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Mykonos

Aujourd’hui je vais évoquer Mykonos bref roman d’Olga Duhamel-Noyer, autrice québécoise.

L’action se déroule à Mykonos, un été, sur une semaine du mercredi au mercredi suivant. Quatre garçons viennent sur l’île des Cyclades passer leurs vacances. L’oncle de Christopher leur prête un logement dans le village principal Hora (que les touristes appellent Mykonos town). Il est accompagné de Pavel, Sebastian et Jules. Ils sont jeunes et veulent profiter de la plage et de la nuit festive. C’est la première fois qu’ils partent ainsi en voyage. La petite bande s’installe à la descente du bateau et suit les recommandations de Christopher, le leader viril du groupe. Ils sont ici presque par hasard, ils ne parlent pas grec, ne connaissent pas spécialement la culture locale, la réputation festive du lieu les a sans doute attirés et la disponibilité de cet hébergement gratuit. Cependant, il semble que ces garçons ne sont pas au courant de l’omniprésence de l’homosexualité synonyme de grande liberté. Chaque jour ils vont à la plage, se baignent (surtout Pavel qui nage beaucoup de jour comme de nuit), se préparent pour les soirées et espèrent rencontrer des filles et faire l’amour avec. La chambre pourra servir d’écrin à ces rapprochements charnels. Baiser est un des objectifs de la semaine. Mykonos est le récit de ces journées solaires, de la chaleur accablante, de la lascivité et de la sexualité désirante. Sebastian, Jules, Christopher et Pavel sont sous l’emprise des hormones et de la jeunesse, la réussite des vacances se mesure aussi au nombre de conquêtes féminines sans lendemain. Ils sympathisent avec un barman qui les introduit dans des clubs nocturnes où ils sont traités comme des VIP, ils participent à une soirée privée avec un fameux DJ. Durant ce séjour ils vivent la nuit et se reposent le jour. Pavel est plus solitaire que ses amis, il s’isole parfois, essaye de découvrir des sentiers moins fréquentés. Il est un peu ambigu, sa sexualité et son orientation sont moins affirmés. Il est moins viril que ses potes, son allure peut tromper certains hommes qui imaginent pouvoir le séduire. Pourtant il réagit très mal lorsqu’une main masculine le caresse, il s’offusque, se cabre et prévient ses amis. La fête vire à l’explication avec Dimitri puis au drame la dernière nuit (c’est l’acmé du roman que le lecteur voit progressivement arriver). Les protagonistes sont empreints d’homophobie et leur comportement semble particulièrement déplacé dans ce lieu de liberté. Ils sont à peine conscients de leur acte et tout porte à croire qu’ils ne seront pas inquiétés (le mercredi ils repartent tranquillement vers chez eux) ; il n’est même pas certain qu’ils se sentiront coupables. Outre cette histoire tragique Mykonos est aussi un portrait sans concession de l’île maltraitée par le tourisme de masse avec les déchets, la pollution, les nuisances. Certes les murs blancs, les venelles étroites, l’eau bleue et les pélicans sont sur la carte postale du lieu mais la menace de la destruction ou de la dégradation est présente.

Mykonos est un texte contondant, bref, ciselé. La psychologie est absente, l’auteure est la narratrice clinique de ces journées solaires et destructrices.

Voilà, je vous ai donc parlé de Mykonos d’Olga Duhamel-Noyer paru aux éditions Héliotrope.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Le fugitif, le flic et Bill Ballantine

Avec « Le fugitif, le flic et Bill Ballantine », le deuxième roman d’Éric Forbes, un thriller humoristique, les littératures du crime québécoises s’introduisent principalement dans les arrondissements centraux de Paris et en banlieue de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Des assassinats en cascade d’un couvert à l’autre, de la capitale française à Baie-Saint-Paul pour respecter la philosophie de la collection Héliotrope Noir : « tracer, livre après livre, une carte inédite du territoire québécois dans lequel le crime se fait arpenteur-géomètre » dont je possède tous les titres. Une trentaine de courts chapitres dans lesquels l’auteur s’en donne à cœur joie pour, entre autres, souligner les particularités langagières qui distinguent les descendants des Gaulois et leurs « cousins » d’Amérique :



« Elle a un accent québécois, [constate le Français Jocelyn Garand]. Cette façon qu’elle a de prononcer son nom, Garin, ne ment pas. »



Avant d’en entreprendre la lecture, j’ai revisité en survol « Amqui » en me concentrant sur les derniers chapitres et l’épilogue pour rafraîchir ma mémoire sur le scénario et les personnages qu’avait imaginés Éric Forbes dans un roman que j’avais bien aimé en 2017. Si vous n’avez pas lu son premier opus, n’ayez crainte, car l’auteur rappelle à quelques reprises, dans la bouche du narrateur ou de ses deux principaux personnages, le contexte de cette fuite sur le vieux continent du libraire assassin Étienne Chénier et de celui qui le poursuit, l’ex-détective devenu manchot, Denis Leblanc.



