Citations de Pierre Lemaitre (3990)
Avant guerre, elle les avait démasqués de loin, les petits ambitieux qui la trouvait banale vue de face, mais très jolie vue de dot
— C'est un imbécile. lâcha le garçon.
— Non, c'est un con.
— C'est pareil.
M. Pelletier s'arrêta de jouer.
— Non, c'est pas pareil. Si tu expliques trois fois un truc à quelqu'un et qu'il ne le comprend pas, c'est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l'avoir compris mieux que toi, alors, tu as affaire à un con.
Pages 20-21, Calmann-Lévy 2022.
Il savait que la guerre n'était rien d'autre qu'une immense loterie à balles réelles dans laquelle survivre quatre ans tenait fondamentalement du miracle.
" Les grands sont ce qu'ils veulent . Les petits sont ce qu'ils peuvent . "
Qu'est ce que c'est beau chez les bourgeois. Ils seraient moins cons, ça donnerait presque envie d'en faire partie.
Parce que les obsèques, c'est bien joli, mais ça n'est jamais qu'un cercueil fermé, tandis que le sang, c'est organique, ça fait peur, ça renvoie à la douleur qui est pire que la mort.
p22
- Sur le plan sexuel, quel genre d'homme était-il? demande abruptement Camille.
- Un rapide, répondit Mme Cottet, bien décidée à répondre à son agacement. Fulgurant même, si je me souviens bien. Pas tordu. Imagination restreinte. Jusqu'à la simplisterie même. Plutôt buccal, raisonnablement sodomite, que vous dire d'autre...
- Je pense que ça suffira...
- Éjaculateur précoce.
- Merci, madame Cottet...., Merci...
La vie nous rattrape toujours, rien à faire, on ne s'échappe pas, jamais.
Ce matin-là, comme beaucoup d'autres, elle s'est réveillée en larmes et la gorge nouée alors qu'elle n'a pas de raison particulière de s'inquiéter. Dans sa vie, les larmes n'ont rien d'exceptionnel : elle pleure toutes les nuits depuis qu'elle est folle. Le matin, si elle ne sentait pas ses joues noyées, elle pourrait même penser que ses nuits sont paisibles et son sommeil profond.
« La guerre n’était rien d’autre qu’une immense loterie à balles réelles dans laquelle survivre quatre années tenait fondamentalement du miracle »
Il y a toujours un moment [...] où tout bien pesé, tout bien mesuré, il faut trancher. Les informations alors ne servent plus à rien. Bonne ou mauvaise, il faut faire confiance à son intuition.
Croyez-moi, de tout ce que vous possédez, c'est encore votre liberté qui a le plus de prix !
- Vous vous êtes "réfugié dans un trou d'obus afin de vous dérober à vos obligations" ...
Nous sommes le 20 mai, un soleil d'une douceur estivale s'est installé depuis quelques jours, il est 17 heures, pour un peu, on se croirait en juillet, il vous vient des envies d'apéritif en terrasse, il y a du monde partout, alors forcément, quand la bombe explose, c'est une catastrophe, mais c'est aussi une injustice...
En même temps, si le monde était juste...
Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après.
Les grands chagrins sont muets.
Ce jeune homme disposait [...] des deux qualités indispensables au métier de journaliste : être capable de discourir sur un sujet auquel on ne connaît rien et décrire un événement auquel on n’a pas assisté.
- Stefan Maciak, né en 1949. Famille polonaise, famille modeste, famille laborieuse, un exemple pour la France intégratrice. […]
- Notre Maciak pousse l’assimilation jusqu’à devenir alcoolique. Il boit comme un polonais donc c’est un bon français.
- Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal Palace, vous avez tout ce qui compte à Saïgon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L’erreur serait de croire que Saïgon est une ville. C’est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l’alcool, le pouvoir, tout s’y donne libre cours sous l’autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir Sa Majesté la Piastre !
(page 105)
Albert le voyait bien, M. Péricourt avait une manière de vous transpercer du regard, de conserver sa main dans la vôtre une fraction de seconde supplémentaire, et même de sourire... Rien d'habituel dans tout cela, il devait être en acier, une assurance hors du commun, c'est parmi ces êtres-là que se recrutaient les responsables du monde, par eux que venaient les guerres. Albert prit peur, il ne voyait pas comment il parviendrait à mentir à un homme pareil.