J'aime Paul Auster, avec ses écrits, il parvient à me surprendre et me fait me sentir et être un être profondément humain. Pourtant il n'y a jamais rien d'exceptionnel dans les histoires de Paul Auster. C'est une question d'ambiance Austerienne, de son style unique, de l'inattendu qu'il sait créer et réinventer à chaque fois, de réflexions internes intenses. Son style introspectif m'attire.
Je me suis attaché à son style depuis quelques années, j'y reviens avec ce sentiment d'être sûr de passer un agréable moment de lecture absorbante. C'est avec plaisir que je reviens à cette petite musique Austerienne, je ne peux l'oublier. Je m'offre un moment de lecture introspective en sa compagnie.
J'ai découvert cet auteur il y a vingt-ans. Comment j'ai commencé ? Je me souviens être tombé sur Léviathan, un de ses romans, par hasard, un jour, à la bibliothèque municipale de la ville où je suis née. J'avais moins de vingt ans et je voulais occuper mon temps à lire et découvrir un auteur qui ne me serait pas conseillé par qui que ce soit. Ni l'école, ni les parents, ni les relations, ni les magazines littéraires, rien, juste moi et ma découverte. C'est comme cela que j'ai commencé à lire Paul Auster.
Depuis j'ai lu une bonne partie de son oeuvre romanesque, labyrinthique, entrainante, parfois autobiographique. Il me manque 4 3 2 1, que je dois lire, et quelques autres écrits de ses débuts d'écrivain. Je vais me rattraper.
Paul Auster a ce talent d'avoir sa propre pâte inimitable, lire Paul Auster c'est faire partie d'un club introspectif. Il rentre dans ses personnages pour tout vous livrer. Il créer une ambiance qui vous force à revenir à la lecture, qui vous donne envie finir vite l'histoire. L'histoire qui en est une, grâce au style. C'est du suspens à la Paul Auster.
Dans cette sorte d'autobiographie basée sur plusieurs de ses années avant ses trente ans. Il écrit, je fais ceci, je fais cela, j'éprouve ceci, j'éprouve cela. Il livre son discours intérieur de l'époque. Il rappelle que ce discours que nous avons tous nous permet de vivre, d'analyser chaque situation, ce discours doit apparaitre quand nous avons six ans en pleine conscience de nous-même. Ce discours interne nous permet d'apprendre, de prendre du recul, d'avancer, d'apprécier, de trier toutes informations.
Dans Excursions dans la zone intérieure Paul Auster tutoie son personnage principal qui est lui-même. Cela créer un effet que je n'avais jamais expérimenté auparavant. C'est un effet miroir, Paul Auster relate des faits de sa vie passée et se regarde agir et penser. Il retranscrit sa correspondance avec sa petite amie de l'époque Lydia Davis. Ils sont séparés et s'écrivent pour ne pas s'oublier. Elle vit à Londres et lui partage son temps entre Paris et New-York.
Paul Auster remonte dans ses souvenirs jusqu'à son enfance et son adolescence. Par ce biais, ce jeu, des moments attendrissant surgissent. Il s'explique, m'explique par la même occasion qui il est, et par quelles étapes il est passé pour devenir cet auteur et ce qu'il est devenu.
Je vois Paul Auster plus jeune à ces débuts d'écrivain-scénariste-traducteur pris dans les divers anecdotes et tourments qui fondent ses jeunes années. A l'époque il est aussi étudiant à l'université Columbia. Grâce à ce retour en arrière il se connaît mieux à son âge plus avancé. Son retour en arrière me fait penser à ma propre enfance et adolescence. Il écrit ce qu'il ressent dans cette fin des années soixante troublées par la guerre au Vietnam et de nombreux mouvements, à travers le monde, de libération contre l'ordre établis. Paul Auster est à la fois écoeuré de la situation mondiale et il soutient le mouvement. Il se bagarre un peu avec un de ses professeurs qu'il trouve idiot. Il pense plusieurs fois quitter l'université, ses parents s'en inquiète.
Paul Auster se souvient, il parle de l'histoire dramatique de l'homme qui rétrécit. Un film qu'il a vu quand il était petit, qu'il l'a impressionné à l'époque. L'histoire d'un homme submergé par un sort qui le rend petit, à la fin, il peut passer par le trou d'une serrure, il devra se battre pour survivre. Sa compagne de l'époque très amoureuse le perd malgré tous leurs efforts. Puis l'histoire de l'évadé du bagne, dans les années vingt-trente aux Etats-Unis, il est condamné sans réelle raison. L'évadé est sans cesse retrouvé, son passé l'empêche d'avancer. Une sorte de leçon sur l'absurde, impitoyable.
Une réflexion intéressante sur le monde du travail tel que le voit Paul Auster, il n'y a plus de réel contrat d'homme à homme pour le travail mais un contrat passé, pour du temps humain, passé à faire telle tâche, pour telle compétence, pendant telle durée, pour produire, vendre, administrer. La production l'exige. Le marché décide. L'ivresse de la production arrive après, tant mieux.
Dans ce texte Paul Auster raconte sa judéité et le rapport qu'il entretient avec celle-ci quand il est enfant et adolescent. Il est juif parce que ses parents sont juifs, il n'est pas un fervent pratiquant. Il tient à ce cette particularité, et qu'elle fait partie de lui même, il tient à ce qu'elle soit reconnue.
Il faut, peut-être, connaître Paul Auster et être initié à son style pour apprécier ce document, sorte d'autobiographie à sa façon si singulière.
Excursions dans la zone intérieure vous enveloppe dans une analyse comportementale de l'auteur, de ses alentours et des personnages qui peuple sa vie.
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