Lecture:
Marcus est médecin. Très agé, il vit en Afghanistan dans une zone ou soviétiques, talibans, chef de guerres pro ou anti américains ,se succèdent et se ressemblent.
Son épouse, une afghane médecin elle est aussi, a été lapidée pour servir les desseins d'un des chefs de guerre qui se dispute Usha, la ville où il habite. Là, il a autrefois fondé un laboratoire de parfum, enterré et encerclant une tête de Bouddha oubliée depuis des siècles. Dans cette retraite en retrait de la ville, plus ou moins protégée par les superstitions locales, le rejoignent différents personnages tous à la recherche des traces de quelqu'un. Tous se trouvent réunis dans une vaine attente alors que le monde continue de brûler autour d'eux.
Le rejoignent Lara, une femme russe à la recherche de son frère disparu des rangs de l'armée soviétique occupante. David, un américain amant de sa fille qui a disparu et père adoptif de son petit fils dont il n'a plus de nouvelles depuis 20 ans. Casa, un moudjahidin, jeune homme endoctriné, aussi ignorant qu'un enfant, mais assassin éprouvé. Dunia, institutrice du village dont la volonté de progrès est synonyme de blasphème.
Chacun d'entre eux se pose dans cette maison incongrue où les livres sont cloués au plafond et les murs recouverts de fresques anciennes sous une couche de boue. Chacun retrouve chez l'autre une partie de sa propre histoire où de celle de l'être manquant. Chacun voit chez l'autre l'horreur, et le reflet de ses propres lâchetés et incompréhensions.
Avis:
La couverture peut étonner mais cette vaine attente se passe dans cette maison où, pour les protéger des fondamentalistes, les livres ont été cloués au plafond. Elle abrite aussi un ancien atelier de parfums.
Le style de l'auteur est superbe. L'écrit est très fignolé, des mots parfois discordants font sourdre une ambiance étrange, à la fois d'urgence catastrophique et de résignation sourde. J'ai été très sensible aux personnages, à l'importance des non-dits et des sentiments.
Ce livre est difficile.
Difficile parce qu'il retranscrit à la fois un monde poétique et d'une ancestrale culture, des personnages attachants et en même temps une barbarie sans nom. Lapidations, amputations, viols, meurtres, mines, bombardements, esclavage, enlèvements, attentats ... guerre.
Les êtres humains ne sont ici que des pions. Si une femme se refuse à un homme influent, elle est tuée sous accusation de luxure. Si un homme ne veut pas participer aux combats, il le fera pour sauver la vie des siens. Tous affichent une même bonne volonté assise sur des convictions sereines. Mais ces convictions sont si antinomiques que la cohabitation est impossible. La simple compréhension est une trahison.
Et tout ce cirque funèbre est dominé par les chefs de guerre dont le seul but est le pouvoir. le pouvoir c'est la force, l'argent, la terreur, la mainmise sur les personnes. Ils s'allient à la puissance qui servira au mieux leurs intérêts, ou aux ennemis de leurs ennemis. Si des amitiés ou même des tendresses se forment, elles ne sont plus rien lorsque le "devoir" les contrarie.
Pourtant toutes ces explosions se passent dans le calme du livre. Les faits ne sont que très rarement décrits, on découvre le plus souvent les évènements dans la relation qu'en font les personnages . Comme si tout cela ne participait que d'un grand spectacle, une représentation à laquelle ne participeraient pas vraiment les habitants de cette maison. Ils ont tous connus leurs lots d'horreurs, ils ont tous perdus des être chers et leur vie semble devoir désormais se résumer à une vaine attente. Attente d'indices, rumeurs, histoires qui les rapprocheront de leurs chers morts ou attente d'évènements inéluctables qui les rapprocheront de leur propre mort. Même si ils s'impliquent dans
L Histoire, eux aussi sont déjà morts. Toute étincelle de vie prend alors un éclat incomparable.
A la lecture on se pose la question de la légitimité de l'auteur, il s'agit après tout d'un britannique. Ces opinions qu'exposent les personnages, cette barbarie ambiante et institutionnalisée par (un certain) Islam, qui est-il pour la décrire ainsi ? Tout ce que je peux dire, c'est qu'il est également pakistanais, qu'il connait bien l'Afghanistan et que ses romans sont reconnus pour leur qualité.
Ce livre est difficile parce qu'il expose un monde qui va à l'encontre de notre pensée occidentale et chrétienne (enfin celle des bons jours).
Une beauté baignée de malaise et de fatalité qui ne m'a donc pas totalement convaincu, indécrottable optimiste que je reste.
Conclusion:
Un choc tranquille et dérangeant, je ne le prends pas pour une vérité, mais il fait réfléchir, et il est très bien écrit : 15/20
Lien :
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