-Tu as raison, Alice. Comme disait Paul, l'amour c'est très simple au fond: c'est juste la chose la plus compliquée du monde. Mais, quand on a la chance de le trouver, on doit tout donner pour le préserver et le faire fructifier. Car c'est le plus grand trésor de l'univers.
Bien sûr que je suis chiant ! Sinon, à quoi ça servirait d'être vieux, si on ne peut pas emmerder le monde ?
Je n'ai qu'une certitude, en fait : Madeleine et moi nous sommes comme ces oiseaux qu'on nomme les inséparables. Nous ne pouvons pas vivre l'un sans l'autre. Ni survivre seul. Si l'un souffre, l'autre pleure. Si l'un disparaît, l'autre en meurt. Parce qu'il aura été privé de l'oxygène que lui apportait l'autre.
Nous sommes les deux parties d'un tout et cela nous oblige à veiller sur l'autre moitié, sous peine de se condamner soi-même. Avant cette mésaventure, en abordant le grand âge, nous nous sommes promis sans le dire de ne jamais nous quitter et de demeurer ces inséparables jusque dans la mort.
On peut le retourner dans tous les sens, il n’empêche que la séparation peut agir comme le reflet de sa propre mort. Vécue et subie de son vivant. Certes, on n’a aucun cadavre à pleurer. Rien de matériel ou de physique qui personnalise la mort. Mais elle est tout de même là. Inodore, incolore, insipide, insidieuse. Comme un gaz toxique ou un poison discret qui se répandent, se propagent. Invisible, tellement présent pourtant. Le décès du couple, l’extermination de l’amour, la fin tragique de sa propre vie de femme mariée.
Un dernier conseil : si tu veux vivre vieux, fais comme ma chemise : tiens-toi à carreau !
N'empêche que c'était compliqué d'expliquer aux enfants que, depuis que leur mère est devenue végane, papa avait préféré s'envoyer en l'air avec une connasse qui raffole du saucisson. Et ce n'est pas qu'une image !
Comme disait Paul, l'amour c'est très simple au fond : c'est juste la chose la plus compliquée du monde. Mais, quand on a la chance de le trouver, on doit tout donner pour le préserver et le faire fructifier.
Elle aurait préféré annoncer à ses enfants que leur géniteur était tombé d’un avion en plein vol directement dans une broyeuse à déchets, après avoir été lardé à coups de couteau et pendu par les testicules, juste avant d’être ingurgité par des porcs lépreux. Puis déféqué. Ce qui expliquerait son aspect actuel. Enfin, surtout ce qu’elle peut penser de lui.
- Madeleine et moi, nous sommes comme ces oiseaux qu’on nomme les inséparables. Nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre. Ni survivre seul. Si l’un souffre, l’autre pleure. Si l’un disparaît, l’autre en meurt. Parce qu’il aura été privé de l’oxygène que lui apportait l’autre. Nous sommes les deux parties d’un tout et cela nous oblige à veiller sur l’autre moitié, sous peine de se condamner soi-même. (Paul)
Vous avez suivi vos cours de médecine au café-théâtre, ou quoi ?
Urgences, spécialité comique ?
- Oh, vous savez, les études de médecine ont bien changé de nos jours. C’est plus ce que c’était. On prend même des cours de psychologie pour apprendre à parler aux patients.
- Et vous les avez tous loupés ? C’est bien ma veine !
- Vous avez raison, Monsieur, on peut rire de tout. Pas forcément avec tout le monde.
Jamais avec le médecin qui tient le bistouri. Mais, il faut bien détendre un peu l’atmosphère. Dans ma vraie spécialité, l’orthopédie, j’annonce rarement de très mauvaises nouvelles.
Alors, je m’entraine pour garder la main. Vous comprendrez que pour un orthopédiste, c’est important de ne pas la perdre. Parce que moi, j’ai plutôt l’habitude de mettre les pieds dans le plat. Je dois manquer de doigté !