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Critiques de Philippe Besson (4003)
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Paris-Briançon

Après m’avoir bouleversé avec son excellent roman autobiographique « Arrête avec tes mensonges », Philippe Besson profite de cette rentrée littéraire 2022 pour m’inviter à bord d’un train de nuit entre Paris et Briançon.



A bord de l’Intercités de nuit n°5789, il fait tout d’abord les présentations : un médecin, une mère de famille, un hockeyeur, un VRP, un couple de sexagénaires retraités et une bande de cinq étudiants… sans oublier de mentionner un certain Giovanni Messina, qu’il présentera plus tard. Il annonce également d’entrée de jeu que tous les personnages n’arriveront pas vivant à destination. Ne sachant pas trop si je vais assister à un remake du crime de l’Orient- Express d’Agatha Christie, je décide de monter à bord…



Me voilà au cœur d’un huis-clos, entouré de personnages que rien ne relie et filant vers les montagnes alpines à bord d’un train-couchettes plutôt désuet. Étonnamment, cette ambiance nocturne, combiné à la difficulté de trouver le sommeil, semble inciter les gens à faire connaissance, à nouer des liens, voire même à se confier et à partager quelques secrets. Allez hop, je m’installe confortablement, j’enlève mes chaussures et j’allonge mes jambes sur la banquette… merci de m’avoir invité Philippe, je suis très bien là !



Philippe Besson a l’art de brosser des personnages attachants et de décortiquer leurs sentiments avec minutie. Au fil d’échanges profondément humains il met ses personnages à nu, tout en soulignant la fragilité de nos vies en abordant les thèmes de la fatalité et du hasard. Au-delà du suspense qui nous maintient éveillé durant tout le trajet, tout en nous tenant en haleine jusqu’à la dernière seconde, l’auteur nous oblige à faire le deuil de certains passagers, transformant ce qui s’annonçait être un bon polar…en petit coup de cœur émouvant !
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Ceci n'est pas un fait divers

« Papa vient de tuer maman. »



À l’inverse du « happy-end » américain, Philippe Besson livre une grosse claque d’entrée en débutant son nouveau roman par ces cinq mots qui retiennent immédiatement toute l’attention du lecteur. Une phrase courte, percutante et lourde de sens, prononcée au téléphone par une gamine de treize ans qui vient d’assister à l’innommable qui se cache derrière ces cinq mots. À l’autre bout du fil, la vie du grand frère de dix-neuf ans vient de basculer. C’est lui qui encaisse l’onde de choc qui accompagne cette phrase, qui va remonter le fil de sa vie pour chercher les indices qui permettraient d’expliquer l’inexplicable, qui va sauter dans le premier train afin de recoller les quelques morceaux qu’il reste de cette famille volée en éclats et qui va se transformer en narrateur afin de mettre des mots et surtout des sentiments sur cet événement qui, pour lui, est tout sauf un simple fait divers !



À l’instar de David Lelait-Helo dans son excellent « Je suis la maman du bourreau », Philippe Besson se glisse dans la peau des victimes collatérales d’un crime. Tandis que le médecin légiste examine le corps de cette mère tuée de dix-sept coups de couteau par son mari, Philippe Besson se livre à l’autopsie de sa famille, décortiquant les prémices et les conséquences du drame avec une précision quasi chirurgicale. Des signes précurseurs, allant d’une jalousie excessive à de la violence psychologique, aux répercussions du drame, en passant par l’escalade des violences conjugales et les lâchetés de ceux qui ne sont pas intervenus, Philippe Besson fouille le passé et analyse le présent, pointant non seulement du doigt ce fait de société qui alimente trop souvent la page des faits divers de l’actualité, mais sortant surtout de l’ombre ces victimes invisibles dont on ne parle pas : ces proches traumatisés, endeuillés et meurtris à jamais !



Ce qui me séduit à chaque fois dans les romans de Philippe Besson, c’est l’élégance de sa narration, qu’il combine cette fois à l’intelligence de ne pas en faire trop, de ne pas rechercher les effets de style afin de décrire ce sujet délicat avec pudeur et grande justesse. Laissant de côté les envolées issues de ses propres tripes qui m’ont tellement séduit lors de ses ouvrages plus intimes, l’auteur de « Arrête avec tes mensonges » pose ici ses mots avec grande délicatesse sur les blessures d’un autre. S’imposant des limites à ne pas franchir, des libertés à ne pas saisir, comme une sorte de retenue qui s’impose vis-à-vis de ce récit inspiré de faits réels qu’il désire conserver au plus près de la réalité tout en se l’appropriant avec brio, Philippe Besson s’attaque au féminicide d’une plume alliant sobriété et sensibilité.



Non, le féminicide n’est pas un fait divers !
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''Arrête avec tes mensonges''

Bordeaux, 2007. Dans le hall d'un hôtel, dans une ville de province, Philippe Besson discute avec une journaliste à propos de son dernier roman qui vient de sortir. Alors qu'il répond à ses questions, il aperçoit un jeune homme, se préparant à sortir de l'hôtel. Aussitôt, il croit reconnaître quelqu'un même s'il sait, au fond de lui, que c'est littéralement impossible que ce soit lui. Il ne peut s'empêcher de crier son prénom, Thomas. Mû par sa conviction, il se précipite vers le jeune homme... qui se retourne...

Barbezieux, 1984. Adolescent de 17 ans, Philippe est un jeune homme un peu gauche, timide. Élève exemplaire en terminale C, on dit de lui qu'il ira loin. Comme son frère. Cela lui attire autant de sympathie que d'antipathie. Dans la cour de récréation, il remarque un jeune homme. Élancé, distant, les cheveux en bataille, le regard sombre. Il sait son nom : Thomas Andrieu. Il ne veut pas qu'on sache qu'il s'intéresse à lui d'autant que la rumeur court à son sujet qu'il préfère les garçons. Alors, il l'observe à la dérobée, s'arrange pour le croiser. Un désir à sens unique avant que cela ne devienne une passion réciproque...





