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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après « Les Impatientes », récompensé du prix Goncourt des lycéens en 2020 et pointant du doigt le calvaire des mariages forcés et de la polygamie, l'écrivaine féministe camerounaise qui a créé l'association Femmes du Sahel en 2012 dénonce une autre facette de la condition des femmes dans le nord du Cameroun.

Comme de nombreuses filles de son village, Faydé, l'héroïne de « Coeur du Sahel », rêve de quitter son petit village de montagne pour aller travailler en tant que domestique en ville. Face au climat de plus en plus aride, les terres de sa campagne ne permettent plus de nourrir toutes les bouches, incitant les jeunes à aider leurs familles à survivre en cherchant un emploi dans le grand centre urbain de Maroua, dans le nord du Cameroun. Faydé se retrouve ainsi au service d'un riche commerçant peul musulman, obligée d'exécuter tous les ordres des trois épouses de son employeur et de leur progéniture.

Si Djaïli Amadou Amal s'appuie sur des thèmes déjà abordés dans « Les Impatientes », comme la rivalité entre les co-épouses d'une concession, elle développe également de nouveaux sujets qui s'avèrent particulièrement actuels, tels que l'insécurité de la région suite aux attaques meurtrières de la secte islamiste, Boko Haram, ou le dérèglement climatique qui pousse les agriculteurs vers les villes. Entre une famine de plus en plus terrible et la peur d'être kidnappées ou tuées par les combattants de Boko Haram, les femmes des campagnes se retrouvent souvent exploitées comme « esclaves à tout faire » par les riches exploitants des grandes villes…

La condition féminine est donc à nouveau au centre de ce récit qui pointe du doigt les problèmes de la société dont l'autrice est issue : les relations amoureuses interdites entre classes et ethnies différentes, la vie harassante des domestiques souvent traitées comme des animaux, les abus sexuels, la prostitution, le poids des traditions ancestrales, le patriarcat, les mariages forcés, l'obligation de virginité, la polygamie, la corruption ou le communautarisme.

Un roman poignant qui dénonce ce qui doit l'être afin de libérer la parole, puis les femmes…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Ce livre m'a bouleversée ,très beau roman qui nous transporte avec ces adolescentes. On le sait mais on doit le montrer plus souvent pour contrer toutes ces exactions horribles commises sur ces jeunes filles . Quelle impunité!!! Je ressors émue de cette lecture .

À ne pas manquer .

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Le climat est de plus en plus aride, la terre de plus en plus sèche, appauvrie, épuisée et trop de bouches à nourrir. Faydé souhaite quitter son village pour aller travailler en ville. Elle pourra ramener de l'argent et aider sa mère Kondem qui vit seule avec ses enfants depuis que son mari Doubla a disparu. Kondem autrefois a aussi travaillé en ville, tombée sous le charme de son patron qui l'avait renvoyée quand il s'était rendu compte de sa grossesse. Kondem a peur pour Faydé, peur que l'histoire se reproduise, car le viol fait partie de la tradition.

Surnommée par la presse camerounaise ‘La voix des sans-voix', Djaïli Amadou Amal nous raconte la vie harassante des domestiques au coeur du sahel, le mépris des coépouses qui les considèrent comme des animaux, le droit de cuissage du maître de la concession. Un roman fort sur la condition des femmes, les traditions ancestrales, la puissance des castes, deux mondes qui se côtoient, mais ne se mélangent jamais, les riches commerçants et ceux qui les servent et obéissent avec le sourire, mais le coeur empli d'une amertume inavouable. Il faut baisser le regard et surtout fermer sa bouche. L'éducation et l'école, seules portes de sortie, un luxe inaccessible pour ces jeunes filles. L'ombre de Boko Haram qui sème la désolation dans les villages, les prises d'otages, on abuse des femmes et des fillettes, on les transforme en objets sexuels ou en bombes humaines pour des attentats, on fait travailler les hommes jusqu'à l'épuisement.

