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Critiques de Pierre Corneille (520)
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Le Cid

"Rodrigue, as-tu du coeur?" ou "Va, je ne te hais point."

Deux répliques célèbres très connues qui font partie des grands mots de cette oeuvre laquelle décrit aussi de grands maux. Le Cid, un grand classique de Corneille, incontournable, un plaisir de littérature et de poésie lyrique.
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Le Cid

Chimène aime Rodrigue. Rodrigue aime Chimène. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Jusqu'au jour où - bah oui, vous vous doutiez bien que ça sentait le roussi pour les tourtereaux - le père de Rodrigue est choisi pour devenir précepteur du prince au détriment du père de Chimène. Ce dernier claque le premier. Et là c'est le drame. Parce que Don Diègue, le père de Rodrigue, ne souhaite pas trop s'embêter et laisse la responsabilité à son fils de venger son honneur. Alors évidemment, amour - honneur - honneur - amour, ça balance pas mal à Séville. Mais il se décide et tue le père de Chimène...

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3 raisons de lire ou voir Le Cid :

- Difficile de faire plus classique que cette pièce de Corneille. Et franchement on ne peut que comprendre pourquoi (alors oui préparez-vous aussi je suis absolument fan absolue du Cid). Tout d'abord parce qu'amour et honneur, ce sont des thèmes qui parlent à tout le monde, quelle que soit l'époque. Donc si l'intrigue est datée historiquement, les sentiments et valeurs mis en scène sont universels.

- Evidemment la langue, sublime et riche. Le tout balancé sur un rythme incroyable. Ayant étudié une année avec des 4e cette pièce, à la lecture de la bataille contre les Maures, les élèves étaient restés bouche bée (ce qui tenait du miracle pour ces jolis petits bavards) et avaient retenu des similitude de rythme avec le rap qu'ils écoutaient. Universel, 2e acte.

- L'acte I, scène 6 : à lui seul, le monologue de Rodrigue, où il expose son dilemme vaut le détour.
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Andromède : tragédie (Ed.1651)

Cette pièce est une commande, faite par Mazarin. Ce dernier a fait représenter en 1647, dans une salle du Palais Cardinal (l'actuel Palais royal) un opéra italien, l'Orfeo de Rossi. Ces représentations ont provoquées des critiques, en particulier sur le coûts de ces spectacles. Mazarin pense qu'un spectacle français, qui réutilise les décors et la machinerie, sophistiquée conçue par Torelli, un Italien qui vient à cette occasion en France, serait mieux accueilli. Corneille reçoit donc une somme d'argent pour écrire un texte dès 1647. Mais la mise sur la scène du spectacle n'est pas simple : la saison théâtrale 1648-1649 est quasiment supprimée par la Fronde. Après une accalmie en 1649, Corneille prend un privilège en octobre pour publier le Dessein de la tragédie d'Andromède, qui est une sorte de canevas détaillé, permettant aux futurs spectateurs de suivre le spectacle. La pièce est finalement donnée en février 1650, après l'arrestation des Princes.



La pièce appartient à ce qu'on appelé « la comédie à musique » ou « tragédie à machines ». Il y a une musique, composée par Charles Coypeau dit D'Assoucy (elle est en grande partie perdue), mais elle n'a pas la même importance que dans un opéra à proprement parlé. Corneille précise qu'il n'a employée la musique « qu'à satisfaire les oreilles, tandis que les yeux sont arrestés à voir descendre ou remonter les machines, ou s'attachent à quelque chose qui les empêche de prêter attention à ce que pourroient dire les acteurs, et qu'il s'est bien gardé de rien faire chanter qui fût nécessaire à l'intelligence de la pièce ». le texte est donc plus important pour lui, et la musique un ornement présent à certains moments spectaculaires.



La place des décors et machines est en revanche plus centrale. Corneille écrit : « Les machines ne sont pas, dans cette tragédie, comme les agréments détachés : elles en font le neoud et le dénouement, et y sont si nécessaires que vous n'en sauriez retrancher aucune que vous ne fassiez tomber tout l'édifice. ».



Cela nécessite quelques précision sur le décor du théâtre classique. Au début du XVIIe siècle, les spectacles ont hérité le principe du théâtre à mansions ou compartiments du théâtre du moyen-âge. Il y avait plusieurs compartiments, en général un par acte, qui figurait les différents lieux de l'intrigue. Les comédiens se déplaçaient au fur et à mesure du déroulé de l'histoire, les compartiments inutilisé étant masqués par des rideaux. Les tragi-comédies, et les premières tragédies et comédies du XVIIe siècle utilisent ce type de décors. A partir de la réforme du théâtre, et en particulier du moment où l'unité de lieu s'est imposé, il n'y avait plus qu'un seul décor, pour la tragédie il s'agissait de ce les décorateurs de l'époque appelaient « le palais à volonté », une salle du palais dans laquelle toute l'action pouvait prendre place. L'arrivée de Torelli marque une autre étape, le changement de décor à vue. Différents décors habillent la pièce, grâce aux machineries inventées par les Italiens, ils changent devant les yeux éblouis des spectateurs. Torelli, le premier et le plus célèbre de ces Italiens venus en France a été d'ailleurs surnommé « Le grand sorcier » ou « Le magicien de Fano ». Ces machineries ont été une grande attraction du théâtre de l'époque, et ont donné lieu à toute une production à succès, dans l'opéra (que ses promoteurs présentaient comme le spectacle le plus fidèle au théâtre antique, dans lequel la musique était présente), mais aussi dans des pièces de théâtre, parfois mixtes, dans lesquelles la musique pouvait avoir aussi une place, même si était secondaire. Andromède est peut être la pièce de ce genre qui a connue la plus grande célébrité à l'époque.



