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Critique de migdal


Née d'une prostituée algérienne, Skander est placé par les services sociaux dans une famille d'accueil où « tante Nicole » lui donne une éducation d'autant plus fructueuse qu'il est doué et lit le dictionnaire, entouré de l'affection de Jessica.
Mais un cancer achève « tante Nicole » en quelques semaines et Skander tombe alors de Charybde en Scylla : à la demande de sa mère, une « racaille judiciaire », il subit une circoncision et un tatouage au henné, puis est placé (contre son gré) chez la cupide et délétère Madame Khadija pour favoriser son « acculturation », et non dans la famille Hubert, et il se voit imposé les programmes télévisés arabes et des vacances dans le bled marocain.
Ces « conditions idéales », cautionnées par la justice et l'assistante sociale, le marginalisent et le condamnent à la déchéance. Dès son entrée au collège il devient délinquant et participe à des pillages de boutiques, des escroqueries au chéquier volé, à l'agression d'un diplomate dans le Valais, au trafic de stupéfiants et aux guerres des tribus Séquano-Dionysiennes où il poignarde un adolescent.
La mort d'un dealer le fait réfléchir et l'obtention du baccalauréat lui permet de prendre ses distances, de s'installer dans un foyer parisien du quartier Pereire et d'entrer à l'université.
Ce roman, sans doute partiellement autobiographique, inscrit Mokhtar Amoudi dans la lignée de Charles Dickens avec « Les grandes espérances » et Hector Malot avec « Romain Kalbris ». Son pathos touche au coeur le lecteur.
Elu « Goncourt des détenus » 2023, ce récit est écrit dans une langue qui n'est certes pas celle des deux frères mais respecte leurs convictions affirmées dans « La fille Elisa » et j'espère que Skander devenu adulte, mènera une vie respectable, conforme aux rêves éducatifs des Goncourt.
Mais ce témoignage doit nous alerter sur les dérives de l'ASE (Aide Sociale aux Enfants) et les dérapages de « l'acculturation » qui éteint les lumières de la civilisation et freine, voire interdit toute intégration, en enfermant dans l'obscurantisme.
Quelle aurait été l'adolescence de Skander si « Tante Nicole » avait survécu ou s'il avait été placé chez les Hubert, dans un environnement autoritaire, éducatif et laborieux … c'est-à-dire dans des « conditions idéales » ?
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