C'est l'histoire du jeune Karl, allemand, embarqué dans un fourgon à bestiaux à destination des usines de mort nazies, installées en Pologne. Parce que Juif ! Il est gazé comme des millions d'autres.
Il est «condamné», depuis l'« étrange séjour des morts», le «Shéol», à regarder vivre, souffrir et mourir les siens : Son père, devenu Sonderkommando (chargé de l'incinération des prisonniers) ; sa mère, Elisa, fille d'Alger, amoureuse folle de la musique andalouse, le «paradis perdu» des Arabes et des Juifs, lumineuse et grande battante, elle aussi gazée dans le même camp parce que juive ; le papy («heureusement» décédé de mort naturelle mais enterré à la va-vite). Lui, c'est Ludwig qui, un siècle auparavant, a servi dans l'armée allemande du sud-ouest africain (actuelle Namibie, totalement colonisée, martyrisée, massacrée, avec des centres de «concentration» identiques, ou pires,à ceux des descendants nazis ) et qui était resté «possédé» par le continent noir, en raison d'un immense amour (le pire des crimes !) pour une «indigène», Hitjeverwe, qui allait lui donner un enfant, lui aussi mort sous les coups des occupants...
L'enfant, Karl, et tous les autres, chacun dans son univers, remontent le temps, essayant vainement, tant la réalité est effroyablement et incroyablement vraie - de comprendre l'évolution du mal à travers le massacre, par un même pays, de deux populations : les Héreros de Namibie et, plus tard, les Juifs. Et, aussi, de revivre, ne serait-ce que mentalement, le temps passé avec ses joies et, surtout ses peines, ses succès et surtout ses ratages, ses espoirs et surtout ses regrets.
Avis : Ça ne se lit pas, ça s'ingurgite. .Une histoire lointaine, qui remonte à bien longtemps, mais une histoire qui concerne toute l'humanité
Une humanité qui bascule, toujours, si facilement, dans l'inhumanité et l'horreur. L'histoire bégaie : Avant-hier, les Héreros de Namibie, hier les Juifs ! Aujourd'hui, les Palestiniens
A qui le tour?
Interdit de lire aux moins de dix-huit ans, tant l'horreur de l'inhumanité prussienne puis nazie, est décrite avec force détails et vous noue les tripes, avec une envie monstre de vomir
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Comment expliquer à cette inconnue que son fils n'avait pas encore de nom, ou plus précisément qu'il n'en avait jamais eu, qu'il n'avait qu'un "mon fils"...
....elle avait préféré ne pas lui donner de nom, persuadée obscurément que quelqu'un sans nom mourrait moins péniblement : les crochets douloureux inventés par les hommes pour persuader les nouveaux venus sur terre qu'ils sont uniques et que leur vie vaut d'être vécue.
Même la félonie, calculent avec détresse quelques neurones de son cerveau, n’est pas une solution ! Voudrait-on être traître, lâche ou héros, dans le Sonderkommando les héros meurent, les lâches meurent, les traîtres meurent ! Dans ce bâtiment d’aspect si anodin de l’extérieur, toute la panoplie des conduites morales conduit à une identique issue, la mort. Laide, douloureuse, dégradante.
Ce ne sera pas de tout repos, il faudra être sur nos gardes, parce qu’il y aura toujours des mécontents, mais au moins, on sera assurés de ne pas figurer dans la sélection à venir. Peut-être bien que nous crèverons avec la suivante, mais, en attendant, personne ne crache sur un rab de vie. C’est bon la vie, pas vrai ?
Le camp « normal » n’était donc pas encore l’enfer – ou alors seulement son bord ! On y souffrait, certes, cruellement de la faim et de la saleté qui provoquaient la gangrène de la bouche et du visage, on pouvait y être torturé, pendu, tué d’une balle dans le cou ou d’une piqûre de phénol dans le cœur, tout ce que l’on veut, mais on n’y était que « victime », mais on n’y était pas « sali » intérieurement à ce point.
Je n’arrive pas à croire que ça va être la fin. S’il vous plaît, ce n’est pas si grave que ça d’être juif, voyons. Même si ma cervelle bout, même si ma respiration me fait aussi mal que si je m’enfonçais des couteaux dans la gorge. J’ai besoin, oh besoin, d’inspirer, et chaque inspiration me propulse davantage dans la douleur.
Au coeur de la violence, il y aura toujours des êtres qui, dans un surgissement, opposeront à l'exil, à la terreur et au racisme, le plus beau visage de l'humanité. Anouar Benmalek "L'amour au temps des scélérats" (Emmanuelle Collas), Louis-Philippe Dalembert "Milwaukee blues" (Sabine Wespieser) et Konstantinos Tzamiotis "Point de passage" (Actes Sud).
Animée par Alexia Kefalas, journaliste Interprète: Vaggelis Gikas
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