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Critiques de Violaine Bérot (246)
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Comme des bêtes

Coup de cœur pour ce merveilleux conte dont je dois absolument vous parler, mais sans en révéler trop afin de ne pas en briser la magie !



« Comme des bêtes » c’est l’histoire d’un randonneur qui découvre une petite fille de 6 ou 7 ans, totalement nue, accompagnée d’une espèce de colosse, qui se rue sur lui en grognant lorsqu’il fait mine de vouloir s’approcher. La peur au ventre, il détale au plus vite de cette montagne et part prévenir les autorités…



« Comme des bêtes » c’est tout d’abord une enquête menée par la gendarmerie, visant à dévoiler la vérité qui se dissimule derrière cette scène pour le moins étrange. Un roman choral à la construction remarquable qui multiplie les témoignages des villageois, venus nous éclairer sur les us et les coutumes de ce bled perdu des Pyrénées aux habitants parfois étranges…



« Comme des bêtes » c’est également l’histoire d’une femme venue vivre à l’écart d’un petit village reculé de haute montagne, en compagnie de son fils simple d’esprit, que les locaux surnomment « l’Ours ». Véritable force de la nature, incapable de prononcer le moindre mot, il évite tout contact avec les autres, dont il craint la compagnie…



« Comme des bêtes » c’est surtout une légende, celle de la grotte aux fées, dont certains habitants se souviennent vaguement, ne sachant plus très bien si les fées venaient kidnapper les bébés ou recueillaient seulement ceux qui étaient abandonnés…



« Comme des bêtes » c’est une romancière qui s’indigne tout d’abord contre les injustices de cette société obnubilée par la normalisation, qui ne laisse pas de place à la différence, pour finalement conclure son roman par une véritable claque, en révélant la réalité atroce qui se dissimule derrière ce conte poétique.
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Comme des bêtes

♫ Elle doit bien savoir qu'elle ne peut pas

Ne pourra jamais plus voler

D'autres ont essayé avant elle

Avant toi, une autre était là

Je l'ai trouvée repliée sous ses ailes

Et j'ai cru qu'elle avait froid

Moi aussi j'ai une fée chez moi ♫

- ZAZ - 2011 -

---♪----♫----🧚‍♀️---🐻---🧚‍♀️----♫----♪----



La Grotte aux fées c'est la grotte des bébés volés

Des bébés à elles confiés

pour qu'ils s'endorment protégés

dans leurs bras de fées.

Effet imaginaire et fées mères

Grand muet, Ours bipolaire

Une apesanteur

deux âmes-soeurs

et comme toujours

pour les âmes-Ours

Rumeur, coutumes et les us

Comment voudrais-tu que je le susse

Ex-citation n'empêche point relation

Que des suspicions quant aux fées lation...

Un merci au Bistro-librairie le Kairn

65400 Arras en Lavedan

A l'honneur la fille du pays, Bérot Violaine

Pour son pense-bête, pas si évident !

Maintenant, avant que tout ne s'éveille

Je ne vais pas m'envoler

sans ailes...

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Comme des bêtes

Un véritable coup de coeur pour ce petit roman choral de Violaine Bérot !! Merci à @Christophe_bj de m'avoir communiqué son enthousiasme !

L'histoire, le thème, l'écriture, tout m'a plu. Une écriture virtuose, et la fin du livre magistrale, quintessence du talent de l'auteure.



Une petite fille est retrouvée dans la grotte aux fées, inconnue de toute administration. Il semblerait qu'elle soit élevée par ce grand muet, ce garçon arriéré que tout le monde au village prénomme l'Ours tant il ressemble à cet animal. Aussi grand, aussi trapu, aussi sauvage, aussi solitaire que cet animal emblématique, ne sachant pas parler mais juste grogner. Un garçon très fort qui éprouve une peur viscérale des hommes mais qui possède un véritable don avec les bêtes, qui ressent tout comme les animaux. Sa mère Mariette et lui vivent à plusieurs kilomètres de Ourdouch, dans un coin reculé et difficile d'accès, isolés du village, sans téléphone.



L'amour de Mariette pour son fils est sublime : « Devant l'institutrice qui, je vous le répète, n'était pas une tendre, elle l'a embrassé, lui, son fils, notre idiot de l'école. Et elle ne l'a pas embrassé vite fait, sans y penser, par habitude, non, elle l'a embrassé avec une application et une lenteur incroyables. Ce baiser de mère, moi il m'a bouleversé. Vraiment. Un pareil amour entre une mère et son fils, je n'avais jamais vu ça. Je ne savais pas que c'était possible ». C'est cet amour qui la conduit à vivre de façon si isolée pour le protéger des autres, cet amour qui la pousse à déscolariser son enfant et à refuser l'enfermement qu'on lui propose. L'amour pur d'une mère pour cet enfant différent donc plus fragile. Un amour la tête haute, simple, viscéral.



Le roman donne la parole aux différentes personnes du village : institutrice, voisin, randonneur, facteur, joggeur, ancien camarade de classe, mais aussi Mariette. Chacune raconte sa vision des faits, sa perception de l'Ours, perçu tour à tour comme un handicapé mental, comme un fou dangereux, comme un être à la puissance terrifiante mais aussi à la douceur exceptionnelle, comme un être doué de dons incroyables avec les animaux, comme un autiste, comme un père normal. Qui est cette petite fille ? Est-ce que l'Ours l'a volée ? Est-ce son père ? N'est-ce pas le fruit d'un amour incestueux ? Les questions et les rumeurs vont bon train. Certaines personnes sont péremptoires et semblent détenir la vérité (notamment la maitresse qui m'a révoltée), d'autres doutent, certains sont touchants de sincérité et d'intelligence.

