AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782348035517
352 pages
La Découverte (29/03/2018)
4.41/5   16 notes
Résumé :
L'image a fait le tour des réseaux sociaux : un jeune homme joue et chante dans la rue, au milieu des décombres et des maisons éventrées de Yarmouk, une ville de réfugiés palestiniens proche de Damas. Figure iconique, celui que l'on surnomme désormais " le musicien des ruines " a pourtant dû se résoudre à prendre le chemin de l'exil, Daech ayant finalement brûlé son instrument.Un jeune homme joue et chante au milieu des décombres et des maisons éventrées. La photo, ... >Voir plus
Que lire après Le pianiste de YarmoukVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le pianiste de Yarmouk ou le « musicien des ruines ».

Yarmouk se situe dans la banlieue de Damas en Syrie. Cette ville a vu le jour en 1957, à l'occasion d'un afflux massif de réfugiés palestiniens. Au fil du temps, le camp est devenu une ville presque comme les autres, si ce n'est que ses habitants n'ont ni la nationalité, ni le passeport syriens. Mais ils ont le « privilège » de transmettre leur statut de réfugié palestinien à leurs enfants. C'est là que naît Aeham en 1988, d'un père aveugle mais néanmoins menuisier et violoniste, et d'une mère institutrice. Très vite, Aeham se met à la musique, ses parents se saignent aux quatre veines pour lui offrir des leçons de piano, un clavier puis plus tard un vrai piano. Tous les jours, le jeune garçon fait des heures de bus pour se rendre à l'école de musique à Damas, puis au conservatoire, où il subit le mépris des Syriens aisés, lui le pauvre réfugié palestinien crasseux. Mais Aeham garde la tête haute, donne des cours de piano aux gamins de Yarmouk et ouvre un magasin d'instruments de musique avec son père. Une belle histoire qui culmine avec son mariage avec Tahani et la naissance de leur premier fils. Puis en 2011 éclatent les printemps arabes. Yarmouk, considérée comme un foyer de milices de l'Armée Syrienne Libre opposée à Assad, est bouclée quelques mois plus tard. La majorité des habitants évacue, mais Aeham et sa famille restent. Le blocus est quasi-total, s'ensuivent privations, isolement, système D, famine, mort. Les assiégés vivent dans la peur des snipers, des milices de tous bords, de Daesh, absent au début du conflit mais qui étend son emprise, et dans l'angoisse de ne pas recevoir de colis humanitaire de l'UNRWA après des heures de file d'attente. Malgré tout, Aeham continue sa propre révolution : la musique: "Nous n'avons pas vraiment le choix à Yarmouk. Soit on rejoint l'un des groupes de combattants, soit on attend tout simplement la mort. Je pense qu'il vaut mieux chanter en attendant de mourir". Les photos et les vidéos le montrant jouant du piano dans les ruines, seul ou avec une chorale d'enfants, le rendent célèbre sur la Toile, mais ne le protègent pas. Le jour où Daesh brûle son piano en 2015, il décide de fuir. Il doit d'abord trancher l'affreux dilemme de partir seul et laisser sa famille exposée aux bombes, ou de partir avec eux dans un périple potentiellement mortel. Il part seul, en sachant que sa femme et ses enfants ne pourront peut-être jamais le rejoindre. La route de l'exil est semée d'embûches, Turquie, Méditerranée, Grèce, route des Balkans et finalement Allemagne, avec des flots d'autres migrants. L'obtention du statut de réfugié puis du regroupement familial font de lui le plus heureux des hommes, ou presque : complexe du survivant, culpabilité d'avoir laissé tant de proches dans l'enfer de Yarmouk... Il continue de résister grâce à la musique.

Autobiographie écrite en collaboration avec un journaliste et une traductrice, ce récit, dramatique sans être larmoyant, raconte des vies ordinaires anéanties par la guerre. Il explique le conflit syrien mieux qu'un essai géopolitique, nous donnant à voir la brutalité du régime d'Assad et des autres forces en présence (milices rebelles, Daesh), la corruption, la vulnérabilité des civils et l'ultra-précarité des réfugiés palestiniens.