Dès le premier chapitre, on retrouve donc Chénier (qui ne se sépare jamais de la photo de sa mère) devenu propriétaire d’une librairie, « Une touche de noir », (…) « une librairie de polars usagés qui survivait de peine et de misère, les librairies spécialisées ayant de moins en moins la cote auprès des consommateurs », ayant pignon sur la rue Cardinal Lemoine, dans le 5e arrondissement :



« …la tête plongée dans un bouquin, confortablement installé dans son fauteuil, face à sa table de travail, sa jambe droite nonchalamment posée sur son genou gauche. Insouciant. »



Pratiquant, comme son auteur, un métier dont le travail minutieux consiste à classer des tablettes entières « par ordre alphabétique, une des tâches les plus pénibles pour un libraire. »



Éric Forbes s’est surpassé en intégrant dans ce récit rocambolesque une brochette de personnages hauts en couleur dont j’ai suivi les déplacements des plus réalistes dans la Ville lumière avec Google Street à portée de la main.



Parmi ceux-ci, le désopilant et exaspérant Axel/Alexandre/Édouard, 11 ans, pour qui « l’avenir appartient à ceux qui savent prendre des initiatives », « phrase que sa mère prononce souvent », grand admirateur de « Bill Ballantine, son idole, l’acolyte de Bob Morane, ce géant roux sans peur et sans reproche » amateur de whisky. Cette admiration donne un sens à une portion du titre du récit.



Comme sa mère et tous les autres acteurs français qu’il côtoie, le jeune garçon peine à déchiffrer le dialecte des Québécois. Une poursuite en voiture dans les rues de Paris, comme dans le film «Taxi », l’excite au plus haut point. De plus, il sait s’imposer, ayant acquis « une certaine expertise en matière de filature, grâce à ses lectures – Le Club des cinq, Bob Morane, Sherlock Holmes et plein d’autres ». Il a « la tête pleine de projets. Dont écrire une tonne de bouquins, voyager au centre de la Terre, faire le tour du monde en quatre-vingts jours, visiter l’île au trésor et, si possible, rencontrer le grand Bill Ballantine. » Il sait « qu’on ne se de débarrasse par d’un type aussi rapidement qu’on se vide la vessie. À moins de s’appeler Bill Ballantine, évidemment. Ou d’être pourvu d’une gigantesque vessie. Comme Bill Ballantine. Qui ne va jamais au petit coin. »



J’ai beaucoup aimé la technique d’écriture d’Éric Forbes qui a confié à son narrateur omniscient la présentation de deux points de vue d’une même scène comme, par exemple, la rencontre du duo Chénier/Leblanc avec le jeune Axel/Alexandre/Édouard.



L’auteur étant libraire de métier, il était normal qu’il glisse tout au long de « cette course-poursuite sauvage » dans les rues parisiennes plusieurs références littéraires :



• des auteurs de polars et de romans noirs : Pierre Siniac et son humour très noir, Frédéric H. Fajardie, Jean-Patrick Manchette, Simenon, Lawrence Block, le Britannique Robin Cook, Dashiell Hammett (« La clé de verre »), Davis Goodis (« Sans espoir de retour »), San Antonio, François Barcelo (nom qu’emprunte Étienne Chénier pour décliner son identité face à un flic parisien qui lui demande : « Barcelo, c’est un nom espagnol ? » Et lui de répondre, « Oui, espagnol. Du sud. » ;



• les mythiques collections Série Noire (dont certaines jaquettes valent une fortune), Le Masque, Fleuve Noir, Rivages/Noir ;



• et autres auteurs (Hugo, Dumas, Stendhal, Balzac, Zola. Modiano, Despentes, Duras, Tournier… sans oublier René Goscinny / Albert Uderzo et leur Astérix en Hispanie.



Il y a de quoi rigoler avec ces traits de caractère des Parisiens dépeints par certains personnages pendant que des pseudomeurtriers incompétents se font buter en rafale :



La nonchalance des touristes qui « exaspère les Parisiens, des citoyens toujours pressés ».



