Mon cœur déborde. Je me mets à croire que, même si nous étions ici sous une averse sans parapluie, les gouttes voleraient autour de nous sans nous atteindre.
-Bon, à quoi je m'attendais? fait Tsipora en frappant dans ses mains. Si je fais entrer un porc chez moi, je ne dois pas m'étonner qu'il saute sur la table.
Faire le trajet en voiture de Tel-Aviv jusqu'en banlieue, c'est comme partir en vacances. Descendre d'un autobus en banlieue, c'est comme accepter d'être enterré dans le rayon des matelas d'un grand magasin.
Le vigile hoche la tête. Je frissonne : cette voix de baryton rugueuse, ces épaules de déménageur, cette sauvagerie virile à peine domptée par le costume noir, cette montagne de chair bestiale trahissant le rejeton d’une lignée de guerriers slaves bourrés d’énergie, hissant sur leurs montures prodigieuses des vierges souriantes aux seins puissants.
Je comprends, presque surpris , que le vieillard qui gît là , sans vie et abandonné, a vécu jadis une autre vie, la vie d’un homme jeune avec une maison , une épouse , une famille, un travail, des loisirs des amours et des haines , des espoirs et des désillusions.
Hercule Poirot affirme que le détective est un chien de chasse attendant de renifler la bonne odeur. Moi, dans cette enquête, je me conduis comme une femelle de pékinois au nez bouché.
Personne ne sait ce qui vient en premier, l’amour ou la haine, mais l’instinct meurtrier existe en chacun de nous depuis la nuit des temps.
C’est pas pour rien qu’on dit : une mauvaise minute dans la bouche, une année dans le popotin.
- Quoi, y a pas Amazon à Gaza ? je m’écrie en claquant des mains et en m’asseyant. Bon sang, Ayala, vraiment comment ils vivent ? Je veux dire, va pour le blocus mais qu’au moins ils reçoivent en temps et en heure leur crème faciale !
Depuis que je suis devenu moi-même ce que l’on appelle un homme, je rêve de plus en plus à l’adolescence . Images resplendissante de corps agiles, d’hormones en folie, de tempêtes libidinales, de tourbillons émotionnels, d’une infinité d’avenirs glorieux qui n’attendent que moi, uniquement moi, l’élu.Une parcelle de temps sans conscience du temps , une éternité dont on ignore qu’elle ne dure pas , un instant qui n’aura été qu’une bulle de savon ayant brillé puis éclaté
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