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4,2

sur 2002 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est Baudelaire qui m'a fait découvrir cette notion de spleen, sentiment que je ressentais sans pouvoir nommer.
Ses petits poèmes en prose sont un roman poétique, un recueil d'essais, de nouvelles, bref, un mélange singulier de thèmes différents (chers à Charles Baudelaire) comme l'art, la charité, l'évasion, la femme, l'ivresse, la solitude, Satan, ou le temps. Thèmes déjà présents dans ses Fleurs du mal. Baudelaire se libère de la forme poétique versifiée tout en gardant l'âme même de la poésie (« Sois toujours poète, même en prose »), le langage imagé et métaphorique ainsi que le regard différent, autre, des choses les plus communes et des êtres les plus simples.
Je me retrouve à chaque fois que je lis Baudelaire, il est l'auteur qui nous enchante, nous enivre même en plein spleen, il chasse les idées noires, pour nous livrer un monde parfait ; le monde comme il est et comme il doit être, simple, misérable, il faut juste avoir le bon oeil pour le voir et le sentir. « Nous avons sur cette terre ce qui rend la vie digne d'être vécue » comme le dit Darwich (en arabe c'est plus poétique). La poésie de Baudelaire en fait partie de ces choses là. Un ouvrage qui rend le spleen et la solitude plus doux.
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Les Petits poèmes en prose ( le Spleen de Paris ) de Charles Baudelaire , sont indissociables de Paris et des transformations architecturales , sociales , économiques que la capitale a connues dans la seconde moitié du XIX ème siècle .
La rue joue un rôle fondamental dans cette poésie , car elle represente le lieu de rencontre par excellence , un lieu de brassage extraordinaire : les classes de la société s ' y croisent , les êtres , foules ou individus , s ' y offrent dans leur diversité , leur généralité ou leur spécifité , dévoilant une forme de leur vérité et dévoilant une forme de leur vérité et de leur authenticité .
En quoi le temps , l ' histoire de la France et de l ' Europe , l ' histoire des idées , le progrès scientifique et technique modifient-ils le regard et la poétique de Baudelaire
au point de le faire entrer dans la modernité , d ' en être un des initiateurs .?
Dans le Spleen de Paris , Baudelaire se fait homme de la rue , rôdeur , voyeur et voyant . C ' est dans cette grande ville fascinante et répulsive qu ' est Paris que Baudelaire cherche son inspiration et non plus dans le spectacle de la nature .
C ' est là , dans ce lieu de débauches et d 'errances d ' où surgit parfois la beauté , qu 'il élargit le champs de l 'expérience intérieure .
Tournant le dos à la poésie conventionnelle , il entre alors dans la modernité .
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Avant d'ouvrir ce livre, j'avais peur. Peur car je n'aime pas du tout lire les poèmes en prose, d'ordinaire. Peur de détériorer l'image de mon poète préféré par le biais d'une oeuvre qui ne me plairait pas. Mais d'ordinaire n'est pas Baudelaire. J'aurais bien dû me douter que s'il en était un qui était capable de me faire aimer la poésie en prose, c'était lui. Pourquoi chaque mot qu'a écrit cet homme me transperce t-il ? Je ne saurais l'expliquer. Lui seul est capable de me faire monter les larmes aux yeux quand je lis ses oeuvres. Lui seul sait mettre des mots sur des sentiments que je porte en moi depuis toujours, ayant toujours l'impression d'être la seule à ressentir ces maux, ces angoisses. Efficacité, concision de la forme. Style, style... beauté de la plume baudelairienne ! Pas besoin d'avoir un dictionnaire avec soi pendant la lecture, les pages défilent, tout est simple de compréhension et pourtant si profond et complexe dans le sens. Les oeuvres de Baudelaire sont les seules que je peux lire comme des romans, sans jamais me lasser, sans jamais être saturée. Les seuls poèmes qui m'habitent encore des années après la lecture. Au fond, il parle de Paris, il parle de lui mais il parle de toi, de nous, de moi.
Charles, on ne se connait pas, on ne pourrait pas être plus différents, mais je me sens si proche de toi.
Alors, Charles, merci.
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Ce fut ma première rencontre avec la poésie en prose, probable raison de mon attachement à ce genre, libre de la forme du vers tout en gardant tout le reste de ce qui fait la poésie : un regard décalé sur les choses, une langue imagée, une plume musicale, … le choix de cette forme s'adapte à merveille ici à son objet : révéler la beauté cachée au fil de pérégrinations dans les rues de Paris, parfois à ras du caniveau, dans ce qui au premier abord n'est que laideur et tristesse. La ville moderne qui se transforme fascine et en même temps rebute le poète, il la métamorphose en source d'inspiration. Beaucoup de thématiques sont proches de celles des Fleurs du Mal, mais sans faire doublon, presque plus abordables, plus palpables. D'autres sont plus proches de l'homme de la rue, plus terre à terre, et leur poésie n'en est que plus remarquable (Le joujou du pauvre). le résultat : de petits chefs d'oeuvre mélancoliques très travaillés qui donnent une impression de simplicité, d'évidence (en particulier L'étranger) et qui soulignent avec ironie et humour les aberrations de son époque. A relire régulièrement.
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Les mots de Baudelaire sont comme l'eau d'un ruisseau, ils sécoulent naturellement en produisant une musique douce et apaisante à notre oreille. Et les sujets les plus anodins, la foule, les veuves... prennent une dimension de cathédrale. Pour moi, il n'y a pas plus belle écriture que celle de Charles Baudelaire.
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J'ai presque honte d'être passé si longtemps loin de Baudelaire.
Une telle plume suave et magnétique, parfois tellement lucide qu'elle en est cruelle, se doit d'être visitée dans une ballade crépusculaire.
Certaines noirceurs de la souffrance humaine, tourmentent l'âme du poète et glacent le lecteur. Où est la poésie, alors, dans cette ombre moite et pesante?
On s'approche parfois de l'insoutenable et la randonnée continue au rythme du Spleen de Paris.
Quelques images de ces poèmes en prose me resteront à jamais en mémoire, tenace, pour me rappeler l'immense Baudelaire et comprendre comment il traduisit Edgard Allan Poe.
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*****

