Deuxième rencontre avec
Barbara Abel. Si j'avoue honnêtement que de «
Je sais pas » (mon avis ici), je garde un souvenir assez mitigé et qu'il a fallu toute la conviction de mes habituels prescripteurs pour que je réitère l'expérience, cette fois c'est un sans faute, un coup de coeur ! Outre les avis enflammés de Dany, de Yvan, du Bouquin Ivre, ou encore de Nina, c'est le thème abordé qui a achevé de me convaincre : la famille recomposée !
Une fois n'est pas coutume, je vais introduire le sujet en parlant de moi… Moi qui, il y a onze ans, était maman d'une petite fille de 6 ans, en plein méandre judiciaire, enfoncée dans un divorce cauchemardesque, en train de tenter de recoller les morceaux de mon coeur et de construire, lentement, une relation avec celui qui est maintenant mon mari. Lui qui, à l'époque père de trois enfants entre 4 et 18 ans, était également aux prises avec une rupture des plus difficiles… Nous avons essayé de construire un nouveau foyer, une nouvelle famille qu'on n'avait pas le droit d'appeler famille, parce que cela braquait sa grande fille de 9 ans qui voyait en moi le mal incarné, la raison de tous ses maux… Nous nous sommes battus, parfois ensemble, et parfois, il faut bien l'avouer, l'un contre l'autre, pour maintenir à flot notre précaire embarcation. Onze ans et un bébé plus tard, force est de constater que nous n'avons pas été de si piètres capitaines ! Au final, notre enfant commun a achevé ma réconciliation avec sa grande fille pour qui, je crois, je suis devenue plus une grande soeur qu'une belle-mère. Je ne suis peut-être pas son modèle, mais je me plais à croire que j'ai sur elle quelques bonnes influences dont je suis secrètement très fière, même si cela n'empêche pas quelques sévères prises de becs. A mes côtés, ma belle et grande jeune fille, qui, si elle a eu beaucoup de mal à se faire une place dans notre « équipe », de par sa timidité et son extrême gentillesse innées, me semble maintenant un rouage des plus importants de cette famille. Nous avons (presque) tous fini par trouver notre équilibre et notre place dans ce qu'on peux maintenant sans crainte appeler notre famille. Et pourtant… et pourtant, ce que
Barbara Abel nous conte, ça aurait pu être la même histoire, avec la même fin ! Partant d'une envie toute noble d'aplanir les tensions entre sa belle-fille et elle, Maude décide de passer sous silence le fait qu'elle vient de découvrir Alice, 18 ans, en train de fumer de l'herbe dans sa chambre. L'effet est immédiat, l'ambiance se détend sensiblement et Simon, le père, loin de se douter du secret qui est à l'origine de ce nouveau calme, se contente de s'en réjouir. Mais lorsque, six mois plus tard, ce fait anodin se révèle à l'origine d'un engrenage mortel, c'est tout l'équilibre de leur foyer qui est rompu. Il y a d'un côté Simon et sa fille Alice, de l'autre Maude et ses enfants Suzie (11 ans) et Arthur (15 ans). L'amour est-il, dans ce cas, un moteur suffisant pour maintenir la barque à flot ?
J'ai, dans les lignes de
Barbara Abel, découvert par moment la mise par écrit des propres tourments que j'avais vécus. de façon incroyable, juste et sensible, l'auteur jalonne ses pages des sentiments de chacun, et, s'il n'y a ni bon ni méchant, ni même intentions de nuire, les résultats n'en sont pas moins dramatiques !
Il est très difficile d'en dire plus sans spoiler. Ce n'est pas une intrigue haletante, pourtant ces pages se dévorent, littéralement ! Et même si la fierté de ceux qui ont réussi à faire de leur famille recomposée un modèle de réussite est grande, je ne donne pas cher de leur peau s'il leur arrivait la même chose. Une incroyable histoire tirée d'un quotidien banal, qui nous touche d'autant plus qu'elle est vraiment crédible ! Un grain de sable, et la machine s'enraille ! Magistral…