Le fait que cette petite fille ait été trouvée dans la grotte aux fées où manifestement elle a vécu plusieurs années, semble émouvoir les plus âgées qui tous connaissent la terrible légende : Si les enfants ne sont pas sages, les fées les enlèvent et les gardent avec elles dans leur grotte, et plus jamais les enfants ne peuvent redescendre au village. Et celui qui, par curiosité, s'aventure jusqu'à la grotte amène le malheur sur sa famille pour des générations. Les grands-mères disaient sans doute ça pour que les enfants ne s'amusent pas à essayer d'y aller voir cette grotte difficile d'accès. N'empêche, la petite a été retirée par les autorités et placée, l'Ours mis derrière les barreaux, les personnes interrogées. Pour les plus âgés un grand malheur va arriver…



J'ai aimé la voix poétique des fées entre chaque chapitre du livre, chapitre donnant à chaque fois la parole à un personnage, déposition faite aux forces de l'ordre. J'ai aimé comprendre petit à petit grâce à ces fées murmurantes la véritable légende de la grotte aux fées. J'ai aimé ces différents témoignages, dépositaires de points de vue si différents, parfois de bêtise crasse, mais aussi de bienveillance. J'ai été complètement secouée par le témoignage de la pharmacienne à la fin du livre. J'ai été bouleversée par la colère de Mariette, la colère d'une mère.



Nous réagissons comme des bêtes. Nous les « normaux anormalement normés ». Lorsque nous ne comprenons pas l'autre car cet autre est très différent de nous. Nous jacassons, nous croyons tout savoir, nous entretenons des rumeurs, nous maltraitons, nous n'écoutons rien…Qui est la véritable bête ? Ce livre est un magnifique et touchant plaidoyer pour les personnes différentes.



Laissons les fées conclure :



"Cela nous console

nous les fées

de savoir que certains

dans le monde d'en bas

certains normaux anormalement normés

des égarés

n'ont pas peur

aux égarés

font confiance certains".











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Comme des bêtes

Un roman magnifique, par le sujet traité et par l’originalité de la forme



Le personnage principal n’a pas de nom, et tout le monde le nomme l’Ours en raison à la fois de son apparence physique et de son langage réduit à des grognements.



Il vit avec sa mère, à l’écart du village, puisque les tentatives de socialisation ont été contre-productives pour lui, provoquant des crises de panique et cristallisant une violence latente contre lui.



Or on découvre dans une grotte, non loin de la maison où vit l’Ours, une petite fille, qui semble vivre nue.



Les témoignages se succèdent, les uns à charge, attestant de la bestialité et de l’anormalité du jeune homme, les autres au contraire apportant la preuve de dons particulièrement développés pour comprendre et soigner les animaux. Et donc pourquoi pas une petite fille ? Et se pose aussi la question des origines de l’enfant : abandon, naissance incestueuse…Chacun y va de sa théorie.



Les différents chapitres sont autant de dépositions, des interrogatoires policiers, puisqu'il y a enquête. Mais en fait, c’est le lecteur qui se trouve ainsi dans le rôle d’une oreille attentive pour essayer de comprendre, ce qui s’est passé et qui est cet être qui devient l’exutoire de toutes les angoisses focalisées sur la différence, et qui favorisent l’émergence d’instinct de destruction.



Entre les chapitres la parole est donnée aux fées, via de courts poèmes, qui ont autant de portes ouvertes sur un autre monde, celui des rêves et de l'indicible.





C’est un récit extrêmement émouvant, et en particulier la fin que je ne révèlerai pas .



Très belle découverte.



Merci à Netgalley et aux éditions Buchet-Chastel


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Comme des bêtes

Effroyable et sublime. C'est ainsi que je qualifierais le recoupement de toutes ces voix que j'ai entendues car, même en seulement 160 pages de témoignages, lorsque le ton est vrai, si juste autant dans les jugements médisants que dans la bienveillance pure, la méfiance ou encore le bon sens, il y a de quoi être bouleversé par toutes ces émotions. J'ai écouté des personnages assez différents pour me faire passer par tous les états, comprendre tous les points de vue de cette histoire, pourtant intime et secrète, de montagnards taiseux ; un drame à faire pleurer dans les chaumières, alors que la pureté d'un éclat de rire aurait pu faire triompher la différence avec bienveillance.



Oui, j'étais là pour être interrogée, moi aussi. Je viens de la ville mais mon mari et moi avons acheté une maison ici pour nous ressourcer. J'attendais donc dans les couloirs de cette gendarmerie et je n'entendais pas les questions posées par vos collègues, mais je les reconstituais mentalement en écoutant les réponses clamées haut et fort par les auditionnés. J'étais hypnotisée par ce que j'entendais, chaque témoignage est tellement instructif sur tout ce que peut être la nature humaine ; j'aurais pu continuer longtemps encore à combler tout ce que j'ignorais de cette histoire en écoutant les villageois témoigner. Sauf que maintenant ce n'est plus possible ! A cause de nous, les Hommes (et ça me coûte de mettre cette majuscule à notre espèce), et des dérapages que notre intolérance chronique continue de perpétrer !!

