme le fait divers qu'il évoque‚ qui appartient au triste lot du quotidien dans notre doux pays- ‚ mais j'ai lu ce livre dans une sidération et un effroi assez étonnants. Mais explicables.

Parce que tous les ingrédients sont réunis pour une explosion meurtrière : les deux époux sont, comme le note Étienne lui-même‚ "fabriqués ensemble pour que chacun tombe parfaitement ajusté dans les gouffres de l'autre".

Parce que sans la fêlure d'Etienne qui vit l'altérité comme une déclaration de guerre‚ on serait dans l'histoire un peu caricaturale et très drôle d'un couple désassorti. Face à la menace d'un tiers inévitablement critique, Etienne a besoin de sa femme, Vive -surnom destiné à un démenti tragique- pour qu'elle le soutienne envers et contre tous, fût-ce en dépit du bon sens , et pas "pour qu'elle se prostitue à l'ennemi" car "un couple (doit) être un monde hermétique, impénétrable."

Parce que la paranoïa d'Etienne se nourrit des tentatives de Vive pour le ramener à une forme de rationalité et aussi des sursauts d'indépendance par lesquels celle-ci tente de compenser la docilité où la plonge sa peur panique des "pétages de plomb" d'Etienne. Plus elle le raisonne, plus il s'enfonce dans la folie. .

Parce que tout à coup l'histoire un peu drôle et grinçante devient noire et menaçante.

Et plus drôle du tout.

Bref je n'ai pas marché, j'ai couru..

Vite, pour sortir de l'histoire.
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