La trame d'Andromède provient d'un récit mythologique célèbre : Cassiope, le reine d'Ethiopie est tellement fière de la beauté de sa fille, qu'elle défie les dieux. Qui se vengent en faisant venir un monstre marin. Une jeune fille doit lui être livrée, après un tirage au sort. Après plusieurs jeunes filles, c'est le tour d'Andromède d'être désignée. Son fiancé, Phinée, se désespère sans beaucoup d'efficacité. Mais Persée, présent dans la cour d'Ethiopie, agit et tue le monstre venu dévorer Andromède. le roi veut la lui donner en mariage. Phinée tente de tuer le héros avec une troupe armée, mais il est défait et tué. le mariage peut avoir lieu, les dieux viennent chercher tout ce beau monde pour le célébrer dans les cieux.



Le noeud de la pièce n'est pas la victoire de Persée sur le monstre, mais sa lutte avec Phinée pour la main d'Andromède, la venue du monstre servant presque le héros dans la conquête de sa belle.



Cette pièce n'est plus vraiment jouée depuis le XVIIe siècle, où elle a connue un immense succès, l'essentiel de l'intérêt ayant été le spectacle fastueux pour les yeux. Elle est surtout une curiosité, une oeuvre de commande, même si on reconnaît la patte de Corneille dans les vers. Elle illustre parfaitement un pan de la production dramatique de l'époque, qui a sans doute plus vieilli que d'autres pièces.
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Le Cid

Sans doute la pièce la plus célèbre de son auteur, et pour différentes raisons. La première version, a été créée sur la scène du théâtre du Marais en 1637, sous l'appellation de tragi-comédie. Corneille pour l'écrire, s'est inspiré de Guillén de Castro, auteur espagnol, qui écrivit Las Mocedades del Cid, c'est-à-dire « Les enfances du Cid », pièce héroïque en trois journées, donc beaucoup plus longue que la pièce de Corneille, qui a dû beaucoup concentrer l'action de cette véritable épopée pour en tirer son Cid. La pièce étant à l'origine une tragi-comédie, Corneille n'avait en aucun cas l'obligation de respecter les fameuses règles des unités, en particulier, celle de faire tenir son action en 24 heures. Mais il a choisi de le faire. Ce qui entraîne une concentration de l'action peu vraisemblable, la querelle entre les deux pères, le duel, les échanges avec Chimène, puis une grande bataille avec les Maures, puis le récit fait au roi, un deuxième duel, un jugement royal....tout cela en 24 heures, même pour un super héros, fait manifestement trop.



C'est une des choses qui seront reprochées à Corneille. En plus du sujet (une fille qui épouse l'assassin de son père) dont on a dit « qu'il ne valait rien », et du personnage de Chimère, jugé contraire à la bienséance, car elle est au début une fille aimante et obéissante, et par la suite se conduit comme une amante, qui aime Rodrigue malgré son crime. La toute nouvelle Académie française prononça un jugement dans ce sens, terminant la fameuse « Querelle du Cid ». Corneille, touché au vif, va relire Aristote, et produire un ensemble de textes théoriques sur le théâtre, qui va faire émerger une nouvelle conception de la tragédie. Ses adversaires vont finir par abandonner le théâtre, et sa conception de tragédie renouvelée va triompher, au point que lorsqu'il publie une nouvelle version du Cid très légèrement retouchée, il l'appellera tragédie, et non plus tragi-comédie, genre qu'il a fortement contribué à rendre démodé.



Au-delà de toutes ces querelles sur les règles, sur ce que doit être une tragédie, ou une tragi-comédie, qui peuvent nous paraître aujourd'hui des querelles byzantines, il reste un texte, une histoire, des vers, dont certains sont restés dans le répertoire des citations courantes, que presque tout le monde connaît :



« Rodrigue, as-tu du coeur»



« Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?»



Une histoire, sans doute invraisemblable, mais quelle importance, car elle est passionnante. Et le personnage de Chimène est d'autant plus intéressant qu'il est complexe, qu'elle est partagée entre deux, entre le fait d'être une fille et une amoureuse passionnée. Corneille par une sorte d'intuition, qu'il mettra des années à justifier sur un plan théorique, a écrit une pièce qui satisfaisait l'intérêt du spectateur de l'époque, comme elle intéresse toujours celui 'aujourd'hui.
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La Place Royale ou l'Amoureux extravagant

Ma première comédie de Corneille.



