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La première sélection Essai du prix Renaudot 2022
Liste créée par Marine1608 le 13/10/2022
10 livres.

Beaucoup de (re)découvertes à faire

Et le grand gagnant est : Déjeunons sur l'herbe de Guillaume Durand



1. Le Sexe des femmes
Anne Akrich
3.58★ (207)

"Si l'on veut comprendre quand l'embrasement a commencé, il faut se souvenir que la cigarette responsable des flammes a été jetée, il y a plusieurs années, dans un trou. C'est d'ici que le grand incendie du début du XXIᵉ siècle est parti. Du sexe des femmes. C'est de cette tranchée même que nos contes de guerre et de vengeance se racontent désormais. Encore faudrait-il les écouter."Dans ce livre iconoclaste, l'autrice dit tout haut, avec une audace rare, ce que beaucoup de femmes pensent tout bas et que beaucoup d'hommes se refusent à concevoir. Désir féminin, maternité, viols, prétendue "zone grise" du consentement, dialogue impossible entre les sexes sont au coeur de ce petit traité à l'humour ravageur. Et si le rire était l'arme la plus puissante pour surmonter nos antagonismes stériles ?
2. Le célibataire absolu : Pour Carlo Emilio Gadda
Philippe Bordas
3.83★ (22)

Carlo Emilio Gadda (1893-1973) est le moins connu des « géants » du XXe siècle. Si Joyce domine le siècle anglais, Proust et Céline le français, Kafka et Musil le germanophone, Gadda est sans conteste le plus grand écrivain italien. Pasolini reconnaissait en lui le seul maître, l’héritier naturel de Dante. Équipée policière et testament amoureux, Le célibataire absolu est une biographie de ce Rabelais transalpin dont l’œuvre virtuose agrège les parlers des petites gens et la grande langue des classiques. C’est aussi une autobiographie de l’auteur, hanté par Gadda depuis ses vingt ans. Une rafale d’images accompagne cette odyssée littéraire qui emporte de Paris vers Milan et Rome, de Moscou vers Nairobi et Cythère. Dans ce récit vagabond, un petit gars des banlieues devient un vrai lecteur et s’affirme écrivain, dans une proximité étrange avec ce lointain et génial cousin italien.
3. Déjeunons sur l'herbe
Guillaume Durand
4.14★ (57)

S’il y a un peintre français qui, par son seul génie, a bouleversé le monde entier, c’est bien Édouard Manet. Depuis l’enfance, j’aime ses œuvres, ses noirs, ses ivoires, ses énigmes, ses amoureuses. La violence extrême qu’il a suscitée est inimaginable aujourd’hui. Je vous propose une balade personnelle et intime dans sa vie. Ado, j’avais trois idoles : lui, Jacques Monory, le peintre des meurtres bleus, et Led Zeppelin. Vous allez les retrouver ainsi que des conversations sur le bel Édouard avec Koons, Barceló, Longo, Condo, Tabouret, Lavier, Yan Pei-Ming, Traquandi, Mivekannin et ceux qui font l’art vivant. Je ne suis pas historien, ce qui me permet de convoquer des surprises dans le secret des ateliers : Picasso, Warhol, De Niro père et fils, Hockney, Visconti, César, Niki de Saint Phalle, La Casa de Papel, Laurence des Cars, Bourdieu, la maladie brutale, le journalisme, mes parents, modestes marchands de tableaux et ceux du monde entier… Notre Hitchcock de la peinture a inventé l’art moderne pour le reste de la planète. Il adorait la vie et il a fini, presque paralysé, par peindre des fleurs déchirantes. Étant passé tout proche du ravin rejoindre mon père, je me suis autorisé ce roman vrai avec des reproductions magnifiques. Édouard Manet a vécu la mort aux trousses en revenant tout jeune du Brésil, à cause de la syphilis qui l’a tué à 51 ans. Comme Baudelaire à 46 ans. Il lui ferma les yeux. Il repose au cimetière de Passy, à Paris. Il incarne la preuve que l’art contemporain n’existe pas car le Déjeuner sur l’herbe est vivant pour l’éternité. Partout.
4. Un coup de hache dans la tête
Raphaël Gaillard
3.84★ (123)

