Ryan Graudin reads from THE WALLED CITY
Elle. Elle. Le mot met encore une bonne minute à s'imprimer.
Je me doutais bien que Jin avait des secrets. Tout le monde en a à Hak Nam. Mais celui-là...
Impossible que...
J'ai peut-être parlé tout haut. A moins que le médecin ne déchiffre mon expression.
- Tu ne le savais pas ? Elle se donnait beaucoup de mal pour le cacher. Mais oui, il s'agit d'une fille, sans aucun doute.
Jin est une fille.
Dire que je croyais que c'était moi qui possédais tous les secrets.
Quand on joue les idiots, les gens ne nous prêtent pas attention. Ils n’attendent rien.
Raviver la mémoire pour revivre.
— Tout. N’importe quoi.
— Ça fait beaucoup de choses. (Le garçon fronce les sourcils et croise les bras sur sa poitrine. Pendant un instant, je crains que notre jeu ne soit terminé. Alors il disparaîtra le long de la ruelle au son des tessons de bouteilles et des boîtes de conserve cabossées.) Peut-être qu’on pourrait mettre au point un échange.
— Un échange ?
— Ouais. Un échange. Mes informations contre les tiennes.
— Mes informations ?
— Des détails sur la maison close. Est-ce que tu… les vois? Longwai et les autres membres de la Confrérie ?
— Parfois.
- Pourrais-tu regarder le moteur ?
A le voir, on aurait dit qu'il n'était capable de rien, à part se rendormir. Luka avait vu des plantes mortes possédant davantage d'aplomb.
N'oublie pas d'où tu viens ni ce que tu as vécu. Mais regarde toujours droit devant toi. Dans la ligne de mire. Même si tu n'as plus qu'un œil pour viser.
J’éprouve toujours cette sensation quand je cours. Celle de ne plus être dans mon corps. Une survivante sauvage prend le contrôle et fait des choses dont je ne suis pas capable. Elle peut sauter par-dessus des brèches de plus de trois mètres, plonger dans une benne à ordures à moitié pleine du troisième étage. Elle peut se faufiler dans des espaces d’une impossible étroitesse
On dénombre plus de quarante tentatives d’assassinat documentées sur la personne d’Adolf Hitler. La plus célèbre reste le « complot du 20 juillet 1944 », une conjuration fomentée parmi les plus hauts généraux de l’armée […], convaincus de la nécessité morale de mettre un terme à son régime de terreur.
...la beauté ne servait pas à grand-chose au milieu des rizières. Elle ne vous aidait pas à patauger des heures dans l’eau boueuse, à couper des rangées de tiges. Elle ne courbait pas votre dos sous le soleil brûlant. J’avais toujours été plus forte que Mei Yee. Je savais que je n’étais pas belle : mes pieds étaient couverts de cals, ma peau sombre, mon nez trop grand. Chaque fois que notre mère attachait mes cheveux en chignon et m’envoyait à l’étang chercher de l’eau fraîche, je voyais s’y refléter un visage de garçon.
Parfois je regrettais que ce ne soit pas vrai. Ce serait plus facile d’être un garçon. Je serais plus forte, capable de tenir tête à mon père quand l’alcool déchaînait sa fureur.
-Je viendrais te chercher. A n'importe quel prix.
Ce sont les mots d'un héros qui sortent de ma bouche. Le meilleur de moi - la partie qu'elle a réveillée et qui tend vers elle à travers la vitre.
Jamais de ma vie je n'ai été aussi sincère.