Alidor ne supporte plus la prison d'amour construite avec Angélique. Pour retrouver sa liberté il prétend aimer ailleurs et cherche à acoquiner son meilleur ami Cléandre avec sa belle. Mais celle-ci prend sa revanche avec un autre, Doraste, un rival, et Alidor s'aperçoit que sa prison avait malgré tout de belles dorures.



J'ai été un peu étonné au début: c'est posé, fin, dépourvu de scène véritablement comique comme chez le Molière de l'époque du collège, mais avec des rebondissements amusants et des caractères bien tranchés: en premier lieu Alidor et Phylis, l'amie d'Angélique et sœur de Doraste, très modernes dans leur liberté de mœurs.



Mais le dossier permet d'éclaircir la pièce: Corneille voulait élever la comédie au dessus de la simple farce à laquelle Molière restera un peu attaché. Une comédie peut mettre en scène des personnages nobles, pas seulement des caricatures de la plèbe; elle peut se terminer mal dans la mesure où ce mal ne met pas en jeu le destin des royaumes. Ainsi Corneille ouvre une brèche dans les canons de la Comédie "à l'antique" et apporte sa pierre à l'édification du théâtre classique.



On apprend aussi qu'il est possible de lire cette pièce comme la jeunesse de Don Juan. Alidor, en effet, perd Angélique. Il décide dès lors de voyager de maitresse en maitresse, d'être seul à contrôler le jeu de l'amour: piéger, ne jamais se laisser piéger, dominer le sexe "faible" et moquer les cocus.



Cette comédie a aussi des accents de tragédie par endroit. C'est en fait une sorte de mutant inclassable. Mais une chose est sûre: Corneille maniait magnifiquement la langue de Molière.
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Le Cid

Grandiose !! Magnifique !! Superbe !!

Que dire encore, de cette poésie dans la versification de Corneille. Je le connaissais de réputation, je le lisais pour la première fois, et l'expérience confirme le mythe. Comme tout le monde je connaissais ce fameux : " Va je ne te hais point ", qui fait partie de toutes ces répliques que chacun connaît, mais il fallait le contexte, il fallait cette histoire dans son entier pour apprécier le talent de Corneille.

Voltaire disait : " L'homme de goût expliqua très bien comment une pièce pouvait avoir quelque intérêt, et n'avoir presque aucun mérite ; il prouva en peu de mots que ce n'était pas assez d'amener une ou deux de ces situations qu'on trouve dans tous les romans, et qui séduisent toujours les spectateurs ; mais qu'il faut être neuf sans être bizarre, souvent sublime et toujours naturel, connaître le coeur humain et le faire parler ; être grand poète, sans que jamais aucun personnage de la pièce paraisse poète ; savoir parfaitement sa langue, la parler avec pureté, avec une harmonie continue, sans que jamais la rime coûte rien au sens "

Et à présent, je crois que le vers que j'apprécie le plus n'est plus ce célèbre " Va je ne te hais point ", mais plutôt cette superbe chute " Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi."
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Horace

"Rome, unique objet de mon ressentiment".

Horace, pièce de théâtre de Pierre Corneille, est l'archétype de la tragédie produite au XVIIème siècle : des rivalités croisées d'honneur et d'amour, un contexte liée à l'antiquité gréco-romaine (ici la rivalité de deux familles sur fond de guerre romano-albaine).

L'intérêt de cette pièce, outre une langue ciselée comme la plus belle pièce d’orfèvrerie, réside dans le choix de Corneille de placer l'honneur comme valeur suprême, dépassant les querelles et intérêts familiaux, amicaux mais également l'amour.

Les héros sont sans cesse tiraillés entre leurs obligations sociales et leurs inclinations personnelles.

Le dernier mot est donné à Horace, archétype du soldat faisant passer sa patrie au dessus de ses sentiments.

Corneille a souhaité aller encore plus loin que dans le Cid en présentant des personnages extrêmes dans leurs postures et leurs choix, renforçant ainsi l'effet tragique et le poids implicite du fatum.

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Horace

Horace et Curiace sont non seulement de grands amis, mais également des beaux-frères très unis: Horace est marié à Sabine, la soeur de Curiace, tandis que Curiace va épouser Camille, la soeur d’Horace. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si Horace, romain, et Curiace, albain, n’étaient pas obligés de se battre à cause de la rivalité de leurs villes respectives, dont aucune ne veut céder la préséance à l’autre.



Le résumé de l’éditeur met l’accent sur l’amitié virile et la glorification des héros qui seraient les thèmes principaux de la pièce. ça me semble assez réducteur. Il est question aussi des rivalités imbéciles entre deux villes dont chacune veut être supérieure à l’autre, de masculinité guerrière s’opposant au bon sens féminin et, comme dans Le Cid, d’honneur mal placé.