Une histoire terrible et très touchante qui rend hommage aux victimes de cette guerre sans fin et à la force de la musique, éternelle.

En partenariat avec les Editions La Découverte via le réseau Netgalley.
Commenter  J’apprécie          521
Enorme coup de coeur.

Ce roman, trouvé au hasard sur Babelio dans les recommandations car il y avait "pianiste" dans le titre, c'est avant tout un témoignage. Une biographie de Aeham Ahmad, ce pianiste syrien palestinien qui a connu les ténèbres, la misère et vécu beaucoup d'horreur, celui qui a appris le piano toute son enfance, guidée par son père, et qui grâce à son don pour la musique, peut fuir. Exil forcé pour survivre, abandon de sa famille dans un ultime espoir de survie.
J'étais, et je le suis encore, tellement touchée par l'histoire vraie d'Aeham Ahmad. J'ai tellement envie de lui dire à quel point je comprends, à quel point je compatis. On se sent si impuissants, nous, et pourtant on aimerait tellement aider et lui souhaiter beaucoup de bonheur à l'avenir.

Le pianiste de Yarmouk, ce n'est pas un roman juste triste, tragique, non, c'est la musique d'Ahmad comme chant de résistance, d'espoir, de vie. D'ailleurs, aujourd'hui, Ahmad est pianiste professionnel. Il est reconnu dans le monde entier, après avoir été fortement médiatisé par les journalistes, intrigués et touchés par cette photo réelle prise de lui en train de jouer au milieu des ruines à Yarmouk, son cri de désespoir, qui aujourd'hui est le chant de la résistance. La musique plus forte que tout, la musique comme consolation, survie, guide, la musique comme la meilleure arme pour échapper à toutes les misères du monde.

C'est donc l'histoire de ce pianiste brisé, survivant des ruines, qui aujourd'hui se bat pour aider les réfugiés de guerre, se bat pour Yarmouk, et se donne tout entier à la musique pour guérir, pour témoigner, pour aider.

Histoire formidable d'une personnalité tout à fait admirable, à qui je souhaite de tout mon coeur chance, réussite et bonheur.

Enfin, ce roman témoignage m'a fait penser à @Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui, où ici c'étaient les livres qui étaient l'arme de résistance, marque d'amour et de partage entre les gens et moyen de survie.

