Je n'avais jamais accordé crédit à la prétendue "sensibilité de nerfs" des femmes, même si, il faut bien l'avouer, elle m'avait servi de prétexte à l'occasion.
Katharine Tulman n'était pas ce genre de fille. Tulman était une horloge, une horloge qui avait perdu sa clé, marquant son décompte dans le noir, une mécanique qui tournait à vide dans l'obscurité. Le temps qui lui était imparti touchait à sa fin, et elle avait intérêt à en profiter au maximum.
Pourquoi chaque "maintenant" devrait-il être gâché par ce qui doit advenir ?
Tu t'inquiètes tellement à cause d'hier et à cause de ce qu'il pourrait arriver demain, que tu oublies qu'il y a un maintenant.
Je me suis attachée au poteau du lit et je me suis endormie, rêvant prudemment de ma robe turquoise, de tourtes à la myrtille, de cheveux poudrés de farine et de rien d'autre. Le trouillovent a chanté à pleins poumons cette nuit-là.
"Une mort contre la vie de treize juifs, affirmait-elle, c'était un marché avantageux." Même si la mort dont elle parlait, c'était la sienne.
C'est ainsi que je définirais une héroïne.
Le monde est beau, mais les hommes le rendent laid.
Nous vivrons toujours des moments qui ne reviendront pas, dis-je. Alors essayons d'en créer de nouveaux, c'est tout.
- […] Pendant longtemps cette question m’a obsédé : à qui pourrais-je demander de l’aide ? Qui voudrait m’aider maintenant que je ne suis plus rien…?
- Ce n’est pas vrai que tu n’es rien !
Max hoche la tête.
- Quand tu vois des petits enfants assassinés pendant que tu te caches dans un trou en ayant trop peur pour en sortir, tu sais que tu n’es rien. Quand des pays entiers veulent ta mort, quand des milliers de personnes acclament des discours appelant à ta destruction, quand les chiens de gardes sont mieux traités que toi, alors tu ne te poses plus de question, Stefania. Tu sais que tu n’es rien.
Aujourd'hui, je m'aperçois que la douleur et l'amour s'équilibrent. Je ne peux ressentir l'un sans ressentir l'autre.