Philippe Besson se met à nu dans ce roman. Sans fioritures. Il livre, avec émotion et délicatesse, son histoire d'amour avec Thomas Andrieu qu'il a connu à 17 ans. Une histoire d'amour presque impossible dans cette France des années 80, d'autant que Thomas, lui, n'accepte pas son homosexualité (qu'il ne nommera jamais, d'ailleurs), d'autant que le sida fait des ravages, d'autant qu'aux yeux de Thomas, cette histoire ne peut pas durer. Une rencontre, aussi intense que brève, qui marquera à jamais Philippe Besson. En filigrane, ses romans porteront la trace de cette histoire qui traversera, en silence, son œuvre. Des thèmes récurrents tels que l'abandon, la difficulté d'être soi, la perte ou encore le manque en seront le fruit. Notamment dans Se résoudre aux adieux, Un garçon d'Italie ou encore Son frère (dont le héros s'appelle Thomas Andrieu). Des sentiments enfouis pour cet homme qui ressurgissent dans ses romans qu'il pensait fictionnels. Mais, Thomas était là, dans son esprit, tapi. L'auteur, cette fois-ci, obéit à sa mère et n'aura rien inventé. Un roman bouleversant, intense, douloureux et mélancolique. D'une grande sensibilité, l'écriture, poignante, embrasse ce récit remarquable...
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''Arrête avec tes mensonges''

Le point zéro de l’œuvre de Besson. Celle qui contient les germes originelles de toutes les autres. C'est un cadeau immense que nous fait ici l'auteur, en acceptant de se mettre à nu face à nous, il nous offre l'éclaircissement et la cohérente évidence de l'ensemble. Autant dire que j'ai dévoré ce livre, happé, pris d'une frénésie comme le sont souvent ses personnages. La justesse est au rendez-vous et le détail de la mécanique des sentiments qui est si chère à l'auteur ne fait pas défaut. On inspecte chaque recoins de la psyché humaine. C'est puissant, intense, douloureux souvent. Finalement Philippe Besson a l'immense talent d'arriver à nous convaincre à chaque fois que ses livres nous sont personnellement destinés, qu'il ne peuvent avoir été écris que pour nous. Les dernières pages sont saisissantes. Seuls ceux qui sont passés à côté du foudroiement amoureux et des amours impossibles pourront y trouver à redire, les autres se laisseront traverser par l'écho mélancolique de leur propre histoire.
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Un soir d'été

Lors de ses deux romans précédents, Philippe Besson cueillait le lecteur dès l’entame du livre.

« Papa vient de tuer maman. » étaient les premiers mots de « Ceci n’est pas un fait divers », une phrase courte, percutante et lourde de sens, annonciatrice d’un horrible fait divers.

Dans « Paris-Briançon », l’auteur annonçait d’entrée de jeu que tous les voyageurs du train de nuit n°5789 n’arriveraient pas vivant à destination.



Ici, rien… juste un été de 1985 en compagnie de jeunes gens qui passent leurs journées à ne rien faire. Des vacances annuelles sur l’île de Ré faites de retrouvailles, de journées langoureuses mêlant insouciance et paresse… une véritable vacance qui prouve que l’auteur n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour accrocher son lecteur, juste l’élégance de cette narration délicate qui nous plonge dans la nostalgie d’une époque révolue… allez hop, j’installe mon transat sur cette plage ensoleillée et je profite de cet instant de répit, loin de tout…



Dans cet ouvrage autobiographique, l’auteur de « Arrête avec tes mensonges » nous propulse en 1985, à une époque où il était encore possible de se retirer du monde, dans un endroit dont l’authenticité n’avait pas encore été effacée par la succession de vagues de touristes. Une époque sans portables, sans consoles de jeux, sans réseaux sociaux, où il fallait se bouger le cul pour savoir où quelqu’un se trouvait, où les mauvaises nouvelles du monde ne nous parvenaient pas à chaque instant, où l’on pouvait s’asseoir sur une terrasse et regarder autour de soi au lieu de regarder son écran de téléphone. Juste la farniente et le plaisir d’être ensemble… Le pied !



Étant moi-même déjà retourné plus de cinquante fois au même endroit pour les vacances, sur une île pas encore totalement colonisée par les touristes, je n’ai eu aucun mal à emboîter les pas de l’auteur, qui nous fait revivre l’été de ses 18 ans lors de vacances annuelles sur l’île de Ré. Le plaisir d’arriver en terrain connu, cet autre chez-soi, celui dépourvu d’obligations, juste retrouver ses amis et profiter de l’instant présent. Le temps d’un roman, je suis de nouveau en vacances…



Ce soir d’été proposé par Philippe Besson ne réveille pas uniquement la nostalgie des années 80, mais également celle de mes 18 ans, cette période des premiers émois, faite d’insouciance, de sorties entre amis et de glandage professionnel. De sa plume experte, il capte ces moments débordants de simplicité, il saisit cet instant suspendu où l’ennui est synonyme de liberté, il plante ce décor regorgeant d’authenticité et m’enveloppe de mélancolie et de nostalgie. Le bonheur est total !



Pourtant, et on le comprend finalement assez vite, cet été 1985 va laisser une cicatrice indélébile dans le cœur de l’auteur. Un drame se profile à l’horizon, qui va subitement balayer l’insouciance et l’innocence de cette joyeuse bande d’adolescents, les propulsant plus vite que prévu dans le monde des adultes. Le genre d’événements qui créent un avant, celui dans lequel on se sentait si bien, et un après, que l’auteur ne fait que survoler rapidement, mentionnant ce que sont devenus les protagonistes de ce récit. La bonne nouvelle étant que l’un d’entre eux est devenu écrivain… et je m’en réjouis à chaque nouvelle parution…



Coup de cœur !
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Ceci n'est pas un fait divers

1) Fait divers = Événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne [Larousse].