En tant que lectrice contemporaine, il est difficile pour moi de considérer comme bonne une pièce glorifiant des valeurs que je considère comme ineptes. Les conclusions que tirent les personnages d’une guerre absurde et fratricide me semblent tordues par une logique sans doute ordinaire pour l’époque d’écriture, mais qu’on considèrerait aujourd’hui plutôt relever d’une virilité toxique (...)
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Cinna

Je tape bien volontiers sur les grands classiques de la littérature et tout ce qui est d'avant 1950, il faut bien l'avouer ; les mœurs de l'époque dégoûtent bien vite l'horrible millenial pantouflard que je suis. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, j'en aime de nombreuses. La pire chose pour moi est de rester fermé d'esprit ; si je suis moralement en désaccord avec pas mal de trucs d'alors, si je trouve souvent le tout trop long ou trop soutenu, je tente pour autant de juger avant tout ces œuvres selon les critères qu'elles se sont elles-même établies ; pour la philo, la raison prime ; pour la littérature, la belle phrase ou bien lyrique à la Hugo ou bien pleine de sous-entendus à la Flaubert ; pour la comédie, le sens de l'invraisemblable ; pour la tragédie... celui de la punchline.

Eh oui : si pour la plupart d'entre vous il ne s'agit que de longues tirades d'alexandrins ampoulés, j'y vois là un art d'exprimer avec finesse des sentiments complexes et violents tout en parvenant à faire rimer malgré tout pour faire encore mieux rentrer le tout dans la mémoire. Ce sont ces fulgurances, soudaines et qui arrivent malgré tout à retomber sur leurs pattes, qui donnent aux pièces toute leur saveur, ce savoir-faire pour dire puissamment des choses aussi essentielles en seulement 24 syllabes ; et si je dois avouer que je n'ai pas été le lecteur le plus attentif de "Cinna", quelle vigueur il peut y avoir par moments.

"Cinna", pièce ovni et pourtant respectant si bien ses règles. Une tragédie sans dieux ni figures mythologiques, montrant que l'on n'en a pas besoin pour exprimer les ressentiments de l'Homme, qui parle de politique et nous questionne sur notre responsabilité à une époque où l'on évitait ça à tout prix (doit-on tuer le tyran en place si nous-même sommes susceptibles de devenir des tyrans ? pouvons-nous nous venger et mettre en péril toute une civilisation ?), et enfin qui se termine bien. Où chacun trouve son compte.

Certes, par moments, on se perd un peu, intrigues et discours complexes obligent, il n'empêche que Corneille nous livre là un chef-d'œuvre surprenant. Et montre que le théâtre sait se faire diversifié et pas forcément sans préoccupation morale (je ne vise personne, suivez mon regard). Ça fait réfléchir, c'est bien écrit, ça ne fait pas dans l'archétype ou le cliché pour un sou ; est-ce que ce n'est pas le meilleur qu'on puisse attendre d'une œuvre ?
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Horace

La querelle du Cid, les attaques dont il a été victime et la condamnation de l’Académie ont ébranlé Corneille. Alors qu’il donnait une nouvelle pièce par an, il attendra 3 ans entre le Cid et cette pièce, Horace. Elle sera d’abord jouée devant le cardinal de Richelieu en mars 1641, avant d’être donnée au théâtre, deux mois plus tard.



Corneille a longuement consulté les textes, en particulier ceux d’Aristote, considéré à l’époque comme l’autorité absolue, il a aussi demandé les avis « des doctes » sur le manuscrit de sa pièce, même si final il semble ne pas vraiment les avoir écoutés. Ce qui n’a pas empêché sa pièce d’être aussi critiquée.



Il s’attaque dans cette pièce à l’histoire romaine, une histoire mythique de l’époque des rois, telle que l’a narrée Tite Live. C’est le sujet auquel on associe habituellement Corneille, la pièce à sujet historique romain, on peut quand même noter, qu’il a écrit avant neuf pièces avec des sujets très différents, et que par la suite il ne se limitera pas non plus à Rome et à son histoire ; au final seulement la moitié de ses pièces peut être rattachée à cette thématique.



Le récit qui fonde la pièce est très connu : Rome est en conflit avec Albe, la ville voisine et aussi la ville d’où elle est issue par Romulus. Pour régler le différent, il est convenu que trois champions représentant leur ville seront opposés aux trois champions représentant la ville rivale. Les trois frères Horace sont choisis par Rome, et les trois frères Curiace par Albe. Après la mort de deux Horaces, le troisième l’emporte par la ruse. Feignant la fuite, il affronte successivement les trois Curiaces et les tue. En rentrant, il est interpellé par sa sœur, Camille, fiancée à l’un des Curiaces. Ses plaintes l’indignent et il l’a tue. Il est absout par le roi, compte tenu de son exploit.



Corneille, qui suit ses sources de près, qui n’invente pas l’histoire, se verra reprocher le meurtre de Camille par son frère, au nom de la bienséance, ce qui est vraisemblable pour le public. Et un frère n’assassine pas sa sœur. L’absolution du héros a aussi été contestée. Les « doctes » auraient voulu que Camille se jette d’elle-même sur le glaive de son frère, provoquant son malheur, mais pas une faute impardonnable.



Or Corneille a trouvé chez Aristote des éléments lui permettant de formuler sa conception de la tragédie : passage du bonheur au malheur avec surgissement des violences au sein des alliances. Ce sont les conflits entre les personnes proches, qui provoquent de l’émotion, de la surprise, chez les spectateur. Une trahison ou un un meurtre, venant d’un ennemi, n’a que peu d’impact, il est dans l’ordre des choses. Horace illustre parfaitement cette conception, et Corneille se sent légitime pour proposer cette version des faits au public.