.

Non, bien sûr que non je ne savais pas que ça allait finir comme ça. Même si, en y réfléchissant, ça aurait pu finir en chasse à l'homme bien plus sauvage s'ils avaient dû le poursuivre dans la montagne ; mais le fait que je puisse ne serait-ce qu'imaginer cette scène, là avec vous, prouve que la faute n'est pas uniquement celle de ce gendarme qui a grave merdé, mais bien plutôt celle de notre société toute entière, dont les citoyens n'aspirent qu'à s'entourer d'êtres dits « normaux » tout en passant leur vie à faire des singeries pas possibles pour s'en démarquer ! Alors je vous le demande à vous, Inspecteur des inspecteurs, elle est où la normalité dans notre société, hein ? Où ?

.

Bien sûr que je m'énerve, est-ce que vous vous rendez-compte de ce qui s'est réellement passé là, sous nos yeux ?! Jamais un truc pareil n'aurait dû se produire. Jamais on aurait dû traiter comme ça un homme qui était juste différent de la plupart des siens. Vous êtes un homme, alors ce que je vais dire est peut-être dur à avaler pour vous, mais « différent » c'était plutôt le meilleur compliment qu'on pouvait lui faire, si vous voulez mon avis - mon avis de femme, et mon avis de citoyenne. J'étais là, dans les couloirs, et j'ai tout vu, tout vu, vous m'entendez ? Et tout entendu ! Et je peux vous dire que les gendarmes, ils n'ont pas voulu entendre grand chose, jusque-là, c'est certain. C'est pourtant pas faute d'avoir successivement « entendu », selon leur propre jargon, l'institutrice du gosse soi-disant terrible - même si celle-là était trop formatée par son institution pour comprendre quoi que ce soit si vous voulez de nouveau mon avis, puisqu'elle les laissait le traiter d'ours et ne le voyait que comme une bête ; mais qui était la plus bête, je vous le demande, là, maintenant, avec tout ce que vous avez « entendu » et un peu de recul, hein ? - puis ils ont « entendu » des villageois - dont, certes, émanaient non-seulement des ragots, de la crainte, des médisances, mais parfois beaucoup de bon sens, ainsi que des légendes montagnardes mettant en scène des fées enlevant des enfants pour les élever dans une grotte, ce qui je vous l'accorde n'aidait pas à rationaliser l'affaire, mais enfin tout de même ! Ont également témoigné des voisins qui connaissaient bien cette famille, des amis même - vous entendez, des amis, alors que tous les prenaient naïvement pour des asociaux ! -, et puis le citadin coureur à pied et, cerise sur le gâteau, la pharmacienne de la ville… Avec tout ça ils auraient pu au moins lui accorder le bénéfice du doute !

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Où je veux en venir avec ma diatribe ? Eh bien ça fait une heure, Monsieur le boeuf-carottes, que vous me cuisinez aux petits oignons pour savoir à qui la faute de ce qui s'est passé - et si faute il y a. Mais moi je vais vous dire, notez-le bien sur votre petit carnet de ville bien propre qui n'a jamais foulé nos terres auparavant, afin que mon témoignage soit bien pris en compte avant le prochain drame : il y a bien une faute, et elle vient de la façon dont cette société marginalise les gens différents sans chercher à les comprendre ni à les insérer. Voilà ce que je pense. Vous avez compris ou vous voulez que je recommence ? Parce que je peux aussi demander à mon ami Nick1905 de venir témoigner si vous voulez, il vous racontera une histoire de taureau que même pas vous la croiriez !

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Comme vous voulez, Monsieur l'Inspecteur. Au revoir alors. Ah, pendant que j'y pense, où est votre collègue Sonia, la flic du challenge des perles littéraires chargée de contrôler que les bouquins demandés ont bien été lus selon sa loi et sans bavure ?

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Ah, dans ce cas, souhaitez-lui bonne chance dans son assistance à la brigade de recherche du dénommé Gabb classé « wanted » depuis plusieurs mois… Dites-lui aussi de remercier Marie-Caroline qui, ayant adoré ce bouquin, m'a demandé de le sortir de ma PAL dans le cadre du challenge, elle comprendra. D'ailleurs, vous pourriez le lire vous aussi. Qui sait ? Clic, PAN, vous aussi vous pourriez être touché… en plein coeur ;-)
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Comme des bêtes

Ce très court roman, moins de 150 pages lues d'une traite, n'aurait sans doute jamais attiré mon attention sans les critiques d'Yvan_T et de HordeduContrevent (Chrystèle) que je remercie ici, parce que cette lecture m'a littéralement coupé le souffle. Je ne m'attendais absolument pas à ressentir une telle émotion au début, j'ai même été un peu agacée par la construction assez particulière du livre : des chapitres assez courts, un interlocuteur différent à chaque fois, manifestement dans le cadre d'un interrogatoire de police, mais où on ne connait que les réponses, même si on imagine facilement les questions. Et entre ces chapitres, une ritournelle qui se poursuit lentement, avec de nombreuses répétitions, scandée par les "fées", personnages fantômes mais très importants pour les habitants de ce village de montagne, Ourdouch. Notamment pour les anciens, persuadés qu'un grand malheur se produira si on contrarie les fées de la Grotte.