2) Fait divers = Événement peu important mais faisant sensation et rapporté dans les journaux [L'Internaute]. 

3) Fait divers = Événement qui n'est pas politique, social, économique, ni culturel. Il est donc inclassable et rangé dans la rubrique « Faits divers » des journaux. On y trouve souvent des faits tragiques, comme des accidents, des meurtres, des vols ou des catastrophes [1jour1actu].



Le meurtre de sa femme est donc considéré comme un fait divers. Mais qu'en est-il pour les enfants, orphelins de mère et de père meurtrier ? Quand on est au cœur d'un tel drame, quand on est victime d'un tel drame, on est en droit de proclamer que ce fait n'est pas divers, loin de là...



Parce que le narrateur (dont on ne connaît pas le prénom) se refuse à être une victime invisible et silencieuse, à être une victime collatérale, il prendra son stylo pour écrire son histoire, ou plutôt leur histoire : la sienne, celle de sa petite sœur, celle de son grand-père, mais aussi celle de sa mère défunte, celle de son père meurtrier. Il raconte bien évidemment le drame, celui qui l'a rendu orphelin... Le deuil, le traumatisme... Les procédures funéraires et judiciaires... La petite Léa, sa sœur de treize ans, seul témoin du meurtre, qui part à la dérive... Il fouille le passé de ses parents... À défaut de pouvoir pardonner un acte impardonnable, il cherche des explications...



Apparemment inspirée de faits réels comme l'indique la quatrième de couverture, Philippe Besson nous livre une histoire tragique. Une histoire qui prend aux tripes. Une histoire qui ébranle. Une histoire qui ne laisse pas indemne.

D'autant que les événements se déroulent près de chez moi, dans des endroits que j'ai vus, visités ou souvent évoqués, ce qui ajoute davantage de réalisme qu'il n'y en a déjà.



Philippe Besson, en faisant témoigner son narrateur, évoque des sujets au cœur de l'actualité : il y est question de violences conjugales, physiques et psychologiques, de perversité narcissique, de féminicide, mais aussi de deuil et de reconstruction, de stress post-traumatique. Avec des mots pourtant simples, des phrases courtes, sans fioritures, il nous plonge dans un récit aussi immersif qu'il est dur et choquant. On a le point de vue des enfants, de l'acte meurtrier et surtout de l'après, et c'en est d'autant plus percutant, bouleversant.



"Ce n'est pas un fait divers", ce sont 208 pages que j'ai lues d'une traite, 208 pages qui m'ont secouée, 208 pages qui m'ont soufflé une bourrasque d'émotions diverses (chagrin, incompréhension, culpabilité, apitoiement, colère). 208 pages poignantes, bouleversantes.



Je trouve difficile de dire qu'on a adoré un livre qui raconte un drame, qui raconte une douleur irréversible, un deuil et une reconstruction quasiment impossibles, un pardon qu'on n'accordera jamais...



Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions Julliard pour la sélection et l'envoi de cet ouvrage que je ne suis pas près d'oublier.

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Un soir d'été

L'auteur nous livre, un roman, une histoire sans filtre, avec beaucoup de pudeur et sensibilité, sur un fait vécu à la veille de ses 18 ans, C'est l'été 1985, période de vacances ,synonyme de profiter du soleil, de farniente, plage ,retrouver des amis . Un lieu l’île de Ré, envahie de touristes comme chaque année. La jeunesse, bon enfant, profitant des attractions , des animations, des baignades, le temps de se poser, dans un bar pour boire un verre. Une bande d'amis Philippe, François, Christophe, Nicolas, qui vient de s'installer dans l’île depuis quelque mois, Marc et Alice, frère et sœur, parisiens qui viennent se greffer à la bande, une amitié forte, fusionnelle. Les premiers flirts, Philippe qui parle de son homosexualité sans tabou, et vie un amour de vacances avec Marc. Une soirée dans une discothèque , ils s'amusent , profitant un maximum de ce moment ,nous sommes loin de la jeunesse d'aujourd'hui qui ne vit qu'à travers des réseaux sociaux, internet et autres. Un drame vient s'abattre sur eux Nicolas disparaît, comment pourquoi cela reste un grand mystère. Un pan de la vie de l'auteur qui le marquera pendant des années. Un roman faisant ressurgir des faits tels que les non dits, les secrets enfouis, le harcèlement, la mélancolie qui peut être dévastatrice,et source de suicide.

Cette histoire m'a bouleversée, me donnant la chair de poule, de laissant bouche bée. L'auteur grâce à ses mots, son écriture, nous fait , rentrer dans son intimidé , sans voyeurisme, mais avec une grande tendresse. Les personnages dégagent une grande empathie, une sensation de vivre ce drame avec eux, Un livre court nostalgique, qui ne peut nous laisser indifférent,
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Paris-Briançon

Ils sont une dizaine d'inconnus, que les hasards de la vie ont réunis dans la même voiture du train de nuit Paris-Briançon. Le temps de traverser la France endormie, le huis clos crée quelques proximités, et les conversations prennent d'autant plus facilement un tour personnel qu'elles n'auront pas de lendemain. Se révèlent ainsi brièvement différentes trajectoires de vie, chacune marquée par les maux ordinaires de notre époque. Personne ne se doute alors que certaines d'entre elles vont bientôt s'interrompre tragiquement, avant même d'arriver à destination...