S’il n’est pas satisfit de sa pièce, c’est pour une autre raison, qu’il va développer entre autre dans l’Examen publié dans l’édition de 1660. Cette raison est la duplicité de l’action. Le héros doit faire face à un seul péril, qui garantit l’unité d’action de la pièce. Or dans Horace, après un péril public au service de la patrie, un péril illustre (le combat contre les Curiaces) le héros tombe dans un autre péril, un péril d’ordre privé et qui plus un péril infâme, suite au meurtre qu’il commet sur sa sœur, et dont il ne peut sortir selon Corneille « sans tache ». Corneille est allée chercher chez Aristote l’idée qu’une tragédie doit avoir une seule action, avec un commencement, un milieu, une fin. Le rôle du dramaturge est de construire ces différentes étapes de façon la plus logique possible. Le reste vient après, les caractères des personnages, les beaux passages déclamatoires, les sentiments, les péripéties etc Cela sert à donner une cohérence à l’action principale, ce sont aussi « des broderies » qui agrémentent l’œuvre pour le spectateur.



Le problème dans Horace, c’est que Corneille a procédé par réduction d’un sujet pré-existant et très dense, où il fallait résumer, faire tenir une action complexe dans une pièce en cinq actes. Ce qui ne permettait pas cette action principale unique, avec un commencement, un milieu, une fin. Dorénavant, il va procéder par déduction, en partant d’une trame simple, d’une fin parfois seulement, il va déduire le reste, imaginer les éléments qui vont permettre d’arriver à la conclusion prévue, la part des embellissements, « des broderies » étant inversement proportionnelle à la richesse de l’intrigue.



Pour donner une impression plus personnelle et totalement subjective, j’ai toujours eu un peu de mal avec cette pièce, le personnage de Horace m’horripile, et encore plus celui de son père, le vieil Horace. Ils sont tellement donneurs de leçons, sûrs d’eux-mêmes et de leur vision du monde, qu’on aimerait que quelque chose arrive à les faire vaciller. Or tout semble leur donner raison. Et les autres personnages, à part Camille semblent vraiment falots en face. Et les merveilleuses « broderies » que Corneille fait tellement chatoyer dans d’autres pièces, sont peu présentes ici, l’action en elle-même étant trop dense pour leur laisser de la place. Mais c’est évidemment une pièce essentielle dans l’évolution du théâtre de Corneille.
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Médée

Pièce importante, car il s’agit de la première tragédie de Corneille. Elle n’arrive pas à ce moment-là par hasard : après six années pendant lesquelles aucune nouvelle tragédie n’est créée à Paris, la tragi-comédie étant le genre incontournable, la tragédie renaît de ses cendres. Une tragédie pleinement classique, attachée aux règles, mais ayant su tirer du genre concurrent de la tragi-comédie un certain nombre d’éléments qui faisaient son succès auprès du public, et en premier lieu une action plus soutenue. La saisons 1633-1634 deux tragédies marquent ce retour à un genre un moment abandonné : l’Hercule mourant de Rotrou et l’Hippolyte de La Pinelière. La saison suivante (1634-1635) les créations se multiplient. Il y a entre autres, La Sophonisbe de Mairet (considérée un peu comme la plus représentative de cette renaissance tragique), La mort de César de Scudéry et cette Médée de Corneille. La pièce a du succès, elle sera publiée en 1639, après Le Cid et les remous qui ont suivis.



Il est probable que Corneille ait été inspiré, pour le choix du sujet et la façon de le traiter, par l’Hercule de Rotrou, auteur de la première tragédie régulière, et surtout auteur de grand talent, celui qui dans cette génération aurait pu être le plus grand rival de Corneille s’il n’était mort prématurément. Mais l’inspiration la plus directe de Corneille est la pièce de Sénèque, avec aussi de nombreux éléments empruntés aux Métamorphoses d’Ovide. La pièce emprunte peu à Euripide, le goût de l’époque n’étant pas très en phase avec les auteurs grecs.



Le sujet est connu. Médée a permis à Jason de conquérir la Toison d’Or, elle fuit avec lui, devient sa femme, ils ont deux enfants. Après la mort de Pélias (l’oncle de Jason) provoqué par les manigances de Médée, le couple est obligé de fuir et de se réfugier à Corinthe. La pièce de Corneille commece à ce moment. Jason a conquis le coeur de Créuse, la fille de Créon le roi de la ville. Jason veut donc répudier Médée pour convoler en secondes noces. Médée doit être bannie le lendemain. Les enfants du couple doivent rester avec leur père. Médée est ulcérée et décide de se venger. Au moyen d’une robe empoisonnée, elle va provoquer la mort de Créuse et de Créon, et va tuer ses enfants pour parfaire sa vengeance vis à vis de Jason. Elle va le narguer avant de s’envoler dans un char tiré par des dragons.