Mais ce n'est pas vraiment un conte de fées que cette histoire-là, ni une histoire animalière bien que le personnage principal soit l'Ours... Encore que, les animaux ont aussi une part importante dans l'histoire, puisque l'Ours sait les comprendre et les soigner. Apparemment il saurait aussi s'occuper d'une mystérieuse petite fille, sortie d'on ne sait où et qui vivrait avec lui dans la grotte aux fées. Tout se passait bien pour tout le monde, jusqu'au jour où un touriste de passage signale aux autorités avoir vu cette fillette nue en compagnie d'un âne et de l'Ours, et ce dernier se serait mis à grogner d'un air menaçant lorsque le touriste en question avait voulu en savoir plus...

Tout le roman se construit à partir de ce signalement, qui conduit les forces de l'ordre à arrêter de façon spectaculaire un simple d'esprit incapable de s'exprimer par des mots. Les témoins (voisins, gens du village, ancienne institutrice, pharmacienne, et enfin Mariette, la mère du garçon) vont se succéder pour apporter leur éclairage sur la personnalité de l'Ours. Et on voit se dessiner peu à peu un portrait tout en nuances, et bien éloigné de ce qu'on pouvait imaginer. Les imaginations s'emballent à propos de la fillette : d'où vient-elle, de qui est-elle la fille ? Et les fées, qu'ont-elles à voir là-dedans, enlèvent-elles des enfants, ou recueillent-elles ceux qui n'ont pas été désirés ? Je ne vous donnerai pas les réponses, vous en trouverez certaines en lisant ce livre extrêmement puissant et touchant malgré sa brièveté. Et la fin vous laissera sans doute comme moi, bouche bée, sidérée...
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Comme des bêtes

Pour préserver son fils « différent », à qui sa forte stature, sa peur des hommes et son absence de langage ont valu le sobriquet d’Ours, Mariette a choisi de s’installer avec lui en marge de leur village isolé des Pyrénées. Cela fait maintenant des années qu’ils y vivent loin des regards, en quasi autarcie, lorsque des randonneurs découvrent une fillette de six ans, nue, dans les parages…





Les éloges sont unanimes sur ce livre et l’on comprend pourquoi. Cette histoire admirablement contée est un cri de colère contre l’intolérance d’une société normative, que l’auteur a elle-même rejetée en quittant tout, il y a vingt ans, pour élever chèvres et chevaux dans ces mêmes montagnes pyrénéennes. C’est, lui aussi, loin des hommes et au contact des bêtes, au plus près de la nature, que le fils de Mariette a trouvé à s’épanouir, dans une forme de bonheur et une liberté que la « civilisation » va néanmoins s’empresser d'anéantir. La langue est fluide, le drame frappant, et la construction habile. Tandis qu’en entame de chaque chapitre, la psalmodie des divinités de la montagne et de la maternité contrariée bercent le lecteur de leur lamentation tragique, celui-ci découvre peu à peu le drame qui s’est déroulé, au travers des dépositions successives des témoins interrogés dans l’enquête. Se dessinent ainsi une palette de points de vue, parfois fermés et intolérants, souvent bienveillants ou au pire indifférents. Toujours est-il qu’au nom de principes censés protéger le citoyen, la parenthèse de liberté qui ne coûtait rien à personne s’est bel et bien refermée…





Hymne à la liberté et au droit à la différence, en particulier à propos du handicap, ce livre bien conçu et bien écrit aurait dû me séduire. C’est pourtant une tout autre colère que celle de l’auteur qui me reste après cette lecture. Car oui, notre société, très normative, laisse peu de place à la différence. Le culte de la croissance économique et de l’argent y a supplanté toutes les autres formes de bonheur, au nom d’un progrès matérialiste qui uniformise peu à peu la vie de par le monde. Que l’on soit l’héritier d’une autre culture et d’autres valeurs, ou que le handicap vous empêche d’être comme tout le monde, l’on attendra de vous de vous normaliser. Ainsi par exemple, aussi inadéquat que cela puisse paraître parfois, un travailleur handicapé devra être rentable. Pas « d’aide par le travail » pour ceux qui ne peuvent pas l’être… Alors, quand on est parent d’un enfant « différent », ce n’est certainement pas la marginalisation et l’isolement que l’on s’en va chercher. Parce que, quand on ne sera plus là, il faudra bien qu’il puisse poursuivre son existence sans nous. Quel est donc cet amour maternel qui enferme l’Ours dans sa marginalité ? Peut-on vraiment vivre heureux au seul contact des chèvres, dans la solitude la plus absolue ? Et comment vanter le bonheur d’une enfant sauvage, grandissant sans langage au seul contact d’un âne et d’un autre asocial ? Non, quand on est parent d’un enfant handicapé, on ne veut certainement pas qu’il ait à vivre « comme une bête ». Quand on est « différent », l’on ne rêve que d’être accepté comme on est, pas de se cacher. Et si le retour à la nature convient à certains, c’est un choix qui devient très égoïste lorsqu’il implique de l’imposer à d’autres qu’à soi-même.





Une divergence fondamentale de point de vue m’empêche donc d’apprécier totalement ce roman par ailleurs intéressant, bien écrit et agréable à lire. Il y a une différence de taille entre choisir de quitter le monde et désespérer d’y trouver sa place : celle qui sépare la liberté de la nécessité vitale. Pour moi, le handicap vous cantonne généralement dans le second cas.


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Tombée des nues

Une lecture dépaysante sur un sujet très particulier qui aborde le thème du déni de grossesse et qui sera traité ici de façon surprenante tant au niveau narratif que du scénario.