Hasard ou fatalité, il suffit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment pour que le destin bascule. Alors quand se produit une catastrophe, l’on ne peut songer qu’avec un certain trouble à l’enchaînement de circonstances qui a mené les acteurs, parfois tout à fait incidemment, sur le théâtre de leur drame. L’auteur nous ayant prévenu d’entrée de jeu que la mort est montée à bord de ce train, c’est donc tout à la fois suspendu au développement du récit et étreint par anticipation d’un sentiment d’impuissance désolée, que l’on fait connaissance avec une poignée d’inconnus ordinaires, des gens comme vous et moi emportés sur le fleuve banalement si peu tranquille de leur existence. Entre préoccupations diverses, notamment familiales et professionnelles, mille violences, petites et grandes, viennent perturber le cours de ces vies, empoisonnant ce qu’il conviendrait pourtant d’en apprécier chaque minute, tant le temps nous est compté et tant tout cela, au final, ne tient qu’à un fil.





Parmi ces destins bientôt brisés, il en est un qui va encore plus que les autres provoquer notre émotion, en tout cas qui semble à ce point tourmenter Philippe Besson qu’il resurgit ça et là dans son oeuvre, comme dans son récit autobiographique Arrête avec tes mensonges. Au-delà de la catastrophe et des réflexions désabusées qu’elle suscite en passant chez l’auteur, sur l’indécence d’une époque où tout est spectacle et où rumeurs et accusations se propagent plus vite que la lumière, le vrai coeur du drame est ce qui révolte le plus l’écrivain : la peur du rejet et le refus de soi-même qui empêchent encore tant d’homosexuels à assumer leur identité, et qui les enferment dans une existence intolérablement douloureuse. Face à l’implacable brièveté et aux inéluctables cruautés de la vie, quel plus grand gâchis que de s’empêcher de la vivre en la sacrifiant aux apparences et aux conventions, de la subir en se contraignant à en rester à jamais à la marge ?





Avec la justesse et la sobriété qui lui sont coutumières, Philippe Besson réussit dès les premières phrases à suspendre le lecteur à son récit, l’embarquant, à l’occasion du dramatique télescopage de quelques vies ordinaires, dans un émouvant plaidoyer pour le droit à être soi-même : la vie est bien trop fragile et bien trop fugitive pour, en plus, se la laisser voler !


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13 à table ! 2021

13 à table ! - 2021- 13 auteurs - Éditions Pocket - Lu en décembre 2020 - 5 €



Tout d'abord, je présente le petit mot signé Les Restos du coeur,

"Chères lectrices, Chers lecteurs,



7 ans, en amour c'est dit-on, une étape. Ce premier amour que nous vivons avec le monde du livre passe cette année ce cap symbolique. Nous nous retrouvons pour cette 7è éditions de "13 à table ! ", avec toujours autant d'envie et d'engagement de toute la chaîne du livre, des métiers artistiques aux métiers techniques. Depuis le début de cette aventure, près de 5 millions de repas supplémentaires ont pu être distribués aux personnes accueillies par les Restos du Coeur, grâce à eux, grâce à vous!

Un premier amour est le thème de cette éditions, partons cette année alors sur les routes de nos sentiments et de nos sensations".



Bonjour à vous !

C'est le premier livre de nouvelles "13 à table" que je lis, j'ai vu qu'il y en avait déjà eu six ! Chaque livre acheté procure 4 repas aux restos du coeur, donc un bon moment de lecture et une B.A. en cette fin d'année 2020 sinistre pour tellement de gens.



Je ne ferai pas une chronique de chacune des 13 nouvelles de 13 auteurs-autrices différents-es, autour du thème "un premier amour".



Dans l'ensemble, je les ai bien aimées, plus particulièrement celle de :

Jean-Paul Dubois - Une belle vie avec Charlie - elle arrache des larmes.

Frank Thilliez - Un train d'avance - un voyage étonnant dans le temps François D'Epenoux - 1973, 7è B - touchante



J'ai moins apprécié celle de :

Maxime Chattam - Big Crush ou le sens de la vie, le style peut-être.

Philippe Besson - Un film de Douglas Sirk - je ne saurais dire pourquoi.



Dans l'ensemble j'ai lu ce livre avec plaisir, il ne faut pas croire que ce sont des histoires à l'eau de rose " tout ne finit pas bien dans le meilleur des mondes, loin de là.



J'ajoute que la couverture est de Riad Sattouf, un ciel bleu, un nuage blanc qui sert de coussin de lecture à un personnage allongé à plat ventre et lisant, 3 coeurs rouges au-dessus de sa tête et un peu plus bas, la Terre.



Un livre à s'offrir, à offrir, une bonne action et un bon moment de lecture, voilà qui permettra à 4 personnes de faire un bon repas , n'hésitez pas.





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Le dernier enfant

C'est l'histoire d'une mère. Une histoire, banale à pleurer, belle à chialer. C'est l'histoire d'un enfant, d'un grand garçon, qui quitte le nid.



Ce matin, Théo part, oui, il déménage, il s'en va vivre ailleurs.



La dernière fois que j'ai lu Besson, c'était le temps d'un dîner. Ici, tout se déroule sur une journée. le temps d'un déménagement, d'un emménagement, le temps de tout bouleverser pour cette mère qui laisse partir le petit dernier, le temps de voir sa terre trembler de l'intérieur.



J'ai été ému par cette mère, simple et follement réelle, Anne-Marie.



Anne-Marie. C'est le prénom de cette madame tout le monde à qui Besson donne de la voix comme personne. Anne-Marie, c'est un prénom d'anti-héroïne. Ou alors de celles qu'on croise dans la vraie vie. Ni Scarlett, ni Juliette ou Bérénice, juste Anne-Marie.



« Elle dit : « C'est passé vite quand on y pense. »



Elle parle de la vie. Elle parle de sa vie. »



Une fois de plus, Philippe Besson, horloger de l'intime, dissèque les rouages de ce qui se cache à l'intérieur des êtres. Ces émotions subtiles, universelles, qu'il dépiaute avec bonheur, qu'il épluche avec minutie. Cette mélancolie, cet au revoir, dont les accents de vérité ne peuvent qu'émouvoir le lecteur.