Après ‘Les impatientes' Prix Goncourt des lycéens 2020, entre viol et polygamie, Djaïli Amadou Amal nous offre encore un récit puissant sur les conditions de vie des femmes du sahel avec le portrait émouvant de Faydé.
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Après le succès de son dernier roman , l'auteure , elle même mariée de force à dix- sept ans à un milliardaire d'une cinquantaine d'années , dont elle s'est libérée après quelques années défendra sans relâche les droits des femmes dans son oeuvre et sur le terrain .

L'écriture sera son exutoire , en 1998 : elle fait lire son premier texte autobiographique à son père qui l'a encouragée …il fait le soir même un infarctus ….
Son plus grand regret est que son père ne lira jamais ses textes .

Aujourd'hui ce qui l'occupe dans son oeuvre comme dans les activités menées en tant qu'ambassadrice de l'UNICEF et au sein de son association FEMMES du SAHEL pour l'éducation des filles c'est ÉCRIRE et MILITER .

Tout est lié chez cette romancière .

Dans ce nouveau roman à la fois bouleversant et romanesque , elle fait souffler le vent de l'harmattan sur les multiples sévices , humiliations et contraintes faites aux femmes du Sahel.

À 50 kilomètres de Maroua , au sein d'un petit village au pied de la montagne elle nous fait découvrir ce que vivent les villageois au quotidien , notamment la vie laborieuse de Faydé , jeune adolescente de quinze ans , ayant arrêté les cours afin de subvenir aux besoins de sa famille : , sa mère , Kondem , ses petits frères .
Ses voisines , Srafata et Bintou ont été elles aussi contraintes de devenir domestiques auprès de riches familles Peuls de commerçants .
Ce travail : vaisselle lessive, faire les lits, ranger , dépoussiérer,les tapis…corvées éreintantes du matin au soir…. , des plus ingrats lui permettra comme à beaucoup d'autres jeunes filles d'envoyer un peu d'argent à sa famille ..

Mais l'expérience citadine s'effrite très rapidement car Faidé est confrontée à sa propre condition : être chrétienne dans une ville où les plus grosses richesses sont partagées entre musulmans .
Elle intègre comme bonne à tout faire une famille où le chef Alhadji Bakari a trois épouses Diddi , la première , Nenné et Ayya , subit le mépris absolu de la Grand - mère , l'arrogance , le dédain , les caprices sans fin des enfants , bref , ces Peuls , ont conquis toute la bande sahélienne par la force de l'épée sous le prétexte du DJIHÂD, sont devenus les plus puissants et les plus riches , et de ce fait, considèrent tous les autres peuples comme inférieurs .
Un.mépris de classe omniprésent dans ce récit , ultime hommage aux femmes victimes de cette zone aride , et de toutes les conséquences que cela implique : agressions sexuelles, extrême sécheresse que , bien sûr ,le changement climatique accentue .
Plus les attaques et les outrages de Boko ,Haram , cette secte islamiste dans le Nord du Cameroun , qui fera basculer le quotidien de tous les personnages du roman .
Le lecteur vit au quotidien dans la concession où vivent les trois épouses d'un même maître , mais surtout du côté des domestiques , taillables et corvéables à merci.
Ces jeunes filles viennent toutes de villages plus au nord frappés par la pénurie d'eau et en plus de l'arrivée et des incursions de plus en plus fréquentes de Boko Haram.
L'auteure dresse une fresque grinçante , cinglante d'une population régie par des castes au sein desquelles la religion , des coutumes ancestrales, figées prennent toute la place .
Celles- ci sont toujours indetrônables , tribalistes , et toujours en défaveur des femmes les plus défavorisées , parfois , viols , prostitution , pour pouvoir survivre , parfois suicide ….
Boko Haram sème partout la désolation….
Comment ces femmes , vives et attachantes , parfois désespérées, qui rêvent sans fin , de joie ou d'amour parviendront - elles à être sereines dans un environnement où tout semble tracé d'avance ? .
Conteuse hors pair l'auteure ,pétrie de talent, une énergie sans faille , nous envoie un message d'espoir militant , nous touche au coeur en dénonçant avec une grande sensibilité, les multiples sévices faits aux femmes du Sahel, qui nous semblent très proches …
Ce n'est pas une oeuvre triste ni larmoyante , on y prend beaucoup de plaisir , on apprend beaucoup, cet ouvrage séduit !
Au delà de la littérature , ce livre se fond en un véritable sujet de société …
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Après « Les impatientes », roman poignant sur les conditions des femmes au Sahel, Djaïli Amadou récidive par cette lecture saisissante qui aborde la vie des femmes des campagnes exploitées comme « esclaves à tout faire » par les riches propriétaires des villes. Elle explique la hiérarchisation sociale ancestrale, les lois immuables sur lesquelles s'appuient les abus et dresse un portrait extrêmement intéressant d'un monde clos où religions, croyances et argent imposent les règles.
Une lecture riche que j'ai beaucoup appréciée
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Mille fois mieux que la rentrée, il y a la rentrée littéraire et ses promesses qui s'étalent sur les rayonnages des librairies, ces romans qu'on attend et ceux qui nous surprennent. Ces auteurs dont on aime retrouver la plume, l'univers même si parfois c'est avec la crainte chevillée au corps, une pointe d'appréhension et le ventre qui se noue un peu.
Depuis "Les Impatientes", j'avais envie de renouer avec Djaïli Amadou Amal, non sans crainte. Ses "Impatientes" m'avaient laissé une telle sensation de colère, de révolte, de malaise; elles m'avaient tellement cognée, brutalisée, retournée le ventre que je me sentais hésitante à l'idée de replonger dans l'oeuvre de "la voix des sans-voix"... Jusqu'à "Coeur du Sahel" qui trônait là sur la table de la librairie, qui semblait m'attendre.