Le sujet de la pièce est tiré de la mythologie, et non pas de l’histoire, comme la plupart des pièces de Corneille qui vont suivre. La pièce, de part son sujet violent, et des éléments très paroxystiques qui s’y trouvent, s’apparente au tragique de la fureur, inspiré par Sénèque, et très présent dans le théâtre français au début du XVIIe siècle (Rotrou est l’un de ses plus notables représentants). Comme cette première tragédie de Corneille diffère de ses productions tragiques les plus célèbres, celles que l’on joue encore aujourd’hui, dans beaucoup de présentations elle est qualifiée de précornélienne. C’est tout de même un peu facile, si on regarde l’ensemble des pièces de l’auteur. Non seulement il va revenir plusieurs fois à des sujets mythologiques à grand spectacle, mais en 1661 il fera jouer La toison d’or, une tragédie qui va mettre en scène les mêmes personnages principaux que Médée. Encore une fois, il est difficile d’enfermer Corneille dans une seule typologie.



La pièce est très efficace et très bien conçue. Corneille s’en vante d’ailleurs dans les textes qui accompagnent la pièce. Jason ressemble pas mal aux personnages masculins de ses comédies, usant de ses charmes non pas pour épouser des riches héritières mais des filles de rois, cynique, pas très sympathique. Médée est une magicienne, une sorcière, qui a des pouvoirs puissants, presque sans limites, sa seule faiblesse étant son amour pour Jason, mais une fois trahie, elle n’a aucune difficulté à la vaincre. L’Asie, terre d’origine de Médée, était réputée comme le continent des magiciens. En plus de ses actions maléfiques avérées, Médée est l’étrangère, venue d’un continent ennemi, dont rien de bon ne peut venir. La situation dans laquelle elle est, lui laisse l’alternative d’être une victime ou un monstre. Être abandonnée par l’homme à qui elle a tout abandonné, et à qui elle a assuré un triomphe immortel, perdre ses enfants. Elle choisit de tuer ceux qui veulent la chasser honteusement et de tuer ses enfants pour mortifier Jason, qui de toutes les façons envisageait le même infanticide après la mort de Créuse. Au final, Corneille consacre peu de place au meurtre des enfants, qui est la partie du mythe de Médée la plus connue, la plus associée à son nom.



C’est vraiment une pièce très forte et très réussie, qui passe très bien sur la scène (pour l’avoir vue jouée), je regrette, comme pour les comédies, qu’elle n’ait pas davantage les faveurs des metteurs en scène.
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La Place Royale ou l'Amoureux extravagant

La Place Royale ou l’Amoureux extravagant, cette pièce est sans doute créée en 1634 par la troupe du Marais avec laquelle Corneille a débuté sa carrière. Elle a eu du succès. La pièce est publiée pour la première fois en 1637, après la fin décidée par le cardinal de Richelieu de la querelle du Cid, dans laquelle l’Académie a condamnée Corneille. Ce qui n’empêche pas ce dernier d’être persuadé d’avoir raison, et à ironiser sur les théoriciens qui ne mettent pas en pratique leurs préceptes pour convaincre le public sur les planches.



La Place Royale (l’actuelle Place des Vosges) était à l’époque le dernier quartier à la mode, celui où des jeunes gens à la page pouvaient se croiser, se rencontrer. Corneille exploite toujours cet intérêt du public pour des lieux qu’il connaît, comme il l’avait fait dans La galerie du Palais. C’est la dernière de la série de comédies qui ont marquées ses débuts, il ne reviendra plus que de façon épisodique au genre qui lui a permis ses premiers succès.



Cette pièce contredit une des lois fondamentales du genre, parce qu’elle ne se termine pas par le mariage des personnages principaux. C’est une transgression très forte, Molière osera la même dans son Misanthrope.



Pour justifier cette transgression, Corneille a été amené à bâtir un personnage qu’il appelle « extravagant », Alidor. C’est le caractère, de ce personnage qui doit justifier aux yeux des spectateurs ce dénouement inattendu. Et comme Corneille fait toujours très bien les choses, son Alidor est d’une très grande complexité, au point d’avoir suscité depuis sa création un nombre d’interprétations et de lectures énorme. Je ne vais pas résumer, juste évoquer quelques façons de le voir qui m’intéressent le plus.



Donc Alidor est amoureux d’Angélique, qui l’aime totalement sans se poser de questions. Mais Alidor ne veut pas perdre sa liberté, épouser Angélique serait s’aliéner, s’imposer des contraintes. Il décide donc de la faire épouser par son meilleur ami. Il fait remettre à Angélique une lettre prétendument adressée à une autre à laquelle il déclare sa flamme en dénigrant Angélique. Cette dernière, désespérée se résout à épouser Doraste, le frère de sa meilleure amie, Phylis. Ce qui déplaît à Alildor, il est jaloux de Doraste et mécontent de ne pas « donner » Angélique à Cléandre, comme il l’avait décidé. Il revient donc vers sa bien aimée, et la persuade de se laisser enlever la nuit même. Il envoie Cléandre à sa place, mais ce dernier abusé par l’obscurité enlève par erreur Phylis. Angélique est très choquée lorsqu’elle comprend les plans d’Alidor. Cléandre suite à l’enlèvement, tombe amoureux de Phylis, et les parents de cette dernière acceptent de la marier avec lui. Ce qui donne quand même un mariage à la fin de la pièce, car Angélique très déçue et malheureuse, refuse la demande de mariage tardive d’Alidor et préfère se réfugier dans un couvent.



