Conférence le fantastique au coin de la rue 3/3
Conférence "Le fantastique au coin de la rue" enregistrée à Zone Franche (Bagneux - février 2013) Avec Mélanie Fazi, Corinne Guitteaud et Oxanna Hope. Table ronde animée par Jean-Luc Rivera, critique littéraire et organisateur de festivals. le début : youtu.be L'audio de la conférence en intégralité : www.actusf.com
Là, j’y trouve des Aryens qui débouchent de l’étage pour se précipiter vers le rez-de-chaussée. Je ne me pose pas de questions, je profite de la panique générale pour me glisser parmi eux. Après tout, je suis moi aussi une Aryenne. Rien ne me distingue plus d’un autre Aryen. La seule nuance entre ces gens et moi, c’est l’origine de la peur qui ternit notre regard. La mienne se base sur la crainte de me faire capturer, la leur cristallise leur rejet des personnes comme Élias. Les gens différents.
La cruauté n'a ni couleur de peau, ni religion.
"La chose à garder en tête est qu'il ne faut jamais attendre une minute pour commencer à changer le monde."
Anne Frank
Ce ne fut que lorsqu'il vit Thomas toucher le bandage qui lui enserrait la gorge que Maxime se décida à franchir le pas.
- Tu as mal ? demanda-t-il.
- Non, j'adore cette impression que ma tête va se détacher de mon cou d'une seconde à l'autre.
- Désolé d'apprendre ça, Marie-Antoinette.
Assise sur le sol, le dos collé contre le panneau de bois et la tête enfouie entre ses mains tremblantes, elle avait dû rester dans cette position une bonne partie de la nuit à ressasser chaque geste qu’elle avait effectuer pour se sortir de cette situation, puis de sa cavalcade, pieds nus, à travers les rues de Fairfield. Elle avait passé des heures prostrées ainsi jusqu’à ne plus pouvoir supporter sa propre odeur, mélange de sueur et de peur. Finalement, elle s’était forcée à aller sous la douche dans l’espoir de se débarrasser de tout ça et du sang qui maculait ses vêtements. Une fois dans son lit, comme elle s’était recroquevillée sous les couvertures et s’était fait le serment de ne plus jamais se trouver désarmée et vulnérable. Elle ne voulait plus penser à cette nuit…
Il se souvenait parfaitement de ce que son agresseur lui avait dit alors qu'il s'apprêtait à l'égorger comme un vulgaire gibier : le mal est en toi, je dois rétablir l'ordre.
Je ne reviendrai pas en arrière. Plus maintenant. Plus jamais.
Les coups au coeur portent forcément au corps.
– Tu te trompes, les Aryens sont tous blonds avec des yeux bleus. C’est la sélection qui fait que…
– Oui, la sélection… T’es-tu un jour posée la question de savoir ce que devenaient les gens qui ne correspondaient plus à vos critères passé un certain âge ? Ceux dont les cheveux virent au brun, ceux dont les iris changent ? Des bébés, des enfants… Qu’en faites-vous, dis-le-moi ?
[…]
– Nous préservons notre race, nous ne faisons rien de mal.
– C’est ça, rien de mal… La vérité, c’est que tu n’en sais rien, tu te contentes de voir et de croire ce qu’on veut bien te montrer et te dire parce que c’est plus facile de vivre comme ça. Mais ces gens-là, peu importe leur âge, s’ils sortent des normes en vigueur, ton Führer les fait exécuter. Comment peux-tu cautionner le meurtre de personnes au nom de leur différence, même parmi les tiens ?
Elle ouvrit la bouche tandis qu’elle la voyait esquisser un mouvement à la verticale, générant chez elle une nouvelle vague de douleur intense. Puis, la lame entama une rapide ascension vers la poitrine de la jeune femme. Dans un bouillonnement écarlate, Emily regarda sa peau se déchirer. Elle cria, ne parvint qu’à cracher un peu plus de liquide vital, et se crispa une dernière fois.
Puis, elle cessa de vivre…