Qu’est-ce qui fait de nous des êtres capables de créer ? Lorsque Diderot écrit que « les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête », il consacre une idée qui traverse les époques et les cultures, celle d’un lien entre folie et créativité. Qu’il s’agisse de la mélancolie selon Aristote, de la tempête des passions selon les Romantiques ou du manifeste surréaliste, tous célèbrent ce lien, au point de considérer la folie comme l’ordinaire des grands hommes. Pourtant l’idée ne résiste guère à l’expérience quotidienne du psychiatre. Raphaël Gaillard montre ici, en racontant les troubles de plusieurs patients, comment affleure la créativité des hommes, mais aussi combien la maladie les entrave et les livre à la souffrance. Faut-il conclure que ce lien n’est qu’une idée reçue, battue en brèche par les faits ? C’est à partir de récentes études scientifiques qu’il devient possible de résoudre cette apparente contradiction et de renouveler notre compréhension des conditions de la créativité. L’épidémiologie et la génétique montrent ainsi que c’est du côté des parents, enfants, frères et sœurs des patients que pourrait bien se situer la propension à la créativité. Le lien entre folie et créativité devient un lien de parenté : notre ADN nous rend vulnérables aux troubles psychiques en même temps qu’il nous permet de créer. Ces troubles sont d’autant plus fréquents qu’ils s’avèrent être la contrepartie de ce qui fait de nous des êtres humains, le prix à payer pour notre créativité. Comprendre ce lien nécessite de rencontrer l’œuvre d’art, d’y repérer le symptôme de notre condition humaine. Pour créer une œuvre, il faut se représenter le monde en pensée. Or l’acte élémentaire de penser est en soi un acte de création, et un pouvoir qui n’est pas sans risque : en façonnant nos représentations du monde, nous devenons capables de les enrichir à l’infini. Pour faire œuvre ou pour se perdre.
5. Z comme Zombie
Iegor Gran
3.83★ (351)

Katia, seize ans, coincée à Marioupol à côté du cadavre de sa mère morte de froid et de malnutrition, appelle son oncle resté en Russie. Réponse embarrassée de l’oncle-zombie : « Mais qui êtes-vous ? Arrêtez de m’appeler. Je ne vous connais pas.’’ Arkadi montre à son père des photos d’immeubles détruits à Kharkov par les bombardements russes. Réponse : ‘‘Ce sont les Ukrainiens eux-mêmes qui se bombardent à la roquette. » Bouleversé par la guerre en Ukraine et la propagande russe, Iegor Gran décide d’écrire un texte très informé, à mi-chemin entre le pamphlet et le gonzo-journalisme. Il s’intéresse à « ce Z peinturluré en blanc dégeu sur les chars russes en Ukraine qui a gangréné le cerveau d’une majorité de Russes. » Z comme zombie ! « Début avril, en Russie, on s’alignait en Z, on collait des Z sur les voitures ». Z comme zombie, écrit Gran, «pour que se dissipent enfin les fantasmes autour de la fameuse ‘‘âme slave’’ dont le romantisme a nourri tant de complaisance à l’égard du totalitarisme russe, ce péché mignon d’un pays qui s’entête depuis un siècle à vivre dans une fiction parallèle. »
6. Quand tu écouteras cette chanson
Lola Lafon
4.30★ (3489)

Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre? Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d'Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets; au cœur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.
7. Oublier la nuit
Jean-Paul Mari
3.77★ (34)

Je suis né dans une tombe. Pas un simple trou pioché dans la terre, mais une chambre rectangulaire toute blanche avec des murs passés à la chaux, un carrelage sanitaire où mon père était couché, nu, sur une dalle de marbre, enroulé dans un drap blanc. Il avait l’air détendu. Quand je l’ai embrassé, il avait la peau tiède et j’ai compris qu’il était mort. Abattu d’une balle de gros calibre dans le dos par les tueurs qui guettaient. Je ne le savais pas encore mais il me faudrait toute une vie d’adulte, un livre entier, pour trouver un sens à ce chaos primaire. Où que je sois, quoique je fasse, sur un ring de boxe, ou à pied sur la ligne verte de Beyrouth ou à Bagdad sur Euphrate, dans Jérusalem la maudite ou Sarajevo l’assiégée, dans les banlieues obscures de l’islam, au cœur d’une forêt d’Amazonie ou des charniers du Rwanda, je n’aurais pas d’autre choix que de chercher encore et encore à résoudre la même énigme de l’ombre. A oublier la nuit et à chercher la lumière.
8. Le photographe de Notre-Dame
Jean-Claude Perrier
3.57★ (15)

