Le lieu ne ressemble pas à une agence de publicité habituelle. C’est une maison ancienne accolée à la villa des Ternes, une oasis de verdure cachée au milieu du dix-septième arrondissement. Pour y accéder, il faut franchir le porche d’un immeuble haussmannien et descendre une petite allée verdoyante où niche et s’époumone joyeusement un couple de geais, entre autres piafs. Au fond, se trouve l’agence ; et derrière encore, une claire cour arborée et plantée de roses. L’ensemble est environné d’arbres, certains germés là au hasard d’une graine égarée entre deux fissures, d’autres campés dans le jardin. D’autres encore, les plus hauts, offrent leurs larges branches par-dessus le mur de la villa voisine. Il y a même une cuisinière, ancienne commerciale repentie et métamorphosée en maîtresse de maison, qui veille sur les lieux avec son chien Pifou, un accueillant bâtard tacheté. Aux beaux jours, les collaborateurs aiment collationner dans le jardin ou prendre le soleil sur les nombreuses terrasses. Le lieu est un enchevêtrement de petites pièces et de plus vastes locaux transformés en salles de réunion, avec des remises modernisées. On n’a pas l’impression d’aller travailler, mais de se retrouver dans une maison de famille, presque de vacances, accueillante et joyeuse.
Philippe croit davantage à l’intelligence, à la beauté et à l’humour qu’à la bêtise, à la laideur et à la morosité. Cela semble tomber sous le sens mais allez défendre cela jour après jour, et vous verrez.
Et l’amour alors ? Oui bien sûr, elle n’a rien contre. L’amour, pourquoi pas ? Encore un mot si pratique et au sens si élastique. Les sentiments, les merveilleux élans de l’âme, Ice ne refuse pas d’en feindre les jeux, mais n’a jamais compris l’intérêt de tomber amoureuse, cette convention sociale bonne pour les mochetés. Ice a des ambitions démesurées : les riches, même nouveaux, lui suffisent. Ceux qu’on nomme les super-riches ne sont pas sa tasse de thé. De même les rejetons dynastiques ne l’attirent pas tant que ça.