Comme dans ses pièces précédentes, il y a une vraie cruauté dans cette comédie, plus amère que douce ou drôle. La cruauté est une caractéristique de la personnalité d’Alidor, il joue au chat et à la souris avec Angélique, et il joue avec ses propres sentiments. D’une certaine façon le grand amour simple d’Angélique ne laissant aucune incertitude, il se créé lui-même des contrariétés dans son amour, qu’il s’agit ensuite de surmonter. Il finit d’ailleurs par se sentir tout puissant et pense pouvoir retourner Angélique à sa guise, décider de tout ce qui arrive ; lorsque la réalité contredit ses plans, il en tout vexé, et essaie de reprendre la maîtrise de la situation par n’importe quel moyen.



Un autre personnage qui est vraiment passionnant est Phylis. Elle est une sorte de pendant à Alidor, qui est amoureux d’une jeune fille, tout en ne voulant pas l’être, car l’amour est une limite, un frein. Phylis quand à elle, est toujours prête à flirter avec tous les jeunes gens, mais n’est amoureuse de personne, puisque de toutes les façons, ce seront ses parents qui choisiront son mari, et qu’elle n’aura pas grand-chose à dire. Donc plutôt que de se rendre malheureuse, autant accepter l’inévitable et en tirer le meilleur parti, et surtout éviter de souffrir. Elle réalise donc le projet d’Alidor, l’amour ne n’aliène en aucune sorte, elle n’a pas de passion susceptible de la faire souffrir. Ce qui est une sorte d’idéal dans la philosophie antique, stoïcienne surtout, l' apatheia ( l’absence des passions) ou la suffisance à soi-même des épicuriens, sont les compléments de l’ataraxie, l’absence de trouble, condition du bonheur. Et Phylis est naturellement un personnage heureux.



Alors qu’Alidor, même s’il revendique cette suffisance à soi-même, est parcouru de passions. On dirait même qu’il a besoin de ressentir des émotions fortes, et qu’il fait ce qu’il faut pour se les procurer. Il est traversé par l’amour, mais aussi par le goût de la manipulation, de la domination, du pouvoir sur les autres. Même s’il traite les autres comme des jouets, il en a besoin, pour justement sentir la maîtrise qu’il exerce.



C’est vraiment une pièce très forte, et elle semble maintenant montée assez régulièrement depuis quelques années. J’espère que cela annonce un regain d’intérêt pour les comédies de Corneille en général.
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Le Cid

Honneurs et familles, choix et décisions; que dire, que faire ?!



L'amour a ses raisons que le cœur peut bien ignorer, parfois.



Le respect de la parole de chacun est aussi important que la sincérité d'une parole donnée à certains moments.



Aux combats d'une idée, l'intelligence d'âme se fait raisons et paix pour tous.



A découvrir en question qu'aucune société n'a su encore résoudre.
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Oedipe

En 1659, Pierre Corneille reprend le mythe d'Œdipe et fait jouer au théâtre, avec succès, Œdipe. Dans la pièce de Corneille, Œdipe, roi de Thèbes, a une sœur, Dircé, qui, ignorant leur lien de parenté, le considère comme un usurpateur, et refuse de se soumettre à son autorité. Il y a donc un conflit politique, auquel s’ajoute une intrigue sentimentale : Dircé est amoureuse du héros Thésée, et est aimée de lui. Cette histoire d’amour enjolive la tragédie. Corneille, dans cette pièce, se démarque des auteurs grecs, et défend la liberté humaine. On voit ainsi Thésée s’insurger contre les dieux qui gouvernent le destin des hommes, les privant ainsi de toute liberté, et donc de toute responsabilité et de tout mérite. Puis, on voit Œdipe choisir et assumer son destin : lorsqu’il découvre qu’il a épousé sa mère, il se saisit d’un poignard, et se tue, sans attendre de savoir ce que les oracles vont dire, sans demander aux dieux leur avis. Il décide lui-même, il se tue.
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Le Cid

L' étude de cette pièce théâtrale de Molière a été faite au collège, et presque

toute la classe a apprécié et tout le méreronde à participer. Jusqu' à maintenant, je

reste marqué et n' oublierai jamais Chimène et Rodrigue.

Don Diègue et le comte de Gomès projettent d' unir leurs enfants Chimène et

Rodrigue, qui s' aiment . Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don

Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant

" une gifle" ( soufflet ). Don Diègue, trop vieux pour se venger par lui-même; re-

-met sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son

amour pour Chimène et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène dans un duel .Chimène essaie de renier son amour et le cacher au roi à qui elle demande la tête de Rodrigue.

Le royaume est attaqué par les Maures, Rodrigue se bat avec bravoure et

courage, et le royaume est sauvé.Rodrigue est considéré comme un héros .

