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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742780464
324 pages
Actes Sud (05/01/2009)
3.54/5   531 notes
Résumé :
Contraint à l’immobilité par un accident de voiture, August Brill, critique littéraire à la retraite, s’est installé dans le Vermont chez sa fille Miriam, qui ne se remet pas d’un divorce vieux de cinq ans. Elle vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak d’un jeune homme parti pour Bagdad juste après leur rupture…

Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs peu glorieux qui l’assaillent, Brill se ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 531 notes
« Comme tout cela va vite. Hier enfant, aujourd'hui vieillard, et d'alors à maintenant, combien de battements de coeur, combien de respirations, combien de mots prononcés et entendus ? Touchez-moi, quelqu'un. Posez la main sur mon visage et parlez-moi... »


Roman du désespoir ? Roman de la solitude ?
Non, roman de la lucidité.


August Brill se sent seul dans le noir. Handicapé suite à un accident de voiture, veuf depuis peu, il n'arrive pas à dormir. Et il s'invente des histoires. Dont celle d'un certain Brink qui se trouve happé dans un monde parallèle, cauchemardesque, créé de toutes pièces par un écrivain.
Brill n'est pas le seul à être seul dans le noir. Sa fille Myriam et sa petite-fille Katya vivent avec lui ou plutôt essaient de revivre avec lui. Car elles aussi fraient avec le désespoir. L'une est divorcée, l'autre a perdu son ex-amoureux qui s'est engagé en Irak.
Tous les trois se débattent comme ils peuvent, taraudés qu'ils sont par le sentiment de culpabilité et de perte.
Seuls face à eux-mêmes.
Mais l'espoir est là, quand même, grâce à l'écriture, grâce au cinéma, grâce à la franchise aussi.
Pas de langue de bois chez Paul Auster. du rude, du pur, du vrai.


Une fois de plus, Paul Auster m'emmène dans des régions où parfois je rechigne à aller, car j'ai peur. Peur de la solitude, peur du noir, peur de la culpabilité, peur de me retrouver face à moi-même.
Et pourtant...que cela fait du bien. A creuser ainsi jusqu'au fond de son être, on se retrouve et on s'aime à nouveau. On aime la vie telle qu'elle est, avec ses problèmes et ses redditions, ses lâchetés et ses hurlements.
Et pourtant, « ce monde étrange continue de tourner »...
Oui, Paul Auster me transporte. Une fois de plus.
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J'étais au volant de ma voiture, je traversais un bois, une grande ligne droite et soudainement les couleurs me sont apparues défraîchies. Dix minutes plus tôt, chez moi, au calme, je lisais Seul dans le noir, et puis il faut bien aller travailler. On vérifie que tout est fermé, on a bien les clefs, et on court se mettre au volant. On roule par automatisme et.... C'est là que tout c'est produit. « C'était comme si on entrait dans un rêve, n'est-ce pas ? le même endroit, mais tout est différent. » Je perdais mes repères. J'avais dévoré une série de romans où je plongeais dans des mondes parallèles, la Londres d'En Bas découverte avec Richard, le Londres magique et déroutant avec Doyle, et je me retrouve à ne plus savoir où je vais. Auster m'achève, me suis-je dit. Il venait avec maestria de me transporter ...ailleurs. Seulement quelques pages et je me demandais : « Sommes-nous, oui ou non, dans le monde réel ? » Je voulais le continuer mais... l'heure c'est l'heure. Un arrêt brutal de la lecture peut entraîner des effets néfastes. Je ne le savais pas encore. Pas encore à quel point, et ce chemin allait tout changer. Je comprenais enfin. « Si je me mets dans l'histoire, l'histoire devient réelle. Ou bien c'est moi qui deviens irréel, une création supplémentaire de mon imagination. » Alors je pose fermement mes deux mains sur le volant et je maintiens ma vitesse. Malgré tout, les lieux continuent à perdre de leur intensité, l'angoisse m'étreint et mon humeur devient « aussi sombre que la nuit d'obsidienne qui m'entoure. » Un bruit de klaxonne me ramène à la couleur. Je me rabats sur le côté, secoue la tête. Encore une fois « mon omniprésente absente » me sauve. L'épisode se termine plutôt bien car tout reprend forme et aspect habituel. Il ne faut pas arrêter trop vite un roman de Paul Auster, pour un toxico le manque crée des turbulences affreuses.

« (...)  on comprend que les possibilités les plus affreuses de l'imagination sont le pays dans lequel on vit. »
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Trois âmes en peine cohabitant dans la maison familiale du Vermont. Trois générations qui chacune et ensemble mêlent leur peine et leur espoir. Trois coeurs déchirés dont l'amour filial aura raison de leurs cauchemars et leurs insomnies.

Le grand-père, August Brill, écrivain renommé, a perdu Sonia, la femme de sa vie. Il en passera de longues nuits, seul dans le noir, à s'inventer des histoires, à créer des mondes parallèles dans lesquels le héros, dont il n'est que le double, s'enlise dans une drôle de guerre qu'il ne comprend pas et chargé d'une étrange mission.
Sa fille Myriam semble s'être retirée du monde après un divorce dont elle ne se remet pas. L'écriture, peut-être, la sauvera.
Katya, la petite-fille, passionnée de cinéma, la plus meurtrie peut-être; ayant rompu avec son ami, celui-ci partira pour Bagdad et connaîtra une fin aussi prématurée que violente. Accablée de culpabilité, Katya se rapprochera de son grand-père.