"Tombée des nues", un titre parfait pour résumer la sidération que peut provoquer un tel événement, la subtilité de ce récit est de nous faire prendre conscience que si la mère est bien sûr la première concernée, l'entourage immédiat est impacté de façon immédiate et brutale et plus encore ici à la montagne et en hiver dans une bergerie.

Un roman chorale dont le parti pris narratif sera d'être volontairement chaotique, à l'image du désordre matériel et émotionnel que va provoquer l'événement, un roman qui pose à peu près toutes les questions en donnant la parole à un panel de personnages allant de la mère au père, des voisins et amis en passant par la sage femme et l'ancienne institutrice aigrie ou encore la famille.

Le fait que cette naissance "miraculeuse" se soit produite dans ce microcosme montagnard avec ses analogies particulières relatives notamment à l'élevage de chèvres donne une dimension philosophique particulière a toutes les réflexions qui vont en découler.

L'auteur propose deux grilles de lectures, l'une est classique et l'autre propose de suivre le cheminement de chaque témoin et l'évolution de son point vue en "sautant" d'un paragraphe à l'autre, original et ingénieux.

Bien que parfois incommodé par cette narration décousue, j'ai aimé tous ces questionnements sur un sujet que je ne connaissais pas et qui se révèle d'une grande complexité, beaucoup de phrases marquantes et autant de réflexions fascinantes, différents points de vue qui abordent autant de questions couvrant un large panel tant psychologique, qu'émotionnel ou même matériel.

Une belle image de la solidarité montagnarde également qui procure une chaleur bienvenue, j'ai aimé cette expérience de lecture et cette impression de m'être instruit sur un sujet dont la somme de connaissances est semble-t-il aujourd'hui encore très théorique.

Il me reste à remercier Croquignol dans le rôle du "vil tentateur", merci à toi ;)
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Comme des bêtes

J'ajoute quelques mots à tout ce qui a été dit déjà sur ce roman et que je ne saurais égaler. Si ce retour qui vient après beaucoup d'autres peut vous inciter à lire ce court roman, il aura été utile. N'hésitez pas, 80 pages en version numérique.

Un grand merci à tous ceux dont les critiques m'ont convaincue. Je ne peux les citer tous, il a plu à beaucoup de mes babelpotes....



La trame est simple: un randonneur aperçoit dans la montagne une fillette jouant avec un âne. La fillette est nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de Mariette et son fils, vivant à l'écart du village. Le fils de Mariette est différent, et la différence est quelque chose que la plupart des gens rejette, par ignorance, par peur, par conviction que c'est quelque chose qu'il faut éradiquer... C'est pour échapper à ce regard que Mariette a choisi de vivre à l'écart et tout allait bien jusqu'à l'intervention de ce randonneur.



Je n'en dirai pas beaucoup plus sur le fond, il faut découvrir les détails par les voix de tous ceux qui parlent: J'ai beaucoup aimé la forme de ce roman, forme que par le hasard de mes lectures j'ai croisé dans un autre livre il y a peu (Ce que je sais d'elle que je vous recommande aussi)



Ils sont une douzaine à parler, à relater ce qui, s'est passé, à essayer d’expliquer qui était Ours le fils de Mariette. Certains sont bienveillants, d'autres virulents. la différence des points de vues est passionnante. Certains témoignages vont vous indigner, d'autres vous émouvoir.



Dans ces témoignages revient souvent une légende, celle de la grotte aux fées, où les fées recueillaient des bébés, les recueillaient ou les subtilisaient, les villageois ne se souviennent plus très bien.



Un roman émouvant, qui dénonce la bêtise humaine et la peur de la différence,
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Comme des bêtes

Coup de coeur ! ● Mariette et son fils surnommé l'Ours vivent dans la montagne, à l'écart de toute habitation. L'Ours a un problème, il n'a jamais pu apprendre à lire ni à écrire, et il ne sait même pas parler. Mais c'est une force de la nature et il possède un don. ● Ce roman est une pure merveille. Formellement, il est construit avec beaucoup d'originalité de dialogues dont on n'entend jamais qu'une voix, entrecoupés de très brefs poèmes. ● Ce procédé singulier est parfaitement adapté au sujet, qui est le rejet obtus d'un être différent. Peu à peu le portrait de l'Ours et de sa mère se réalise, par la juxtaposition de toutes les voix qui parlent d'eux. ● Je ne connaissais pas Violaine Bérot et grâce à cette lecture je vais de ce pas découvrir ses autres livres déjà parus. ● Merci à zabeth 55 qui m’a fait découvrir ce livre et cette autrice.
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C'est plus beau là-bas

Violaine Bérot se joue de son lecteur, l’amène sur un territoire dans lequel il n’a aucun repère si ce n’est de savoir que le récit se déroule en France dans un futur assez proche, un an après les prochaines élections électorales. Le reste est une énigme, un jeu auquel le narrateur est forcé de se soumettre.

Dans ce long monologue, dans un style narratif très brut (qui m’a rappelé celui de Sandrine Collette avec le personnage de Liam dans On était des loups), on suit le fil des pensées de celui qui s’avère être un professeur d’université dans la cinquantaine. Il va peu à peu raconter son aventure rocambolesque ; il est subitement kidnappé en pleine rue par des hommes, conduit dans un hangar dans lequel il va se retrouver parqué avec un millier d’hommes comme un animal. Là, il va subir la promiscuité, la faim, la soif, mais surtout pire que tout, il ne comprend pas pourquoi il est là. Qu’a-t-il fait ? au nom de quoi est-il enfermé ? pour quel crime réel ou fictif ? et les autres ?