IL obtient le pardon du roi. Chimène, toujours amoureuse de Rodrigue, obtient du roi un duel entre Rodrigue et don Sanch, qui l' aime aussi . ELLE

promet d' épousé le vainqueur. Rodrigue sort vainqueur et reçoit la main de

Chimène de la par du ROI
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Horace

Alors, Horace, facho ou pas facho? Difficile de ne pas répondre oui. Il trucide à tout va, sans état d'âme superflu, l'ami comme la soeur; on l'imagine très bien traquer ses voisins en plein nettoyage ethnique, en ex-Yougoslavie ou au Rwanda. Il faut avouer qu'il n'est pas aidé: la propagande de l'honneur et de la gloire fonctionne à tout va, Papa est un fanatique pousse-au-crime particulièrement remonté, Soeurette est hystérique et Bobonne suicidaire (elle passe son temps à demander d'être occise et, tragédie supplémentaire, personne ne s'y emploie). Mais le pire, c'est quand même le roi: oui, dit-il à Horace en substance, tu es bien un abominable assassin pas fichu de maîtriser tes nerfs, mais j'ai justement besoin de types comme toi pour asseoir mon pouvoir.

Et par là-dessus, bien sûr, l'alexandrin martial et super efficace de Corneille qui rendrait héroïque, voire sympathique, n'importe quel SS-Oberführer. Chapeau, l'artiste!
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Horace

Les pièces à sujets antiques sont légion dans le théâtre classique (essentiellement Corneille et Racine), mais je trouve assez rares celles qui plongent dans l'histoire elle-même. Ce sont généralement les mythes que l'on reprend! Mais l'Histoire d'Horace et du conflit avec Albe est issu de l'Histoire de Rome de Tite-Live (Les Origines de Rome, "Règne de Tullus Hostilius").

J'aime tout particulièrement la période royale de Rome, je ne saurais dire pourquoi (Le mythe de sa fondation? Les peintures?). L'histoire du combat quasi fratricide des Horaces et des Curiaces est une de mes préférées (la pièce de Corneille n'est pas étrangère à cet avis...).

L'un des frères Horaces a épousé Sabine, soeur des frères Curiace, à l'un desquels Camille, soeur d'Horace, est promise. Albe et Rome, pour départager définitivement leurs deux cités et gageant que la cité victorieuse dominera l'autre, sélectionnent leurs meilleurs guerriers pour s'affronter dans un combat à mort. Et c'est là que se noue la tragédie : les Horaces affronteront les Curiaces, leurs deux familles étant liées par l'hymen et l'amour (comme, il est dit, de nombreuses familles qui ont noué des liens de la même nature). Si pour les guerriers le choix se résume à l'honneur ou la mort, il n'en est pas de même pour les femmes - qui, rappelons-le, étaient le motif initial des conflits entre les deux cités. En effet, pour elles la question qui se pose est : "lequel, de notre frère ou de notre amant/mari nous faudra-t-il haïr ou pleurer?" quelle que soit l'issue du combat, Sabine et (surtout) Camille auront une raison de s'affliger, et c'est bien l'affliction et le chagrin qui prennent le pas sur le soulagement pour le survivant (Horace).

Ainsi Camille, pleurant son amant trop tôt perdu, maudissant Rome et son frère victorieux, est punie de sa "trahison" de la main même de son frère, qui devient la main de Rome.

A mon sens, Camille est la véritable héroïne tragique de cette pièce, elle expie son péché dans la mort comme Phèdre, mais son sort inspire la pitié car son chagrin est palpable et compris. L'honneur "vainc" la passion, en quelque sorte (je m'égare dans une analyse personnelle, en aucun cas je ne la pose comme absolue). Le cas d'Horace est troublant : de héros il passe à meurtrier, et son jugement est difficile : sauveur de Rome et meurtrier de sa soeur. Au fond j'ai le sentiment que ce bilan est celui de son combat lui-même : en combattant pour sa cité, il combat contre ses frères par alliance, il est pris entre le crime et l'acte héroïque, et son honneur le condamne.



Je ne m'étends pas davantage, mes capacités de compréhension s'arrêtent là. Encore une fois, cet avis n'est que le mien, et j'ai adoré cette pièce. Je la recommande vivement!
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Médée

Médée qui tue son frère et trahit son père pour le beau Jason, se voit mal récompensée de ses oeuvres, puisqu'aussitôt dans sa fuite, Jason lui préfère la fille de Créon. Qu'à cela ne tienne, Médée va user de ses pouvoirs. C'est une tragédie fantastique à laquelle nous convie Corneille. Tragédie qui annonce Le Cid qu'il écrira quelques temps plus tard. Mais c'est là déjà du grand Corneille, à ne pas manquer.
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Mélite

La première pièce de Corneille. Où l'on devine les grandes oeuvres qui vont suivre, mais qui est loin d'être un chef-d'oeuvre.
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La Place Royale ou l'Amoureux extravagant

C'est vieux vieux ... et tellement loin de nos préocupations d'aujourd'hui!

Le texte en alexandrins ne fait rien pour rendre cette pièce plus actuelle.

Corneille n'est pas du tout mon auteur favorit
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