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Le Désert de Quartz

Ce recueil de poèmes, écrits par George Schinteie, est une symphonie musicale aux tonalités mélancoliques qui laisse une saveur douce-amère au bord des lèvres. De même que la « saudade » donne son timbre nostalgique et sensuel au fado, les partitions du poète interprètent l’amour et l’espérance, teintés d’un vague à l’âme profond, mêlant des sentiments un peu abstrus, à la fois tendres et douloureux.



Au-delà du silence et d’une certaine quiétude ambiante, la violence de certains mots révèle peut-être une période difficile vécue par George Schinteie au cours de son existence. Les pensées exprimées oscillent entre le calme et la tempête, elles me font penser aux mouvements de la marée, tel le flux et le reflux des vagues, on imagine un esprit torturé par une mal-être tenace, et qui tente de s’en échapper en se noyant dans le rêve, fuyant ainsi un quotidien morose (cf. le poème « Le désert »).

Les éléments de la nature (la terre, l’air, l’eau, l’espace) sont omniprésents dans l’œuvre du poète qui en exalte toute la quintessence dans une représentation très symbolique. Il en va de même pour la lumière, le soleil, les couleurs de l’arc-en-ciel, toutes ces ondes lumineuses qui irradient chacun de ses poèmes, tout comme l’éclatante transparence du quartz dont la principale vertu est de rétablir l’harmonie en combattant l’anxiété.

L’expression du temps qui passe marque également un tempo déterminant.



Dans une représentation proche des "Quatre saisons" de Vivaldi, la temporalité saisonnière est sublimée. Elle se fait plus triste à l'évocation de l'arrivée prochaine de l'automne puis de l'hiver, symboles de l'avancée en âge.

Il est très difficile de traduire des poèmes, empreints d’une telle profondeur de sentiments, aussi je félicite Gabrielle Danoux pour son expertise indéniable dans la réalisation de cet immense travail de traduction. Elle restitue talentueusement toute l’intensité, l’inflexion et l’intonation des courants de pensées que le poète roumain a voulu insuffler en écrivant ces magnifiques textes. Je la remercie de m’avoir proposé gracieusement la lecture de cette œuvre littéraire. C’est une belle découverte dont on ne sort pas indemne… Merci infiniment, Gabrielle.

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Le Désert de Quartz

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« Traduire de la poésie est, pour moi une bien plus grande source de plaisir »



Je ne ferais pas de longues phrases, ampoulées, intellectuelles pour présenter ce recueil. La poésie ne s’explique pas, elle se lit, se savoure. Il suffit de se laisser bercer par les mots pour être bien.

J’ai lu tous les poèmes du recueil. Ils sont beaux même si certains m’étaient peu compréhensibles parfois du fait de la transposition dans notre langue française de cette belle poésie roumaine, tout en lui gardant la subtilité des mots, des rimes voulues par l’auteur.

Je me suis toujours interrogé sur la difficulté de traduire de la poésie d’une langue dans une autre. Comment rendre avec une perception fine des vers pour lesquels son auteur s’est exprimé avec force dans sa propre langue et qu’il a su si bien mettre en valeur ? Je donne comme exemple le poème « Allégorie » de Baudelaire, parmi beaucoup d’autres, dont il doit être compliqué de rendre la richesse :



« C'est une femme belle et de riche encolure,

Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure.

Les griffes de l'amour, les poisons du tripot,

Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau.

Elle rit à la mort et nargue la Débauche,

Ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche,

Dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté

De ce corps ferme et droit la rude majesté. »



Néanmoins, j’ai apprécié de nombreux poèmes du recueil dont je donne de courts extraits des meilleurs passages :



DISSIMULÉ DANS UNE ÉTOILE : J’ai pensé aux peintres impressionnistes qui avaient souvent le cœur en forme d’arc-en-ciel.

j’avais l’arc-en-ciel dans l’âme

je le gardais précieusement à l’endroit du cœur

pour ressentir les battements des couleurs

comme un éventail du temps

dispersé en secondes

dont je faisais souvent des petites barques en papier



LA LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ : Le recueil de poèmes « Une histoire de bleu » de Jean-Michel Maulpoix aurait pu utiliser ces mêmes lignes.

la mer est de plus en plus bleue

lorsqu’elle rencontre le ciel

la ligne de l’horizon marquant de manière appuyée

mon existence



DÉSIR

si par une nuit tu compteras les étoiles

et que tu constateras qu’il en manque une

ne t’attriste pas

c’est dans mon coeur qu’elle s’est réfugiée

pour éclairer l’amour



L’AMOUR A DES AILES

le vol de l’amour se poursuit doucement

de sorte qu’on entend à peine les rayons du soleil

qui couvrent l’étreinte dans laquelle

tu me perds



LIÉ AU TEMPS

je mets ma montre à gousset à sonner

un âge de plus en plus indéterminé

et j’attends les yeux rivés sur le miroir

le sourire du jour suivant



J’ai aimé la qualité des dessins et l’important travail de traduction de Gabrielle Danoux qui, depuis des années, tente de faire connaître la littérature roumaine qu’elle met en lumière.



Dans cette période où le monde montre des signes de faiblesse et se désespère, la poésie et la beauté apportent réconfort et espoir.



Merci Gabrielle




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Le Désert de Quartz

Je ne suis pas très versé dans la poésie, mais un grand curieux de la chose écrite, alors quand Tandarica m'a proposé de me plonger dans le recueil de George Schinterie... j'ai tenté la chose. D'abord un doigt de pied, il faut bien le reconnaître, et puis le grand plongeon au bout de quatre mois d’acclimatation. ! D'autres lecteurs l'ont noté ici : des références nous manquent par rapport à la poésie roumaine. Heureusement que les textes qui accompagnent ce recueil nous aident : celui de Cristina Sava, Marian Odangiu et de la traductrice Gabrielle Danoux. Cet accompagnement a été même indispensable pour moi.

J'ai écrit un peu plus haut que « des références nous manquent par rapport à la poésie roumaine. », pourtant au détour de la postface de Marian Odangui, il est fait allusion à une épigraphe d'Albert Camus : « On peut savoir ce qu’est la souffrance d’amour, on ne sait pas ce qu’est l’amour ». C'est peut-être une des clefs qui m'a permis d'entrer dans le monde de George Schinterie. « En terre inconnue », on se raccroche à ce que l'on connaît, mais aussi à des indices comme la fréquence de certaines images, dont celles qui ont trait au « sang » qui apparaît dix-neuf fois dans le recueil, sans compter « sanguinolent » ou « ensanglantant » suivi même par un « étranglement ». Toute la symbolique du sang nous renvoie vers la vie, mais aussi vers la mort avec une notion de temps : passe quelque mort étrange / veillé par une procession / le temps saigne en vain /comme une pensée décapitée.

J'ai aussi noté au passage des étrangetés comme :

« de sorte qu’on entend à peine les rayons du soleil »

ou bien encore :

« comme une tasse de vin pas encore entamée ».

Étrangetés qui concourent à ce sentiment de se trouver ailleurs justement.

J'ai aussi beaucoup aimé la formule : « le salut par la poésie » relevé par Cristina Sava dans sa préface.

Entrer dans la poésie de George Schinterie, c'est un peu voyager dans « un transsibérien d'aujourd'hui », avec tout son inconfort, mais avec ces fulgurances, et quand ivre de sommeil, on voit l'arrivée d'un nouveau jour.
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