Le narrateur semble dans un état de sidération tel que cet état va l’empêcher de communiquer et de réfléchir sur les raisons de son enfermement. Dans sa propre prison mentale, il retourne fiévreusement ses multiples interrogations.

Du fait de cette perte de repères, le lecteur peut calquer toutes sortes d’images sur les épreuves vécues par le personnage : migrants, Shoah, prisonniers politiques …

Ce n’est là que la première étape d’un voyage que je ne raconterai pas plus en détail pour ne pas gâcher les effets de surprise.

Comme le narrateur, le lecteur entre dans un questionnement permanent auquel il ne reçoit aucune réponse, si ce n’est celle qu’il est peut-être prêt à entendre ou capable de formuler lui-même.

C’est la force de ce livre, il nous questionne sur de multiples sujets de société en très peu de pages : la réalité vs l’utopie, l’individualisme vs le groupe, l’oppression d’un régime sur les individus … Quelle place pour chacun dans la société, jeune ou vieux ? Quels idéaux ? Quelles utopies, quelles révolutions le monde porte-t-il encore en lui ? Qui pour y croire encore ?

Qu’est-ce-que notre vie, qui sommes-nous ? vivons-nous dans notre propre représentation, que se passe-t-il le jour où nos chimères deviennent réalité ? pouvons-nous toucher du doigt nos rêves les plus fous ? Le rêve est-il plus beau que la réalité, même celle ardemment désirée ? Quel est notre rapport à l’autre, qu’aimons-nous chez lui ? ce qu’il est ou ce qu’il représente ?

Un livre déroutant à lire non pour trouver des réponses mais se poser des questions.

L’écriture à l’os de l’auteure m’a interpellée, avec une économie de mots, des concepts plus que de réels personnages, elle arrive à faire passer un nombre foisonnant d’idées. Une réflexion poussée et originale qui m’a réellement bluffée. J’ai retrouvé dans ce texte très court la puissance d’écriture d’Emilienne Malfatto (Que sur toi se lamente le Tigre), preuve que la qualité d’un texte ne se mesure au nombre de ses pages.

Une auteure au style percutant à suivre pour les réflexions et interrogations qu’elle suscite chez le lecteur. Un livre à lire et à relire, à la frontière du réel et de l’imaginaire, qui va me poursuivre et m’interroger pendant quelques temps je pense.

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Comme des bêtes

Comme des bêtes est un roman choral de Violaine Bérot. Tout à la fois banal et surprenant.

Entre légende, ignorance et superstition. C’est l’histoire banale d’un petit village reculé de montagne.

Mariette et son fils l’Ours doivent faire face à l’indifférence et la méchanceté des habitants ainsi que la cruauté des enfants. Ils vivent seuls en dehors du village là où la différence de l’enfant n’est pas une gêne. Mais une enfant venue d’on ne sais où, va ramener tout ce petit monde à la civilisation et à ses règles car l’Ours bien qu’adulte a des réactions d’enfant. Mais certains esprits bien pensant imagineront le pire.

Tout le monde sera interrogé et donnera sa version. Les taiseux parleront, des secrets seront révélés. Au fur et à mesure du récit, la grotte aux fées prendra de l’importance.

J’ai beaucoup aimé la construction du récit au ton juste alternant une poésie sur la grotte et un habitant du village. À chaque fois, le récit gagne en profondeur et entraîne d’autres révélations.

Se dégagent quelques beaux portraits : cette mère qui protège son enfant, lui donne tout l’amour possible et a changé de vie pour lui. Ensuite, vient ce voisin qui garde secret ce qu’il a découvert et ce coureur qui leur fait signe en passant.

Une vision de la société qui nous impose ses dictats et malheur à celui qui ne s’y conforme pas. Et une grotte assez symbolique qui a régi la vie des villageois pendant des siècles.

Un court texte émouvant, dérangeant. À lire absolument.

Comme des bêtes sort le 01.04.2021.

Merci aux éditions Buchet-Chastel pour les lectures de qualité qu’ils m’offrent.

#Comme des bêtes#NetGalleyFrance

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Comme des bêtes

Nos critiques sont comme des témoins de relais. Je ne connaissais pas Violaine Bérot. C'est en lisant la superbe critique de Hordeducontrevent que m'est venue l'idée de découvrir cette auteure. Elle-même avait été séduite par la critique enthousiaste de Christophe_bj, qui lui-même avait été attiré par cette lecture grâce au billet de zabeth55.

A mon tour de vous transmettre mon ressenti et peut-être vous donner l'envie de le lire et ainsi prolonger cette chaîne de lecteurs.



*

Un randonneur découvre dans la montagne une petite fille jouant, nue, avec un âne. Lorsqu'il s'approche d'elle, un homme s'interpose violemment.

L'homme est arrêté, la petite fille confiée aux services sociaux.



« Pourquoi je suis aussi en colère ? Mais vous vous foutez de moi ? Vous ne trouvez pas normal qu'une mère à qui on a aussi brutalement, aussi violemment enlevé son enfant soit en colère ? Vous êtes fiers de la façon dont vous avez procédé ? »



Il n'en faudra pas plus pour déchaîner les rumeurs, les commérages dans tout le village. Chacun a sa petite idée sur l'identité de la fillette, sur les raisons de sa présence dans la montagne auprès de cet homme.



