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« Traduire de la poésie est, pour moi une bien plus grande source de plaisir »
Je ne ferais pas de longues phrases, ampoulées, intellectuelles pour présenter ce recueil. La poésie ne s’explique pas, elle se lit, se savoure. Il suffit de se laisser bercer par les mots pour être bien.
J’ai lu tous les poèmes du recueil. Ils sont beaux même si certains m’étaient peu compréhensibles parfois du fait de la transposition dans notre langue française de cette belle poésie roumaine, tout en lui gardant la subtilité des mots, des rimes voulues par l’auteur.
Je me suis toujours interrogé sur la difficulté de traduire de la poésie d’une langue dans une autre. Comment rendre avec une perception fine des vers pour lesquels son auteur s’est exprimé avec force dans sa propre langue et qu’il a su si bien mettre en valeur ? Je donne comme exemple le poème « Allégorie » de Baudelaire, parmi beaucoup d’autres, dont il doit être compliqué de rendre la richesse :
« C'est une femme belle et de riche encolure,
Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure.
Les griffes de l'amour, les poisons du tripot,
Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau.
Elle rit à la mort et nargue la Débauche,
Ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche,
Dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté
De ce corps ferme et droit la rude majesté. »
Néanmoins, j’ai apprécié de nombreux poèmes du recueil dont je donne de courts extraits des meilleurs passages :
DISSIMULÉ DANS UNE ÉTOILE : J’ai pensé aux peintres impressionnistes qui avaient souvent le cœur en forme d’arc-en-ciel.
j’avais l’arc-en-ciel dans l’âme
je le gardais précieusement à l’endroit du cœur
pour ressentir les battements des couleurs
comme un éventail du temps
dispersé en secondes
dont je faisais souvent des petites barques en papier
LA LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ : Le recueil de poèmes « Une histoire de bleu » de Jean-Michel Maulpoix aurait pu utiliser ces mêmes lignes.
la mer est de plus en plus bleue
lorsqu’elle rencontre le ciel
la ligne de l’horizon marquant de manière appuyée
mon existence
DÉSIR
si par une nuit tu compteras les étoiles
et que tu constateras qu’il en manque une
ne t’attriste pas
c’est dans mon coeur qu’elle s’est réfugiée
pour éclairer l’amour
L’AMOUR A DES AILES
le vol de l’amour se poursuit doucement
de sorte qu’on entend à peine les rayons du soleil
qui couvrent l’étreinte dans laquelle
tu me perds
LIÉ AU TEMPS
je mets ma montre à gousset à sonner
un âge de plus en plus indéterminé
et j’attends les yeux rivés sur le miroir
le sourire du jour suivant
J’ai aimé la qualité des dessins et l’important travail de traduction de Gabrielle Danoux qui, depuis des années, tente de faire connaître la littérature roumaine qu’elle met en lumière.
Dans cette période où le monde montre des signes de faiblesse et se désespère, la poésie et la beauté apportent réconfort et espoir.
Merci Gabrielle
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