« C'est un extraordinaire mélange du style racinien et du style journalistique de son temps » - Paul Claudel

Les dix dernières années de la vie de Charles Baudelaire vont être occupées par intermittence à la rédaction des poèmes du Spleen de Paris qui ne seront publiés qu'en 1869, deux années après sa mort, avec le titre « Petits poèmes en prose » regroupant cinquante poèmes.
Ces poèmes ne se limitent pas à « faire pendant » aux poèmes des « Fleurs du Mal qui viennent d'être censurés en 1861. le poète a voulu se libérer des contraintes du vers limitant son inspiration. Son idéal : « une prose musicale, sans rythme et sans rimes, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ».
L'aigreur du poète se ressent toujours dans une lettre à Victor Hugo en 1863 : « J'ai essayé d'enfermer là-dedans toute l'amertume et toute la mauvaise humeur dont je suis plein. » Dans une lettre à sa mère, en 1865, il écrit : « J'espère que je réussirai à produire un ouvrage singulier, plus singulier, plus volontaire désormais que Les Fleurs du Mal, où j'associerai l'effrayant avec le bouffon, et même la tendresse avec la haine. »
Cette expérience effraie Baudelaire par sa nouveauté. Ces poèmes en prose ont été pour la plupart d'entre eux publiés dans des revues et des journaux. Il s'y épuise jusqu'à ses derniers jours, déçu, insatisfait.
« Mais que les bagatelles, quand on veut les exprimer d'une manière à la fois pénétrante et légère, sont difficiles à faire ! » - Charles Baudelaire, janvier 1866, un an avant sa mort.

Dans cette prose où le poète, en se libérant du vers délivre une nouvelle forme de poésie, j'ai retrouvé constamment les grands thèmes des « Fleurs du Mal » : les rapports avec les femmes marqués par l'incompréhension réciproques ; l'ultime voyage que constitue la mort ; la thématique urbaine des « Tableaux parisiens » qui revient constamment avec la description des pauvres, des éclopés de la vie, des enfants. Perdu dans la foule, fasciné par le spectacle insolite de la rue, le poète erre et peint cette ville qui se transforme.

Ce pendant en prose des « Fleurs du Mal » de 1857 m'a profondément réjoui. Dans nombre des ces poèmes j'ai retrouvé les échos de ceux qui m'avaient ébloui dans le recueil en vers.

- En prose « La belle Dorothée » : Très beau poème s'inspirant de sa muse la métisse Jeanne Duval.
« Elle s'avance, balançant mollement son torse si mince sur ses hanches si larges. Sa robe de soie collante, d'un ton clair et rose, tranche vivement sur les ténèbres de sa peau et moule exactement sa taille longue, son dos creux et sa gorge pointue. de temps en temps la brise de mer soulève par le coin sa jupe flottante et montre sa jambe luisante et superbe ; et son pied, pareil aux pieds des déesses de marbre que l'Europe enferme dans ses musées, imprime fidèlement sa forme sur le sable fin. »
- En vers « À une malabaraise »
« Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
À l'artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair. »

- En prose « Les veuves » : « C'était une femme grande, majestueuse, et si noble dans tout son air, que je n'ai pas souvenir d'avoir vu sa pareille dans les collections des aristocratiques beautés du passé. Un parfum de hautaine vertu émanait de toute sa personne. »
- En vers « À une passante » :
« Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet
Agile et noble, avec sa jambe de statue. »

- En prose « le désir de peindre » : « Il y a des femmes qui inspirent l'envie de les vaincre et de jouir d'elles ; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard. »
- En vers « À une passante » :
« Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. »

- En prose « le désespoir de la vieille ». La petite vieille est un personnage familier du Paris de Baudelaire.
« La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile comme elle, la petite vieille, et, comme elle aussi, sans dents et sans cheveux.
- En vers « Les petites vieilles », poème qui était dédié à Victor Hugo :
« Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles
Sont presque aussi petits que celui d'un enfant ?
La Mort savante met dans ces bières pareilles
Un symbole d'un goût bizarre et captivant,


Le spleen de Baudelaire est toujours là. Mais que c'est beau !
Même si je préfère le recueil des « Fleurs de Mal », les sonorités de ce recueil en prose, parfois grandiloquentes, sont un régal de lecture que je recommande à tous ceux qui admirent cet immense poète génial qu'était Charles Baudelaire.