Portrait de femme, de maman, face à elle-même, entre pudeurs et cris rentrés.



J'ai aimé ce roman. Car Besson est là où je ne l'attendais pas, dans la tête de cette femme qui se retrouve fort dépourvue à l'heure des au revoir. Cette journée prend au coeur, fascinante dans sa banalité, dans son universalité, dans ce basculement vers une forme de néant.



C'est un roman qui ne fait pas de bruit, qui ne sort de son chapeau qu'une infime vérité et une douce mélancolie de vivre, sans folie, mais oh combien réelle, palpable.



Autopsie d'un coeur gros comme l'amour d'une maman. Un roman, encore une fois, beau comme l'élégance des sentiments.
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Un certain Paul Darrigrand

Après Thomas Andrieu dans "Arrête avec tes mensonges", Philippe Besson continue d'explorer et d'exposer ses amours de jeunesse. "Un certain Paul Darrigrand". La fois de trop ?



« Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais » : cette citation en exergue issue des "Années" d'Annie Ernaux, semblait le présager, j'allais retrouver l'écriture sensible et passionnée de l'auteur d' "En l'absence des hommes" ou de "Vivre vite".



Après l'inutile "Un personnage de roman" sur la campagne présidentielle d'un certain Emmanuel M. (mais qui lui a tout de même valu la nomination a un des postes les plus convoités de la diplomatie française) il était temps que l'auteur de "L'Arrière saison" renoue avec son style si subtile et avec son public.



Ça commence par une photo retrouvée, des « souvenirs enfouis », des « épisodes occultés ». Une « résurgence imprévue ». C'est répétitif, je sais. Mais, préparez-vous, ça ne fait que commencer.

Car dans le nouveau Philippe Besson, deux adjectifs pour dire la même idée valent mieux qu'un. Écrits en gros caractères, si possible, comme ça on gagne de la place.



Donc il retrouve une photo cornée, passée, prise pour « conserver une trace », une réalité à l'existence de ce « nous ». Car ce sont des amoureux cachés, on s'en doutait.



Lourde, emphatique et brouillon :

« Je dis », « il dit », « je pense », « je le veux ». Puis, il explique : la vie c'est pas comme ça... Il explique tout, même la suite...

C'est construit comme une énigme dont on nous dit tout : « j'aurai dû me douter, il est comme ça »...

Le drame poind, mais poind lourdement.



Pour moi, il manque la magie Besson, sa séduction.

Déçu, donc, forcément.



Abandonné en janvier 2019.
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''Arrête avec tes mensonges''

Je referme ce livre et me demande quel qualificatif le servira le mieux : Délicat, sensible, sincère, pudique, magistral.



Oui, ce roman est tout cela et plus encore, je crois qu’il constitue avant tout un formidable éclairage sur l’œuvre de l’auteur.

Philippe Besson nous donne les clés pour comprendre et décoder tous ses précédents romans, en nous racontant l'histoire d'un amour impossible et clandestin, qui le fait souffrir avant de disparaître de sa vie.



C'est également la découverte de ce qu'il appelle « la morsure du sentiment amoureux », du manque et de l'attente, du dénuement provoqué par la privation insupportable de l'autre.



L’auteur nous emmène à Barbezieux, petite ville de province où à 17 ans il rencontre Thomas Andrieu adolescent ténébreux qu’il observe discrètement depuis le fond de la cour de son lycée.



Philippe Besson restitue parfaitement la puissance de cette rencontre, les premiers émois physiques évoqués sobrement, l’insupportable attente entre deux entrevues, mais aussi la frustration de devoir dissimuler cette histoire que Thomas, fils de paysans, effrayé par le jugement des autres souhaite clandestine.



Philippe Besson a le talent de choisir des mots simples qui mis bout à bout produisent une écriture à la musicalité bouleversante.



Je lis Philippe Besson depuis la parution de son premier roman, je n’ai jamais été déçue, mais pour la première fois la sincérité de l’auteur m’a profondément émue.



Un énorme coup de cœur.





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Ceci n'est pas un fait divers

CECI N'EST PAS UN FAIT DIVERS - Philippe Besson - Roman - Editions Pocket - Lu en février 2024.



Ceci n'est pas un fait divers, en effet, comment peut-on qualifier de "fait divers" le meurtre d'une femme par son mari !



Je ne dévoile rien, dès la première phrase le lecteur sait à quel drame il va devoir faire face.



Léa a 13 ans, son frère 19 ans, Léa vit avec ses parents, son frère étudie la danse à Paris.



Le drame se joue en France à Blanquefort, dans une zone pavillonnaire.



Léa téléphone à son frère, il décroche, pas un mot, un long moment de silence, avant que Léa ne dise "papa vient de tuer maman"



17 coups de couteau, il s'est acharné le mari.



A partir de là, cette histoire n'est plus qu'un long cri de terreur, d'horreur, de désespoir, de colère, d'incompréhension, de regret et de questionnement restant sans réponse.



Commence alors l'enquête sous la férule du policier Paul Verdier, pas très humain dans sa manière d'enquêter, questionnaire de Léa, qui a assisté à la scène, du frère sur la vie de leurs parents, les scellées sur la maison dans laquelle près d'un an plus tard le grand frère est rentré et où la cuisine, lieu du meurtre, n'avait même pas été nettoyée ! Les ragots, les regards des gens.



Le grand-père maternel des deux enfants les prend en charge immédiatement, il tente tant bien que mal de leur rendre la vie plus douce. le grand frère renonce à son rêve de devenir premier danseur, Léa est présente aux cours mais absente dans sa tête. Elle bascule, son frère la fait entrer dans un hôpital psychiatrique parce qu'il ne sait plus quoi faire.



