Tout commence par la mort du père. Un père absent, un père solitaire, un père «
invisible ». Et son fils,
Paul Auster, veut aller à sa rencontre, veut enfin le trouver. Difficile... Il nous relate tout ce qu'il sait de lui, ses manies, sa façon de marcher, de parler (ou de ne pas parler, plutôt), ses relations avec les autres. Il nous dévoile aussi, avec difficulté, la cause probable de son comportement étrange, un secret de famille horrible.
Sa prise de parole est difficile, oui. C'est étonnant pour un écrivain aussi talentueux que lui. Mais c'est compréhensible aussi, puisqu'il s'agit du très intime.
J'ai beaucoup aimé cette première partie intitulée «Portrait d'un homme
invisible » , tout entière sincère et naturelle.
Par contre, la seconde partie, « le livre de la mémoire » m'a complètement déconcertée : la narration en je a fait place à celle à la 3e personne, et les personnages n'ont plus d'identité, ils s'appellent « A » (ici, ce A représente l'écrivain, en l'occurrence), S, T....Et je ne comprends vraiment pas où ce A veut en venir. Ce sont des réflexions décousues, de toutes sortes, mais où le thème de la mémoire revient continuellement. Même s'il fait preuve d'érudition, ce qui est très intéressant, je suis désolée de dire que j'ai abandonné, la rage au coeur. Peut-être y reviendrais-je un jour, quand mon taux de bienveillance sera au beau fixe. Ce n'était pas le moment pour moi d'opérer un recul sur les choses, sur Auster, sur moi-même.
Je ne conseille donc pas ce livre (très bon dans la 1e partie mais décousu dans la 2e) à ceux qui veulent faire connaissance avec l'univers austérien. Qu'ils se tournent plutôt vers des romans comme «
Brooklyn Follies », «
Invisible », «
Moon palace », à la fois érudits, explosifs, sacrément sensés et très habiles.