AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782841161201
87 pages
Cheyne (08/02/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
Petit enfant, le narrateur de ce livre bouleversant a perdu sa mère. Il ne lui reste d'elle que de frêles traces : photos, lettres et papiers épars, récits troués de non-dits. Il lui faut retrouver le visage de l'absente. Or, revivant son enfance orpheline, ce qui le conduisit à saisir, tantôt cruellement, tantôt avec tendresse, la comédie des autres, il approche l'énigme de sa propre identité que la solitude, le sentiment de la différence et l'exclusion ont marquée... >Voir plus
Que lire après Meurs encore !Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La mère, ce grand tout de l'enfance. Comment survivre à sa mort quand on a seulement 3 ans? Comment se construire à partir d'un vide? 
Dans Meurs encore!, le narrateur, devenu adulte, plonge dans son douloureux passé d'orphelin. de sa mère, il sait peu de choses. Il la rêve, la veux belle et puissante, telle une reine. Glanant photos et témoignages, il accumule de la matière afin de la recréer, pour lui seul. Mais le son de sa voix? Comment l'imaginer? Toujours, le silence répond à l'absence.

Il se souvient. C'était après l'enfance. le corps adolescent que l'on ne reconnaît plus, qui encombre, qui pousse trop vite, qui ne pousse pas bien. Un seul regard aimant de l'absente aurait pourtant consolé de toutes ces humiliations vécues. Mais rien, que des bras vides et la colère qui grandissait dans les poings serrés.
Alors il a marché, de femme en femme, des femmes mûres auprès desquelles il cherchait Celle qu'il ne connaissait pas. 

Puis un autre deuil est venu et les secrets de famille lui ont sauté à la gorge. Un grand mensonge, trop de non-dits. Ça s'enroule autour du cou et ça serre. La haine de la famille.

Dans ce recueil, Danielle Bassez explore l'importance des origines et la difficulté d'être au monde quand l'amour maternel a manqué. Est-il possible de grandir avec ce trou dans le coeur? Oh certes, on peut vivre sa vie et même vieillir. Mais vieillir n'est pas grandir.

Meurs encore! est un long poème en prose. L'écriture est belle, d'une beauté puissante et vénéneuse. Aucune sensiblerie. Des faits bruts et des mots durs pour dire la solitude d'un enfant que la mort a jeté face à lui-même et qui cherche à écrire sa propre mémoire.
Pétrissant ses souvenirs tel un sculpteur son argile, le narrateur tourne et tourne encore autour de cette figure absente jusqu'à la faire renaître sur le papier.

"Et moi, qu'en serait-il de moi, si je n'avais à me servir de mes doigts, à frapper le clavier, comment approcherais- je le corps de ton corps? Chaque phrase qui apparaît te dresse devant moi, esquisse une part de toi, capte un de tes traits si fuyants, si indécis, le fixe. Il s'agit bien de toucher sans presque aucun appui, ce qui n'a ni consistance ni forme, de dessiner sur du vide, comme dans de la buée, de donner poids à ce qui est sans poids, sans épaisseur, matière à ce qui est sans matière."

Cet exutoire fonctionne-t-il? La perte est trop grande et le chagrin inconsolable. Alors c'est une bouteille jetée à la mère, au cas où, quelque part, ici-bas ou là-haut, elle entendrait sa voix. 

"Je suis toujours devant ta porte, j'ai trois ans, je crie à tue-tête. Meurs, meurs encore! que je te sente, que je vive. (...) Je ne guérirai pas. Je ne guérirai pas."


Commenter  J’apprécie          578

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Vieillir fait perdre la foi. On a trop vu comment tout se défait. Comment la survie ne tient qu'à des hasards. On regarde alentour, on ne voit rien qui rassure. On est en proie au passé quand d'autres, fringants, se lancent vers l'avenir, sans souci des vieilles lunes. Le naufrage est déjà en cours, on jette les bouteilles à la mer.
Commenter  J’apprécie          330
Et elle meurt.
Tout ce que j'ai retenu de larmes en serrant les dents, toute cette eau endiguée - j'allais dire: depuis des siècles-, voilà que ça se débonde, que ça se déverse à gros bouillons. J'arrose le pavement de l'église, et la terre où on l'enfouit, les sanglots me secouent sans que je puisse y mettre fin. Je pleure tout ce que je n'ai pas pleuré. Je repense à ce qu'écrivait le photographe, dans sa lettre : « J'étais à l'étroit dans mon costume, derrière le corbillard... » Moi, je suis à l'étroit dans ma cage thoracique.
Commenter  J’apprécie          160

Video de Danielle Bassez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danielle Bassez
Découvrez le nouveau livre de Danielle Bassez, "Le Même et l'autre" à paraître le 11 avril 2023. Réalisation : Roman Ganz.
autres livres classés : poésieVoir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}