« … il manque de se faire renverser par une voiture, les conducteurs parisiens ayant cette certitude, bien ancrée dans leur minuscule cerveau, de la ville leur appartient. »



« Les flics de petite taille sont les pires, lui a toujours dit sa mère. »



« … les gens qui portent toujours des survêtements sont des grosses feignasses. Surtout les vieux. »



« Tu lis trop de livres, mon pote ! » « Ben au moins, moi, j’en lis. Ça fait que j’suis pas limité à une dizaine de mots, quand je m’exprime ! En incluant putain, merde, connard pis du coup ! » […] « Ah ! J’avais oublié que dalle ! Pis à chier ! »



Il « …se dissimule derrière un homme obèse, soufflant comme un phoque, qui cherche désespérément des yeux un siège où s’effondrer. Les gens ont beaucoup de sympathie pour les personnes âgées ou les femmes enceintes, a-t-il déjà constaté. Très peu pour les enfants. Encore moins pour les gros, comme dit sa mère. »



« … y a-t-il un peuple sur terre plus paisible et inoffensif que les Canadiens. Bien sûr, elle n’en connaît pas des tonnes. Elle n’en connaît aucun, à vrai dire, sauf ceux qu’on voit occasionnellement à la télé – Garou, Céline Dion, Isabelle Boulay, Lara Fabian –, et, de ce qu’elle sait, ils apparaissent rarement sur les premières pages des journaux pour les mauvaises raisons, contrairement à ces tarés d’Américains. »



Et que dire de ces belles images…



« … le barbu aux allures de terroriste islamique se penche vers lui et chuchote à son oreille une longe suite de mots à peine compréhensibles – son accent est vraiment à chier –, dont le thème principal semble être la religion catholique. Les mots tabernacle, ciboire, sacrement et hostie reviennent à intervalles réguliers, des mots qu’il a récemment appris en cours de religion. De toute évidence, ce type n’a plus toute sa tête. Ou alors la peur le rend débile. »



« … se faisant l‘effet d’être un personnage des livres de Simenon, l’état dépressif en moins. »



Il « le dévisage et sourit. Ce genre de sourire méchant qu’il doit pratiquer devant un miroir. Probablement en se parlant, tel Robert De Niro, dans Taxi Driver. »



… et de ces mises en situation :



« Dans les films policiers, les vieillards se font rarement pourchasser. Ou alors la traque ne dure jamais bien longtemps, la proie finissant presque inévitablement avec une balle dans le crâne. »



« Je vous présente Johnny Renaud. Deux chanteurs pour le prix d’un. C’est-tu pas merveilleux, ça ? »



« La chose que je trouve le plus dure depuis que j’ai perdu un bras, c’est quand j’essaie de me tourner du mauvais côté dans le lit. Je perds l’équilibre, pis je me retrouve comme un épais la face dans l’oreiller, en train de m’étouffer. »



Vous y apprendrez que le refrain de Stayin’ Alive des Bee Gees « Ah, ha, ha, ha, stayin’alive, stayin’alive » peut vous permettre de sauver une vie !



Ces quelques extraits illustrent bien la qualité d’écriture et le style parfois mordant d’Éric Forbes. Le scénario de ce thriller est tricoté serré. L’action en continu et les personnages truculents en rendent la lecture addictive jusqu’à la finale et son clin d’œil aux polars nordiques à la Stieg Larsson.



Je vous recommande sans restriction « Le fugitif, le flic et Bill Ballantine » en empruntant les mots de l’éditeur : « une histoire aussi haletante qu’explosive » qui vous fera passer de bons moments.



Libraire et collectionneur de polars, Éric Forbes a grandi dans la petite ville d’Amqui avant d’entreprendre plus tard ses études au Cégep de Rimouski puis, en littérature à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM. Il a aussi collaboré à la revue littéraire Les Libraires. Il vit aujourd’hui à Montréal. Amqui (2017) a reçu le prix Jacques-Mayer du premier polar.



Merci aux éditions Héliotrope pour le service de presse.





Originalité/Choix du sujet : *****



Qualité littéraire : *****



Intrigue : *****



Psychologie des personnages : *****



Intérêt/Émotion ressentie : *****



Appréciation générale : *****


Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Sur les hauteurs du mont Thoreau

L'écrivaine montréalaise Catherine Mavrikakis dénonce les petits aménagements avec la mort dans son nouveau roman, «Sur les hauteurs du mont Thoreau».
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