Longtemps avant le printemps 2019, où Notre-Dame de Paris a failli succomber dans les flammes, Éric Prinvault, photographe en devenir, avait réalisé de la cathédrale un énigmatique portrait nocturne. Bien des années plus tard, et Notre-Dame blessée, Jean-Claude Perrier trouve par hasard la photo dans une brocante, en tombe amoureux et l'acquiert. Désirant en savoir plus, l'écrivain se met en quête du photographe, lequel, il va vite l'apprendre, est décédé en 2018. Il va chercher à reconstituer son parcours, son œuvre, dans un dialogue urgent et fraternel. Son livre est la preuve qu'il est bien une vie après la vie et que, comme pour la cathédrale, la lumière finira par triompher des ténèbres...
9. Géographie des peuples fabuleux
Olivier Philipponnat
3.70★ (20)

Notre littérature est remplie de peuples dont l’existence a d’abord été soupçonnée dans l’Antiquité (les Blemmyes, peuple sans tête, décrit par Pline), fantasmée au cours du Moyen Âge (les Amazones, ces guerrières invincibles d’une Europe ravagée par les conflits), attestée « scientifiquement » et redéfinie du xvie au xixe siècles (de la rencontre avec les indigènes d’Amérique à l’invention des Pygmées par la « science » racialiste), puis regrettée et réinventée au xxe (l’extraterrestre de Roswell, incarnation de la rencontre du troisième type).C’est cet imaginaire que propose d’explorer Olivier Philipponnat dans un voyage littéraire, aussi érudit que divertissant, à travers les méandres des fantasmes et des préjugés successifs des découvreurs ou prétendus tels.Nul n’avait entrepris de recenser et de cartographier, de l’Antiquité à nos jours, l’ensemble des peuples dont l’histoire a montré qu’ils n’avaient pas existé, ou que leurs mœurs et leurs caractéristiques avaient été décrites de façon fantaisiste ou erronée, mais auxquels les hommes ont cru ou voulu croire, leur consacrant quantité de traités plus ou moins sérieux, de témoignages sincères ou frauduleux, de relations authentiques ou utopiques.
10. Robbe-Grillet : L'aventure du Nouveau Roman
Benoît Peeters
3.83★ (13)

Il dérangea, fascina, exaspéra. Il suscita plus d'articles haineux qu'aucun de ses contemporains. Mais il sut aussi retourner les critiques les plus hostiles et cultiver l'intérêt des commentateurs les plus brillants, à commencer par Barthes, Blanchot et Foucault. Peu suspect de complaisance, Nabokov lui-même tenait La Jalousie pour "le plus beau roman d'amour depuis Proust" . Etonnamment pourtant, l'oeuvre d'Alain Robbe-Grillet est aujourd'hui moins lue et, alors que l'année 2022 marque le centenaire de sa naissance, aucun travail biographique le concernant n'est encore paru. Aussi ai-je voulu, prenant appui sur les nombreuses archives que l'écrivain a laissées, faire revivre sa figure et, avec elle, l'aventure du Nouveau Roman. Entouré d'une réputation d'austérité, le Nouveau Roman naît en un temps, à la fois proche et lointain, où les débats littéraires soulèvent de vives passions. C'est une exceptionnelle rencontre de talents, une histoire d'amitiés et de brouilles, de coups d'éclat et de zones d'ombre. J'évoquerai la longue alliance de "Robbe" avec Jérôme Lindon, son amitié avec Jean Paulhan, ses relations changeantes avec Nathalie Sarraute, Claude Simon ou Roland Barthes, ainsi que le couple hors normes qu'il a formé avec Catherine Robbe-Grillet. Je tenterai aussi de faire revivre l'enfant tourmenté, l'ouvrier du STO, l'ingénieur agronome, le ciseleur de phrases, le sentimental secret, l'éditeur audacieux, le brillant pédagogue et l'infatigable voyageur que fut Alain Robbe-Grillet.
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