Polar Lens - Interview de l'auteure Rosalie Lowie
Interview réalisée par les étudiants de l'IUT de Lens lors du Polar Lens 2022!
- Vous me brutalisez. Ce que vous faites n'est pas humain.
- Nous ne sommes pas dans La La Land, Monsieur (...), nous enquêtons sur le meurtre de votre compagne.
Un policier croyait rarement au hasard et aux coïncidences.
Vous nous aviez dit que Flavie Robert était la femme de votre vie. Comment en vient-on aux mains avec " la femme de sa vie"?
J'ai enclenché le bouton « marche » sur mon vieil iPod. La musique a ronronné sur quelques accords de guitare son lent compte à rebours. A peine audible au début, puis crescendo, de plus en plus forte, puissante et lyrique. Soudain, la tessiture rocailleuse de mon idole à résonné. Le plus grand d'entre tous. II entonnait la mélodie envoûtante de Space Oddity sur cet astronaute perdu dans l'espace.
Les paupières closes, le sentiment étrange d'être en apesanteur moi aussi, les sons me pénétraient de toutes parts.
Découvert par hasard, mes doigts farfouillaient dans les vinyles de mon oncle jusqu’à, soudainement, tomber en émoi sur la pochette de « Aladdin Sane ». Hypnotisée par l’éclair rouge qui coulait de ses cheveux roux sur son teint blafard. Ce visuel d’une beauté angoissante m’avait harponnée, puis les mélodies et sa tessiture m’avaient ensuite subjuguée.
Un bien bel endroit pour mourir… Avec la mer à ses pieds. Les nuits où il était imbibé d’alcool jusqu’à la moelle et bourré à s’en foutre en l’air, il n’aurait finalement pas trouvé meilleur endroit pour s’écrouler, valdinguer et rouler. Plutôt que d’écumer les bars malfamés aux trottoirs puant l’urine, la gerbe et la crasse.
Le travail n’était pas de tout repos, même si les sujets étaient moins durs qu’à la criminelle. De menus larcins, des vols avec effraction, des agressions ou des bagarres qui tournaient mal, des disputes alcoolisées, des litiges entre voisins, parfois des décès accidentels, mais surtout beaucoup moins de meurtres à élucider que dans la grande métropole nordiste.
Il bossait trop pour finir et même s’il aimait toujours son métier, malgré tout il était fatigué de sa vie. De tout ça. Le mécanisme s’était grippé laissant l’influx de lassitude l’envahir. Ses pieds étaient lestés en permanence, même avec ses satanées baskets qui promettaient la lune. Son corps entier était plombé. Son cœur ressemblait à un gruyère troué, et la saveur amère ne quittait pas sa gorge.
Il lui manquait la petite flamme. L’essentiel.
Elle lui manquait tellement.
La drogue du violeur était de plus en plus utilisée de nos jours. Une petite pilule glissée dans une boisson et tout devenait possible pour les agresseurs. De nombreux cas de viols étaient malheureusement à déplorer avec ce mode opératoire. Les effets, en termes d'amnésie, étaient permanents. (...)
Le Progesterex était une petite pilule servant essentiellement à la stérilisation animale, mais, selon certaines rumeurs urbaines, les violeurs la conjuguaient au rohypnol. Ça évitait d'être identifiés quelques mois plus tard par un test de paternité.
Ne plus souffrir et retrouver l’apaisement… Le calme absolu… Être une feuille légère, insouciante, portée par un vent léger au gré de petits tourbillons…
Le choc. La peur. Puis, sans réfléchir, la fuite lui était apparue comme la seule option. L’instinct de survie avait pris l’ascendant.