Alors que "Les Impatientes" se penchaient sur les épouses à l'ombre des concessions de l'Afrique Sahélienne, "Coeur du Sahel" en raconte les domestiques avec la même acuité, le même réalisme, la même sensibilité et la même révolte.

Tout au nord du Cameroun, le changement climatique a déjà amorcé sa révolution meurtrière et les sécheresses sont de plus en plus longues et fréquentes. Au nord du pays toujours, un autre fléau sème sur son passage la mort et la désolation: Boko Haram. Peu à peu alors les villages se vident ou se meurent, les jeunes s'en vont tandis que les parents peinent à nourrir les petits, à les tenir à l'abri du vent brûlant et de la barbarie des fous de dieu...
Faydé a quinze ans et décide un jour de quitter à son tour le village et sa famille. Elle veut rejoindre Srafata et Bintou à Maroua, plus au sud pour y devenir domestique dans une concession et gagner de quoi aider sa famille.
Le roman de Djaïli Amadou Amal s'attache alors aux pas et au quotidien des trois adolescentes qui doivent trimer comme des esclaves dans des foyers au sein desquels elles subissent maltraitance, insultes, viols parfois, mépris de classe toujours. Ni peules, ni musulmanes, issues d'ethnies différentes et de milieux plus que modestes, elles ne sont rien (et moins encore que cela) pour meurs employeurs fortunés, sûrs de leur supériorité et de leurs bons droits. Au-delà de nous raconter d'une plume précise, sèche, faussement simple les trajectoires de ses personnages et plus particulièrement de Faydé dont c'est la voix qui s'élève, vibrante, extrêmement touchante, l'auteure nous livre aussi une chronique puissante, un tableau bouleversant de la vie dans cette zone d'Afrique, de ses femmes en particulier auxquelles rien n'est épargné, ni la violence, ni la souffrance.

"Coeur du Sahel" est à l'image des "Impatientes" un roman puissant, engagé et dont on ne sort pas indemne mais s'il est un peu plus doux parfois, même s'il n'est pas exempt d'une lueur qui après des passages d'une cruauté inouïe et qui confine à l'insupportable ne fait pas de mal, bien au contraire.
Un roman comme un cri de colère et de révolte qui hurle les amours qui se brisent et la tragédie de naître femme, qui défend -oriflamme qui claque au vent- la nécessité de l'éducation, qui fustige au passage l'hypocrisie et le patriarcat, l'injustice et les non-dits et toutes les violences qu'ils charrient comme un fleuve en fureur.