Ce qui m'a dégoûtée lors de ma lecture, c'est cette ambiance délétère fondée sur les préjugés, l'ignorance, la méfiance, l'intransigeance. Mais il se dégage également de la bienveillance, du respect, de la tolérance, de l'amour.



« Cela nous console

nous

les fées

de savoir que certains

dans le monde d'en bas

certains normaux

anormalement normés

des égarés

n'ont pas peur

aux égarés

font confiance

certains. »



*

Chaque chapitre s'ouvre sur un nouveau témoin de l'affaire.

Nous devinons aisément leur identité et les questions des enquêteurs auxquelles ils doivent répondre. Mais l'auteure s'attache uniquement à leurs réponses, accordant un style d'écriture propre à chacun, et un regard différent sur l'affaire.



C'est par ce regard que les autres portent sur lui que nous faisons la connaissance de cet homme qui ne porte pas de nom. Surnommé l'ours en raison de son impressionnante carrure, de sa force extraordinaire et de son langage qui s'apparente au grognement de l'ursidé, il m'est apparu comme un homme simple, bon, sensible, mais apeuré, incompris des autres.



*

De tous les témoignages, celui qui m'a le plus touchée est sans aucun doute celui de la mère. Touchée par la force de son amour, sa colère désespérée, sa clairvoyance.



« Devant l'institutrice qui, je vous le répète, n'était pas une tendre, elle l'a embrassé, lui, son fils, notre idiot de l'école. Et elle ne l'a pas embrassé vite fait, sans y penser, par habitude, non, elle l'a embrassé avec une application et une lenteur incroyables. Ce baiser de mère, moi il m'a bouleversé. Vraiment. Un pareil amour entre une mère et son fils, je n'avais jamais vu ça. Je ne savais pas que c'était possible. »



Et je ne sais comment, d'observatrice, je suis devenue un personnage de l'histoire, réconfortant cette mère seule dans sa détresse, attendant mon tour pour défendre cet homme pour qui j'ai eu tout de suite de la sympathie.



*

Et puis, il y a la voix des fées qui, entre chaque chapitre, chuchote à notre oreille tout l'amour du géant pour cette petite fille, dénonçant la cruauté des hommes.



« Nous

les fées

le voyons

le monde d'en bas

entre quatre murs

enfermer

ceux qui vont de travers

les égarés.

Entre quatre murs

enfermer

les géants.

Loin des torrents

des forêts

des bêtes

loin des grottes. »



Car les fées sont là, présentes dans la montagne portant un regard sur le monde des hommes.

Certains villageois y croient, d'autres non. Les plus âgés s'accordent à dire que les fées sont des voleuses d'enfants et qu'il ne faut surtout pas les déranger en pénétrant dans leur grotte.

D'autres pensent qu'elles enveloppent les hommes de leur bienveillance protectrice.

D'autres, enfin, pensent que ce ne sont que des légendes, des histoires pour faire peur aux enfants.



*

Violaine Bérot revisite les thèmes de l'enfant sauvage, le poids de la norme qui renie le droit à la différence, le rapport de l'homme à son environnement.



*

Je pense que ma critique rejoint la majorité des commentaires. Je remercie HordeduContrevent pour son billet qui m'a donné envie de lire cette histoire.



Ce roman choral est tout simplement une magnifique surprise. Je ne m'attendais pas à avoir un aussi beau coup de coeur pour ce roman.

En une toute petite centaine de pages, Violaine Bérot tisse, au fil des témoignages, un récit bouleversant. J'ai été touchée. Je vous le recommande très sincèrement. Quel beau roman !

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Comme des bêtes

Pioché chez Christophe_bj après sa critique enthousiaste. Un petit roman fort sur la différence avec l’homme qu’on appelle l’ours. Tout bascule le jour où un hélicoptère se rend au flan d’une falaise dans la grotte aux fées pour récupérer la fillette avec qui il vit. L’histoire va se dévoiler au fur et à mesure des témoignages. La nature, les aprioris. Le tout sur une belle construction qui va à l’essentiel et quelle plume !
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Comme des bêtes



Ce court récit est un exercice de virtuose. L’auteur nous convie dans un coin reculé des Pyrénées au cœur d’une véritable tragédie grecque. A chaque révélation nouvelle par un protagoniste local va répondre un chœur, le chœur des fées.



De par le contenu des différents témoignages, ce drame remet en perspective la personnalité même de chacun des protagonistes. Il nous rappelle surtout notre capacité à accepter l’altérité dans un environnement normalisé.





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Comme des bêtes

Des hommes...ou des bêtes ?

L'homme n'est-il pas la bête la plus féroce ? Celui qui prend sans demander, qui enferme sans justifier, qui juge sans écouter ?

C'est ce que dénonce avec beaucoup de puissance ce roman, où un homme muet et incapable d'interactions sociales, est jeté en prison pour avoir été vu en compagnie d'une petite fille inconnue, nue, à proximité d'une grotte.

Que s'est-il réellement passé ?

Composé de témoignages et d'extraits poétiques, un récit choral fort et émouvant, presque un conte, avec un ours, un âne, des fées et une enfant.