***
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Si la poésie était un pays, le voyageur, au long de son périple, arriverait un jour à la capitale. Traversant les rues, les quartiers, les ponts et le cours du fleuve, il y trouverait un monument de la poésie, un lieu qui aurait le nom de Charles Baudelaire.

Le Spleen de Paris : petits poèmes en prose, recueil paru en 1869 à titre posthume, est considéré comme le pendant des Fleurs du Mal, publiées douze années plus tôt. Comme un lien évident, Spleen et idéal est le sous-titre des Fleurs ou encore Un Hémisphère dans une chevelure, est un poème en réponse à ceux de Parfum et La Chevelure.

Dans les cinquante textes du recueil, dont la plupart ont d'abord été publiés dans des journaux et des revues, du vivant même de Baudelaire, beaucoup des thèmes déjà présents dans les Fleurs du Mal reviennent : l'amour, la passion, la beauté et la laideur, le spleen et l'idéal, la pauvreté, la mauvaise fortune, la mort et la maladie, la ville de Paris.

Dans ses poèmes, Baudelaire mêle narratif et descriptif pour faire part de ses pensées et témoigner du tragique et du pathétique de l'existence, notamment celle des plus déshérités, des laissés-pour-compte.

En faisant le choix de la prose, il se fait plus précis dans les descriptions, dans le détail, il use davantage de références, de métaphores. Il y a toujours chez Baudelaire la volonté d'organiser une vision cohérente de correspondances entre la nature et l'esprit, entre l'espace visuel et l'espace « du dedans » entre les images et les sons, entre la peinture et la poésie. L'écriture de Baudelaire est un lien cohérent fait de paradoxes, de contradictions mais qui toujours s'adaptent « aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience. » *

Le Confiteor de l'artiste, le Mauvais vitrier, Les foules, le Gâteau, L'Horloge, La Solitude, Les Yeux des Pauvres ou encore La Corde, Enivrez-vous et le Miroir, sont quelques-uns des poèmes qui m'ont le plus touché dans ce recueil, mais ma préférence va à La Chambre double, portrait saisissant d'un idéaliste déchu, son rêve mis à l'épreuve de la réalité.
« Il n'y a qu'une seconde dans la vie humaine qui ait mission d'annoncer une bonne nouvelle, la bonne nouvelle qui cause à chacun une inexplicable peur. »


Quand le voyageur remontera les rues, les quartiers, les ponts et le cours du fleuve, quand il quittera la capitale, il se souviendra longtemps du nom de Charles Baudelaire, de sa poésie. Dans sa marche, il se promet secrètement de revenir vers elle.


(*) extrait d'une lettre de Charles Baudelaire à Arsène Houssaye, ami du poète, éditeur et directeur littéraire de la Presse.

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Une nième relecture et le plaisir de relire ces poèmes connus par coeur (L'étranger, Enivrez-vous, Anywhere out of the world); et aussi le plaisir de la redécouverte de cette merveilleuse liberté et diversité des textes: flâneries poétiques dans Paris, petits récits oniriques, fables morales, contes cruels (dont se souviendront sans doute Rimbaud et Mallarmé).

Même si certains de ces textes font le pendant, voire ont le même titre que des poèmes des Fleurs du mal (Invitation au voyage, Un hémisphère dans une chevelure, La belle Dorothée, le Port…), il ne faut pas les comparer, trouver que la composition en vers est plus belle que celle en prose. C'est un peu comme comparer une peinture achevée d'un paysage et un beau film qui le décrit. Ici, Baudelaire se libère de la contrainte de la forme versifiée, de la rigueur esthétique des mètres, rimes, disposition des strophes, pour nous livrer encore son sentiment d'exil, son dégoût de la laideur de la vie, sa recherche de l'idéal, son angoisse de la mort, mais aussi son observation si juste de la ville et des gens.

Et, bien sûr, tout y est dit dans un style magnifique, fluide, plein de vivacité et de sensibilité.
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Merveilleux moment de découverte que la lecture de ce fameux Spleen de Paris, bu à longues gorgées dans un état de sidération fascinée. Pendant en prose des Fleurs du mal, j'y ai ressenti une réalité plus palpable du poète maudit, à la fois plus ancré dans son temps et irrémédiablement détaché du commerce des hommes (et des femmes!). Et donc une perception plus sensorielle de l'intemporalité de l'homme : qu'aurait été Baudelaire à notre époque?
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