Interview en anglais au moment de la parution de Under the whispering door.
« Je suis du papier. Fin et fragile. Si l’on me brandit vers le soleil, il brille à travers moi. Si l’on écrit sur moi, je deviens inutilisable. Ces marques ont une histoire. Elles forment une histoire, racontent des choses que les autres lisent, mais ils ne voient que les mots et pas ce sur quoi ils sont écrits. Je suis du papier et même si j’ai de nombreux semblables, aucun n’est exactement comme moi. Je suis un parchemin parcheminé. J’ai des lignes. Des trous. Si tu me mouilles, je fonds. Si tu m’enflammes, je brûle. Si tu me tiens dans des mains trop dures, je tombe en morceaux. Je me déchire. Je suis du papier. Fin et fragile. »
- Ce n’est pas parce que les choses sont abîmées ou cassées qu’elles n’ont plus de valeur.
- Ça ajoute du caractère, je trouve, acquiesça Linus. Et cela donne des souvenirs à raconter.
- Arthur dit qu’il faut toujours prendre le temps de faire les choses qu’on aime, indiqua Talia. Si on ne le fait pas, on risque d’oublier comment être heureux.
Ce n’est pas parce que quelqu’un se comporte mal que l’on doit faire de même. Au contraire, c’est ce qui nous différencie. C’est ce qui nous rend meilleurs qu’eux.
J'ouvris la boîte. Il y avait un morceau de feutre noir plié avec soin. On aurait dit qu'un grand secret était caché en dessous et je voulais le connaître plus que tout au monde.
Je dépliai le tissu et à l'intérieur se trouvait un loup fait en pierre.
Les détails tenaient du miracle sur une chose aussi petite et aussi lourde. La queue touffue enroulée autour du loup alors qu'il était assis sur son arrière-train. Les oreilles triangulaires que je m'attendais à voir s'agiter. Les pattes détaillées, aux griffes acérées et aux coussinets noirs. L'inclinaison de la tête, exposant le cou. Les yeux fermés, le museau pointé vers le ciel tandis que le loup hurlait un chant que je pouvais entendre dans ma tête. La pierre était noire et je me demandai brièvement la couleur qu'il aurait dans la vraie vie. S'il aurait des taches blanches sur les pattes. Si ses oreilles seraient noires.
Les oiseaux cessèrent de chanter au-dessus de moi et je me demandai s'il était possible que le monde retienne son souffle.
Je m'interrogeais sur le poids des attentes.
Je m'interrogeais sur beaucoup de choses.
Je pris le loup. Il tenait parfaitement dans ma main.
- Joe, dis-je d'une voix rauque.
- Oui?
- Tu... c'est pour moi?
- Oui?
Comme si c'était une question. Puis, avec plus d'assurance :
- Oui.
J'allais lui dire que c'était trop. Qu'il devait le reprendre. Que je ne pourrais jamais rien lui donner d'aussi beau, parce que les seules belles choses que je possédais étaient impossible à offrir. Ma mère. Gordo. Rico, Tanner et Chris. Ils étaient tout ce que j'avais.
Mais il s'y attendait. Je le voyais. Il attendait que je dise non. Que je le rende, que je lui dise que je ne pouvais pas accepter. Ses mains s'agitaient et ses genoux tremblaient. Il était pâle et il se mordillait la lèvre. Je ne savais pas quoi dire d'autre, alors je dis :
- C'est probablement la plus belle chose qu'on m'ait jamais offerte. Merci.
- Vraiment? croassa-t-il.
- Vraiment.
Puis il rit. Sa tête bascula en arrière et il rit, et les oiseaux revinrent er rirent en chœur avec lui.
Même les petits mensonges sans conséquence lui donnaient mal à la tête. Quand on commençait à modifier la réalité, cela devenait de plus en plus facile et après, il fallait jongler avec des centaines d’histoires différentes. Il était bien plus simple d’être honnête.
[…] si les chats sont de bons juges de caractère, il est aussi possible de connaître une personne en regardant comment elle traite les animaux. Si elle fait preuve de cruauté, évite-la à tout prix. Si au contraire, elle montre de la bonté, j’aime penser qu’elle possède une belle âme.
- Nous n’assassinons pas les gens, dit Hugo, sur un ton qui suggérait que ce n’était pas un premier rappel.
- Et les mutiler, on peut ?
- Ça non plus.
Elle croisa les bras et fit la moue.
- Rien ne nous en empêche. Tu m’as encouragée à réaliser mes rêves.
Ça a toujours été lui et moi. Et je crois que ça le sera toujours, peu importe ce que nous décidons de faire. Même si nous sommes juste amis. Ou alliés. Ou quelque chose de plus. Ce sera toujours lui et moi, parce que c'est ce que nous avons choisi.
- Ce n'est pas juste.
- Non. En effet. Mais la vie l'est rarement. On fait du mieux qu'on le peut. Et on s'autorise à espérer que tout ira bien. Parce qu'une vie sans espoir n'est pas une vie.