Je ne peux que vous recommander de lire le pianiste de Yarmouk pour apprendre, pour comprendre un pan de l'histoire et ce que peuvent ressentir tous ces réfugiés et victimes de guerre, peu importe où ils habitent et leur religion. Pour ressentir, pour vibrer au son du piano, pour espérer. Pour résister avec eux, les soutenir de tout notre coeur.
Commenter  J’apprécie          258
Un musicien, réfugié palestinien en Syrie, se rend célèbre en prenant le risque de jouer du piano au milieu des ruines de son camp à Damas.
C'est sa vie qu'il nous raconte ici.
Son parcours est exceptionnel. Sa réussite est due avant tout à sa passion pour la musique mais également à sa droiture, à son éducation, à l'amour que ses parents lui portent (dont son père, aveugle au caractère fort) et à la famille qu'il a ardemment désiré fonder.
Commenter  J’apprécie          240
Une autobiographie de ce pianiste syrien qui a réussi à fuir son pays et à faire venir sa femme et ses enfants en Allemagne.
Une enfance auprès de son père aveugle qu'il guide à travers la ville, lui décrivant ce qu'il voit, ce qui l'entoure. Un père auquel il est terriblement attaché, un père qui sent les choses, sans les voir, qui a un jugement juste, qui voit parfois plus clair que les voyants.
Palestinien réfugié en Syrie il sera pris par la guerre, cerné et prisonnier dans sa ville attaquée, Yarmouk, au sud de Damas.
Pianiste, il a été accompagné par son père qui le conduisait à ses cours lorsqu'il était enfant. Adulte, le piano lui offre un peu de paix, un refuge, un espoir dans la vie.
Il jouera au piano dans la rue, pour partager un peu de beauté avec ceux qui l'entourent. C'est sa manière à lui de résister dans sa ville assiégée.
Aeham Ahmad nous fait vivre au sud de Damas, dans sa ville bombardée, où les vivres sont introuvables et on se demande comment on peut vivre et survivre dans de telles conditions.
Un moment prenant qui nous rapproche de ces nombreux réfugiés qui fuient leur pays ou tentent de le faire, avec tous les risques qu'ils courent et qu'ils taisent, la plupart du temps.
Si ce n'est pas de la grande littérature ce livre vaut la peine d'être lu pour nous ouvrir les yeux, le coeur.
Commenter  J’apprécie          32
Aeham, je venais d'accueillir (par mon métier) un jeune ado de 15 ans, portant le même prénom, qui arrivait de la Syrie, ne parlant pas un mot de Français, mais l'anglais. Réfugié. Je prononçai "I am". Il était aussi musicien, guitariste et chanteur. Beau, tourmenté, très timide. Lorsque j'ai entendu l'histoire du Pianiste de Yarmouk, j'ai fondu sur le livre. Evidemment à lire, car un hymne à la vie, à l'art, un regard sur l'horreur, les camps de l'horreur, comme si les leçons de l'histoire (années 30, 40 et 50) n'étaient justement pas des leçons car n'avaient servi à rien. Et ce message d'espoir grâce à la musique mais aussi grâce à ces quelques personnes humaines qui tendent la main. Cette histoire a une happy end, on sait que c'est pas le cas de tous, vraiment pas. Mais Aeham reste modeste et empathique. Un témoignage triste et optimiste à la fois.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Alors que Niraz était encore en train de monter son appareil [photo], une femme est soudain apparue, un plateau dans les mains. Elle était tellement ravie, nous dit-elle, que quelqu'un vienne avec un piano dans ce quartier désolé, qu'elle avait préparé ce qui lui restait de café. Elle le gardait depuis longtemps pour une occasion particulière. Le temps était venu. Elle voulait boire son dernier café ici et maintenant, tout en m'écoutant [jouer du piano]. [...] C'est à ce moment-là que j'ai remarqué le gazouillis de trois oiseaux. Ils étaient posés sur la rambarde d'un balcon au troisième étage, juste en face de moi. Un petit miracle. Les oiseaux étaient les premiers à fuir à chaque tir, à chaque explosion de grenade. Si d'aventure quelques-uns s'égaraient à Yarmouk, ils étaient abattus sur-le-champ. Après tout, les estomacs étaient vides. Lorsque je me suis mis à jouer, les oiseaux ont recommencé à chanter.
Commenter  J’apprécie          180
Les rebelles avaient le droit de quitter Yarmouk s'ils rendaient les armes et retournaient "dans le giron de la patrie". Cette offre ne valait pas pour les civils voulant fuir Yarmouk par peur de Daech. C'est pourquoi certains s'achetaient une arme ou une grenade à prix d'or afin de pouvoir la déposer à un checkpoint. Les soldats photographiaient ces gens avec "leurs" armes et leur faisaient signer une déclaration sur l'honneur, selon laquelle ils renonçaient à la violence. La plupart, cependant, ne réapparaissaient pas dans le giron de la patrie, mais en Turquie, en route vers l'Europe. 
Commenter  J’apprécie          190
Niraz n'avait pas de sonnette non plus, mais nous étions convenus d'un signal: nous devions lancer un caillou à sa fenêtre, pas trop gros car ses vitres étaient parmi les rares encore intactes dans le quartier. Il avait peut-être eu de la chance jusque-là, mais il avait aussi été prévoyant: dès que les bombes tombaient, il ouvrait les fenêtres pour qu'elles ne volent pas en éclats.
Commenter  J’apprécie          232
Les checkpoints de l'armée et des rebelles étaient à portée de vue l'un de l'autre. Des no man's lands de ce genre, il y en a partout en Syrie. Je n'ai jamais réussi à comprendre: les troupes du régime et de l'opposition se font face pendant des mois. Puis les ordres changent soudain et ils se tirent dessus. 
Commenter  J’apprécie          210
Les images ne racontent jamais le début d'une histoire. Et elles taisent ce qui est ensuite advenu.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Aeham Ahmad (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aeham Ahmad
Portrait : Aeham Ahmad , le pianiste de Yarmouk
autres livres classés : syrieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (74) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1088 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..