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Un fils perdu

Même si ni le pays, ni son président ne sont jamais nommés, il n'est pas bien compliqué de reconnaitre la Biélorussie et Loukachenko dans le roman de Sacha Filipenko. Au début, l'histoire ressemble assez au film Goodbye Lenin : un jeune homme, dans un pays au régime dictatorial, se réveille après avoir passé dix ans dans le coma. Mais la ressemblance s'arrête là : alors que dans le film, un mur et un monde s'étaient effondrés, dans le roman, rien n'a changé, le pouvoir politique continue de tenir le pays d'une main de fer, tandis que la population apathique semble avoir abandonné tout espoir et toute envie de changement. On le voit, le jeune homme est utilisé pour symboliser la société biélorusse toute entière, elle aussi plongée dans le coma pendant plusieurs années. Ce petit roman de 180 pages se découpe en trois temps assez distincts - la vie "normale" avant l'accident, les années de coma, puis la vie d'après marquée par l'éveil politique - et chacune se lit avec plaisir, les deux premières étant plutôt tournées vers la fiction, tandis que la dernière est presque une analyse de la tentative ratée de soulèvement contre le régime en 2010. On y sent nettement l'amertume ressentie par l'auteur. Heureusement, les notes à la fin de l'ouvrage apportent l'éclairage nécessaire pour comprendre les événements qu'il n'est pas toujours facile de suivre, d'autant que l'auteur ne donne pas beaucoup de détails. Les personnages principaux sont assez attachants, en particulier Francysk et sa grand-mère ; d'autres en revanche sont franchement détestables, à la limite du vraisemblable ai-je envie de dire, mais rien n'est impossible dans une société écrasée. Ce roman nous invite donc à nous replonger sur la situation de la Biélorussie, dont on ne parle plus guère depuis les manifestations de 2020 suite à la réélection de Loukachenko pour un 6è mandat. J'ai beaucoup aimé tout l'aspect documentaire, à peine voilé derrière le fil de la narration. D'un pont de vue littéraire, le roman mérite largement qu'on s'y arrête, sans constituer un coup de cœur pour autant.
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Pour Luky

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui raconte une année dans la vie de trois jeunes de quinze ans. Des ados, à la limite de l'enfance et de l'âge adulte, qui découvrent la vie. Ça pourrait être banal, ça l'est, mais l'auteur arrive à insuffler une grande tendresse pour ses personnages (merci Sophie Divry - cf 4e de couverture) et le quotidien de ces trois ados de cité est criant de vérité. On sent la justesse, la sensibilité de ces jeunes qui s'éveillent au monde, sans pathos ni misérabilisme. C'est direct et tranchant, écrit comme un langage parlé, mais c'est ce qui donne la force de ce roman.

Bref, j'ai bien envie de découvrir les autres livres de cet auteur .
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Les Oxenberg & les Bernstein

"29 juin 1941. le jour qui étrangle les petits canards en caoutchouc de Golda, jaunes au bec orange, libérés autrefois dans la mer Baltique. le jour qui scie à la racine le bébé de sapin sensible sur lequel elle avait écrit une histoire pleine de sagesse. le jour qui la convainc définitivement qu'il n'existe pas de bombe au grand coeur qui refuse de sauter de l'avion pour tuer. Il n'y a pas de bombe au grand coeur, parce qu'il n'y a pas d'hommes qui aient bon coeur.



Ce jour-là. Au cours de sa vie ultérieure, toutes les fois que quelque chose de bon et de chaud s'apprêtera à enrober son coeur, les images d'alors viendront avec leurs chars et leurs armes lourdes rétablir les paramètres de la glaciation. Désormais, Golda ne sera plus jamais « Goldutza »."



Ces phrases me hantent après avoir fini de lire le roman. Puissant, bouleversant, "Les Oxenberg & les Bernstein" fait partie de la rare catégorie des livres qui vous suivent et vous donnent envie d'y revenir.



J'ai ri, j'ai été émue aux larmes, j'ai été secouée. Ce sont toutes ces sensations que provoque l'écriture originale, d'un humour qui lui est propre et d'une extrême sensibilité de Cătălin Mihuleac.



Quel dommage que ses autres livres n'aient pas (encore !) été traduits !

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