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Djaïli Amadou Amal signe, avec Coeur du Sahel, un nouveau roman sur la condition de la femme au Sahel à travers la vie non plus des « Impatientes » mais de leurs domestiques, marquant davantage encore son engagement contre les injustices faites aux femmes.

La romancière africaine livre un cri déchirant dans le désert, une ode à toutes celles qui fuient les injustices et les drames terribles ainsi qu'une prière sincère pour la femme. Dépeignant les concessions de la ville et les difficultés au quotidien du monde rural, l'autrice signe un pamphlet aussi vivant qu'intense sur la condition des femmes, doublée d'une histoire d'amour impossible romanesque en diable ,

Un livre coup de poing qui retrace la lutte de celles qui partent des campagnes arides, aux terres sèches et pauvres, pour rejoindre la grande ville et tenter de fuir un destin désespérant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après Les Impatientes, quel plaisir de retrouver la plume de Djaïli Amadou Amal. Même décor, même pays et problématiques similaires. Pour autant l'auteur réussi un tour de force peu commun qui est de ne pas refaire le même livre que celui pour lequel elle reçut le prix Goncourt des lycéens.
Un roman court qui se lit d'une traite qui émeut et qui révolte. Un livre puissant qui rappelle aussi le socle que représente, pour ceux qui en ont la chance, une famille soudée et solidaire.
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Un très bon roman qui nous apprend énormément sur la situation des femme au nord du Cameroun. Faydé est une adolescente qui vit dans un village de montagne avec sa mère et ses frères et soeurs. La vie y est de plus en plus difficile en raison des sécheresses fréquentes et à cause de la présence de Boko Aram. Pour aider financièrement sa mère, elle part en ville à Maroua où elle sera domestique dans une famille riche. de très beaux personnages de femmes qui doivent se battre contre les traditions et les préjugés.
J'ai beaucoup aimé et le recommande. En plus, il vient de sortir en poche.
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C'est souvent douloureux pour une mère de voir partir ses enfants. Ça l'est encore plus quand sa fille de 15 ans quitte le village pour s'engager à la ville comme domestique.
C'est ce qui arrive à Kondem quand Faydé, son aînée, lui annonce sa décision : quel autre choix ? La terre aride ne donne plus de quoi se nourrir, l'eau se fait rare dans les puits du village. Comment subsister alors que le père a disparu ? Comment protéger sa famille alors que Boko Haram se déploie dans le pays, perpétrant mille crimes ?
Pourtant Kondem tremble. Elle aussi, adolescente, est partie à la ville travailler. Elle en est revenue meurtrie. Faydé part et trouve à se placer dans une famille bourgeoise de Maroua qui la traite relativement bien. Elle partage une chambre avec les filles issues de son village avec qui elle recrée une petite communauté. Celles-ci lui permettent de comprendre les codes de la ville, de son statut de domestique, l'encouragent et la mettent aussi en garde : conserver ses distances, ne pas s'attacher, ne pas rester seule avec les hommes, etc.
Je n'ai pas vraiment été transportée par ce roman, dont le style plat ne met pas suffisamment, à mon sens, en valeur les thèmes abordés : les inégalités sociales, le poids de la tradition, les relations homme-femme, … Néanmoins, le courage, la ténacité, la force des personnages féminins sont un des jolis atouts de Coeur du Sahel. Chacune trime, s'épuise, déploie des trésors de créativité pour permettre à mari et enfants de se nourrir, de se vêtir, d'avoir un toit. L'école et l'éducation restant aussi un levier puissant pour s'en sortir mais le prix à payer est exorbitant.
Même si l'auteur choisit l'optimisme et propose à son lecteur une fin pleine d'espoir, on retient la violence qui s'exerce dans tous les espaces : qu'il soit celui de la famille, du monde du travail qui s'apparente à de la servitude ou d'une gouvernance qui ne parvient pas à protéger sa population des percées terroristes. Sans parler des changements climatiques qui impactent les ruraux en leur ôtant toute possibilité de cultiver leur lopin de terre. Une photographie du Cameroun contemporain plutôt sombre, entre extrême misère sociale et menaces de Boko Haram.
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