L'attente commence alors, Léa va-t-elle s'en sortir, Parviendront-ils un jour à accepter l'inacceptable ? Philippe Besson, avec son livre Ceci n'est pas un fait divers nous plonge dans l'innommable avec simplicité et pudeur, il raconte le long cheminement psychologique de ces deux jeunes plongés du jour au lendemain dans une épreuve qu'ils n'avaient jamais imaginée et qui ne vivront plus jamais "comme avant", ce traumatisme est inscrit au fer rouge dans leur chair, leur maman a été assassinée par leur papa.



Quand j'ai refermé ce livre, m'est venu devant les yeux le tableau d'Edvard Munch, le Cri, tellement expressif.



Pour vous faire une petite idée du nombre de féminicide j'ai fait quelques recherches sur Internet et voici les chiffres qui font froid dans le dos :



En France : en 2022 : 118 en 2023 : 94 - en 2024 depuis le début de l'année : déjà 14



En Belgique : en 2020 : 25 - en 2021 : 22 - en 2023 : 43



En Autriche : entre 2019 et 2020 : 319 - en 2021 : 26



En Italie : entre le 1er août 2021 et le 31 juillet 2022 : 125 - en 2023 : 24



En Espagne : au 31 août 2023 : 40 - en 2022 : 30



Le summum revient à l'Afrique : 20.000 suivie par l'Asie.



Les femmes et filles assassinées dans le monde en 2022 a atteint son plus haut niveau.



Je ne dis plus rien, ces chiffres en disent bien plus long que ce que je pourrais écrire.



J'ai mis deux semaines pour pouvoir écrire cette critique tant j'ai été bouleversée.





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Ceci n'est pas un fait divers

« Ce qu'il y a de scandaleux dans le scandale

c'est qu'on s'y habitue. »

Simone de Beauvoir



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Après avoir découvert Philippe Besson avec « Paris-Briançon », je n'ai pas hésité, malgré la dureté du thème, à accepter la lecture de son dernier roman : « Ceci n'est pas un fait divers ». Un grand merci à Babelio et aux éditions Julliard qui m'ont permis de découvrir et d'apprécier ce petit livre.



C'est avec beaucoup d'émotions que je le referme.



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« Ma mère avait succombé à une mort violente. On croit toujours que la mort de ses parents surviendra tardivement, calmement, et quand on aura eu le temps de s'y préparer. On redoute la maladie. On écarte l'hypothèse de l'accident… On n'envisage jamais le meurtre. Jamais l'exécution... Elle était une femme menue quand mon père était une force de la nature. Face à lui, elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir. »



Dans ce récit inspiré de faits réels, Philippe Besson aborde avec une grande sensibilité, un fait de société : les violences conjugales et le féminicide. N'attendez pas un dénouement heureux. Tout commence par la fin, la mort d'une femme sous les coups de son mari.



L'auteur a choisi de l'évoquer en adoptant le regard de l'entourage, car au-delà des victimes, ce sont aussi de nombreuses vies qui sont bouleversées et qui doivent continuer à vivre après de tels drames.



En choisissant comme narrateur le fils ainé de cette famille, on entre doucement dans le foyer et l'intimité du couple, en apparence sans histoire.

L'auteur, en alternant souvenirs d'enfance et présent, reconstitue ainsi, petit à petit, la dynamique de la violence conjugale jusqu'au meurtre, tout en s'intéressant également aux répercussions sur la famille proche.



*

Certains coups de téléphone marquent une frontière entre l'avant et l'après, le bonheur et le deuil, la vie de famille et la solitude, la violence et l'incompréhension, la douceur d'une mère et l'absence.



« Papa vient de tuer maman. »



C'est avec ces mots que l'on entre dans ce récit.

Si une vie a été brisée ce jour-là par la peur et la rage d'un homme qui voulait à tout prix maintenir sa femme sous sa domination, elle a emporté également d'autres destins.

Comment se reconstruire, trouver un sens à son existence, sans se laisser ronger par la culpabilité, les remords et la souffrance ?



*

Il est délicat de trouver les mots justes pour aborder un sujet de société qui revient malheureusement beaucoup trop souvent dans l'actualité.



L'auteur ne cherche pas les effets de style ou l'intensité dramatique.

Dès les toutes premières lignes, nous connaissons l'ampleur du drame qui frappe cette famille girondine. La force d'évocation se révèle par la sobriété du style, par un récit à la première personne du singulier, par des phrases et des chapitres courts qui confèrent à la narration un rythme soutenu et une atmosphère oppressante, douloureuse.



*

Si chaque vie est unique, chaque histoire semble souvent se répéter :

la jalousie excessive, l'irritabilité, les violences physiques, l'emprise psychologiques de l'homme sur sa victime ; le silence, la solitude, la peur, la souffrance intérieure de la femme ; l'aveuglement, le déni, la culpabilité, le remords, le chagrin et la colère de l'entourage ; mais aussi la mauvaise prise en charge des plaintes pour violences conjugales et les failles de la justice.



Philippe Besson excelle à décrire les sentiments, les émotions. Il réussit avec beaucoup de subtilité et de pudeur à allier la complexité des liens familiaux et la profondeur psychologique des personnages pour évoquer cette violence sociale, les douleurs tues, les regrets et la culpabilité de ceux qui n'ont pas su voir à temps.

Tout cela m'a donné l'impression d'un immense gâchis, de vies gaspillées pour rien, me laissant un sentiment de tristesse pour ces femmes maltraitées qui souffrent dans le silence, pour tous ces enfants orphelins de mère, pour ces parents qui ne reverront jamais leur enfant.



« On ne pouvait pas imaginer l'imaginable… Rien n'est de ta faute. Rien du tout. »



Cette lecture est certes éprouvante mais salutaire pour nos consciences endormies. Les mots, sans pathos, sans apitoiement, sans voyeurisme, sans jugement, frappent comme un destin annoncé.



« Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d'une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l'aboutissement d'un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d'un meurtre, mais de la volonté d'un homme d'affirmer son pouvoir, d'asseoir sa domination. Et de l'aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. »



Toutes ces morts innocentes, longtemps réduites à des crimes dits « passionnels », à des faits divers sont aujourd'hui des voix que l'on entend et écoute. Leur histoire compte pour qu'un jour, toutes les femmes soient respectées et ne soient plus les proies d'hommes possessifs et violents.

Pour qu'un jour, le féminicide ne soit plus considéré

comme un fait divers.



*

Pour conclure, Philippe Besson signe ici un petit roman brillamment écrit, extrêmement poignant, véritablement glaçant.

L'auteur a su débuter ce récit par un incipit fort et maintenir tout du long une tension en disséquant habilement le cheminement insidieux qui a conduit à cet acte odieux. Car tous les signes précurseurs étaient là.



Ceci n'est pas un fait divers.

Ceci est un roman sur des vies qui volent en éclat.

Ceci est un roman sur l'innocence perdue, le deuil, le chagrin, le combat difficile pour réapprendre à vivre et à se reconstruire sur les vestiges du passé.

Et au milieu de toute cette souffrance, ceci est un roman sur la résilience et l'amour fraternel qui permet de survivre à l'inconcevable, l'intolérable.



Un roman nécessaire pour mettre toute la lumière sur ces drames intimes qui se répètent beaucoup trop souvent.

Un très beau roman que je vous conseille.
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De là, on voit la mer

Ah, l'écriture Besson.



A chaque fois que je me plonge dans un des ces ouvrages, je reconnais sa mélodie. La musique Besson. Ici, requiem d'un amour ? Récit d'un adultère ?



Bords de mer. Maisons de vacances. Chaleur estivale.



Louise écrit un livre et a besoin de se retrouver au calme. Elle aura une liaison avec un jeune italien. le mari, seul à Paris, va avoir un accident. Il survit ? Il meurt ? J'arrête là car il faut lire Besson.



Il m'épate encore dans les confrontations « sentimentales ». Cette manière de raconter l'impalpable. Mais ça, j'ai déjà dû le dire dans une de mes critiques précédentes. Ce livre est vrai. Touchant.



L'héroïne est peut-être égoïste. Froide. Simplement humaine.



Elle touche le lecteur de par sa vérité. Sa fragilité bien dissimulée.



Les mots sont choisis avec soin, les sentiments décrits dans leur complexité, leur vérité.



La musique Besson.



Un tube encore une fois.


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Ceci n'est pas un fait divers

« Papa vient de tuer Maman », voici les mots que Léa, 13 ans, téléphone à son frère, 19 ans, un soir fatal.



Le tsunami submerge la fratrie Malzieu, le voisinage puis les gendarmes quand le commandant Pierre Verdier, découvre que Cécile avait déposé une main courante suite à des violences de Franck son époux, et qu’aucune suite n’a été donnée à ce « signal faible ».



Les « signaux faibles » n’ont pas manqué, mais ni l’ami de Franck surprenant une scène de ménage, ni Léa observant les violences quotidiennes, n’ont alerté quiconque. 17 coups de couteau ont tranché la question.



Comment Léa et son frère, malgré l’attention de leur admirable grand père, peuvent-ils se remettre d’un tel drame ?



Récit haletant, rédigé par le grand frère, d’une plume acérée, incisive, qui laisse le lecteur abasourdi et révolté.



Philippe BESSON publie un livre bouleversant sur un « fait divers » qui n’est, hélas, pas exceptionnel. Un roman qui mériterait 5 étoiles si les chapitres 45, 46 et 47 étaient correctement ordonnés car, rappelons le, en cours d’assises les débats s’achèvent par les plaidoiries des avocats des parties civiles puis par les réquisitions de l’Avocat général et enfin les plaidoiries des avocats de la défense.
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''Arrête avec tes mensonges''

Un petit livre. Le 1er pour moi de Philippe Besson.

Une histoire qui se lit vite, très vite. Une histoire vraie, ... ou pas !! Perso, je dirais que c'est une histoire vraie, l'histoire de l'auteur, de son premier amour, ce premier amour qui définit nos actions futures, l'amour qui se rappelle à nous, tout au long de notre vie, par moment, par instant, par intermittence.

Vivre, devenir, être soi-même complètement. L'humain y arrive-t-il réellement ? Rien n'est moins sur. On se construit comme on peut, on tente de vivre selon des valeurs inculquées et des valeurs auxquelles on croit. Mais quelle difficulté que d'être honnête envers les autres et surtout envers soi-même.

Ici, Philippe Besson nous livre cette belle histoire d'amour qui fera en partie ce qu'il est devenu.

Que l'histoire soit un véritable souvenir ou un joli mensonge, là n'est pas l'important...

Un bel hommage à ce souvenir d'adolescence.
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Un homme accidentel

Un homme accidentel.



Quel joli titre.



Un homme qui va percuter de plein fouet le narrateur de ce livre, faire voler son existence en éclats d'amour et changer sa vie à tout jamais.



Accidentel? Providentiel? Je vous laisse juges.



Ici, tout commence comme un roman noir. Un meurtre, un policier, les USA.



Le décor est planté.



Pourtant, on lit du Besson. Donc aux oubliettes le polar qui va se transformer en une histoire d'amour belle à en mourir. du Besson je vous dis!



Ceux qui ont déjà lu ARRÊTE AVEC TES MENSONGES du même auteur, comprendront aisément l'inspiration qui coule dans ce roman. La galaxie Besson est tellement cohérente que chaque livre est l'écho d'un autre.



Une nouvelle fois, j'ai aimé.



Et ce n'était pas un accident.




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Ceci n'est pas un fait divers

« On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? » Franz Kafka.



