L`Agrume [corriger]

Dans une famille réelle, on se transmet tout un héritage, un héritage émotionnel notamment et parfois des secrets, des traumatismes.



A travers cet album autobiographique très intimiste, Edith Chambon explore la manière dont elle s'est construite en tant que personne et en tant que femme. Car tout d'un coup, le passé enfoui a ressurgi et il est venu tout (re)questionner. Au fil des pages, l'autrice reconstitue les pièces de son puzzle et tente de les assembler.



La psychogénéalogie est au cœur de cet ouvrage. Les sujets abordés sont forts et il ne s'agit pas ici de les spoiler afin de permettre à chacun d'avancer au rythme d'Edith dans la quête de son histoire. Si les thèmes sont lourds, cela n'empêche pas cette BD de déborder d'énergie. Humour et ironie sont au rendez-vous mais aussi des planches variés en terme de découpage et d'un grand talent pour nous transmettre tout un flot d'émotions. Foisonnant, coloré, voilà les mots qui viennent quand on ouvre ce bel objet.



Un coup de cœur à recommander sans hésitation.



Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux Editions l'Agrume pour l'envoi

Ce roman graphique suédois raconte la tentative de John Franklin en 1845 de découvrir le passage du Nord-Ouest, le passage qui permettrait de joindre l'Atlantique au Pacifique en passant au Nord du Canada. Cette expédition échouera et il n'y aura aucun rescapé.



Le dessin de Thomas Olsson est simple, comme des illustrations pour enfants, un trait régulier, une bichromie en bleu et noir qui apporte une atmosphère bien froide, il fait le choix de la simplicité, mais c’est très efficace. Il choisit comme personnage principal, le mousse, cela donne un récit parfois naïf, sans réelle conscience du danger, et John Franklin n’est pas particulièrement mis en valeur, prétentieux, arrogant, sans empathie.



J’ai lu beaucoup de récits sur ces expéditions polaires, vu beaucoup de reportages, celui-ci prend un certain recul grâce à son apparente naïveté. Raconter trois ans de galère tragique avec cette simplicité nous met face à la bêtise et la prétention humaine, tout est montré de façon indirecte, critiqué sans militantisme mais plutôt avec une ironie discrète, la foi religieuse, la croyance des bienfaits de la civilisation, l’héroïsme des explorateurs, cela donne un récit presque absurde et pourtant si réel et non dénué d'émotions, et j’ai trouvé ça très juste et très subtil.