Un texte court, mais d'une belle délicatesse et d'une grande charge émotionnelle, porté par une plume superbe ! Une lecture intense.
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Tombée des nues

Dans un village de montagne, une femme donne naissance à un enfant dans une baignoire sans avoir pris conscience qu'elle était enceinte. ● J'ai commencé à lire l'oeuvre de Violaine Bérot par Comme des bêtes, le dernier paru, et on retrouve dans Tombée des nues cet entrecroisement de voix narratives et cette écriture si réussie de l'oralité. ● On a en outre la possibilité de lire de roman de deux façons différentes : soit chronologiquement, soit par voix narrative : c'est là un procédé très original, que je n'ai encore jamais vu ailleurs. ● Néanmoins j'ai été un peu déçu car je trouve le récit moins riche que Comme des bêtes, et le double parcours de lecture, assez artificiel, n'apporte pas grand-chose au roman. ● Je vais cependant continuer à explorer l'oeuvre cette autrice car j'aime beaucoup son style – et contrairement à d'autres elle a vraiment quelque chose à dire.
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Tombée des nues

Voici un livre original qui traite d'un sujet difficile , l'histoire d'une naissance inopinée et les quelques jours qui suivent cet événement narrée par différents personnages denses : la grand- mère, Baptiste, le Pére, Marion, la mère, la sage femme , la bavarde madame Peyre et l'ami cher du couple .

Baptiste et Marion , leur chienne Sucette mènent une vie simple, une vie de labeur , dans un village reculé .

Ils élèvent des bêtes.. Ils ont un rapport charnel à la nature et aux animaux.

Une nuit de tempête de neige, Marion est prise de violentes douleurs: elle est en train d'accoucher , seule dans sa salle de bains ........

Personne n'a absolument rien deviné ni soupçonné pendant ces neuf derniers mois, aucun signe qu'un enfant grandissait en Marion......

La jeune femme , en état de sidération, muette , n'exprimait rien, pas un mot , pas un geste ni un cri , elle était hébétée, , ne parvenait plus à revenir à la réalité , anéantie .......devant la petite fille qu'elle venait de mettre au monde .

Pour les femmes victimes d'un déni de grossesse , ce qui leur arrive est trop inconcevable pour qu'elles puissent l'accepter .Un bébé qui sort de leur corps , cela dépasse l'entendement !

Quelle souffrance psychologique peut conduire une jeune femme à laisser grandir un bébé dans son ventre sans l'autoriser à exister ?

De quoi se protège Marion pour refuser de s'écouter à ce point ?

Parviendra t- elle à tisser des liens avec cette petite fille ?

A l'aide d'une écriture précise,rapide , pressée,tout en tension psychologique,telle une course folle menée dans l'urgence d'aider cette femme , des phrases justes , coups de poing , l'auteur traduit le cyclone mental qui s'abat sur la vie de Marion, le choc salutaire afin d'aider une femme à se dépêtrer de sa douleur, une intrusion et une souillure intolérables pour elle et l'extraordinaire puissance de vie de ces enfants - là !

Un livre écrit avec intelligence , originalité , profondeur et sensibilité qui ne peut ne pas plaire à tout lemonde à cause de sa construction, chacun peut le lire de deux façons, en effet !

Je n'ai jamais lu d'ouvrage traitant ce sujet , je ne connais pas l'auteur .

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Tombée des nues

Violaine Bérot aborde ici le déni de grossesse. Cette enfant que personne n'attendait, tombée des nues, va bouleverser la vie de ses parents, de la famille, des voisins et amis, du village tout entier, du personnel hospitalier.



Dans ce roman choral, l'auteur fait la part belle à l'oralité et nous donne à entendre la voix de chacun des protagonistes face à cet événement. Je pense qu'il faut le lire avant Comme des Bêtes qui est bâti sur le même procédé narratif et est plus abouti. La lecture de ce roman reste cependant riche et j'ai aimé la manière dont l'auteur a construit son histoire en offrant une ossature sans s'appesantir sur des détails inutiles, laissant également le lecteur se faire sa propre idée.





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Comme des bêtes

Si ce roman n’avait pas été édité par Buchet-Chastel, dont j’apprécie particulièrement la ligne éditoriale, il est fort probable que je serais passée à côté et c’eut été fort dommage.

En effet, je ressors totalement conquise par ce court roman qui aborde de nombreux et douloureux sujets, tels le handicap, le regard des autres, le qu’en dira-t-on, l’acceptation de la différence, la solitude, l’amour maternel.



Tout commence lorsqu’un touriste aperçoit une fillette nue riant et dansant en compagnie d’un âne.

Qui est-elle ? Le garçon différent que l’on a surnommé l’ours l’aurait-il enlevée ? A moins qu’il ne soit son père.

Les supputations vont bon train. Chacun est persuadé d’avoir une explication et au fil des interrogatoires des gendarmes, nous découvrons Mariette qui vit retirée dans une pauvre maison à l’abri des curieux pour protéger l’ours son enfant déscolarisé, handicapé, muet.



Au fil des récits, les croyances et légendes se dévoilent. Les fées autrefois enlevaient les enfants et les gardaient dans une grotte. Et si la fillette en faisait partie ?

J’ai lu ce livre d’une traite, comme happée par l’histoire et l’écriture addictive, précise et magnifique de Violaine Bérot.



J’ai aimé Mariett pour son courage. L’ours est un magnifique personnage capable de soulager les animaux.

Merci à NetGallet et aux Editions Buchet-Chastel.

#Commedesbêtes #NetGalleyFrance





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