« Ceci n'est pas un fait divers » de Philippe Besson fait partie de ces livres qui vous secoue et vous « uppercute » à sa lecture. L'auteur m'avait déjà interpellé une première fois avec son « Paris Briançon ». Il récidive avec son dernier roman. Une descente aux enfers dont on ne peut sortir indemne.



« Papa vient de tuer Maman ». L'histoire commence avec Léa, 13ans, qui annonce par téléphone à son grand frère que leur père vient de commettre l'irréparable. Un grand frère qui va vouloir nous faire partager par l'écriture, cet énième féminicide qui va faire exploser sa famille. Un meurtre comme il s'en perpétue tous les trois jours dans notre pays et qu'on ne veut pas voir classer au rang de simple fait d'hiver.



Philippe Besson va décortiquer tous les sentiments, les émotions que l'on doit éprouver quand on perd sa maman de 17 coups de couteau… On passe de narrateur à acteur dans un maelstrom de d'images et de flash-back qui nous emmène loin, très loin à la limite de ce que peut supporter notre humanité. La violence des scènes, la dureté des propos, la dramatique des personnages, tout est à cran et exacerbé. du chagrin à la culpabilité, de la tristesse à la colère, du désarroi à la folie ; le drame va déchirer et détruire ces deux enfants en les propulsant sur la scène des faits divers. le deuil doit se faire alors en public car il n'y plus de place pour cette famille ordinaire qui va devenir malgré elle médiatique.



L'écriture de Philippe Besson est ultra précise. Sa prose reste pourtant élégante et lisible. Il utilise pour cela une écriture à la première personne qui nous permet de rentrer dans l'intimité des personnages et ainsi mieux s'identifier aux protagonistes de ce drame. Les chapitres courts permettent de pénétrer rapidement dans l'histoire. Mais la force de cet auteur est de rester dans la sobriété en évitant le pathos. Une certaine forme d'austérité qui va nous protéger et nous aider à continuer la lecture comme ses personnages qui continuent à vivre malgré leur immense malheur. Il possède ce ton sobre et juste nécessaire à la lecture d'un tel drame sans voyeurisme.



Le roman de Philippe Besson veut redonner une place importante aux enfants victimes d'un féminicide. A ces vies qui sont brisées brutalement. Pour Léa et son frère , la vie ou ce qui en reste appartient désormais au fait d'hiver. Comme le dit l'écrivain : Elle relevait de la police, de la justice, et nous n'avions plus notre mot à dire.



Je remercie les Éditions Julliard et Babélio pour cet envoi. C'est un roman pas facile mais vrai qui sait nous remuer les tripes. Un roman utile et nécessaire sur un crime qui doit cesser d'être un simple fait d'hiver pour enfin mettre un terme au macabre décompte qui endeuille notre société moderne : le meurtre de femmes pour la simple raison qu'elles sont des femmes.



« Léa affectionne les balades sur la plage. Et peut-être qu'elle sourira, pour me laisser croire qu'elle va mieux. Ou improvisera un pas de danse, « comme faisait maman ». J'aimerais tant voir ma soeur qui danse. »

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Paris-Briançon

La voix de Simone Hérault susurre dans le haut-parleur, « Voie 7, le train Intercités n° 5789 à destination de Briançon, va partir. Prenez garde à la fermeture automatique des portes. Attention au départ. »

Il dessert les gares de la fuite, l'angoisse, la solitude, la haine, l'affirmation de soi, la quête d'identité, du hasard, et de la destinée. Terminus à 8h18 en gare d'un petit bonheur de lecture.



Alors, je suis montée en voiture comme Simone me l'avait si gentiment intimé pour un court voyage de 200 pages. Trop court mais fort agréable. D'ailleurs, je n'ai pas eu trop le temps de voir défiler le paysage. le paysage de toute façon, je n'aurais pas pu en voir grand-chose, car la spécificité de l'Intercités n°5789 est que c'est l'un des rares trains de nuit qui circule encore en France.

J'ai préféré discuter avec mes voisins, compagnons de voyage et d'infortune.

Compagnons de voyage qui m'ont permis de retrouver les souvenirs et des sensations d'enfance liées au train de nuit, la couchette inconfortable, le crissement des freins, les arrêts intempestifs en rase campagne. Compagnons qui se sont livrés à moi en toute franchise, sans les barrières qu'ils érigent habituellement méticuleusement autour d'eux.

Jeunes et moins jeunes vont oser se livrer à des inconnus. La nuit, la parole se libère, le train offre une parenthèse, un entre-deux propice aux confessions. Ne pas connaître l'interlocuteur amène à de nombreuses audaces dont on ne se serait pas cru capable en temps normal, exactement comme lorsque que dans un pays étranger, des choses s'avèrent plus faciles à dire dans une langue qui n'est pas maternelle, comme si les langues osaient enfin se délier de leurs secrets.

Pourquoi sont-ils à bord de ce train, qu'espèrent-ils de leur voyage ? Qui les attendra sur le quai à Briançon ? Y a aura-t-il même quelqu'un pour les attendre ?

Compagnons d'infortune, car contrairement à moi qui m'en suis miraculeusement tirée sans une égratignure, ce voyage ne s'est pas bien terminé pour tout le monde… car certains d'entre eux n'ont pas pris un billet pour Briançon, mais directement pour l'au-delà …

Cependant, savoir qui s'en sortira ou non, n'est pas l'essentiel à mes yeux, ce livre n'est pas un thriller, mais un voyage dans nos pensées, les virages, les décisions que nous prenons ou pas à certains moments de nos vies.

Dommage, je crois bien que vous avez loupé votre arrêt, trop le nez dans le bouquin, vous n'avez pas entendu la voix du contrôleur… Bon voyage à bord du Paris-Briançon ! J'espère que vous aussi vous ferez partie des vivants à l'arrivée …

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