La plume de Paul Auster m'enchante. Fluide, douce et recherchée. Elle colle parfaitement avec son univers un peu décalé.
Chouette, j'ai encore quelques livres de l'auteur qui m'attendent !
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August Brill, 72 ans, installé chez sa fille et sa petite-fille, vit une de ses nombreuses nuits d'insomnie.
S'entremêlent et se succèdent les souvenirs, la vie actuelle, l'invention d'une histoire, les films vus avec sa petite-fille........
Qui n'a jamais vécu d'insomnie ne peut apprécier le réalisme de ce récit.
J'ai beaucoup beaucoup aimé.
L'écriture de Paul Auster est incomparable.
Quelle maîtrise, quelle intelligence, quelle subtilité
J'ai vraiment passé la nuit avec August, ressenti les heures qui passaient, la pensée qui s'échappait,
L'ambiance de sa chambre et des heures qui s'égrainaient était palpable.
J'ai aimé sa vie.
Sa solitude est là, comme celle de sa fille, comme celle de sa petite-fille.
Mais par la force de leur amour réciproque, ce n'est pas une solitude triste.
C'est la solitude qui est en chacun de nous.
Paul Auster est un véritable magicien des ambiances, des destins, des trajectoires.....
Il connaît et décrypte l'âme humaine comme personne.
Que ce livre m'a fait du bien !
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Paul Auster cède la parole à August Brill, un critique littéraire à la retraite qui vit auprès des trois femmes de sa vie et désormais ses seules raisons de vivre : sa défunte épouse Sonia qu'il appelle son « omniprésente absente » et dont il n'a de cesse de relater le souvenir, sa fille Miriam qui l'héberge à la suite de son accident de voiture et sa petite-fille Katya, qui se transforme très vite en amie et en confidente, dans des moments intenses de complicité réciproque. Trois survivants tentant de réparer leurs trois destins brisés !

J'ai été bluffé par ce récit porté, dans un éclair de génie, par le romancier qui s'emploie à faire vivre non pas un seul personnage principal mais deux, Owen Brick et August Brill. Deux hommes, l'un fictif et l'autre réel, vivant tous les deux dans deux mondes parallèles, l'un fictif et l'autre réel. Deux destinées différentes au premier abord mais qui ont cependant bien des points communs. Et pourtant, quelles similitudes peut-on trouver entre un passé douloureux peuplé de violence et de barbarie et un présent paisible, rempli d'amour et d'espérance. Au fil des pages, l'écrivain se lâche, laisse vagabonder son imagination féconde. Seul dans le noir, ses pensées confondent entre rêve et réalité, et il laisse courir sa plume sur le papier au point de ne plus faire de différence entre le réel et l'imaginaire, pour finalement les réunir dans un épilogue époustouflant.
Par le biais de ce magnifique récit mêlant le rire aux larmes, la violence à la douceur et la folie à la sagesse, Paul Auster nous invite à une longue balade musicale sur les rives du fleuve Amour.

Le lecteur assiste à un ballet littéraire, d'une extrême sensibilité, et dont la douce musicalité est composée de valses endiablées et de tendres menuets. On entend comme une mélodie sentimentale dans son écriture, au charme parfois un peu désuet. On y décèle beaucoup de tact, une élégance naturelle dans le rythme des phrases, une délicatesse infinie qui coule comme l'eau d'une source.
« Et ce monde étrange continue de tourner » - Rose Hawthorne.
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Betty était morte d’un cœur brisé. Il y a des gens qui rient en entendant cette expression, mais c’est seulement parce qu’ils ignorent tout de la vie. On meurt d’un cœur brisé. Ça arrive tous les jours, et ça continuera d’arriver jusqu’à la fin des temps.
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Je radote, je laisse mes pensées filer à la débandade afin de garder Sonia à distance, et pourtant j'ai beau faire, elle est toujours là, mon omniprésente absente, elle qui a passé tant de nuits avec moi dans ce lit et gît désormais dans une tombe au cimetière du Montparnasse, mon épouse française durant dix-huit années et puis, après neuf années de séparation, vingt et une années encore ensemble, trente-neuf en tout, quarante et une en comptant celles qui avaient précédé notre mariage, plus de la moitié de ma vie, beaucoup plus de la moitié, et il n'en reste rien à présent que des cartons de photographies et sept trente-trois tours crachotants, les enregistrements qu'elle a réalisés dans les années 1960 et 1970.
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S’évader dans un film, ce n’est pas comme s’évader dans un livre. Un livre vous oblige à échanger avec lui, à faire travailler votre intelligence et votre imagination, alors qu’on peut regarder un film - et même y prendre plaisir - dans un état de passivité décérébrée.
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Il se demande pourquoi on se bat et qui se bat contre qui. Est-ce de nouveau le Nord contre le Sud ? Ou l'Est contre l'Ouest ? Les Rouges contre les Bleus ? Les Blancs contre les Noirs ?
Quel que soit le motif de la guerre, se dit-il, et quels que soient les objectifs ou les idées éventuellement en jeu, rien de tout cela n'a de sens.
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On ne peut pas se mêler des sentiments d’autrui, surtout pas de ceux de son propre enfant, et la vérité c’est que les enfants n’apprennent rien des erreurs de leurs parents. Nous devons les laisser faire, les laisser se débrouiller dans la vie et commettre leurs propres erreurs. Nous ne pouvons qu’espérer que tout ira bien.
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